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Critiques de Chika Unigwe (47)
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Fata morgana

Chika Unigwe propulse le lecteur dans les pas de jeunes femmes nigérianes prostituées à Anvers. Elle sont quatre toutes originaires de Lagos où elles ont été « recrutées » par un riche proxénète à qui elles doivent rembourser 30.000 euros pour le passage en Europe plus le loyer en Belgique. Elles ont beau partager le même appartement surveillée par Madame ainsi que le même quotidien sordide derrière les vitrines d’un quartier chaud, elles se connaissent si peu … jusqu’à l’assassinat de l’une d’elles, Sisi. Sous la pression émotionnelle et le choc de cette mort, elles vont sortir de leur anonymat autoprotecteur et oser dévoiler leur histoire.



L’auteur a rencontré de très nombreuses prostituées nigérianes en Belgique. De ces recherches, elle a extrait quatre personnages aux parcours très différents afin de couvrir le large spectre des expériences :

- Sisi,au brillant parcours universitaire mais qui n’est parvenu à se hisser à la hauteur de ses rêves sans réseau. Ce sont ses déceptions qui l’ont vaincue et à réduit à la défaite tout en étant bien décidé à narguer le destin.

- Ama, la fille de bonne famille, victime de l’hypocrisie d’un milieu très religieux

- la très jeune Efe, qui doit subvenir aux besoins de son fils resté au pays

- Joyce, une réfugiée soudanaise qui après l’horreur de la guerre pensait avoir trouvé l’amour et le confort.

Dans cette impitoyable typologie, toutes ont en commun d’avoir choisi de migrer poussées par la conviction profonde que l’alternative consistant à ne pas quitter Lagos aurait été pire que ce qu’elles vivent à Anvers.



Chika Unigwe a l’oeil du journaliste, son sens du détail mais son roman a la présence d’une œuvre d’écrivain. Tissant ses phrases d’idiomes ibgo et de pidgin nigérian ( langue vernaculaire de type créole à base de lexique anglais ), elle propose une propose une prose souple et dynamique qui explore avec lucidité les nombreux facteurs qui ont poussé de jeunes femmes à se prostituer en Europe en offrant des visages au fléau de la traite d’êtres humains. Elle ne juge jamais, ne porte jamais un regard moralisateur et emporte le lecteur sans recours au sentimentalisme ou au sensationnalisme que le sujet aurait pu revêtir. Mais elle décille les yeux sur des situations auquel le monde occidental préfère éviter de penser ou en parle avec une insensibilité insouciante.



Ce roman n’est pas là pour faire pleurer sur ces femmes, refusant de les présenter comme des victimes passives d’un odieux système d’exploitation sexuelle et financière. Elles ont perdu leurs illusions mais veulent survivre avant tout, animées par la volonté de prospérer et de dépasser ce qu’elles ont subi, ce qui leur confère une puissante dignité, à elles qui en sont dépouillées derrière leurs vitrines. Leurs voix s’échappent des pages sans sur-analyse, avec verve et humour même, dans ce récit brut et mélancolique bouillonnant de vie et de vitalité. Un regard rare sur la migration féminine trop souvent cantonnée aux sujets de société à l’abstraction colorée.



« Parfois je me dis que ma vie est un peu comme un dentier. Le monde voit ce que tu lui montres : Clean teet', blancheur Colgate. Mais tu sais qu'en dehors tes vraies dents sont toutes pourries ! »
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Fata morgana

Un petit mot tout d'abord, pour un grand merci.

Merci à toutes et tous pour vos marques d'amitié. Je suis déjà parti, puis revenu, je ne vous prometterais donc rien cette fois-ci, si ce n'est d'avoir toujours le même plaisir de partager et d'échanger avec vous. Merci à vous !



J'en profite pour vous souhaiter une très belle année aussi bien sur le plan littéraire que personnel.



Et maintenant, je voulais vous parler d'un de mes premiers coups de cœur de l'année...



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"Fata morgana" ou le mirage de la liberté.



Fuyant leurs existences sans horizon, elles verront leurs rêves se briser derrière une vitrine du quartier chaud d'Anvers.

À travers le destin de 4 femmes nigérianes, c'est la condition de la femme africaine qui est exposée dans une langue vibrionnante de beauté et d'espérance.



Elles n'avaient rien à perdre et pensaient avoir tout à gagner. Certaines d'entres elles fuient la misère ou l'oppression, d'autres n'acceptent pas leur condition toute tracée et une existence loin du "paradis" occidental qui semble leur tendre les bras. Partir de Lagos, quitter le Nigéria est leur seule motivation. Toutes les quatre sont jeunes et "passionnées pour rêver".

Ama, Efe, Joyce et Sisi ne sont pas amies, mais deviendront sœurs par solidarité et par nécessité.



30 000€ sera le prix à payer de leurs "rêves boiteux", à rembourser par mensualités, "après, vous serez libres" leur avait dit Dele, homme d'affaires nigérian, passeur par "bonté". L'addition sera encore plus injuste.



