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Critiques de Christian Salmon (26)
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Storytelling : La machine à fabriquer des his..

Christian Salmon, avec brio, nous montre dans ce livre « le pouvoir qu’ont les histoires de constituer une réalité. »



Au commencement, la marchandise.



Et dans les années 80, la marque ou le logo ; aujourd’hui les entreprises produisent « non plus des marques mais des histoires. »



Les produits s’étaient dissous dans les marques mais ces logos ont eux-mêmes été contestés. Exemple emblématique, les mésaventures d’un logo phare Nike. « Les campagnes du mouvement anti-Nike rendaient visibles les trous noirs de la globalisation : elles éclairaient les liens invisibles entre les marques et les ateliers sous-traitants, entre les agences de marketing et les ateliers clandestins, entre les ballons de foot aux pieds des athlètes du Mondial 98 et les mains des enfants qui les fabriquaient.»



Aujourd’hui les communications alternent des « stratégies de narration et de contre-narration.» Le fétichisme de la marchandise se pare de nouveaux oripeaux, se maquille au merveilleux de l’histoire contée. L’auteur cite un expert en marketing, Asharf Ramzy : « Les gens n’achètent pas des produits, mais les histoires que ces produits représentent. Pas plus qu’ils n’achètent des marques, mais les mythes et les archétypes que ces marques symbolisent. »



Ces nouvelles méthodes multiplient les messages commerciaux, assurent un pullulement de signes « transforme la consommation en distribution théâtrale. »



Il ne faut sous-estimer la puissance de création de cette nouvelle narration avec son cortège d’oxymores qui « déstabilisent les réflexes d’incrédulité ou de scepticisme et produisent un effet de surprise de nature à intriguer, séduire, captiver. »



Hier, au centre de ces orientation, les consommateurs, aujourd’hui : l’audience.



Christian Salmon enchaine avec l’extension de ces narrations au cœur même de l’activité des entreprises avec le storytelleing management, la mise en récit généralisé de la vie au travail et les tensions engendrées par les exigences contradictoires d’autonomie et d’interdépendance.



Il ne s’agit pas seulement de cacher la réalité dans un « voile de fictions trompeuses, mais de faire partager un ensemble de croyances à même de susciter l’adhésion et d’orienter les flux d’émotions, bref de créer un mythe collectif contraignant. »



Avec humour, l’auteur nous conte une fabuleuse histoire de Wall Street « Enron était devenu un véritable mirage financier, producteur d’illusions non seulement pour ses salariés intéressés à la croyance, mais aussi pour les plus grandes banques du monde, les analystes financiers, les experts comptables et les actionnaires de Wall Street. » L’effondrement du mythe serait comique s’il n’avait pas ruiné les salarié-e-s et réduit à néant leurs fictives retraites en fonds de capitalisation.



Dans cette économie fiction, l’auteur porte un regard attentif sur les call center, centres d’appels téléphoniques délocalisés, qui effacent les frontières. Nul ne sait plus le lieu de l’interlocuteur, proche-lointain.



Mais la fiction narrative ne s’arrête ni à la diffusion des marchandises, ni à la vie des entreprises, elle envahit et dépolitise la politique. Je laisse les lectrices et les lecteurs suivre l’après 11 novembre, les icônes du conservatisme compassionnel de Bush. L’auteur centre son analyse sur « la mise en scène de la démocratie plutôt que son exercice » et ne laisse de coté ni la guerre, ni les « armes de distractions massives » jeux vidéos ou séries de télévisions.



