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Citations de Christine Castelain-Meunier (23)


La condition de l'enfance revêt une dimension d'autant plus incertaine qu'elle reflète la complexité des conditions féminine et masculine, toutes deux en plein bouleversement. L'enfant tend à devenir le reflet du décalage entre les aspirations et les pratiques des hommes et des femmes, entre les valeurs modernes et traditionnelles; sur lui se projettent les angoisses et les attentes d'une société à la recherche de son avenir. L'enfant constitue ainsi la cible privilégiée des incertitudes contemporaines.
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7. « Les représentations féminines font référence à la violence masculine en même temps qu'à la force de l'homme, à son côté rassurant. Il s'agit donc d'une représentation ambivalente, qui témoigne de l'histoire sociale et de la réalité. Une telle ambivalence est intéressante à souligner, car on peut penser que cette attente certaine de la part des femmes en matière de sécurité chez l'homme contraste avec la réalité de l'homme contemporain, lequel ne se définit plus par référence à la force, cette dimension symbolisant la domination n'étant plus mise en avant.
De façon symétrique, les hommes évoquent la douceur, la beauté et la sensibilité de la femme, en même temps que sa perfidie, sa mesquinerie, son souci de soi-même et son besoin d'attention. Là encore, l'ambivalence témoigne de l'histoire sociale et de la réalité. Là encore, cette ambivalence est intéressante, quand on sait que la femme cherche à s'affirmer comme sujet, et en particulier qu'elle met en avant d'autres spécificités que la référence à la beauté et à la sensualité.
[…]
À travers les représentations de chacun par rapport à l'autre, on constate combien l'homme et la femme peuvent être enfermés dans des catégories dont ils essaient de s'affranchir avec d'autant plus de difficulté qu'il s'agit de références pouvant les distinguer positivement, mais qui sont à double tranchant parce qu'elles peuvent également les aliéner, là où chacun cherche sa singularité en s'affranchissant des modèles stéréotypés. » (pp. 176-177)
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Avant que la virilité ne soit monopolisée par le masculin guerrier, la racine latine "vis", qui entre dans la composition de l'adjectif "virilis", "viril", a donné aussi "vir", "la vertu". Laquelle ne renvoie pas à la masculinité, mais à la notion de courage et de loyauté. Ces qualités morales ont été incarnées par les grandes déesses fondatrices des cités grecques : Athéna, Artémis, Aphrodite, ou encore par les grandes prophétesses de la Bible : Deborah, Myriam, Esther. La virilité remonte ainsi à Vénus, personnification du verbe "venenor" qui, en latin, désigne le désir de vivre. Et avant que l'adjectif "viril" soit réservé au genre masculin, il s'écrivait avec un e - ce fut le cas jusqu'à la Renaissance.
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Sécurité, respect, confiance, affection, autonomie, repères moraux et valeurs socialisatrices font partie des repères nécessaires à l'éducation de l'enfant. Ils constituent des éléments de base fondamentaux pour la construction de son équilibre. Les rôles et les responsabilités parentales en découlent.
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4. « Les vertus digitales et algorithmiques tendent entre autres à niveler les différences entre les garçons et les filles, les hommes et les femmes, au profit de tendances personnelles, existentielles. La force neuronale concerne les hommes et les femmes […] par-delà les spécificités biologiques. Et ces dernières prennent un sens nouveau, perdent leur dimension différentielle. La "matrice différentielle" qui a accompagné l'histoire de la société, comme l'a défini Françoise Héritier, se transforme. Le moteur de la société se déplace. Le père, cet éternel César de second rôle, a désormais une place qui fait sens dans la société du virtuel, en panne d'interactions, dans la société des robots, en déficit de liens humains, dans la société technique, instrumentalisée, en panne de respect de l'humain et en panne d'environnement respectueux de l'humain, trop préoccupée de machine, de prothèses, de rentabilité. » (pp. 181-182)
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On est passé d'une puissance paternelle conférant au père tous les pouvoirs à ce qu'on a désormais coutume d'appeler la "crise" de la paternité.