C'est le meurtre de l'une d'entre elles qui les amènera à repenser leur situation inextricable. Quatre parcours de femmes africaines que nous fait revivre Chika Unigwe dans une langue foisonnante, mêlant argot et différents dialectes retranscrits dans le texte, donnant une vivacité à son écriture. Sa plume se fait poétique et pleine d'humanité pour conjurer la tragédie qui s'annonce et le désespoir qui les étreint.



Comme dans un miroir grossissant sur le destin de quatre migrantes, le reflet de l'exploitation humaine n'est jamais ignoré, mais est enfin donné un visage et une parole à ce rêve commun à toute l'humanité, rempli d'autant d'espoirs que de cruautés, celui de survivre et de vivre une vie meilleure que celle qui nous a été attribuée.



Un grand roman de cette rentrée, paru le 12 janvier.

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Fata morgana, de Chika Unigwe, aux éditions Globe.

Traduit de l'anglais (Nigéria) par Marguerite Capelle.
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Fata morgana

Joyce, Ama, Efe et Sissi partagent la même maison à Anvers. Ce sont des africaines venues trouver en Europe l'argent qui leur manquait en Afrique. Mais pour cela , elles doivent vendre leur corps.



Très belle histoire, qui nous plonge dans les méandres de la prostitution et de ses réseaux. Mais ce sont surtout quatre portraits de femmes qui ont avec plus ou moins de fatalité accepté de rejoindre l'Europe dans l'optique d'y rester le moins longtemps possible , au péril de leur honneur , de leur santé.



Leurs parcours sont détaillés, et ce qui fait le sel de cette histoire , ce sont ces chemins différents empruntés , ces vies si éloignées qui finissent toutes dans une vitrine à Anvers.



De plus, il y a une belle plongée dans l'Afrique , le Nigéria plus précisément, très exotique, très dépaysante. Avec un langage local très équivoque contribuant à sublimer encore plus l'intérêt du livre.



Ces femmes sont très attachantes, emplies de résilience ; le livre est rythmé, sans temps mort et malheureusement cette fiction ne doit pas s'éloigner de trop de la réalité de milliers de femmes .

Une très belle lecture , où l'on navigue nous aussi entre l’abattement, l'espoir,les pleurs et le rire, où l'abject côtoie la force de caractère de femmes que l'on pourrait croire hors du commun mais qui ne font finalement que refléter la rage de vivre .
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Fata morgana

Efe, Joyce, Sisi, trois prénoms d’emprunt pour ces femmes dépossédées de tout, de leur liberté, de leur passeport, et contraintes de s’exhiber dans ces vitrines du quartier chaud d’Anvers.

On sait également que Sisi vient d’être victime d’un meurtre.



Comment en sont-elles arrivées là ? Les récits alternatifs vont nous l’apprendre. Des enfances différentes les uns des autres, et en dehors de Joyce, on n’est pas dans le contexte d’une fuite motivée par la guerre. Sauf que la vie au Nigeria ne fait pas de cadeau. Avoir un bagage universitaire n’est pas suffisant pour offrir à ses proches parents le logement décent qu’ils souhaitent. Echapper à une morne vie de labeur précaire et mal payé, c’est ce que leur fait miroiter l’infâme Dele, dont le trafic auto-proclamé import-export précipite les filles dans un piège infernal, dont elles ne pourront pas sortir. C’est un avenir d’esclaves sexuelles, qui les attend pour de nombreuses années.



On s’attache à ces femmes dont le destin semble inéluctable. D’autant qu’elles ont chacune à leur manière de grandes qualités humaines. Elles sont intelligentes, sous d’autres cieux, une vie digne aurait pu être possible.



On peut remercier l’auteur d’attirer l’attention sur des victimes, vendues comme objets sexuels, d’autant que l’on ne parle pas d’un époque révolue, on n’est pas au Moyen-âge, le récit est tout à fait contemporain. La compassion et la colère émergent du roman qui nous rappelle à quel point un énorme travail reste à faire pour que les femmes quelles que soient leur origine et leurs histoire accèdent à la dignité.



308 pages Globe 21 janvier 2022

Sélection Mars Prix Elle


Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Fata morgana

Les Editions Globe ont fait très fort avec cette rentrée hivernale 2022. Premier roman publié en France de Chika Unigwe, celle-ci est pourtant considérée comme l’un des cinq auteurs africains les plus importants de ces dix dernières années. Après avoir lu « Fata Morgana », je comprends mieux le pourquoi de ce constat.



Sur les thèmes difficiles de la migration, de la prostitution, des violences faites aux femmes, Chika Unigwe en tire un magnifique roman, à la fois terriblement réaliste mais aussi émouvant.



On y fait la rencontre de 4 jeunes femmes nigérianes qui se retrouvent à devoir se prostituer dans le quartier rouge d’Anvers. Lors de la mort de l’une d’entre elles, elles reviennent petit à petit sur le passé. Car malgré leur cohabitation dans un logement sordide, elles ne se connaissent pas ou prou. Hormis leurs différences, elles ont un point commun : avoir cru en un rêve européen qui au final, à virer au cauchemar.