Les présentations et les analyses ne sont cependant jamais unilatérales, l’auteur essayant de faire ressortir les éléments contradictoires, les contre-tendances, les espaces d’inversion de ces nouvelles propagandes, des transformations médiatiques, du nouvel ordre narratif, de cette réalité « désormais enveloppée d’un filet narratif qui filtre les perceptions et stimule les émotions utiles. »



Dans une postface à la réédition, Christian Salmon décrypte le Storytelling, la « redistribution qui ébranle la place respective et le statut de vérité des discours politiques, économiques, scientifiques, religieux, le partage du vrai et du faux, du sacré et du profane, les frontières de la réalité et de la fiction. »



Une lecture jubilatoire, un livre indispensable pour démasquer « cet incroyable hold-up sur l’imagination. »



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La tyrannie des bouffons

Un de perdu, le 7 novembre 2020 (pas encore, pourtant, une date historique), ou, en tout cas, de moins nuisible depuis, et peut-être le plus emblématique d’entre eux, ce Donald Trump qui a réussi pendant quatre ans à ravager de sa morgue et de ses ricanements le paysage du débat politique et des relations humaines, non seulement aux Etats-Unis mais dans le monde entier, un de perdu, certes… mais dix, ou mille encore, de ces « clowns maléfiques », qui, pour le malheur de tous, tiennent les rênes du pouvoir aux quatre coins de la planète. Cette « Tyrannie des bouffons », Christian Salmon, dont on admire les analyses critiques depuis ses travaux sur le « storytelling », montre comment elle s’est imposée, frappant de discrédit le débat démocratique traditionnel et ses acteurs. Décrivant successivement les sidérantes accessions au pouvoir de Bolsonaro au Brésil, de Boris Johnson à Londres, de Matteo Salvini en Italie ou de Trump en Amérique, il ausculte la mécanique du «pouvoir grotesque », révélant la présence récurrente derrière le clown d’un informaticien, dévoilant « sous les clowneries du bouffon, la virtuosité du geek. Sous le désordre apparent du carnaval, la rigueur des algorithmes » (p. 215). L’alliance d’une régression politique, faite de mépris, d’un discours de haine, de racisme et de xénophobie, de vitupérations contre tout ce qui représente une avancée dans les domaines du féminisme et de la tolérance sexuelle, avec la formidable machine de propagande des réseaux sociaux assure la dangereuse vitalité de ce pouvoir grotesque. Se référant à la pensée de Michel Foucault autant qu’aux travaux de Bakhtine, de Jean Baudrillard ou de Guy Debord, Christian Salmon décrypte la puissance de séduction de cette dérive populiste, ultime rejeton des fascismes du XXe siècle sous les masques grimaçants de mauvais polichinelles. Alors oui, même si Trump prend sa retraite sur son terrain de golf, ce livre appelle à rester vigilant, si nous voulons garder espoir dans une évolution « raisonnable » du monde… Un essai d'une belle lucidité, à découvrir d'urgence !





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Storytelling : La machine à fabriquer des his..

Le problème dans les essais dont le titre porte le programme, c'est que le reste de l'ouvrage est réduit à en être la démonstration. Le propos devient univoque, dans une tentative désespérée de justifier par tous les moyens que l'affirmation de couverture est, plus qu'une réalité, un danger, urgent, imminent, vital, en réalité déjà là, et qu'il est, horreur supplémentaire, mondial, planétaire, et même, universel.



En réalité, si l'on a tourné la couverture, c'est que l'on est déjà un peu sensibilisé par le sujet, ou disons "à l'écoute" : on s'attend à un peu de considération de l'auteur dans ses explications. A l'inverse, l'essai est en lui-même une gigantesque histoire, qui puise à des sources aussi innombrables que disparates, articulées les unes aux autres sous le simple prétexte que les citations soutiennent la thèse de l'auteur. L'impression est celle qu'on nous "raconte une histoire". L'essai est donc assez pénible à lire. On ne peut soupçonner par cette méthode d'introduction à chaque chapitre sous la forme d'une "histoire" ("les trois histoires" de Steve Jobs, celle d'un réalisateur indien ou encore le "cas" Renault, par exemple) une volonté de l'auteur de nous convaincre par l'exemple, par le récit, ce que, justement, il dénonce. Mais c'est aussi pénible à lire par la foison des références et l'aspect "fragmenté" du propos (fragmentation dénoncée par l'auteur chez les partisans du storytelling), le mélange des dates et des époques (on passe du XXIème siècle au XIXème puis on revient au XXème, on recommence au chapitre suivant) qui donne l'impression d'un éternel présent, un problème qui aurait toujours eu lieu.



