Citations de Christophe de Ponfilly (36)
Pour faire un soldat, il faut défaire un civil.
L'énigme de la femme mollah qui lance des sorts.
« Il était une fois une femme légère. Toutes les nuits, elle changeait d'homme. Elle avait un voisin. C'était un homme religieux. Ni femmes, ni enfants n'entraient dans ses pensées. Il était toujours sur son tapis de prière et il passait son temps à prier. Un jour, il a frappé à la porte de cette femme en pensant qu'elle avait déjà renvoyé son client. Elle était encore occupée. Le religieux a regardé et il est devenu envieux. Le temps a passé. La femme légère et l'homme religieux sont morts tous les deux. De la tombe du religieux sont sorties deux grosses épines. La tombe de la femme, elle, n'a cessé d'être recouverte de fleurs. Pourquoi ? » (pp. 185-187)
La prison est contraire au droit islamique comme au droit coutumier: on tue ou on invite.
Les chefs de la résistance ont compris l'intérêt politique d'épargner les prisonniers: cela améliore l'image de la résistance et encourage d'autres désertions.
Le soldat soviétique est donc plutôt considéré comme un "pauvre type" que comme un prisonnier.
Ce sentiment d'irréalité d'une société aussi sereine et sûre d'elle, à quelques mètres des chenilles du modernisme.
Et puis le lettré est là pour ramener l'utopiste à sa place.
C'est l'absence d'une crise d'identité qui conduit à l'absence de fanatisme.
Entre soi même et son double, il y a toujours l'autre, le diable, Sheytan, l'hypocrite, l'impur.
Il s'agit d'une anarchie suicidaire.
Contrairement à la révolution iranienne, la résistance afghane reste individualiste.
On tue des hommes qui ont le seul tort de défendre leurs traditions faussement qualifiées de "féodales".
Chaque Kararga possède sa personnalité, sa couleur, son odeur, sa force.
Elle ressemble aux hommes qu'elle abrite, au chef qui la commande, à la situation qui régit son quotidien.
La nuit nous vole la lumière. Les hommes se lèvent pour la prière.
Une des clés du conflit afghan, c'est bien l'opposition entre l'école"privée", religieuse et traditionnaliste, et l'école gouvernementale, occidentalisée, mais présomptueuse et déculturante.
Les enfants sont dans les montagnes. Qui va les éduquer, leur apprendre que la vie ce n'est pas uniquement la guerre, qui?
Tout est effort dans ce pays: la marche longue et pénible, les nouvelles difficiles à obtenir.
Aussi longtemps que vivront les moudjahidin, ils s'accrocheront à leur terre. Mais la guerre modifie les structures de leur société, souvent en profondeur.
Une boutique à l'aspect bizarre puisqu'il n'existe plus que deux murs contre lesquels s'appuient des restes d'étagères.
Plus loin, un homme déblaie les gravats, vestiges de ce qui fut sa maison.
Un blessé dans une sainte mobilise des hommes pour le transporter et décourage des civils.
Retour à la case départ: la kararga de Dacht Riwat, après une descente vertigineuse. Ras le bol de ces montagnes!
Nuit sur le toit. Une sentinelle s'obstine à vouloir nous border et à faire les cents pas: ont ils peur que les commandos ne viennent nous enlever?
Les soviétiques s'efforcent de ne laisser aucune trace de leurs pertes: cet engin, après s'être écrasé, a été la cible des roquettes incendiaires d'un autre hélicoptère soviétique.
Une méthode comme une autre de faire taire d'éventuels blessés!