Qui n’est jamais passé par ces rues où des jeunes femmes s’affichent dans des vitrines ou sur des trottoirs et dont la seule chose que nous faisons est de baisser les yeux comme si elles n’existaient tout simplement pas?



L’auteure ne fait aucun ambage sur la vie que ces femmes, venant de milieux très différents, doivent vivre, souvent désillusionnées face à leur quotidien, dans la misère sociale. Au travers d’un travail de rencontres avec ces travailleuses du sexe, c’est une immersion totale dans ce milieu, souvent glauque et oublié et pourtant, en ressort un roman lumineux.



On ne peut être que stupéfait par la force mentale qu’ont ces femmes, devant cette adversité de la vie. On est bien loin des stéréotypes qu’on peut avoir à leurs sujets, vues comme de simples victimes de la traite d’êtres humains. Elles sont maîtresses de leurs vies malgré le manque d’étendue pour de réelles perspectives. Le lecteur ne peut que s’attacher aisément à ces personnages.



La plume de l’auteure est très fluide à lire, qui est parfaitement retranscrite par la traduction de Marguerite Capelle. Elle a fait le choix de garder certaines phrases en dialecte pour « faire entendre la couleur et la texture de ceux-ci ».



Pour ceux qui se demanderaient ce que veut dire le terme de « fata morgana », il s’agit d’un phénomène optique qui résulte d’une combinaison de mirages.
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Fata morgana

La couverture (très jolie...) est très explicite : on part avec ce livre direction la prostitution africaine en Europe. Dans ce livre on va suivre 4 jeunes femmes dont les espoirs passent par la case Anvers. Sans obligatoirement savoir que ça signifie quartier rouge, vitrine, prostitution. 4 histoires différentes. 4 rêves identiques : le rêve de maîtriser sa vie, la liberté qui permet de choisir son avenir, le bonheur, l'argent (rien de vénal ici, juste manger à sa faim et vivre de son travail). Ce même rêve qui va se heurter à la réalité du quotidien qu'elles vont devoir affronter à Anvers.

Ce livre est un coup de poing qui rappelle la réalité. Celle de la prostitution subie voire forcée. Et le mirage pour ces Africaines d'une vie meilleure en Europe.

Que de vies gâchées...

.

Un livre marquant mais douloureux. Douloureux car l'auteure prend le temps de présenter ces 4 jeunes femmes, de nous les raconter. On s'attache à elles, la violence de ce qu'elles subissent est d'autant plus difficile à accepter. Difficile de ne pas se sentir proche d'elles. Evidemment on est sur ce canapé avec les 3 survivantes s'interrogeant avec elles sur le pourquoi de la mort de la 4e....

Un livre douloureux mais nécessaire.

.

Pour moi "Fata Morgana" voulait dire "fée Morgane". Ce n'est pas faux, car c'est en l'honneur de cette fée qu'a été nommé un certain mirage.... Là mirage d'une vie meilleure sous d'autres latitudes.....
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Fata morgana

Il n'y a pas que les étoiles qui scintillent dans le ciel d'Anvers.



Derrière les néons aveuglants et les tenues affriolantes, de belles déesses à la peau mate font rêver de nombreux hommes. Pendant plus de dix heures par jour et sous des sourires de façade offerts à de parfaits inconnus, se cache une toute autre réalité : la promesse d’un avenir meilleur.



Ce nouveau départ loin du Nigeria a cependant un prix : la somme de 30 000 euros qu'il faudra rembourser en exerçant le plus vieux métier du monde avant de pouvoir retrouver sa liberté. 



Après la disparition soudaine de Sisi, l'une des leurs, nous découvrons tour à tour l'histoire bouleversante et les raisons qui ont conduit chacune de ces femmes partageant le même toit à fuir leur pays et ceci dans l'espoir de vivre une vie meilleure.



Il aura fallu attendre de nombreuses années avant que le roman d’Unigwe Chila, ouvrage découlant d'un véritable travail d'enquête sur la prostitution nigérienne en Belgique ne soit traduit en français. Malgré sa dureté, j'ai été happée par cet ouvrage poignant. Unigwe a su avec brio traiter un sujet difficile mais qui, de part sa plume, rend un véritable hommage à toutes les femmes...
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Fata morgana

Prostituées.



30000 euros. Voici le prix à payer pour quitter le Nigeria et espérer atteindre l'Europe. Mais c'est aussi une dette à rembourser dans le quartier chaud d'Anvers.



Ce roman n'est pas dur, c'est une gifle magistrale. Nous nous attachons à suivre quatre femmes contraintes de se prostituer pour fuir la misère de leur pays, le Nigeria. Suite au meurtre de l'une d'entre elle, les trois survivantes vont raconter leur parcours.



En parallèle, nous suivons l'histoire de Sisi, de sa vie au Nigeria jusqu'à son meurtre. Jeune femme brillante, elle va perdre peu à peu ses illusions dans le Nigeria corrompu et miséreux. La seule porte de sortie semble l'Europe peu importe les moyens.