Enfin, il faut noter que la très grande majorité du livre se concentre sur les Etats-Unis : George Bush père et fils, Reagan, le Pentagone, Nike, Apple, etc. Malgré un dernier chapitre sur la campagne présidentielle de 2007 en France, il n'est pas fait mention d'autres pays que les Etats-Unis. Comme argument de ce biais, un sous-titre (p. 126) porte le nom de l'ancien président de la République française mais... seules onze lignes le concernent sur deux pages de texte. Le propos se résume à "c'est exactement ce qu'a fait...".



En conclusion, une profusion de citations et de sources qui donnent l'illusion de la maîtrise de son sujet par l'auteur mais en vérité : aucun cas n'est approfondi, beaucoup d'affirmations, peu de mesures, de preuves, d'observations, des liens de causalité absents, une réflexion qui repose surtout sur celle des autres (beaucoup de références indirectes, par l'intermédiaire de textes citant eux-même, beaucoup de citations non référencées), une réflexion fragmentée et non suivie. En bref, une intuition initiale que "le storytelling, c'est pas bien", et une course éperdue pour dessiner rapidement un croquis qui le dise. Mais que peut un storyboard contre le storytelling ?
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Storytelling : La machine à fabriquer des his..

Au lieu de débattre sur des idées, on nous raconte des histoires pour toucher notre émotivité. Le storytelling toucherait la politique, le management, le marketing, la communication et même la guerre.

Conséquence "Une démocratie moins délibérative, des citoyens inondés par le spectacle symbolique de la politique, mais incapables de juger ses leaders et le bien-fondé de leurs politiques" - John Anthony Maltèse.



La bataille des histoires pour toucher le coeur des gens au lieu d'échanger de manière rationnelle sur ce qu'il faut faire.



Le livre se lit bien, on en ressort un peu remonté quand même parce qu'on nous prend pour des c**s. Le côté positif, c'est que la prochaine fois qu'on nous racontera des salades au lieu de communiquer (pour de vrai), on ira prendre un café et on cherchera une réponse ailleurs que dans la bouche d'un conteur d'histoire.
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A batons rompus avec bohumil hrabal

Livre d'entretiens dans un premier temps avec l'auteur tchèque puis cinq petites histoires démontrant les procédés narratifs que Hrabal décrit dans l'interview.

Ouvrage surtout réservé aux fans de l'écrivain qui raconte la place de l'écriture dans sa vie, sa méthodologie pour écrire et sa relation à la langue tchèque.

On y voit un homme facétieux, dont l'idole est Hasek, passionné, et tragiquement lucide sur la place de la littérature.

Un ouvrage que je recommande si on est intéressé par cet auteur.
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Storytelling : La machine à fabriquer des his..

S’appuyant sur des expériences et un corpus de travaux apparus aux États-Unis à la fin des années 80, et qui sévissent aujourd’hui dans les domaines du marketing, du management et de la communication politique, Storytelling s’applique à décrire et à dégager les effets d’une nouvelle doctrine de propagande, basée sur un art de raconter des histoires. Le problème du livre, c’est qu’il méconnaît assez largement l’histoire qu’il prétend écrire et, déjà, passe sous silence la longue tradition de cet "art de raconter des histoires" dans l’Amérique de l’esclavage puis de la ségrégation, dans la communauté noire notamment.

En effet, le « storytelling » est apparu dans les années 90 aux Etats-Unis (bien qu’à d’autres moments du livre, il situe leur naissance sous Reagan en 1984). A cette période, « le tournant narratif des sciences sociales coïncide avec l’explosion d’Internet et les avancées des nouvelles techniques d’information et de communication ». Une nouvelle fois, la communication entre les individus mutait. On allait passer du capitalisme de capitaine d’industrie à un libéralisme sans visage devenu nomade et indolore. Beaucoup de firmes commencent à se saisir de la publicité pour raconter l’histoire de leur entreprise au monde, et les études de marché utilisent l’outil « storytelling »pour recueillir les récits des usagers sur la manière dont ils consomment les produits et services d’une entreprise.

