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Citations de Christine Van Acker (11)


Mémé nous a raconté qu'elle avait plein de soupirants. Elle utilise toujours de vieux mots périmés comme courtiser, chaperon, flirter, voir la feuille à l'envers. L'amour, avec elle, ça n'a plus rien à voir avec les sentiments, ni avec le sexe (elle dit la bagatelle). Pour Mémé, y a ce qui se faisait et ce qui ne se faisait pas.

p. 155
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"Est-ce que vous êtes bien intégrés?" Sous entendu : "Est-ce que cette vie loin de tout ne vous pèse pas trop? Est-ce que ces êtres lourds et primaires avec tout juste assez de cerveau pour conduire un tracteur vous considèrent comme les leurs? Est-ce que vous vous ensauvagez, vous aussi? Faut-il leur répondre : "Non, nous ne sommes pas intégrés, non, nous n'avons pas été absorbés par les natifs, non, nous ne nous sommes pas amalgamés à la pâte locale, non, nous n'avons pas demandé à être admis puisque nous nous sommes imposés sans leur demander leur avis....p55
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Je suis autour, je ne suis pas dedans.
Il est dedans, dedans la tour.
Il tourne, il tourne. Il ne se retourne pas.
Droit devant.
Chaque pas est le premier.
Il en fait un, il en fait dix, il en fait cent.
Et un autre qu'il n'a pas encore fait.
Je suis dehors, je ne suis pas lui.
Il tourne depuis cent ans.
Le sommeil, il ne le trouve plus. Le sommeil, c'est derrière lui.
Il ne se retourne pas. Droit. Devant. Il tourne.
C'est de l'air traversé, c'est de l'évasion bon marché.
Quand on marche comme ça, on va forcément quelque part.
Il y va.
Je suis entrée. Non, je ne suis pas lui.
Pour les pierres de sa cellule, des tailleurs ont tapé fort, coups après coups, ils sont venus à bout de la roche brute, de la veine sauvage.
Ils lui ont donné une forme.
Alignées, ajustées, ces dalles sont faites pour durer plus que ne durent les hommes, les fils des hommes, les petits fils des hommes.
Lui, il tourne, il marche, il court, il appuie ses pas, il les glisse, il les frotte.
Et la pierre commence à s'émouvoir. Elle s'use, elle cède, se laisse prendre par cet homme qui oublie de dormir, qui a tant de chemin à accomplir devant lui avant qu'on ne vienne, peut-être, demain, le sortir de là, les pieds devants.
La pierre s'incline sous cette route infinie qui le mène depuis un an, depuis dix ans, depuis cent ans.
Je suis là. L'homme n'y est plus.
Il y a si longtemps de ça.
C'était du temps des histoires de princesses qui dorment cent ans, des princes libres de venir les embrasser et de repartir au loin, droit devant, tout droit, plus loin que le bout de la terre tant leurs coeurs s'emballent quand ils aiment.
Je regarde la pierre creusée, le cercle étroit, parfait, sur le sol de la prison.
J'y place mes pieds. J'avance. Je tourne.
Je ne suis pas là.
Je ne suis pas lui.
Je suis entrée, non, je ne suis pas lui.
Je suis là.
Il y est.
Encore.
Nous y sommes. Nous tournons.
Ensemble.
Un an, dix ans, cent ans.
Un pas, un autre.
Jamais.
Le même.
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Cette année, nous affinons la technique du parler roté. Une recette mise au point après de longs mois d'entraînement intensif : avaler l'air sans lui laisser le temps de s'échapper dans les poumons, contractions du diaphragme, contrôle des bulles d'air à la sortie, syllabes rotées. À ce jeu-là, je suis imbattable. Mes potes et moi, ça nous fait trop marrer. Ça nous aide à passer le reste de la journée, le cul sur une chaise inconfortable, à avaler la soupe fadasse servie par les profs, la soupe sans sel imposée par le MSJ (Ministère du Saignement de la Jeunesse).
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Dans le : "Vous vous plaisez bien Ici ?" pointe la suspicion. Comment des gens de la ville, si gâtés avec leurs cinémas, leurs magasins, leurs concerts, leurs opéras, leurs spectacles, leurs expositions, leurs moyens de transport commodes et rapides peuvent-ils s’accommoder d'un trou comme le nôtre ? (...) Un trou où les enterrements font l'occasion d'aérer le beau costume.
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Les principales raisons de notre présence Ici : le mal-être en ville, l'indifférence des grandes métropoles, les bienfaits de la nature, de la marche, le silence, les relations à dimension humaine, le bonjour de chacun, les prix exorbitants des loyers de la capitale, notre besoin de beauté, de simplicité, de bons produits, le contact avec les animaux...p126
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"L'une des racines de mon écriture, c'est ce désir de révéler ce que je crois voir et ce que je pense deviner."
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"L'arbre ne nous montre rien de ce qui l'anime intimement. Il ne possède nul organe vital à travers lequel nous pourrions le tuer d'un simple coup de couteau. Le transport de mon sang s'opère dans la nuit de mon corps comme celui de la sève dans le pommier qui me fait face quand j'écris. Mon sang, j'y songe seulement quand je me blesse ou lorsqu'il me coule entre les jambes. La soif de l'arbre, je la reconnais ; la mienne jamais ne s'étanche."
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Pousser la porte du cimetière est un geste ordinaire, un juste prolongement de la balade dominicale. On y respire, comme dans le reste du village, un parfum de fleurs fanées, de terre mouillée, la vie et la mort s’y étreignent amoureusement. Nos pas sont lents, nos mots rares, nos voix basses. Est-ce pour éviter de les réveiller, ou pour mieux leur parler ?
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"Dans un monde où chaque seconde doit être rentable, ce temps passé en compagnie d'une plante ordinaire, minutes étirées pour, en la dessinant d'un geste délié, saisir au mieux son essence, entrer dans la lenteur de ses mouvements imperceptibles, oublier un moment qui nous sommes et pour qui nous nous prenons, conjugue le scientifique avec le contemplatif, le poète, l'artiste."
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Les ennuis, ce doit être comme la fièvre, ça fait grandir les enfants. (p.131)
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