Les trois autres femmes ont des parcours à la fois différents mais aussi tristement similaires. L'une doit subvenir aux besoins de son enfant, l'autre veut fuir sa famille, quant à la dernière, elle veut refaire sa vie suite à un chagrin d'amour. Toutes ces femmes avaient des rêves, Anvers les a broyés. Plus rien ne sera comme avant.



L'autrice nous montre des femmes complexes. Elle ne fait pas l'erreur de porter un jugement ou de tomber dans la victimisation. Non, elle nous montre tout simplement des femmes victimes d'esclavage sexuel. Raconter ces femmes telles qu'elles sont est une manière de leur rendre leur dignité. En cela ce roman réussit parfaitement à dénoncer cette situation, tout en étant émouvant voire bouleversant.



Bref, ce roman me restera très longtemps en mémoire.



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Fata morgana

Sisi, Ama, Efe et Joyce. 4 jeunes femmes africaines du Nigeria, 4 vies de femmes brisées par la pauvreté endémique, la corruption, la toute puissance des hommes, des pères, des maris, des amants. 4 femmes confrontées à un choix impossible : rester dans un pays qui ne leur permet aucun avenir ou partir, partir vers l'Eldorado, vers cette Europe où peut-être elles pourront rêver d'un autre destin. Le prix de la liberté ? 30 000 euros à rembourser en vendant leur corps dans une maison close d'Anvers en Belgique. Une offre inconcevable, une offre révoltante, une offre qu'elles n'accepteront jamais... et pourtant si car elles n'ont plus le choix.



Chika Unigwe nous fait découvrir petit à petit les histoires de ces 4 femmes qui vivent ensemble dans une maison close et qui pourtant jusqu'ici se connaissaient si peu, tentant juste de tenir le coup dans ce pays étranger et hostile en vendant leur corps pour payer leur dette. Mais la mort de l'une d'elles va déclencher les confidences et les récits de chacune d'elles vont se mêler pour reconstituer petit à petit des parcours très différents mais qui tous disent quelque chose de la terrible violence qui frappe l'Afrique et plus particulièrement ici le Nigeria. Le roman est bien construit et agréable à lire même si le propos est très dur. On suit d'abord Sisi, cette étudiante modèle qui pensait s'en sortir par le savoir et les diplômes et qui confrontée à la corruption n'a pu obtenir de travail faute de relations suffisantes. Sisi, l'"intello" de la bande, celle qui n'aurait jamais dû se trouver là, celle qui jusqu'au bout rêvera d'un autre destin, jusqu'à la mort car on ne se rebelle pas impunément. On ne peut que partager l'effroi de cette si jeune fille, arrivant dans un pays inconnu sans personne pour l'accueillir, plongée d'un coup dans l'univers de la prostitution, loin des siens et de son pays.



Alors que le sujet du roman aurait pu rapidement basculer dans le sordide ou le voyeurisme, l'auteure a un vrai talent pour suggérer plutôt qu'appuyer son propos. On ne saura finalement pas grand chose de l'univers du sexe tarifé en Belgique, ses maisons closes et ses vitrines où les filles sont à disposition des clients, juste assez pour être révoltés par ce monde où une jeune femme devient une simple marchandise et où certains prospèrent par le trafic d'autres êtres humains. Chika Unigwe mêle à son récit des propos en pidgin nigérian (sorte de créole à base de mots anglais transformés par leur usage oral) et des expressions nigérianes qui rendent la lecture très vivante et permettent d'imaginer les rues de Lagos et la vie dans le pays. Les descriptions sont pleines de vie, on sent que l'auteure connaît bien son pays et qu'elle a à coeur de nous faire partager son ambiance. Les 4 jeunes femmes sont vraiment attachantes et on ne bascule jamais dans la caricature. Petite réserve peut-être pour le côté un peu trop journalistique de l'ensemble, l'auteure s'étant basée sur un important travail de recherche : on a parfois l'impression qu'à travers ces 4 portraits elle a vraiment souhaité nous faire découvrir toutes les facettes de la prostitution et du trafic d'êtres humains et c'est parfois un peu artificiel, j'aurais finalement préféré m'attacher à un seul ou deux portraits plus détaillés.



Fata morgana est un roman plein de lumière malgré son thème si noir, un roman intelligent et pourtant agréable à lire, une tranche de vie pleine de dynamisme et d'espoir comme le sont finalement ses protagonistes, toujours prêtes à se battre pour s'en sortir malgré le fait que personne ne veut leur laisser leur chance. Une belle découverte et une auteur que j'aurais plaisir à suivre dans ses prochaines oeuvres !
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Fata morgana

J'ai découvert avec beaucoup de plaisir Fata morgana de Chika Unigwe.



Quatre prénoms : Sisi, Ama, Efe et Joyce, elles viennent du Nigéria par l'intermédiaire du fameux proxénète Dele qui recrutent des filles pour les faire travailler dix heures par jour dans une rue du quartier chaud d'Anvers.

"Armée d'un vagin et de la volonté de survivre, elle savait que la misère n'aurait jamais de prise sur elle." Brian Chikwava.

Elles ont chacune une histoire triste et différente qui les a poussé à ce compromis. Elles espèrent toutes payer leurs dettes et commençaient une nouvelle vie. Mais oui, même pour faire le plus vieux métier du monde elles doivent s'endetter.