La seconde partie de l’ouvrage de Salmon se tourne vers les domaines politiques et médiatiques où l’art du récit est devenu le mode de manipulation des foules, orchestré par les spin doctors de la politique. Raconter est devenu un moyen de séduire et de convaincre, d’influencer un public, des électeurs, des clients.



Une note d’espoir cependant apparaît dans l’analyse de Salmon. Paradoxalement, elle vient de la littérature et du cinéma ! Les écrivains et les cinéastes n’ont pas renoncé à l’éthique qui commande leur activité et sont en réalité aux avant postes pour dénoncer ces manipulations. Et Salmon de conclure en en appelant à la mise en forme (artistiques, politiques, culturelles) de « pratiques symboliques visant à enrayer la machine à fabriquer des histoires, défocalisant, en désynchronisant ses récits ».

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Storytelling : La machine à fabriquer des his..

Les grands récits qui jalonnent l’histoire humaine d’Homère à Tolstoï et de Sophocle à Shakespeare racontaient des mythes universels et transmettaient les leçons des générations passées.



Le storytelling parcourt le chemin en sens inverse : il plaque sur la réalité des récits artificiels qui visent à manipuler les individus.



Inspirée par les analyses de Roland Barthes ou Paul Ricoeur, cette technique narrative, cette façon très particulière de raconter la réalité sous forme d’histoires a pris son essor au Etats-Unis où elle s’est immiscée dans l’économie, la publicité et la politique.



Ce livre retrace cette évolution et donne des clés pour en comprendre les effets ainsi que les enjeux économiques et sociaux.
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Storytelling : La machine à fabriquer des his..

Sujet bien traité, au delà de la pure polémique, abordant les techniques, leur intérêt mais aussi, car il le faut dans ce monde de positivistes aveugles, les dangers énormes que peut représenter leur emploi inconsidéré dans tous les pans de la vie sociale.

Un début d'arme pour s'en défier en décortiquant les discours - marketing, managériaux, économiques, politiques, ... - trop aguicheurs.
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Le projet Blumkine

D’une tentative ancienne de biographie d’un révolutionnaire russe emblématique, extraire toute une époque ramifiée, et une réflexion acérée sur la fiabilité du récit historique.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2023/08/01/note-de-lecture-le-projet-blumkine-christian-salmon/



Né à Odessa en 1900, tour à tour ou simultanément apprenti électricien, garçon de courses, élève de Mendele Moïkher Sforim, le « grand-père » de la littérature yiddish moderne, factotum de Michka Yapontchik (« Mike le Jap »), le bandit au grand cœur (et le modèle du Bénia Krik immortalisé par Isaac Babel dans ses « Contes d’Odessa »), avant de s’engager chez les socialistes-révolutionnaires en 1916, de rejoindre pour leur compte la Tchéka après la Révolution de 1917, et de compter parmi les assassins de l’ambassadeur allemand Wilhelm von Mirbach le 6 juillet 1918, par opposition à la paix jugée ignominieuse signée à Brest-Litovsk le 3 mars 1918 par les Bolcheviques dirigeant en majorité le gouvernement russe du moment, Yakov Bloumkine est un personnage réel. Précieux homme à tout faire de la Révolution en marche lors de la Guerre civile, il est un temps assistant de Trotsky à bord de son train blindé présent sur tous les fronts ou presque, puis envoyé spécial dans le Caucase et en Iran où se jouent alors certains épisodes méconnus du « Grand Jeu » entre Russie et Grande-Bretagne (épisodes que rappellera d’ailleurs joliment Olivier Rolin en filigrane de son « Bakou, derniers jours » de 2010), joue un rôle-clé au Congrès de Bakou (« Premier congrès des peuples d’Orient ») en septembre 1920, en compagnie de John Reed (qui mourra du typhus quelques semaines plus tard) et finit par être exécuté par ses pairs, convertis de gré ou de force au stalinisme, lorsqu’il est soupçonné de sympathie pour le dirigeant déchu qu’est devenu Léon Trotsky en 1929.