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l'important est que les rôles exercés par différentes personnes autour de l'enfant soient clarifiés, qu'il s'agisse de filiation, d'exercice de l'autorité, de transmission de l'expérience, d'initiation, ou qu'il s'agisse d'affection.
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L'intérêt de l'enfant est indissociable de la définition des rôles parentaux.
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L'enfant disparaît souvent derrière les attentes parentales dont il est l'enjeu, mais aussi derrière des exigences conjoncturelles.
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6. « Alors que la paternité est souvent présentée comme naufragée, elle est en fait en pleine reconstruction, à l'intersection de quatre dimensions : la négociation des places et des rôles avec la femme ; l'entrée de la petite enfance dans la culture de la paternité ; la prise de conscience masculine des nouvelles formes de responsabilités ; l'interaction avec l'enfant dès son arrivée au monde et les nouveaux rituels qui accompagnent la naissance, avec le déplacement de la paternité symbolique à la paternité de lien.
La paternité est donc une institution en reconstruction, traversée par un mouvement de désinstitutionnalisation très profond à l'échelle de l'Histoire. Cette recomposition alterne avec la décomposition des modèles antérieurs et se reforme autour de nouveaux axes, tels que l'autonomie masculine dans le rapport à l'enfant et la conception d'une autorité négociée. » (p. 139)
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5. « Mais ce qui est très nouveau, c'est que cette norme [de la bonne sexualité] passe par la référence au rapport très intime à l'autre et par la recherche d'amélioration du plaisir partagé, et donc par le souci très affirmé du bien-être et du mieux-être de la jeune femme avec laquelle ils vivent en général, pour atteindre à une relation continue, pleine et entière, non compartimentée. Nous nous éloignons là des représentations qui appréhendent le sujet contemporain comme avant tout préoccupé de lui-même, de son bien-être individualiste.
[…]
[…] la femme n'est pas présentée comme assujettie aux désirs de l'homme et n'est pas désignée de manière péjorative quand elle s'y refuse. On cherche à comprendre et éventuellement, en dernière instance, à trouver les moyens de la persuader. Cela signifie surtout qu'on n'a pas recours à la contrainte. Par ailleurs, fait remarquable, on s'éloigne des discours où les hommes se mettent en scène à travers leurs exploits sexuels [...] » (pp. 85-87)
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4. « La différence entre le bourgeois du XIXe siècle et l'homme moderne s'est précisée et renforcée. Le premier refusait de "paraître" : les "caprices de la mode" étaient "bons pour les femmes qui ne se définissaient pas par le travail. L'homme du XIXe siècle était attaché aux valeurs dominantes qu'étaient le travail, l'épargne, la production, la sobriété." [Paul Yonnet, 1985]
[…]
Au-delà donc de l'affirmation traditionnelle par le travail et des valeurs associées à la montée du capitalisme, les nouveaux hédonistes se centrent sur eux-mêmes. Les modèles culturels qu'ils proposent intègrent la recherche d'affirmation de soi par les loisirs, le plaisir, le jeu, l'humour, le risque, la culture de l'éphémère (avec la satisfaction du plaisir immédiat). Qu'ils se détachent des modèles classiques de la masculinité n'empêche pas que la recherche d'affirmation de la virilité soit constamment présente dans les rapports au corps, au look, à soi, aux modes de vie. Mais, pour les nouveaux hédonistes, l'affirmation positive passe d'abord et en règle générale par la satisfaction de désirs dans le registre de la consommation. » (p. 73)
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3. « En même temps que l'homosexualité se banalise, la violence et la cruauté contre les homosexuels ressurgit de manière sauvage et se confirme. La banalisation de l'homophobie, dont on ne peut que craindre le renforcement, impose de redoubler de vigilance et de créer, comme ce fut le cas au printemps 2005, des cellules de soutien pour les victimes de ces actes de racisme. » (p. 50)