Il y a toujours des personnes prêtes à profiter de la misère qui sévit dans ces pays africains, ceux de l'est et autres.

Sisi va mourir, les liens vont se resserrer entre les trois autres, elles se dévoileront petit à petit en racontant leurs parcours.



J'ai beaucoup aimé l'écriture fluide, une histoire pleine d'émotions. Je les trouve très belle dans leur dignité.

Dommage que peu de gouvernants s'intéressent à ces femmes, à ce qu'elles sont obligé de faire pour survivre tout simplement. Les trafics en tout genre auront toujours la part belle car l'argent que ça rapporte est incommensurable et sans pitié.

Je vous le conseille ça m'a beaucoup touché.

Bonne lecture à tous.

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Fata morgana

Ce livre est arrivé dans mes mains un peu par hasard. Il était sur une pile de livre à équiper sur mon bureau quand je suis rentrée de vacances. Je me suis dit : « tiens c’est un polar que j’ai commandé, je ne m’en souviens pas. » Et pour cause, c’est ma complice Marianne qui l’avait repéré et ajouté à notre commande directe…

Mais alors que nous raconte ce « Fata Morgana »

Issues du Soudan, du Nigeria ou d’autres pays d’Afrique subsaharienne, quatre femmes très différentes ont fait le chemin de l’Afrique vers Bruxelles. Ces femmes partent en Europe dans l’espoir d’une vie meilleure. Elles sont venues revendiquer pour elles-mêmes les richesses qu’elles croient que l’Europe promet. . Mais des réseaux de prostitution s’organisent pour les piéger. Et lorsque Sisi, la plus énigmatique des femmes, est assassinée, leur monde déjà fragile est brisé. Le meurtre de cette prostituée dans un quartier d’Anvers rompt la routine et les silences qui entourent cette exploitation. Rassemblés par la tragédie, les trois femmes restantes – Joyce, une grande beauté dont la vie a été détruite par la guerre ; Ama, dont les humeurs sombres manifestent une injustice passée ; Efe, dont les efforts pour gagner sa vie sont motivés par un zèle particulier, commence lentement à partager leurs histoires. Et ces histoires de femmes malmenées par la vie et les hommes, Chika Unigwe nous les raconte avec force. Avec engagement même devrais-je dire car ce sont des histoires de terreur, de déplacement, d’amour aussi. C’est aussi celle d’un homme sinistre appelé Dele, un mystérieux proxénète et de la pire des mère macrelle, Madame…

Et c’est avec une intensité incroyable que notre auteur nous fait vivre les trajectoires de ces femmes, de leur déracinement. Le prix payé pour fuir l’Afrique où leur avenir est compromis, celui à payer pour tenter de sortir de sa condition et celui encore plus cher de la réalité quotidienne en Europe. Car chaque nuit, Sisi, Ama, Efe et Joyce se tiennent aux fenêtres du quartier chaud d’Anvers, promettant de réaliser les désirs des hommes, ne serait-ce que pendant une demi-heure.

Chika Unigwe nous les montre force et fragiles à la fois.

Elles gardent, malgré tout, la tête haute. Elles savent pourtant qu’il faut qu’elles soient sages et gentilles si elles veulent gagner suffisamment pour se libérer, envoyer de l’argent à la maison ou économiser pour leur propre avenir.

Mais le drame arrive, Sisi meurt, et là les têtes se redressent vraiment.

C’est une histoire de courage, d’unité et d’espoir que nous conte Chika Unigwe

C’est une histoire d’amitiés de femmes et de liens qui, une fois forgés, ne peuvent être rompus. Rapprochées par la tragédie et la perte de l’une des leurs, les femmes réalisent qu’elles doivent choisir entre leurs secrets et leur sécurité.

De leurs histoires se dégagent une énergie folle. Ce qui est marquant aussi c’est que dans toute cette noirceur, notre auteur laisse passé un peu d’espoir en insufflant aussi quelques traits d’humour subtils et bien vus.

Mais ce qu’il il a de diabolique ici c’est que Chika Unigwe nous transporte par la puissance de son style, c’est vif, c’est brut, il y a quelque chose de l’oralité aussi qui transparait ici, une urgence sournoise mais utile.

Son écriture est belle et exaltée. Tellement efficace aussi.

C’est vraiment une très belle découverte que je vous recommande chaudement.

Ce roman sera sans doute un de mes coup de cœur de l’année tellement il semble inoubliable.