De cette figure à la fois si emblématique et si insaisissable de la Révolution russe, Christian Salmon, du côté des années 1990, alors qu’il n’est pas encore l’auteur mondialement connu de « Storytelling, la machine à fabriquer des histoires et à formater les esprits » (2007), mais « seulement » l’ex-assistant de Milan Kundera et l’un des récents fondateurs du Parlement international des écrivains, a voulu écrire la biographie la plus complète possible de Yakov Bloumkine, et avait amassé pour ce faire une considérable documentation. Ce projet fut abandonné, mais retombant par hasard, dans son grenier, sur les copieux cartons d’archives, presque trente ans plus tard, l’auteur se replonge dans l’impressionnant fatras pour en extraire cette fois non pas une biographie, mais l’impressionnant tableau d’une époque, la critique historique de cette époque avec les inévitables effets de source et de filtre qu’elle peut comporter, et une superbe réflexion sur le récit historique en soi – et sur les brumes qui peuvent si aisément, sans innocence aucune, l’entourer le moment venu.



Publié en 2017 à La Découverte, « Le projet Blumkine » est ainsi d’abord une fabuleuse immersion, à travers les documents historiques eux-mêmes, leurs sources et leurs contre-sources éventuelles, dans la Russie pré-révolutionnaire des années 1900-1916, puis dans la Révolution elle-même, la terrible Guerre Civile et l’élan internationaliste qui la suit immédiatement. Cette atmosphère bien particulière est celle par exemple du « Cheval blême » de Boris Savinkov (dont le prestige d’assassin politique anti-tsariste déterminé ne fut d’ailleurs pas du tout étranger à l’engagement du jeune Blumkine chez les socialistes-révolutionnaires), des « Dix jours qui ébranlèrent le monde » de John Reed, naturellement, du « Cavalerie rouge » d’Isaac Babel, assurément, mais aussi du « Tchevengour » d’Andreï Platonov ou du rusé « Proletkult » des Wu Ming, voire du tout récent « Rendez-vous à Kiev » de Philippe Videlier (dont on parlera prochainement sur ce blog).



Christian Salmon parvient à saisir cette atmosphère complexe avec un véritable talent de conteur, tout en y instillant son sens critique affûté et parfois une forme personnelle d’ironie ou d’humour noir. Davantage encore, il nous offre une belle leçon de questionnement inlassable des sources, de recoupement des témoignages, d’identification des faux recoupements (lorsque deux narrations en apparence indépendantes s’avèrent issues du même récit ou de la même fabrique), de déchiffrage des intentions que peuvent contenir les souvenirs « bruts » qui ne le sont guère, voire de repérage des falsifications pures et simples. Récit passionnant et expérience critique implacable, « Le projet Blumkine » mérite bien, aujourd’hui plus que jamais, toute notre attention.


Lien : https://charybde2.wordpress...
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La tyrannie des bouffons

Ouvrage d’intérêt médiocre se limitant à une compilation de tout ce que l’on a déjà pu lire partout sur les « grotesques » de la politique mondiale : Trump, Bolsonaro, Bolsonaro, Salvini et autres.

L’auteur a beau convoquer Foucault, Debord, Baudrillard il reste au stade de la citation et n’effleure pas la seule question qui vaille : pourquoi les peuples votent ils pour des grotesques ?
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Verbicide : Du bon usage des cerveaux humai..

Christian Salmon reprend pour le sous-titre de son livre l'expression inventée par Patrick Lelay qui a fait polémique en 2004 : (le temps de) cerveaux humains disponibles. Qu'est-ce que cela signifie ?



Plus de réel programme informatif, juste un conditionnement pour faire avaler au public les messages que les autorités médiatiques veulent bien faire passer. Et quoi de plus parlant comme exemple que celui cité par l'auteur de la télé-réalité qui connait son plus gros essor depuis Loft Story. Le principe ? Faire de la réalité une fiction, mettre la vie en scène pour conditionner les mentalités, tout organiser, paramétrer, en faisant croire aux spectateurs que c'est de l'improvisation, et que celui-ci a le pouvoir d'influer sur ce qui se passe.