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2. « Le recours à la violence apparaît alors comme l'expression du déni respectif de l'identité de l'un et de l'autre. Pour l'homme, il provient de la perte de repère identitaire ; pour la femme, la difficulté consiste à sortir de la "passivité" de victime ou d'objet. L'homme a du mal à s'exprimer en dehors d'un rapport de domination auquel la femme moderne aspire de plus en plus à se soustraire. » (p. 40)
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1. « Aujourd'hui, quand l'influx neuronal l'emporte, la domination culturelle de l'homme par le biais des nouvelles technologies de la communication, et de la reproduction, pourrait bien se traduire, comme le redoutent certains courants féministes, par de nouvelles formes de domination sur la femme, alors même que la robotique implique un mode d'intervention indifférencié neutralisant la spécificité de l'intervenant, du manipulateur. Homme, femme, enfant, vieillard : les catégories de sexe, d'âge s'estompent et n'ont plus de sens face à la machine. Seules comptent les connaissances, et là interviennent les différences culturelles. Les pessimistes diront que le vieillard et la femme sont déjà inclus dans un nouveau rapport d'infériorité quant à leur maîtrise de la technologie, leur méfiance envers l'instrument. » (p. 10)
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[Des mères célibataires volontaires:] « Le nombre de femmes mettant ainsi les enfants au monde aurait tendance à augmenter (et pourrait constituer à l'avenir un nouveau genre familial). Tout se passe comme si le choix désormais possible de l'enfant pouvait amener la femme à chercher à contourner les difficultés contemporaines inhérentes à l'articulation entre le conjugal et le parental en se passant de la cohabitation avec le père de l'enfant.
La peur des inégalités entre l'homme et la femme, la peur des différences de conception, de la domination masculine, et les particularités de l'histoire personnelle convergent vers des situations qui mettent en scène la mère et l'enfant comme s'il s'agissait de monoparentalité se limitant au duo mère-enfant autour duquel gravitent des personnes plus ou moins familières. » (p. 91)
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« Cette caractéristique de la paternité [le lien affectif avec l'enfant et le partage des rôles et des tâches] s'inscrit au cœur du domestique auquel les pères ont le sentiment de participer, alors qu'il existe une perception très différente de leur participation selon qu'elle est mise en scène par l'homme ou par la femme. La femme se définit comme chef d'orchestre au foyer. Elle mobilise son énergie, son intelligence, sa sensibilité dans ce sens, continuant ainsi la double journée (travail salarié, travail domestique) autour du souci de l'organisation domestique et de la préoccupation des enfants. L'homme, en "aidant", témoigne pour elle de sa bonne volonté. Il se met à la disposition de la femme et de l'enfant lorsqu'il est présent et disponible. […] Il ne s'agit pas d'un véritable partage. Les discours des hommes et des femmes témoignent de ce profond décalage qui rappelle l'épaisseur historique des différences culturelles entre les sexes. » (p. 83)
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« [Au cours des entretiens menés auprès des classes moyennes...] Les hommes décrivaient la paternité comme un passage à la maturité accompagné de nouvelles responsabilités économiques, morales et relationnelles, prenant sens autour d'une nouvelle manière de se projeter eux-mêmes dans l'avenir. Mais ces pères évoquaient leur paternité en ayant le sentiment "d'innover" par rapport aux générations précédentes, notamment par rapport à leur propre père. Ils faisaient état de pratiques spécifiques reflétant la diversité de leurs interventions (activités ménagères, soins corporels aux enfants, échanges affectifs, jeux, activités cognitives...). Avoir choisi de faire un enfant était vécu comme un choix conjoint et constituait une argumentation qui corroborait leur sentiment d'engagement, de responsabilité.