Fata Morgana a reçu le Nigeria Prize for Literature de 2012 et dix ans plus tard, alors que le texte nous parvient seulement, on comprend pourquoi !
Lien : https://collectifpolar.fr/20..
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Fata morgana

Le deuxième roman de la nigériane Chika Unigwe, mariée à un citoyen belge, a été publié en 2009, en néerlandais, avant d'être traduit rapidement en anglais. 13 ans plus tard, le livre est enfin traduit en français (depuis l'anglais). La principale héroïne de Fata Morgana, Sisi, vient d'être assassinée et ses consœurs prostituées à Anvers, deux autres nigérianes et une soudanais, tout en s'interrogeant sur les raisons du meurtre, se dévoilent les unes aux autres, pour la première fois sans mensonges, comme pour rendre hommage à leur colocataire d'une rue sinistre de Anvers : Zwartezustersstraat. Fata Morgana n'est pas un thriller à proprement dit même s'il ne révéler les raisons de l'assassinat que dans ses dernières pages, celles-ci étant évidentes depuis plus longtemps. Le roman est d'abord celui de 4 jeunes femmes aux itinéraires dissemblables mais toutes piégées par le même homme au Nigeria, avec l'espoir naïf de changer de vie et d'oublier Lagos qui ne leur offre aucun avenir. Le livre alterne les récits des différentes trajectoires heurtées, de leur pays d'origine (celle de la jeune fille soudanaise est particulièrement atroce) jusqu'au Quartier rouge anversois. Le style de Fata Morgana tend à l'efficacité, d'un réalisme dénué de misérabilisme, dans une tonalité pas complètement désespérée (le roman se projette même brièvement sur l'avenir des trois survivantes). Ce n'est pas le premier livre sur le sujet mais celui-ci, visiblement bien documenté tout en ne négligeant pas les licences de la fiction, est particulièrement prenant, dans une noirceur parfois trouée par quelques éclairs de lumière.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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Fata morgana

Fata Morgana, le mirage de l'Occident pour quatre jeunes femmes d'Afrique. Sisi, Joyce, Efe et Ama. Toutes sont arrivées de Lagos pour travailler dans une vitrine du quartier rouge d'Anvers. Elles espèrent qu'après avoir racheté leur dette, l'argent gagné leur permettra de réaliser leurs rêves.

Quand Sisi est assassinée, chacune revient sur son passé et ce qui l'a conduite à rencontrer Dele, enrichi dans l'import-export de jeunes femmes noires.

Les chapitres alternent ainsi entre l'enfance et la jeunesse misérable et sans issue de ces jeunes femmes africaines et leur vie à Anvers où elles essaient d'être quelqu'un d'autre. Chaque destin est tragique, et le présent de Sisi l'est tout autant.

L'écriture est fine, sans voyeurisme, au plus près de la vie de ces jeunes femmes dont elle trace le portrait et dont on se doute qu'elles ne représentent pas que des personnages de fiction.
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Fata morgana

Ce roman saisissant nous plonge dans l'enfer de quatre femmes, quatre africaines débarquées à Anvers dans l'espoir de vivre une vie meilleure et qui se retrouvent exposées comme de la marchandise dans les vitrines du quartier rouge d'Anvers.

Autour de la disparition de Sisi, l'une d'entre elles, l'autrice nigériane Chika Unigwe tisse les histoires des unes et des autres, nous raconte la réalité crue de ce trafic humain, l'écart entre les rêves de richesse et la réalité violente de la prostitution, et distille avec parcimonie quelques touches d'humanité et de solidarité inespérées.

L'autrice dévoile avec précision et sans voyeurisme le pari de ces femmes, qui font le choix volontaire d'une vie de prostitution à l'étranger plutôt qu'une vie de misère au Nigéria. Pauvreté, inégalités, chômage, corruption, les maux de la société nigériane évoqués par l'autrice sont nombreux, et ce sont les femmes qui en paient le plus fort tribut. Comment expliquer autrement que la prostitution puisse représenter la seule alternative pour de très nombreuses femmes ?

La narration repose sur une alternance entre le présent, celui de la disparition de Sisi et le passé de chacune de ces femmes, leur enfance, leurs amours, leurs désillusions, la décision d'émigrer, et puis la prostitution, la soumission absolue dans laquelle ces femmes se retrouvent face aux trafiquants, dont elles sont les débitrices. Soumission oui, mais jamais résignation, parce que Efe, Sisi, Ama et Joyce nous démontrent également la force de volonté dont elles font preuve, cette envie irrépressible de vivre pour s'en sortir, peut-être.

Un récit dur souvent mais toujours digne, qui interpelle et donne à voir une réalité trop peu médiatisée. Par ailleurs, j'ai beaucoup aimé le parti pris de Chika Unigwe d'intégrer dans ses dialogues des expressions nigérianes, notamment dans les dialogues, qui confèrent au texte originalité et vivacité. Une très belle réussite et une autrice à suivre.



Très heureuse aussi de lire une autrice africaine, trop rare encore dans mes lectures!
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Fata morgana



Chica UNIGWE. Fata morgana..





Avant de vous donner mon ressenti à la lecture de ce récit, je suis allée consulter la toile afin de savoir ce qui se cache derrière le titre :Fata Morgana, : Une fata Morgana est un phénomène optique qui résulte d'une combinaison de mirages (perturbations des rayons lumineux au passage à travers un gradient thermique dans l' atmosphère ). .Mais ce roman est basé sur des faits réels; Il concerne des personnes. Et il est de plus actuel.