On en vient directement à l'avènement du story-telling, de la narration, plus particulièrement flagrante aux Etats-Unis, et encore plus depuis l'évènement du 11 septembre 2001. Moins d'informations, moins de discours froid, démonstratif, moins de statistiques, moins de faits réels - et place à l'histoire ! Car, bien sûr, tout le monde a une histoire, et depuis l'apparition des réseaux sociaux sur internet, tout le monde veut partager son histoire, faire de sa vie quelque chose qui attirera des spectateurs, se sentir devenir une célébrité - à l'image de ceux qu'on voit dans les télé-réalité, sans grand talent ni distinction, seulement parce que la réalité est devenue fiction. On ne choisit plus un représentant pour ses qualités professionnelles mais pour sa capacité à raconter des histoires qui feront rêver.



L'anecdote a remplacé l'information. La culture du divertissement a remplacé la culture intelligente. La culture a depuis toujours été l'objet d'innombrables censures, et ce n'est pas prêt de s'arrêter. Le débat, que nous retrouvons sous un autre angle chez George Steiner dans Ceux qui brûlent les livres, se centre principalement sur le formatage des moyens d'expression et l'interdit dans les livres, mais on y voit aussi l'intérêt culturel porté davantage sur l'esprit festif, accessible, familial, bon enfant, bien sous tout rapport plutôt que sur la réflexion, la subversion, l'ouverture, la liberté d'expression, la revendication. Christian Salmon cite plusieurs exemples assez parlants à la fin de son livre - démontrant également que la censure ne vient pas toujours que de l'état mais aussi du peuple, de l'espace et du temps d'information disponible, et qu'on peut le plus souvent être censuré pour avoir tenté de créer un débat sur la censure.



J'ajouterai que c'est d'autant plus pertinent qu'au cours de ces deux derniers mois, deux affaires de censure ont été traitées en justice pour des livres de Simon Liberati et Erri de Luca.



C'est un livre très bien mené pour qui s'intéresse au discours, à la façon dont on fait passer un message, à la façon dont le monde culturel marche, bref, pour qui aimerait qu'on arrête de le prendre pour un mouton "disponible". Je n'ai pas encore lu ses autres ouvrages, mais je conseille à qui de droit d'aller y jeter un coup d'oeil, étant donné que ce sujet y a été largement développé, sous différentes formes.
Lien : http://lecombatoculaire.blog..
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Le projet Blumkine

Un peu à la manière d' Emmanuel Carrère, sortant d'une malle une sorte de fresque commémorative de la Révolution bolchévique ,Christian Salmon nous promène dans les neuf vies de ce héros supposé qu'aurait été Blumkine. C'est l'occasion d'évoquer un grand nombre de figures et de situations autour de ces circonstances, des actions héroïques, des réflexions sur les courants de renouveau artistique de l'époque. Bien sûr, les grands poètes, compagnons de route pour un temps, sont au premier plan de cet épatant kaléidoscope , aux côtés d'explorateurs plus inattendus , le temps et l'espace s'y estompent. Au delà du factuel, une revisite de l'histoire qui ouvre bien des réflexions et des recherches , bravo, j'ai été séduit.
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Verbicide : Du bon usage des cerveaux humai..

Essai fort bien écrit

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La tyrannie des bouffons

le sous-titre " sur le pouvoir grotesque " indique le chemin emprunté par l,auteur. Les mis en cause ( trump, jonhson, bolsonaro, lopez au mexique) sont analysés dans leur pratique fanstasque de l exercice du pouvoir. Christian salmon decrit bien la pratique trumpienne quand il indique que " la credibilité de son discours repose sur le discredit du systeme ", systeme dont il fait lui-meme partie

et des son entree a la maison- blanche , trump a orchestré le ressentiment des foules. L auteur precise que dans d autres lieux , predomine l alliance du clown et de l informaticien , reference explicite au mouvement 5 étoiles de beppe grillo en italie

et dans tous les cas examinés, les acteurs concernés n ont qu un rapport tres lointain avec la vérité

un livre , interessant, bien documenté , qui mérite d étre lu
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Le projet Blumkine

Christian Salmon collecta, il y a une trentaine d'années, une importante documentation sur Iakov Blumkin, juif d'Odessa, anarchiste, puis bolchevik, dirigeant de la police révolutionnaire soviétique, la Tcheka, poète...



