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Citations de Charmaine Wilkerson (65)


Byron entend sa mère reprendre son souffle et il serre les poings. B & B, je voulais m’asseoir avec vous et tout vous expliquer, mais je n’ai plus assez de temps et je ne peux pas partir sans vous révéler comment tout ça est arrivé.

– Tout « ça » quoi ? demande Benny.

Mr Mitch appuie sur une touche de son clavier, interrompt l’enregistrement.

Byron secoue la tête. Il ne leur est jamais rien arrivé, rien du tout. Ce qui, pour une famille noire en Amérique, est très significatif. Avant la mort de leurs parents, le seul drame familial datait du jour où Benny avait fait peur à Ma et Pa en voulant à tout prix leur détailler sa vie amoureuse.
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Etta pourrait se dire qu'elle a élevé deux beaux enfants gentils et généreux, qu'elle a déjà fait le plus important dans une vie, mais elle sait que ça ne suffit pas pour elle. Quand elle était enfant, Etta pensait qu'elle méritait toutes les bonnes choses qui lui arrivaient. Elle ne voyait pas pourquoi ses rêves devaient être plus petits que ceux des autres simplement parce qu'elle avait grandi sur une île. Ça n'a pas changé, mais, à chaque année qui passe, elle prend la mesure de la chance qu'elle a eue. Ça aurait pu se passer bien différemment pour Etta Pringle, et elle a toujours une dette à rembourser au monde.
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Quand les gens ne comprenaient pas quelque chose, ils se sentaient souvent menacés.
Quand les gens se sentaient menacés, ils devenaient violents.
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Ils restent tous les trois silencieux pendant un moment et pensent à ces petites choses profondes dont on hérite. À la façon dont les histoires tues façonnent la vie des gens, aussi bien quand elles restent cachées que lorsqu'elles sont révélées.
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Et puis j’avais honte. Ce qui m’était arrivé m’avait complètement prise par surprise. Je pensais travailler dans une entreprise respectable, avec un employeur généreux. Je pensais être en sécurité. Après, je n’ai cessé de penser : qu’est-ce que j’ai fait de mal ? Qu’est-ce que j’ai fait pour que ça me tombe dessus ? Mais ces questions n’avaient aucune raison d’être. Quand il s’agit de subir des violences, ces questions n’ont jamais aucune raison d’être. Mais on se les pose quand même, et elles nous entraînent vers le fond. Elles peuvent même nous écraser. Heureusement, j’ai vite compris qu’il fallait tout simplement que je quitte cet emploi.
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Souvent, il suffisait d’un regard pour qu’elle comprenne qu’elle s’était trop éloignée de la case où on l’avait placée. Comme ce regard lancé par cette fille blanche avec qui elle avait sympathisé alors qu’elle sortait d’un salon de coiffure pour femmes noires. Ou ce regard échangé un après-midi avec une colocataire noire alors qu’elle entrait dans la salle commune en riant avec deux filles blanches. Ou bien ces regards appuyés à plusieurs marches de fiertés, mais sans que personne vienne jamais lui parler. Pour autant, les regards, ce sont des choses glissantes qui nous échappent. Un bon coup de pied dans la figure, c’est plus concret.
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Ils…pensent à ces petites choses profondes qu’on hérite. A la façon dont les histoires tues façonnent la vie des gens, aussi bien quand elles restent cachées que lorsqu’elles sont révélées.
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Pourquoi nous, les femmes, laissons-nous la honte prendre le pas sur notre bonheur ? Je pensais que les choses avaient évolué depuis mon enfance, mais, apparemment, pas assez
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Mais j’ai aussi l’impression que vous êtes moins bien encadrés, malgré tous ces tutos sur Internet. On dirait qu’il y a désormais tellement de choix qu’on ne peut plus savoir lequel est le bon. Et les préjugés sont encore tenaces. Peut-être moins solides, dans certains cas, mais toujours là.
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Depuis que des gens en maltraitent d’autres, les femmes ont été soumises à ce genre de violence. Il est grand temps qu’elles cessent d’en avoir honte.
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Où elle pourrait dire, à des gens qui ne pourraient peut-être pas comprendre mais qui l'écouteraient quand même, qu'elle en avait marre que son authenticité en tant que personne soir remise en doute en permanence simplement parce qu'elle ne voulait pas endosser les rôles que les autres avaient choisis pour elle ou parce qu'elle voulait jouer un rôle qui, selon les autres, ne lui convenait pas.
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Mélangez, incorporez, versez. Ce n'est que maintenant que Benny se rend compte que la recette ne contient aucun nombre, ne précise aucune quantité. Est-ce que ça a toujours été le cas ? Pourtant, c'est bien le même papier que dans son enfance, elle en est sûre. Benny voit, à présent, que la recette de sa mère n'a jamais été une suite d'instructions précises, mais plutôt une liste d'indices sur la façon de procéder.