Nous sommes à Anvers, en Belgique, pas dans le quartier des diamantaires mais dans le quartier du sexe, et là où vivent les filles , les prostituées, rue Zwartezusterstraat. Quel univers sordide et quelles conditions de vie. Nos quatre héroïnes, Sisi, Ama, Efe, et Joyce, ont volontairement quitté leur pays natal, le Nigeria. En effet elles ont été harponnées par Dele, qui sous couvert d’une agence d’import-export recrute des jeunes femmes pour alimenter le commerce du sexe en Belgique. Il leur offre la possibilité de devenir riche, moyennant le versement de la modique somme de 30 000 euros. Aucune ne peut donc s’offrir le voyage vers l’Europe, l’eldorado. Pas de souci l’importateur avance la somme et chaque mois, les jeunes femmes rembourseront leur dette. Il faut de plus ajouter le loyer mensuel de leur modeste logement, sis, rue Zwarteszusterstraat. Ces jeunes femmes ont toutes fui des conditions de vie déplorables, l’une le viol commis par son beau-père, l’ autre est une fille-mère, la misère a poussé une autre à partir à la recherche d’une vie meilleure. Toutes ont la tête pleines de rêves, d’avenir, de conditions de vie plus agréables, devenir à leur tour riche, qui pour acquérir une maison une boutique, reprendre des études et même obtenir pignon sur rue pour exercer le même commerce que leur débiteur !. Mais le mirage s’éloigne de jour en jour. Quelle sera la durée de leurs prestations sexuelles pour être délivrées de leur prédateur,





Elles vivent en colocation sous l’œil d’une véritable mère maquerelle, Madame, à la solde de Dele assistée de Segun ; l’homme à tout faire mais également l’espion de Madame. Ces femmes ne se connaissent pas et chacune narre sa vie d’avant et nous fait part de ses rêves. Mais un jour, Sisi disparaît ; que lui est-il arrivé? A-t-elle réussi à fuir, à regagner sa liberté en faisant un beau pied de nez à ses usuriers ? Chacune se pose la question et revit son exil. Toutes, elles espèrent revenir au pays Quel sera la durée de leur véritable séquestration? Combien de passes afin d’éteindre la dette, d’offrir leur corps à ses hommes éperdus, non d’amour mais d’exotisme. Triste réalité… Et ce récit se déroule de nos jours, oui au XXI ème siècle. Une telle exploitation du corps des femmes est incroyable et elle a pignon sur rue.





Chica INUGWE, met en scène la vie de ces travailleuses du sexe qui s‘exhibent quotidiennement dans les vitrines des maisons closes à Anvers. Ce récit criant de réalité est poignant et, nous qui vivons dans notre petit cocon, ne pouvons que compatir aux diverses maltraitances, à l’exploitation de ces jeunes femmes qui, jour après jour ou plus exactement, nuit après nuit subissent les assauts, de plusieurs hommes et qui doivent toujours sourire, se soumettre aux bons vouloirs de ces amants de passage. C’est un roman que je vous conseille vivement. Le texte est émaillé de nombreuses expression populaires La plume acérée et le style alerte, en font une œuvre fort agréable à la lecture. Les chapitres courts sont très concis et ils expriment bien l’ambiance délétère qui plane dans ce milieu. Le roman choral est harmonieux et nous éprouvons de la sympathie pour ces esclaves du sexe. J’ai été frappé par la pertinence de la couverture . Sur un fond noir, la silhouette d’une femme noire, callipyge, chevelure crépue une pause lascive, mi-Gauguin, mi-Betty Boop. apparaît toute illuminée de néons aux diverses couleurs : une couverture très originale. ( 16/03/2022)


Lien : https://lucette.dutour@orang..
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Fata morgana

Il y a quelques semaines, alors que je débutais la lecture de Fata Morgana, j’ai entendu aux nouvelles que l’on venait de faire des perquisitions dans plusieurs maisons closes de Bruxelles, Anvers et Liège, et qu’un réseau de trafic de femmes nigérianes et ghanéennes était en train d’être démantelé. Quelle coïncidence de lecture. C’est exactement de cela qu’il s’agit dans Fata Morgana. L’auteure nous plonge dans le quotidien et le passé de quatre femmes originaires de Laos et venues travailler à Anvers dans l’espoir d’une vie meilleure. Elle nous montre par quels mécanismes ces femmes se retrouvent à devoir travailler dans ces vitrines et ces maisons, pour « rembourser » la dette contractée lors de leur départ du Nigéria. Bernées par des promesses fallacieuses, et même si, pour certaines, elles ont accepté de devoir faire ce boulot dès le départ, elles se retrouvent rapidement prisonnières d’un réseau et exploitées. Et ça se passe si près de chez nous… Un roman vérité qui fait réfléchir.
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Fata morgana

Définitivement pas un livre à lire quand vous avez le moral en berne !

