AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Christelle Dabos (1583)


Il fallait avoir une bonne motivation pour regarder Thorn en face. Ophélie en possédait une. Elle embrassa ses cicatrices, d'abord celle qui lui fendait le sourcil, ensuite celle qui lui crevait la joue, enfin celle qui lui traversait la tempe. A chaque contact, Thorn écarquilla davantage les yeux. Ses muscles, à l'inverse, se contractèrent.
- Cinquante six.
Il désenroua sa voix d'un raclement de gorge. Jamais Ophélie de l'avait vu aussi intimidé, en dépit des efforts qu'il déployait pour ne rien en montrer.
- C'est le nombre de mes cicatrices.
Elle ferma, puis rouvrit les yeux. Elle le sentit à nouveau, en plus violent encore, cet appel impératif qui lui venait du fin fond du corps.
- Montre-les-moi.
Commenter  J’apprécie          450
- Certains humains sont des objets de leur vivant, Miss Eulalie.
Commenter  J’apprécie          440
-Ah, et au fait : je vous aime.
(la mémoire)
Commenter  J’apprécie          420
- Je m'appelle Archibald. Me direz-vous enfin votre nom, fiancée de Thorn ?
Ophélie récupéra sa main et effleura des doigts les coquelicots. Quelques pétales rouges se décrochèrent à ce contact. L'illusion était vraiment parfaite, plus réussie encore que le parc de Bérénilde.
- Denise. Et pour votre gouverne, je suis déjà à un homme de ma famille. Je ne suis que de passage ici. Je vous l'ai dit, vous me prenez pour une autre.
Le sourire d'Archibald vacilla. Prise d'une inspiration subite, Ophélie avait improvisé ce joli mensonge. Comme elle ne pouvait plus nier qu'elle était Animiste, autant se faire passer pour une parenté. Le plus important, c'était d'empêcher coûte que coûte cet homme d'établir un lien entre elle et Thorn. Elle avait déjà le sentiment d'avoir commis une bêtise irréparable, aussi ne devait-elle pas aggraver sa situation.
Archibald considéra en silence, sous sa cape en auvent, le visage impassible d'Ophélie comme s'il cherchait à percer ses lunettes noires. Pouvait-il s'entendre les pensées ? Dans le doute, Ophélie se récita en boucle une coltine d'enfance.
- Madame, donc ? dit Archibald d'un air pensif. Et quelle est votre relation avec la fiancée de Thorn ?
- C'est une proche cousine. Je voulais connaître l'endroit où elle va vivre.
Archibald finit par lâcher un profond soupir.
- Je vous avoue que je suis un peu déçu. Il aurait été follement amusant d'avoir la promise de Thorn sous la main.
- Et pourquoi cela ? demandra-t-elle avec un sourcillement.
- Mais pour la déflorer, bien entendu.
Ophélie battit des paupières. C'était la déclaration la plus inattendue qu'on lui avait jamais faite.
- Vous aviez l'intention de forcer ma cousine dans les hautes herbes de ce jardins?
Archibald secoua la tête d'un air exaspéré, presque offensé.
- Me prenez-vous pour une brute épaisse ? Tuer un homme ne me fait ni chaud ni froid, mais jamais je ne lèverai la main sur une femme. Je l'aurai séduite, pardi !
[...]
- Mais si vous êtes là, votre cousine n'est en réalité pas si loin. Accepteriez-vous de me la présentez ?
Ophélie pensa aux ouvriers des entrepôts quelques étages plus bas, à leurs épaules harassées, aux caisses qu'ils embarqueraient et débarqueraient jusqu'à leur mort. En quelques battement de paupières elle éclaircit ses lunettes jusqu'à leur transparence, de façon à pouvoir regarder Archibald droit dans les yeux.
- Vraiment, monsieur, vous n'avez rien d'autres à faire de vos dix doigts ? Il faut que votre existence soit vide !
Archibald parut complètement pris au dépourvu. Lui, qui se montrait si loquace, ouvrit et referma la bouche sans rien trouver à répondre.
- Un jeu, vous avez dit ? reprit Ophélie d'un ton sévère. Parce que déshonorer une jeune fille et frôler l'incident diplomatique, ça vous amuse, monsieur l'ambassadeur ? Vous êtes indigné des responsabilités qui incombent à votre charge.
Archibald fut frappé d'une telle stupeur qu'Ophélie crut que son sourire allait se décrocher de ses lèvres pour de bon. Il écarquillait les yeux sur elle comme s'il l'a voyait différemment.
- Il y avait longtemps qu'une femme ne m'avait pas parlé de façon aussi sincère, déclara-t-il enfin, perplexe. Je ne saurais dire si ça me choque ou si ça me charme.
- De la sincérité, vous n'en manquez pas non plus, murmura Ophélie en fixant un coquelicot solitaire qui poussait entre deux pavés. Ma cousine sera avertie de vos intentions.

Fini l'extrait et pardon pour les fautes !
Commenter  J’apprécie          420
C'était un être anguleux de corps comme de caractère, sans jamais une formule aimable, ni un geste galant, ni un mot d'humour, préférant la compagnie des chiffres à la société des hommes. Il fallait avoir une bonne motivation pour regarder Thorn en face.

