Le désir est parfois si fort qu'il prend le pas sur la raison. Comment peut-il devenir un moteur de changement, d'engagement? Voilà les réflexions au coeur de cette table ronde autour d'auteur·rice·s dont le feu d'allumage des livres est le désir et ses effets sur nos actions. Puisqu'il y a bien des façons d'aborder le désir en littérature, des voix diverses discuteront du sujet avec l'autrice Claudia Larochelle à l'animation: la poète Chloé Savoie-Bernard, le thérapeute Nicolas Lévesque et la criminologue Maria Mourani.
Avec:
Chloé Savoie-Bernard, Auteur·rice
Maria Mourani, Auteur·rice
Nicolas Lévesque, Auteur·rice
Claudia Larochelle, Animateurrice
Livres:
Machine Jihad. du désir à l'engagement: 10 jeunes lèvent le voile
Sainte Chloé de l'amour
Ptoma. Un psy en chute libre
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#slm2021
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Il aurait fallu que je puisse retirer mes mauvaises pensées comme on enlève le gras au-dessus du bouillon de poulet refroidi, si seulement je pouvais prendre une cuillère, oui, enlever l’envie de mourir et que tout le reste demeure assis en moi, toi et mes amies et les choses que j’aime, les livres peut-être…
(p.28-29)
C’est drôle, parce que je ne me souvenais plus trop de ce que je lui avais dit, répond la principale intéressée en rigolant. Je pense que je lui avais dit qu’il faut toujours écrire à partir de la honte. »
À partir de la honte ?, répète-t-on, puis la discussion prend rapidement son envol. « Oui, parce que c’est un peu honteux pour moi d’avoir autant de misère à habiter mon corps, quand il est en santé, quand il n’est pas précaire, alors que je continue pourtant à le sentir réellement précaire. Le corps, c’est quelque chose que je touche mal, que je réalise mal, et peu importe les changements que je lui apporte, il y a quelque chose qui reste très dissocié, quelque chose qui reste presque fictif dans mon rapport avec mon corps. J’ai de la misère à croire que c’est réel. Et il y a une certaine honte à ressentir ça. »
… il m’a dit qu’il avait l’impression qu’il pouvait me tuer à chaque fois qu’on couchait ensemble. Il m’a soufflé qu’il croyait qu’un jour il me tuerait sans s’en rendre compte — par maladresse — , en ne relâchant pas ses mains assez rapidement. Un jour, oui, il m'étranglerait pour de bon.
(p.44)
e suis féministe, je lis sans cesse des auteures féministes pour mon doctorat et souvent, quand même, je me demande au quotidien : “Pourquoi je fais ça ? Pourquoi je prends cette décision-là, alors que je sais tout ce que je sais ?” Mais en creusant cette honte à être prise dans rapports amoureux malsains, en essayant de mettre des mots poétiques là-dessus, on peut mieux la comprendre. J’y crois que la littérature est là pour mettre des mots sur ce qui n’en a pas et pour sortir du cadre de la victime, parce qu’à partir du moment où tu nommes, tu dépasses le cadre de la honte. Tu t’appropries un discours, une situation. Tu fais acte de nouveauté. »
mais jusqu'où vont-elles les filles
comme nous je ne sais pas
mais nous y allons avec tout notre allant
nous nous pognons des murs dans la gueule
nous les traversons quand même
avoir du plâtre dans la bouche
c'est toujours mieux
que de ne rien manger du tout
si je m'ouvre les poignets
je veux que vous lisiez ce qui coule
tu imprimes l'hécatombe
à chacun de tes pas
à dieu j'ai demandé souvent
de me pardonner mes offenses
et celle-là est le noyau de toutes les autres
celle d'avoir été la fille de
d'avoir reçu un héritage aux recoins secrets
une brutalité aux contours fuyants
que ça ne me soit pas arrivé à moi
d'avoir dû vivre avec
tout ce que je ne sais pas
calice d'enfance narnia ostie d'alice
derrière le miroir il n'y a que le plomb
qui pèse lourd l'armature
de nos espoirs crevés
dont les débris rampent
jusqu'à l'adolescence
pour nous border d'échardes
griller des guimauves
sur le feu de joie de mes rêves