Christian Jacq

La Flûte magique, premier acte, scène deux

 — Tamino voit arriver un homme couvert de plumes qui descend de la montagne et porte sur le dos une grande cage contenant divers oiseaux, indiqua Wolfgang. S’accompagnant d’une flûte de Pan, il chante son désir de trouver une épouse, tout en précisant qu’il a l’intelligence de cet instrument.

— Nous l’appellerons Papageno, décida von Born. Ce nom dérive d’un mot grec signifiant « engendrer, générer », puisque ce personnage incarne la multiplicité des désirs face à l’unité spirituelle de Tamino. Certains y verront une allusion à Papegeai, le perroquet, désignation d’un degré élémentaire de l’Ordre des Illuminés.

— Tamino est la puissance créatrice, le fixe, intervint Thamos ; Papageno, la manifestation de la création, le volatil. Grâce à leur rencontre s’ouvre le chemin de Lumière.

Chapitre 34

— Vêtu d’un luxueux vêtement de chasse japonais, Tamino descend d’un rocher, poursuivi par un serpent qu’il ne peut tuer. Sa seule arme est un arc inutile, puisque son carquois est vide. Autrement dit, il n’a pas encore la maîtrise des flèches, les rayons du soleil.

— Cette allusion au Japon, l’Orient extrême, nota von Born, signifie que Tamino est sous la protection de la Lumière de l’au-delà, l’Orient éternel. Ignorant sa prédestination, il « chasse » la connaissance, sans les moyens appropriés. Et sur le chemin menant à sa véritable patrie, il rencontre l’Ennemi.

Chapitre 33

— Quel univers symbolique as-tu conçu ? demanda Ignaz von Born.
— Un paysage rocheux parsemé d’arbres. Des deux côtés de la scène, des montagnes. L’une symbolise l’initiation masculine, l’autre l’initiation féminine. Au milieu, un temple.
— Ainsi est reconstitué le signe hiéroglyphique akhet, commenta Thamos, le soleil de l’esprit se levant entre deux collines, l’Orient et l’Occident.

Chapitre 33

— J’ai pris la décision de fonder un nouvel Ordre initiatique, révéla Mozart. Il s’appellera la Grotte et offrira d’authentiques rituels dont La Flûte magique fournira les bases. Notre Sœur Thun et notre Frère Stadler acceptent de participer à l’aventure.

Chapitre 32

— La Flûte magique, prédit Thamos, sera une œuvre à la fois ésotérique et populaire, parlant à tous les cœurs.

Chapitre 32

— Tant que l’initiation féminine n’aura pas été restaurée, dit-il à Thamos, ce monde ira de travers.
— Il faut retrouver le souffle des anciens mystères et ancrer la Franc-Maçonnerie dans sa tradition d’origine, la pensée égyptienne. Tel est bien l’enjeu de La Flûte magique.

Chapitre 31

— Le rituel consistera à conduire Tamino et Pamina l’un vers l’autre, décida Mozart. Ils vivront épreuves et purifications pour aller au-delà de leur propre existence et connaître l’amour créateur d’où naît l’initiation.

Chapitre 31

— J’ai décidé de consacrer un opéra aux mystères d’Isis et d’Osiris, annonça Mozart. (...) nous allons bâtir un temple où s’effectueront les travaux qui révéleront le grand secret et offriront la vraie lumière de l’Orient. (...)
Comme titre, j’ai choisi La Flûte magique{77}. Cet instrument extraordinaire, taillé dans le bois le plus profond d’un chêne millénaire lors d’un orage monstrueux qui vit le déchaînement du feu céleste, sera le symbole de la Règle. En jouer permet d’apaiser la sauvagerie des hommes et des bêtes, et de dominer la violence. Grâce à elle, l’Homme et la Femme vivront ensemble les Grands Mystères.

Chapitre 30

La mission qu’avait confiée à Thamos l’abbé Hermès n’était pas encore accomplie : Mozart, le Grand Magicien, deviendrait-il l’alchimiste capable de façonner le socle sur lequel bâtir un nouveau temple ?

Chapitre 28

Mozart était un étranger sur cette terre. Il ne vivait pas la vie des autres êtres et, pourtant, il leur offrait une lumière inespérée. Absent des contingences, l’esprit véritablement ailleurs, il incarnait ses perceptions afin que la Sagesse, nourrie de force et d’harmonie, ne fût pas tout à fait occultée par la folie et la stupidité de la race humaine.
Certains créateurs s’élevaient parfois jusqu’au ciel ; Mozart, lui, venait de l’au-delà.