Ce que Benny a appris de sa mère lui a été transmis par le geste, par la parole, par leur proximité. Ce que Benny a appris de sa mère, c'est à faire confiance à son intuition et à partir de là.
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Byron estime que la voie royale du militantisme, c'est de grimper l'échelle sociale, d'accumuler des biens, d'exercer son influence au cœur du pouvoir. Mais Lynette lui explique que ce n'est pas tant une manifestation qu'une veillée, pour tous ceux qui n'ont pas eu la chance de Jackson. Pour tous ces gens qui n'ont pas survécu à une arrestation de routine. Pour tous ceux qui sont encore en deuil. Dont nous, dit Lynette. On doit se donner l'autorisation de faire notre deuil, de s'éclaircir les idées, continue-t-elle, pour pouvoir ensuite retourner dans les mairies, les tribunaux, les conseils d'administration et les salles de classe, et provoquer des changements.
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– Certaines personnes pensent que le surf, c’est une relation qui se tisse entre toi et la mer, lui dit sa mère un jour que Byron se débattait avec sa planche. Mais le surf, en réalité, c’est une relation qui se tisse entre toi et toi-même. La mer, elle fait ce qu’elle veut.
Puis elle cligna de l’œil.
– Ce que tu dois faire, Byron, c’est savoir qui tu es et où tu es, à chaque instant. Il faut que toi, tu trouves ton centre et que tu le gardes. C’est comme ça qu’on attaque une vague. Par la suite, à toi de déterminer si tu dois davantage t’entraîner, si le courant est plus fort que d’habitude, la vague trop puissante. Tu vas peut-être même décider que tu n’es pas fait pour le surf, et ce n’est pas grave. Mais tu ne peux pas savoir tout ça si tu n’es pas dans le bon état d’esprit.
Ce qui était vrai pour le surf l’était aussi pour la vie.
p219
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Byron pense que bon nombre de ceux qui le suivent sur les réseaux saisissent l’importance de la cartographie sous-marine, que ce n’est pas qu’une question de technologie permettant de voir la forme de la terre sous la mer. Il s’agit de comprendre le climat, les tsunamis, les zones de défense, les zones de pêche, les câblages internet, la pollution et bien d’autres choses encore. Il s’agit de notre avenir. Et, bien entendu, de gros sous aussi. L’argent, toujours.
Byron reste parfois allongé dans son lit le matin à observer le plafond et à se demander si le travail qu’il fait va servir l’humanité ou simplement un groupe de profiteurs qui vont utiliser ses informations pour fouiller les fonds marins à la recherche de matériaux rares et précieux, pétrole et autres richesses naturelles. Qui, pour la plupart, entretiennent son confort de vie.
Les gens parlent de la gestion responsable des ressources naturelles, ils parlent de développement durable, de modération, mais Byron n’en a pas beaucoup vu au cours de ses vingt ans de carrière. Il pensait qu’en faisant bien son travail, en interagissant avec le public, en visant ce poste de directeur, il pourrait améliorer les choses. Mais, à présent que ses deux parents sont partis, il ne sait pas si sa vie a vraiment eu un impact positif sur quelqu’un ou quelque chose.
Ses parents ont sacrifié tellement pour leur offrir une belle vie, à Benny et à lui. Est-ce qu’il les honore ? Est-ce qu’il en fait assez ?
Byron ne saurait dire si, en lui faisant croire pendant toutes ces années qu’il était quelqu’un d’unique, ses parents lui ont fait un cadeau ou pas. Il espère, au moins, que sa visibilité comptera pour quelque chose , au moins pour ces gamins qui lui ressemblent et qui auraient peut-être envie de suivre ses traces, ou pour ceux qui ont simplement besoin de voir quelqu’un qui en face leur ressemble, qui est souriant, bien habillé et traité avec respect.
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Ce n’était pas la fille qu’il avait élevée. C’était une personne qui avait tourné le dos aux occasions qu’il lui avait fournies à la sueur de son front. Qui ne cessait de changer d’avis sur ce qu’elle voulait faire et qui ne savait pas quel genre de personnes lui convenait. Benny ne cessait de se compliquer la vie alors qu’il avait tout fait pour la lui simplifier. Cette fille qu’il avait élevée aurait dû dire : Pardon, Papa, et se précipiter dans ses bras.
Bert pivota et sortit de la pièce. Sa femme accourut à ses côtés peu après, les yeux humides. Derrière lui, Eleanor glissa ses bras autour de sa taille et posa sa tête sur son dos.
- Bert, souffla-t-elle, mais il était incapable de parler.
Ensuite, Eleanor fit ce qu’elle faisait de mieux pour leur couple. Elle resta là, sans bouger, sans parler, mais présente. Il y a bien longtemps, ils avaient failli se perdre pour toujours. Ils avaient failli ne pas avoir cette belle famille qu’ils avaient construite ensemble. Après ça, elle ne l’avait jamais quitté.
- Laisse-moi juste quelques instants, d’accord ? répondit-il. Quelques instants. Ensuite, je retournerai lui parler.
