Citations de Claire Bergeron (169)
Le chasseur doit rester immobile et aux aguets. Il n’a pas le choix de laisser le froid le pénétrer jusqu’aux os en attendant qu’une de ses cibles veuille bien s’approcher suffisamment pour lui donner la chance de goûter un confit.
Tous les piliers de bar se ressemblent!
C’est fou ce que la vie a de chemins détournés pour remettre en présence deux êtres qui ne se sont jamais oubliés.
Je ne crois pas que notre vie soit un livre écrit d’avance. Nous disposons du libre arbitre et pouvons faire des choix.
Mais on ne refait pas le passé, se disait-il. Il faut vivre avec le présent.
Ça ne doit pas être facile d’être curé et de devoir renoncer aux plaisirs de la vie, surtout en cette période des fêtes. Je serais bien triste si je ne t’avais pas rencontrée, Rose, ma fleur d’amour.
À ton âge, j’étais encore aux études et bien loin de penser à un amoureux. Prends ton temps. La vie de femme mariée avec des enfants et les corvées du ménage, ça ne va pas toujours comme sur un coussin de roses.
Il faut aimer chacun en le supportant, même malgré ses défauts et ses faiblesses. Il faut donner à la femme le temps de se refaire une santé avant d’exiger d’elle qu’elle mette un autre enfant au monde.
Dans sa vie, l’amour avait été une bien étrange chose. Il avait toujours été plus à l’aise avec ses gros volumes empoussiérés. Il avait rangé ses souvenirs d’un bonheur trop court bien précieusement dans un coin de son cœur et il évitait le plus souvent possible de les ramener à la surface.
Les premières caresses de l’amour sont si douces sur un cœur à peine sorti de l’adolescence!
Chaque vie est une sorte de roman et il y a toujours quelques pages un peu plus sombres que les autres.
Ne vous mettez pas sur les épaules toutes les erreurs de l’humanité. Et surtout n’en souffrez pas toutes les douleurs. Un jour, vous aurez bien assez des vôtres, croyez-moi. La vie n’épargne personne.
Elle s’était contentée d’essayer de lui faire comprendre que le monde était rempli d’injustices, surtout envers les femmes, et qu’il lui fallait apprendre à se tenir debout devant l’adversité, que d’essayer de fuir en croyant s’épargner de la douleur ne ferait que créer de l’animosité dans son cœur et la rendre encore plus malheureuse.
Vous savez, notaire, dans une société idéale pour les femmes, votre fille serait médecin aujourd’hui, dit la religieuse en la regardant s’éloigner. Elle en a les capacités physiques et intellectuelles et je suis convaincue qu’elle aurait pu exercer cette profession avec dignité et compétence. Elle a souvent cloué le bec à certains de nos étudiants en médecine, à leur grand dam, vous vous en doutez bien. Malheureusement, les études classiques sont encore presque inaccessibles aux filles, qui sont très mal perçues dans ce monde d’hommes qu’est celui de la médecine. Je trouve cela bien dommage.
Perdre un patient était toujours un moment de grande tristesse pour le personnel d’un département. Mais quand de surcroît il survenait à la suite d’une erreur d’un collègue, c’était la désolation totale, la catastrophe. Et chacun en était bouleversé.
De devoir toucher le corps de cet homme lui répugnait, mais elle était d’abord infirmière.
Elle le haïssait. Pourtant, elle avait longtemps pensé que, si la vie la remettait un jour en sa présence, le temps aurait fait son œuvre. Peut-être n’éprouverait-elle alors rien de plus que de l’indifférence. Mais en le regardant, endormi et vulnérable à l’extrême, un ressentiment qu’elle ne pouvait chasser affluait à sa gorge. Ça lui faisait mal. Elle aurait tellement voulu l’oublier. Toute cette haine lui ressemblait si peu! Elle avait mis des océans entre le souvenir de cet homme et elle-même et aujourd’hui, des années plus tard, il était là devant elle, écrasé par la maladie.
Les gens qui parlent très peu d’eux-mêmes alimentent les conversations. Rosalie en était bien consciente, mais cet état de fait lui convenait. Elle était solitaire depuis sa plus tendre enfance; c’était sa nature. Elle se souvenait de cette cour arrière où, petite, elle s’amusait toute seule et s’inventait un monde dans lequel seuls les oiseaux et les fourmis étaient invités à partager ses jeux.
Elle était infirmière et son devoir était de soigner chacun sans exception, et toujours avec le même altruisme. En levant les yeux, elle aperçut dans le miroir son visage décomposé et se trouva laide. Elle souffrait du silence qu’elle gardait depuis si longtemps.
Elle avait fermé les yeux. Elle connaissait cet homme depuis si longtemps! Il était jeune curé, à cette époque lointaine où elle l’avait rencontré pour la première fois. La vie changeait les hommes, mais, dans son cas à lui, était-il permis d’espérer? Peu lui importait. Pour elle, il était et serait toujours le même. Elle sentait que sa haine refaisait surface et l’envahissait tout entière.