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EAN : 9782130548867
202 pages
Presses Universitaires de France (02/11/2005)
3/5   1 notes
Résumé :
Le masculin fait aujourd'hui parler de lui : crise, néo-machisme, ruptures, disparition ou confusion des genres... Ce livre se propose de faire le point sur ces transformations intervenues depuis le premier livre de l'auteur sur ce thème : Les hommes aujourd'hui. Virilité et identité (Belfond, 1988). L'intérêt de cette nouvelle mise au point est déceler les tendances et orientations profondes, de dénoncer les fausses certitudes sur un thème aussi complexe en faisant... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Parti à la recherche des travaux plus anciens de Christine Castelain Meunier, dans l'espoir d'y trouver moins de vulgarisation (plus de solidité ?) et également plus de recul vis-à-vis de ma problématique de la paternité instituée, je continue de n'être que partiellement satisfait ; particulièrement par cet essai qui, en 2005, anticipe sur la question de « l'homme nouveau ».
L'incipit est convainquant et prometteur : la distinction de genre s'est atténuée par l'obsolescence de la force physique dans la production et par celle des rôles traditionnels dans la reproduction (quasi-monopole féminin dans la contraception et nouvelles technologies de PMA). Néanmoins, l'économie de l'homme neuronal est en passe de créer de nouvelles formes de dominations de genre alors que les représentations traditionnelles des genres, notamment au niveau culturel (cinéma, religion, etc.), perpétuent les formes anciennes. de surcroît, les transformations identitaires attendues des hommes, y compris par le féminisme et son aspiration à l'égalité, peuvent provoquer une réaction de rejet, de repli, et un surcroît de violence sexiste chez ceux dont l'identité est fragilisée par un cumul d'autres handicaps sociaux (chômage, discriminations, précarité, etc.), ce qui conduit à une dialectique entre progrès et réaction (lire : « masculinité défensive »).
Du côté des transformations, sont abordés successivement celles qui concernent le corps, l'habillement, l'importance nouvelle de la « plastique identitaire » et la fluidité des « frontières privé/public », puis le surgissement des « nouveaux hédonistes » dans la société de consommation.
Ensuite, un très long chap. IV est consacré à la sexualité et il s'organise contrastivement entre une partie relative aux « jeunes hommes de la deuxième génération, trente ans après le féminisme », qui représentent la masculinité nouvelle, et une seconde relative aux « hommes de la première génération du féminisme », qui incarnent les tentatives, plus ou moins abouties, d'assumer une première métamorphose de la masculinité et de préparer celle de l'avenir. le problème de ce chap., à part une surabondance de verbatim sur des thèmes de la sexualité dont la spécificité devient fastidieuse, presque voyeuriste, c'est qu'il est issu de deux corpus d'enquête sociologique très différents, datant pour l'un de 2005 et pour l'autre de 1985, avec deux méthodologies différentes, lesquels comportent une confusion entre les générations et les cohortes : en effet la première partie, récente, a pour objet des hommes dans la vingtaine, alors que l'ancienne est fondée sur des réponses d'hommes dans la quarantaine, ayant été jeunes adultes autour de Mai 68. Si le contraste est d'autant plus marquant (à toutes fins pratiques il est question d'un écart de deux générations), comme requis pour distinguer un « jadis » et d'un « à présent », il est pratiquement impossible de comprendre si la cause du contraste réside davantage dans le passage du temps ou dans l'avancement de l'âge, ce qui, de toute évidence, n'est pas anodin lorsqu'il est question de sexualité...
Un tel défaut méthodologique s'ajoute à deux autres circonstances qui m'ont repoussé également : subrepticement, sans aucune référence ni précision de la nature de l'éventuelle corrélation dont l'autrice émet l'hypothèse, la masculinité violente, défensive, est mise en relation d'abord avec les hommes musulmans, puis carrément avec l'islam, avec un sous-entendu de paternalisme envers le « cumul de handicaps » des représentants masculins des classes populaires – et ce en contradiction avec une seule petite référence à Ignatio Ramonet qui mettait déjà en garde sur la nature inter-classe et naturellement interculturelle des violences conjugales (un sujet abondamment et profondément connu désormais) ; la pornographie, dont la prégnance est soulignée dans la sexualité de « l'homme nouveau » (sans précision d'âge) est aussi inculpée comme pourvoyeuse de modèles de relations sexuelles de domination masculine et d'aliénation féminine, par ailleurs totalement contradictoires avec le corps de l'argumentation de l'autrice sur la métamorphose de la sexualité (une dénonciation encore très stéréotypée de la pornographie qui dénote que l'étude a vieilli alors que les 'porn studies' sont désormais un peu plus développées, bien qu'encore très confidentielles). Ces deux dérives, typiques des lieux communs réactionnaires – et carrément racistes pour le premier où une religion est désignée arbitrairement sans se pencher sur d'autres... - me paraissent franchement indignes de la démarche sociologique.
Heureusement, il y a encore quelque matière à réflexion à retirer du chap. V, qui a trait à la paternité. Là, l'autrice elle-même dans ses études postérieures, ainsi que d'autres publications produites durant ces deux dernières décennies, ont apporté des contributions significatives sur le thème d'une paternité comme institution non pas en déclin mais en reconstruction. Il faut lui reconnaître le mérite d'avoir anticipé les dimensions de cette reconstruction ainsi que d'avoir introduit les notions d'« autonomie masculine » et d'« autorité négociée ».