Ophélie en possédait une.
Commenter  J’apprécie          410
Vous m’avez voulu honnête avec vous. Vous apprendrez donc que vous n’êtes pas pour moi qu’une paire de mains. Et je me contrefiche que les gens me trouvent douteux, du moment que je ne le suis pas à vos yeux. Vous me la rendrez lorsque j’aurai tenu toutes mes promesses, maugréa-t-il en tendant sa montre à Ophélie sans remarquer son expression ahurie. Et si vous doutez encore de moi à l’avenir, lisez-la.
Commenter  J’apprécie          410
- Ma fille qui daigne enfin quitter son lit ! Il était temps, encore un peu et tu te changeais en table de chevet.
Commenter  J’apprécie          400
Ophélie n'était bonne qu'à lire. Si on lui retirait cela, il ne restait d'elle qu'une empotée.
Commenter  J’apprécie          402
La vérité est un lourd fardeau, elle n'est pas à mettre sur toutes les épaules.
Commenter  J’apprécie          390
- Ne tombez plus dans les escaliers, évitez les objets tranchants et surtout, surtout, gardez-vous des personnes peu recommandables, entendu ?
Une larme roula sur la joue d’Ophélie. Les mots de Thorn lui creusaient un vide abyssal dans le corps. Elle savait avec une absolue certitude qu’à l’instant où ils se sépareraient, elle ne connaîtrait plus jamais la chaleur.
Thorn déglutit contre son épaule.
Commenter  J’apprécie          390
Oublier les morts, c’était comme les tuer une seconde fois.
Commenter  J’apprécie          390
- Excusez-moi, je ne suis pas comme mon père, qui connaît les us et coutumes des autres arches. Nous ne faisons pas de différence entre les sexes ici. J’en déduis que chez vous les hommes ne portent pas de tenues comme la vôtre ?
Ophélie se fit violence pour ne pas imaginer Thorn en petite robe grise.
Commenter  J’apprécie          380
- Montez, little girl.
Ophélie fit un pas vers le dirigeable; au suivant, elle s'étala sur les pavés. Ses sandales s'étaient animées à son insu, nouant leurs lanières entre elles pour l’empêcher de partir. Elle pouvait jouer les braves, son animisme n’était pas dupe. Lady Septima émit un claquement de langue mais Ophélie eut beau se tortiller, elle ne pouvait ni défaire le nœud ni ôter ses sandales. On allait la traîner sur la passerelle à coups de baïonnette.
-Restituez ceci aux Généalogistes de ma part.
C’était la voix de Thorn. Sa voix véritable, sa voix du nord. Il avait décroché son insigne de LUX pour le remettre à Lady Septima. Puis, dans un grincement de métal, il s'agenouilla auprès d’Ophélie. Les lignes à haute tension qui électrifiaient sa figure s’étaient toutes relâchées. Il n’y avait plus de courants contradictoires, juste une seule et unique évidence qui luisait dans ses yeux au cœur de la nuit.
- Ensemble.
Il souleva maladroitement Ophélie dans ses bras et monta avec elle à bord du long-courrier.
Commenter  J’apprécie          370
L'ignorance est moins dangereuse que la connaissance.
Commenter  J’apprécie          374
Chaque homme devrait avoir le droit de jouer sa vie aux dés. Ils génèrent des résultats aléatoires qui dépassent toutes les prédéterminations. Cela n’a plus aucun sens si les dés sont pipés.
Commenter  J’apprécie          370
- Dois-je me désinfecter ?
Les ténèbres s’abattirent sur Ophélie. Le souffle coupé, elle mit un moment à comprendre que Thorn l’avait brusquement plaquée contre lui. Les étreintes n’étaient chez lui précédées d’aucun signe avant-coureur. C’était la distance, et puis c’était le mélange.
- Non, dit-il.
Ophélie s’abandonna contre lui sans plus réfléchir. Elle écouta les battements furieux de son cœur. Elle aimait qu’il fût si grand et qu’elle fût si petite. Il la submergeait tout entière comme une vague.
Commenter  J’apprécie          350
"Le charme est la meilleure arme offerte aux femmes, il faut t'en servir sans scrupule."
Alors que l'ascenseur reprenait sa montée, Ophélie se fit la promesse de ne jamais suivre le conseil de sa sœur. Les scrupules étaient très importants. Tant qu'Ophélie aurait des scrupules, tant qu'elle agirait en accord avec sa conscience, tant qu'elle serait capable de faire face à son reflet chaque matin, elle n'appartiendrait à personne d'autre qu'à elle-même.
Commenter  J’apprécie          350
Raconter le passé en refusant de raconter la guerre, c'est mentir.
Commenter  J’apprécie          350
– Je vous préviens, dit Berenilde en la considérant posément par-dessus sa gazette, si vous brisez ce qui tient lieu de cœur à mon neveu, je vous découpe en lamelles.

Ophélie versa le café à côté de sa tasse. Elle était bien placée pour savoir que ce n’était pas là de la simple rhétorique : Berenilde s’était déjà fait les griffes sur elle pour moins que ça.
Commenter  J’apprécie          350
« Je te connais comme si je t'avais faite. Tu es plus arrangeante qu'une commode, à jamais sortir un mot plus haut que l'autre, à jamais faire de caprices, mais dès qu'on te parle de mari, tu es pire qu'une enclume ! Et pourtant, c'est de ton âge, que le bonhomme te plaise ou non. »

(dixit son oncle à Ophélie).
Commenter  J’apprécie          350



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Christelle Dabos Voir plus

Quiz Voir plus

La Passe-miroir 1.Les fiancés de l'hiver

Quel est le tout premier golem d'Ophélie ?

Ses gants
Son écharpe
Ses lunettes
Un miroir de poche

13 questions
932 lecteurs ont répondu
Thème : La passe-miroir, tome 1 : Les fiancés de l'hiver de Christelle DabosCréer un quiz sur cet auteur

{* *}