Chapitre 28

Mozart et Thamos l’Égyptien assistèrent à la dernière Tenue des Prêtres royaux et véritables Rose-Croix, le grade supérieur des Frères initiés de l’Asie dont le nombre s’était considérablement réduit. La mort de leur fondateur portait un coup fatal à ces chercheurs qui associaient la tradition ésotérique de saint Jean l’Évangéliste à la Kabbale hébraïque. Rejetant l’interprétation littérale du Talmud comme de la Bible, ces Frères ouvraient la porte de leurs Loges à des juifs érudits qui leur révélaient les richesses du Zohar, Le Livre de la Splendeur.

Chapitre 23

Participer à une initiation était toujours un moment d’une extraordinaire intensité. Un individu mortel et limité devenait un Frère et s’intégrait à la chaîne d’or des initiés, façonnée lors de la naissance de la Lumière.

Chapitre 18

L’Égyptien ne rétorqua pas, laissant vivre en lui la lumière de cette musique d’un autre monde, celui du creuset alchimique où les forces de création s’interchangeaient afin de devenir pleinement elles-mêmes. (...)
— Cosi fan tutte est une œuvre sublime, la plus abstraite de Mozart et la plus proche de l’invisible. Ses personnages ne sont pas des humains, mais des symboles au service du mystère que révèlent Don Alfonso et Despina, celui de la conciliation des contraires. Aucun Maître Maçon n’était allé aussi loin dans le processus de création. Et il ne s’arrêtera pas là.

Chapitre 18

Le 22 décembre, au moment où Mozart mettait la dernière main à Cosi fan tutte, son Frère Anton Stadler créait le quintette pour clarinette lors d’un concert de la Société des musiciens auquel assistait Thamos. Indissociable de la lumière de l’opéra, cette œuvre prouvait le degré d’élévation initiatique auquel était parvenu le Grand Magicien. Avec sa trilogie rituelle formée des Noces de Figaro, de Don Juan et de Cosi fan tutte, Mozart éclairait d’une manière extraordinaire le chemin menant de l’Apprentissage à la Maîtrise via le Compagnonnage.

Chapitre 17

— Nous aurons donc un Vénérable et une Vénérable chargés d’organiser ce rituel, avança l’Égyptien. Le premier sera un vieux philosophe, Don Alfonso, détenteur des secrets ; la seconde prendra l’apparence d’une servante, Despina. En réalité, elle oriente les deux Sœurs, Fiordiligi, « la fleur de lys », incarnation de la pureté, et Dorabella, « la belle dorée », évocation de la déesse Hathor. Ensemble, elles forment l’or pur qui sera éprouvé au feu du mariage alchimique.

Chapitre 13

— Cosi fan tutte, « Ainsi font-elles toutes », évoquera apparemment le comportement des femmes, indiqua Wolfgang à Thamos, et Da Ponte s’en amusera.
— Nous, nous penserons aux Loges. Elles agissent toutes de manière rituelle si elles désirent vivre la tradition initiatique.

Chapitre 13

Avant de commencer l’écriture de Cosi fan tutte, Wolfgang acheva un quintette pour clarinette et quatuor à cordes dont la beauté presque surnaturelle émut aux larmes Thamos et Anton Stadler. Enfin, le Grand Magicien mettait en pleine lumière cet instrument aux couleurs inimitables ! Dans l’allégro solennel et paisible, et surtout dans le larghetto dépouillé et profond, Mozart touchait au sublime, au centre du cercle tracé par le Grand Architecte de l’Univers.

Chapitre 13

— Je décrirai ce qui se déroule à l’intérieur de l’athanor, le fourneau alchimique dont le feu brûle le profane et ressuscite le phénix. Et j’ai pensé à l’enseignement du kabbaliste que vous m’avez permis de rencontrer ! Lors de la Création, la lumière brilla du côté mâle, à gauche ; mais droite et gauche doivent se substituer l’une à l’autre.

Chapitre 12

Ce soir-là, les Frères de L’Espérance couronnée (...) se consacrèrent à l’étude d’un des symboles majeurs de la Franc-Maçonnerie, le Grand Architecte de l’Univers.
D’après Thamos, ce dieu bâtisseur, provenant de l’Égypte ancienne, façonnait les temps et les espaces en associant l’esprit à la matière. À la fois hauteur, profondeur, longueur et largeur, le Grand Architecte traçait au compas le cercle de l’univers et permettait aux initiés de discerner le plan au cœur des ténèbres.

Chapitre 12

À Vienne, la Franc-Maçonnerie se gardait de saluer la Révolution française et d’approuver ses meneurs, au nombre desquels figuraient pourtant des Frères et des Illuminés.

Chapitre 12