Enfin, j'ai apprécié le constat que les représentations de la masculinité et de la féminité, qui naturellement traînent le pas sur les métamorphoses des phénomènes et des contextes, génèrent, dans toute leur ambivalence, des situations paradoxales qui apparaissent très fréquemment au sujet des relations entre les sexes et en particulier des violences domestiques.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
7. « Les représentations féminines font référence à la violence masculine en même temps qu'à la force de l'homme, à son côté rassurant. Il s'agit donc d'une représentation ambivalente, qui témoigne de l'histoire sociale et de la réalité. Une telle ambivalence est intéressante à souligner, car on peut penser que cette attente certaine de la part des femmes en matière de sécurité chez l'homme contraste avec la réalité de l'homme contemporain, lequel ne se définit plus par référence à la force, cette dimension symbolisant la domination n'étant plus mise en avant.
De façon symétrique, les hommes évoquent la douceur, la beauté et la sensibilité de la femme, en même temps que sa perfidie, sa mesquinerie, son souci de soi-même et son besoin d'attention. Là encore, l'ambivalence témoigne de l'histoire sociale et de la réalité. Là encore, cette ambivalence est intéressante, quand on sait que la femme cherche à s'affirmer comme sujet, et en particulier qu'elle met en avant d'autres spécificités que la référence à la beauté et à la sensualité.
[…]
À travers les représentations de chacun par rapport à l'autre, on constate combien l'homme et la femme peuvent être enfermés dans des catégories dont ils essaient de s'affranchir avec d'autant plus de difficulté qu'il s'agit de références pouvant les distinguer positivement, mais qui sont à double tranchant parce qu'elles peuvent également les aliéner, là où chacun cherche sa singularité en s'affranchissant des modèles stéréotypés. » (pp. 176-177)
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4. « La différence entre le bourgeois du XIXe siècle et l'homme moderne s'est précisée et renforcée. Le premier refusait de "paraître" : les "caprices de la mode" étaient "bons pour les femmes qui ne se définissaient pas par le travail. L'homme du XIXe siècle était attaché aux valeurs dominantes qu'étaient le travail, l'épargne, la production, la sobriété." [Paul Yonnet, 1985]
[…]
Au-delà donc de l'affirmation traditionnelle par le travail et des valeurs associées à la montée du capitalisme, les nouveaux hédonistes se centrent sur eux-mêmes. Les modèles culturels qu'ils proposent intègrent la recherche d'affirmation de soi par les loisirs, le plaisir, le jeu, l'humour, le risque, la culture de l'éphémère (avec la satisfaction du plaisir immédiat). Qu'ils se détachent des modèles classiques de la masculinité n'empêche pas que la recherche d'affirmation de la virilité soit constamment présente dans les rapports au corps, au look, à soi, aux modes de vie. Mais, pour les nouveaux hédonistes, l'affirmation positive passe d'abord et en règle générale par la satisfaction de désirs dans le registre de la consommation. » (p. 73)
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5. « Mais ce qui est très nouveau, c'est que cette norme [de la bonne sexualité] passe par la référence au rapport très intime à l'autre et par la recherche d'amélioration du plaisir partagé, et donc par le souci très affirmé du bien-être et du mieux-être de la jeune femme avec laquelle ils vivent en général, pour atteindre à une relation continue, pleine et entière, non compartimentée. Nous nous éloignons là des représentations qui appréhendent le sujet contemporain comme avant tout préoccupé de lui-même, de son bien-être individualiste.
[…]
[…] la femme n'est pas présentée comme assujettie aux désirs de l'homme et n'est pas désignée de manière péjorative quand elle s'y refuse. On cherche à comprendre et éventuellement, en dernière instance, à trouver les moyens de la persuader. Cela signifie surtout qu'on n'a pas recours à la contrainte. Par ailleurs, fait remarquable, on s'éloigne des discours où les hommes se mettent en scène à travers leurs exploits sexuels [...] » (pp. 85-87)
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6. « Alors que la paternité est souvent présentée comme naufragée, elle est en fait en pleine reconstruction, à l'intersection de quatre dimensions : la négociation des places et des rôles avec la femme ; l'entrée de la petite enfance dans la culture de la paternité ; la prise de conscience masculine des nouvelles formes de responsabilités ; l'interaction avec l'enfant dès son arrivée au monde et les nouveaux rituels qui accompagnent la naissance, avec le déplacement de la paternité symbolique à la paternité de lien.
La paternité est donc une institution en reconstruction, traversée par un mouvement de désinstitutionnalisation très profond à l'échelle de l'Histoire. Cette recomposition alterne avec la décomposition des modèles antérieurs et se reforme autour de nouveaux axes, tels que l'autonomie masculine dans le rapport à l'enfant et la conception d'une autorité négociée. » (p. 139)
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1. « Aujourd'hui, quand l'influx neuronal l'emporte, la domination culturelle de l'homme par le biais des nouvelles technologies de la communication, et de la reproduction, pourrait bien se traduire, comme le redoutent certains courants féministes, par de nouvelles formes de domination sur la femme, alors même que la robotique implique un mode d'intervention indifférencié neutralisant la spécificité de l'intervenant, du manipulateur. Homme, femme, enfant, vieillard : les catégories de sexe, d'âge s'estompent et n'ont plus de sens face à la machine. Seules comptent les connaissances, et là interviennent les différences culturelles. Les pessimistes diront que le vieillard et la femme sont déjà inclus dans un nouveau rapport d'infériorité quant à leur maîtrise de la technologie, leur méfiance envers l'instrument. » (p. 10)
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