Au cours d'un déménagement l'auteur retrouve ces documents réunis trois décennies plus tôt pour ce qu'il a nommé "Le Projet Blumkine".



Il reprend son travail qui, parallèlement à la biographie de Iakov Blumkin, est aussi son autobiographie politique.



Christian Salmon nous entraîne dans la Russie révolutionnaire de 1917 à 1929 à travers un passionnant récit où nous passons du Moscou révolutionnaire à la guerre civile qui de 1918 à 1921 ravagea le pays...où nous côtoyons les avant-gardes artistiques russes imprégnées de l'élan révolutionnaire.

Nous croisons Maïakovski, Essenine...puis nous nous retrouvons au siège de la Tcheka, à la Loubianka, lieu où arrestations et exécutions furent choses très courantes.



Et Iakov Blumkine, qui affirmait avoir eu neuf vies, survole cette époque fiévreuse et furieuse. Membre du parti Socialiste Révolutionnaire de Gauche (allié au parti Bolchevique), en désaccord avec le traité de paix avec 'Allemagne, négocié au début 1918 à Brest-Litvosk par les bolcheviques, il assassine l'ambassadeur d'Allemagne à Moscou, le comte Mircbach, en juillet 1918.



Il se cache, échappe aux recherches et apprécié par Trotsky il est pardonné et rejoint le parti bolchévique.



Tchekiste, agent secret dans différents pays, représentant de l'URSS dans plusieurs pays, poète, amant de la célèbre danseuse Isadora Duncan...



Une vie intense...qui finira mal lorsque Staline sera devenu le maître de l'URSS.



Un récit passionnant où l'auteur évoque sa jeunesse à travers la vie trépidante de Blumkine.



Ce livre émeut, enthousiasme et horrifie parfois par l'extrême violence de l'époque concernée.



Une très bonne lecture.
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Le projet Blumkine

Christian Salmon mène une fascinante enquête sur les nombreuses vies de ce révolutionnaire à la biographie incertaine mais qui fut proche, un temps, de Trotski.


Lien : http://www.lemonde.fr/livres..
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Storytelling : La machine à fabriquer des his..

Le livre est manifestement le fruit d'un gros travail de recherche et de réflexion. Il donne à voir la méthodologie utilisée pour manipuler le comportement (et donc le cerveau) de chacun d'entre nous. Le message en est effrayante voire insupportable : quelle est la part de vérité dans les histoires qu'assènent les communicants? La réponse n'est pas explicitement dite; mais on peut la déduire.
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Storytelling : La machine à fabriquer des his..

Ça débute un peu lentement en s'axant sur l'historique du style marketing des boites (sans beaucoup d'exemple) puis ça monte en puissance avec l'application du storytelling à la politique qui éclaire la communication politicienne actuelle.



Incontournable pour comprendre la communication de nos politiques et pouvoir mieux la combattre et la contourner.

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L'ère du clash

La suite de Storytelling.

Comment la communication politique est passée du storytelling (raconter la belle histoire pour remporter l'élection), à la suite, façonner la réalité, voire même la travestir, et parfois mentir sciemment pour bousculer le système et mettre au pouvoir une génération d'hommes politiques non conventionnels.

De Macron à Trump, en passant par Renzi et Varoufakis, l'auteur décrypte ses situations ou le mensonge peut renforcer celui qui le prononce.

Un livre utile pour comprendre bien des situations récentes, bien écrit et intéressant.
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Le projet Blumkine

Une biographie croisée du révolutionnaire russe Iakov Blumkine et de l’écrivain Christian Salmon, par lui-même.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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