Chika Unigwe nous retranscrit ici le quotidien de jeunes femmes africaines, ayant émigrées depuis le Nigeria pour trouver un destin plus favorable que celui avec lequel elles sont nées ou ont grandies. Les histoires de Chimson, Alek, Ama et Efe vont ainsi se succéder, apportant un relief et une humanité à chacune de ces femmes. C'est avec une construction du récit savante et efficace, par ses entrecoupements de chapitres qui nous mènent à la fin tragique et banalisée de Sisi, que l'autrice réussit son récit. On rêve avec Sisi lors de ces quelques moments de liberté et d'émancipation, sachant toutefois qu'ils seront éphémères, pris dans cette Fata morgana, et si une uatre fin était possible pour Sisi ?
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Fata morgana

Roman sans concession mais sans pathos qui nous propulse dans le monde de la prostitution. Sisi, Ama, Efe et Joyce sont travailleuses du sexe en Belgique. Elles n'ont pas suivies le même parcours pour quitter Lagos et se retrouver à Anvers. Fata Morgana nous compte leurs histoires, sans clichés et sans rien cacher non plus. La tension monte graduellement au cours des récits. J'ai commencé le roman avec (bizarrement vu le sujet) une certaine sensation de légèreté pour le finir avec un sentiment d'injustice criant. A lire.
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Fata morgana

En lisant ce livre, j’ai appris plusieurs choses. La première est que Fata Morgana (titre très évocateur), loin d’être un prénom et un nom (ce que j’imaginais à la vue de la couverture aux allures de pochette de CD disco), est en réalité un phénomène optique, sorte de mirage faisant apparaître l’horizon plus haut qu’il ne l’est en réalité. Et puis j’ai appris sur la situation d’un pays, le Nigéria, dont on entend parfois parler (rarement pour célébrer sa richesse culturelle) et sur le quotidien de femmes qui, ici, bien qu’héroïnes de fiction, ne sont pas très loin de la réalité. Les témoignages de ces femmes, au milieu du récit, donnent des éléments de contexte historico-politique, dans un pays d’Afrique en proie à la corruption et aux guerres perpétuelles. Sont-elles les conséquences de siècles de colonisation occidentale ? J’aime comprendre, peut-être faudrait-il lire d’autres ouvrages pour en savoir plus.

Ici, ces femmes incarnent les dommages collatéraux de cette instabilité politique, et c’est palpable, tout au long du récit.

La force de ce roman, au-delà de l’écriture très fluide, nimbée des petites phrases en dialecte nigérian (je suppose) tient dans ces quatre femmes : Chisom (alias Sisi) Efe, Alek (alias Joyce) et Ama. Toutes, avec une histoire familiale différente, finissent par se retrouver au même endroit de Belgique, cette Belle Jik dont le doux nom donne des frissons à Efe. Glaçants, violents, mais tendres aussi, ces portraits de femmes m’ont vraiment sentie proche d’elles. Pas de pathos dans ce roman, c’est ce qui m’a plu avant tout. La seule légère déception est la fin, mais je n’en dirai pas plus. Toutefois, c’est un livre utile et encore une belle découverte pour moi dans le cadre du jury des lectrices Elle.

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Fata morgana

A Lagos, le rêve occidental a un prix : 30 000 euros. C'est ce qu'il faut payer pour vivre ses rêves en Europe, pour devenir quelqu'un, concrétiser ses projets et surtout fuir cette vie sordide et se sentir libre.

Efe, Sisi, Joyce et Ama sautent le pas. Mais le deal est clair, elles n'ont pas l'argent, alors elles devront travailler une fois arrivées sur place et rembourser jusqu'au dernier cents.

Il n'y a pas d'entourloupe, dès le début elles savent en quoi consiste ce travail : se prostituer. Elles n'ont rien à perdre et tout à gagner à s'éloigner de ce pays qui les malmène et ne leur offre aucun avenir si ce n'est celui de survivre, dans ce pays patriarcal où aucun autre avenir que celui de travailler d'arrache pied pour pouvoir juste manger, alors elles disent oui.

Elles ne se connaissent pas avant d'arriver rue Zwartezusterstratte, dans cet appartement sordide, cette colocation tenue par "Madame". Elles ne savent rien les unes des autres, mais un événement tragique va les rapprocher : la mort de Sisi.

Sous le choc, elles se livrent alors l'une après l'autre sur ce qu'était leur vie là-bas, sur ce et ceux qu'elles ont laissé, et sur les espoirs qu'elles avaient en arrivant en Europe.

Tour à tour nous apprenons à les connaître. Leurs parcours sont tous différents, entre violence, déception, deuil et traumatisme; mais toutes ont en commun ce rêve de liberté qui au final les rendront prisonnières à leur arrivée à Anvers.



Quatre femmes touchantes, quatre histoires révoltantes...

L'auteur pointe du doigt la misère, la violence, la misogynie et le peu d'espoir qu'ont les femmes nigérianes de s'accomplir librement.

C'est un très beau roman. Les faits sont durs mais la plume de l'autrice est magnifique.

J'ai aimé me trouver dans cette pièce avec ces filles qui ont fait ce qu'elles pensaient être le mieux pour elles et qui se retrouvent à exorciser leur malheur, leurs désillusions face au mirage (fata morgana) qu'est finalement l'Europe. Ce n'est pas une lecture facile, mais j'ai eu beaucoup de mal à la refermer tellement je me suis attachée à ces femmes fortes et déterminées.
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