Mais quand Bert et Eleanor retournèrent dans le salon, Benny était partie et les premiers invités franchissaient déjà la porte de la cuisine. Ce jour-là, Bert eut le sentiment que beaucoup de choses l’avaient dépassé.
[…]
Ce jour-là, Benny avait accusé Bert d’étroitesse d’esprit, mais c’était Benny qui s’était refermée en grandissant, qui était moins patiente, qui refusait la discussion. Elle était partie parce qu’elle ne pouvait pas affronter ses parents, ne pouvait pas accepter qu’ils aient des doutes. Et depuis quand, dans cette famille, on s’inquiétait de savoir si les autres étaient du même avis ?
Où seraient-ils, aujourd’hui, si Bert avait eu peur de suivre des cours du soir en droit – le seul homme noir et le plus âgé du groupe ? Où seraient-ils, aujourd’hui, s’il avait eu peur de déménager dans un Etat avec toutes ces plantes grasses, ces crotales, ces tremblements de terre et ces gens aux voix trop aiguës ? où seraient-ils, aujourd’hui, s’il avait eu peur de fonder une famille avec une femme qui ne pouvait pas s’autoriser à avoir un passé ? Qui ne pouvait pas autoriser Bert à en avoir un ? De temps en temps, il pensait à son oncle et à ses cousins restés sur l’île. Il aurait aimé prendre son téléphone et avoir de leurs nouvelles. Mais un tel geste pouvait détruire sa vie.
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Le truc avec l’identité… Il y a notre histoire familiale, il y a la façon dont on se voit et il y a celle dont les autres nous voient. Tous ces éléments constituent notre identité, que cela nous plaise ou non. Charles Mitch est fier d’appartenir à l’association des avocats noirs de Californie, mais il pense qu’une partie de son succès professionnel tient au fait que bon nombre de personnes n’ont pas remarqué son héritage africain.
Les gens ont du mal à voir au-delà de la couleur de peau de Charles. Et ce, en dépit de sa participation au mouvement des droits civiques (et de cette photo de lui, étudiant). En dépit de son travail bénévole avec les jeunes délinquants de couleur (bien qu’il ait aidé d’autres jeunes aussi). En dépit de l’apparence de ses enfants (qui tiennent de leur magnifique mère, qu’elle repose en paix).
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Mr Mitch incline la tête. Si seulement Eleanor avait pu parler de tout ça à sa famille avant. Depuis que des gens en maltraitent d’autres, les femmes ont été soumises à ce genre de violence. Il est grand temps qu’elles cessent d’en avoir honte.
Benny parcourt le couloir en direction de la chambre de ses parents. Elle attrape un petit cadre sur la table de nuit de sa mère, une photo Polaroid prise de ses parents devant le bureau d’état civil le jour de leur mariage. Du pouce, elle essuie les traces de poussière sur le verre. Ça pourrait être n’importe quelle belle occasion. Deux personnes souriantes, une robe pâle, un costume marron, un petit bouquet de pivoines.
Benny examine le visage de sa mère. À un moment donné, sa mère a rencontré son père. À un moment donné, elle est retombée amoureuse. À un moment donné, sa mère a été heureuse, non ? Une personne peut encore trouver le bonheur même après avoir traversé tout cela, non ? Benny a besoin de le croire. Non, elle a besoin d’en être sûre. Benny repose le cadre sur la table de nuit et retourne au salon. Sans regarder Byron ni Mr Mitch, elle s’assied et place un coussin sur son ventre.
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B & B, à présent, vous avez certainement compris ce que j’essaie de vous dire, que Coventina Lyncook, c’est moi, la jeune femme qui est allée vivre en Angleterre sous le nom de Coventina Brown. Ou, du moins, c’était moi. C’était il y a cinquante ans, une autre vie. Mais tout est lié.
Je sais vous devez être sous le choc. Je suis désolée. Personne d’autre que moi ne peut vous expliquer tout ça. J’aurais pu laisser tomber, ne rien dire, vous laisser poursuivre le cours de votre vie, mais ensuite ? […]. Si je ne vous avoue pas la vérité maintenant, avant de disparaître, vous serez tous les trois perdus à jamais, vous ne pourrez pas vous retrouver. J’ai passé tellement de temps à vous cacher ça, mais je vous dois la vérité à présent. Je vous dois de vous raconter mon passé parce que c’est aussi votre histoire.
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Byron pivote et s’éloigne dans le couloir en marmonnant : « Ce n’est pas comme ça qu’on fait chez les Bennett. » Puis il grimace. On croirait entendre son père.
- Tu as tort, Byron, crie sa sœur. C’est comme ça qu’on fait chez les Bennett. Pas d’erreur possible, pas de volonté de comprendre, pas de place pour les désaccords.
Byron s’arrête et se fige, mais ne se retourne pas.
- Avant, je pensais que c’était parce qu’on était noirs, reprend Benny. Que nos parents voulaient qu’on réussisse, qu’il nous fallait travailler deux fois plus dur, être au-delà du reproche. Aujourd’hui, je comprends. Il fallait qu’on soit parfaits pour mieux cacher que notre famille est construite sur un immense mensonge.
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