Cette implication était aussi évoquée autour du suivi de la grossesse de la femme, de la participation à l'accouchement. […]
Ils s'interrogeaient sur ce qui relevait de leur pratique ou pas (par exemple, se lever la nuit pour aller chercher l'enfant afin que la femme l'allaite...). Les récits des pratiques s'inscrivaient autour d'un questionnement qui se situait au cœur de l'intimité et du quotidien domestique, mais aussi autour de la conception de leur mode de vie en général. […]
Jusqu'où pouvaient-ils envisager de partager les sensations et les émotions de leur femme, de soulager leurs angoisses ? Jusqu'où s'immiscer dans le duo mère-enfant ? […]
La fierté et la satisfaction de la responsabilité assumée dans l'autonomie par rapport à la femme au sein de l'espace domestique, en son absence, étaient fortement exprimées. […]
Cela constitue la deuxième face de la paternité : la paternité dans l'autonomie, la première étant la paternité dans la complémentarité, l'interaction directe autour de la négociation du partage des tâches, des rôles. La construction du lien affectif avec l'enfant dès son plus jeune âge apparaissait comme un enjeu significatif de la paternité contemporaine, une garantie à l'exercice de la paternité. » (pp. 81-82)
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« Les modèles culturels qui accompagnaient les contours de la paternité, qu'elle soit traditionnelle ou industrielle, perdent leur légitimité. L'incidence n'est pas négligeable et nécessite, comme de nombreux ouvrages en témoignent, d'orienter la réflexion vers la place, la part, la fonction et le rôle du père. […] Au vu de la nouvelle donne des rôles entre l'homme et la femme, ce qui régit la paternité aujourd'hui, c'est le contrat de loyauté qui relie l'enfant à son père, c'est la conscience paternelle, là où la paternité relationnelle prend le pas sur la paternité institutionnelle.
Mais le bien-fondé d'une paternité relationnelle fait défaut, dans la mesure où les valeurs, l'éthique, susceptibles de la légitimer manquent. Elles sont à créer ou, plutôt, elles surgissent des cendres de modèles qui ont fait leur temps, dans une société qui n'en demeure pas moins toujours à domination masculine. Le lien à l'enfant demeure symbole maternel, alors même qu'il devient moyen et manière d'être père. Ce lien est loin d'être encouragé dans sa nouvelle dimension. Rares sont les endroits qui reconnaissent la place du père dans ce sens. » (pp. 33-34)
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« Dans la société rurale, traditionnelle, l'enfant était le garant de la continuité et du maintien de la tradition. Dans la société industrielle, il prolongeait le développement économique de celle-ci, du savoir et des techniques. Dans la société postindustrielle, c'est-à-dire aujourd'hui, l'enfant prolonge l'affirmation identitaire de l'adulte et symbolise le changement. Il prend place en tant qu'extension de l'adulte et non de la communauté ; il est sollicité dans une dynamique qui assure la pérennité de l'adulte, son déploiement. On le sollicite comme étayage identitaire.
D'où la nécessité de rétablir l'équilibre en permanence, en faveur de l'enfant, au nom de son intégrité physique, psychique, c'est-à-dire de son unicité et de son unité, en tant que personne et sujet. Il n'est pas étonnant que l'on ait sans arrêt besoin de faire référence à la notion d'intérêt de l'enfant. C'est un nouveau leitmotiv, une référence fourre-tout qui donne bonne conscience, mais surtout qui en dit long sur l'absence de prise en compte, à l'échelle collective, de la place de l'enfant. C'est aussi l'expression du malaise qui entoure la place de l'homme et de la femme en tant que père et mère autour de l'enfant, qu'il s'agisse de parentalité biologique et/ou sociale ou encore du partage de l'éducation, quel que soit le lien de parenté. C'est aussi le témoignage des interrogations qui entourent l'exercice des fonctions parentales et l'expression de l'angoisse face au contenu de la transmission et à l'inflation des modèles. » (p. 22)
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