Que se passe-t-il dans la tête d'un enfant qui pique une crise ? Comment lui apprendre à réguler ses émotions ? Ne risque-t-on pas d'être trop laxiste ? On sait aujourd'hui qu'une relation bienveillante, empathique et soutenante avec un tout-petit est essentielle au bon développement de son cerveau. Mais comment s'y prendre concrètement ?
La pédiatre Catherine Gueguen répond à toutes les questions que les parents se posent au quotidien, et donne des conseils concrets pour les parents d'aujourd'hui.
Un entretien mené par Papa Positive.
L'enfant est une véritable "éponge" qui absorbe tout ce qu'il vit. [...] Si les adultes, les parents sont respectueux, empathiques, affectueux, justes, curieux de la vie, enthousiastes, compréhensifs, attentifs à autrui, l'enfant les imitera et fera de même.
Pourquoi appelle-t-on :
Agression le fait de frapper un adulte,
Cruauté le fait de frapper un animal,
mais Education le fait de frapper un enfant ?
Un homme qui soutient, valorise sa femme, l'aide à être mère.
L'homme participe à l'épanouissement de sa compagne. Il l'aide à devenir femme mais , d'après mon expérience professionnelle, il joue aussi un rôle capital en l'aidant à devenir mère. Une femme peu sûre d'elle, inquiète de son rôle de mère peut progressivement prendre confiance en elle et parvenir à donner de l'affection à son enfant si elle se sent aimée, valorisée, soutenue, épaulée par son compagnon.
Quand le destin a permis à une personne d'avoir vécu une enfance heureuse, entourée de parents aimants et respectueux, n'ayant entretenu aucun rapport de domination avec elle, cette personne, une fois adulte, sait que l'amour n'a rien de commun avec l'humiliation, la haine, la violence, le pouvoir, la domination, la possession. L'amour donne une liberté, une sécurité, une paix intérieure et rend heureux. Quand les désaccords existent, cette personne dit ce qu'elle ressent mais n'éprouve pas le besoin de dominer l'autre, de le soumettre, de le posséder.
Élever un enfant, c'est se poser cette question : que souhaitons-nous transmettre à nos enfants ?
Quand l'enfant est frappé, le geste de frapper est reproduit dans son cerveau, il apprend ce geste. Voulons-nous lui apprendre la violence ?
Quand l'enfant est câliné, il apprend la tendresse. Préférons-nous lui transmettre et lui apprendre les gestes d'affection ? Aussi étonnant que cela puisse paraître, l'affection, la tendresse se transmettent et s'apprennent, comme leur inverse, la violence. L'enfant nous imite, nous lui transmettons en priorité ce que nous faisons et ce que nous sommes.
La "morale" : "Si je te punis, c'est pour ton bien!" entraîne une confusion des règles éthiques : " On a le droit de faire du mal pour faire du bien..."
C𠆞st un cercle vertueux : plus vous êtes empathique, plus vous sécrétez de l’ocytocine, plus vous vous sentez apaisé heureux et confiant, et plus votre enfant secrète à son tour de l’ocytocine. En revanche, si vous êtes fâché, si vous stresserez, alors vous sécrétez du cortisol, ce qui entraîne le même processus chez l𠆞nfant qui a son tour sera stressé et fragilisé.
Etre bienveillant, c'est porter sur autrui un regard aimant, compréhensif, sans jugement, en souhaitant qu'il se sente bien et en y veillant.
Ce cheminement, cette acceptation de ce que l'on est, sans envier l'autre, se fera d'autant plus facilement que l'enfant se sentira aimé inconditionnellement. L'enfant aimé pour ses notes, sa réussite scolaire, ses performances diverses, ne sait plus qui il est.
L'homme ne porte pas l'enfant en lui, il n'allaite pas mais cela n'enlève en rien la capacité à donner de l'affection à son enfant et à prendre soin de lui. Il vit alors pleinement la richesse du lien avec son enfant et contribue ainsi à son développement psycho-affectif et social. Cela est fondamental. De plus, en cas de nécessité, de maladie, de dépression postnatale ou d'autres situations empêchant la mère de s'occuper de son bébé, l'homme peut suppléer sa femme et donner à l'enfant toute l'affection et la sécurité dont il a besoin.