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Critiques de Claire Tomalin (14)
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Jane Austen, passions discrètes

Pour tous les amoureu(ses)x comme moi de littérature anglaise, la biographie sur Jane Austen est une évidence car cette auteure reste très mystérieuse car en dehors de ses romans, il ne reste que peu de traces d'elle. Je voulais découvrir un peu plus l'enfant, la femme, l'écrivaine dans sa vie de tous les jours, familiale, amoureuse, sociétale, amicale et celle écrite par Claire Tomalin se lit comme un roman. Elle retrace son existence chronologiquement grâce aux témoignages de sa famille mais aussi à des extraits des 160 lettres connues sur 3000 qu'elle a écrites, le reste ayant été détruit ou disparu.



J'ai découvert son univers, ses demeures, sa grande famille et les voisins de ses différents lieux de vie, très importants pour elle puisqu'elle apparait comme vivant assez retirée, à l'écart, appréciant peu la foule mais se délectant de ses rares sorties dans le "monde" pour observer celui-ci et s'en servir comme matière pour ses romans, le plus souvent avec un regard critique et ironique.



Claire Tomalin s'appuie sur les témoignages de ceux qui l'ont connue, fréquentée dont en autre Cassandra, sa sœur aînée, sa confidente et celle que Jane Austen a désigné comme sa légataire testamentaire, mais aussi à Anna et Fanny, ses nièces et divers membres de sa nombreuse famille pour retracer la courte vie de cette femme à l'écriture raffinée, véritable témoin de son époque.



On découvre le soin qu'elle portait à la construction de ses histoires, à leur cohérence, aux  personnes qui l'ont inspirée, de l'attachement qu'elle portait à la psychologie, au développement de ses intrigues, à leur crédibilité.



J'ai apprécié la manière dont Claire Tomalin dépeint cette auteure en abordant tout ce qui pouvait relever de sa personnalité mais aussi expliquer son travail d'écriture, les relations entre certains événements, personnages etc....sans négliger ce qui était la vie d'une femme de la fin du XVIIIème siècle et en particulier quand celle-ci faisait partie d'une famille tirant le diable par la queue et donc sans dot, ni rente. Elle fait ressortir ses prises de position sur le mariage, le célibat, son indépendance et l'argent, moteur principal pour elle qui dépendait dans un premier temps de ses proches puis de la parution, sur la fin de sa vie, de ses romans, se mesurant aux éditeurs pour avoir les mêmes rémunérations que les hommes (pas toujours avec réussite).



On la disait peu jolie mais il ressort de cette biographie qu'elle avait un caractère malgré tout bien "trempé" et pour ma part je lui ai trouvé bien du charme par ses choix, ses remarques, ses pertinences le tout remis dans le contexte de l'époque surtout en ce qui concerne la place des femmes en particulier pour le mariage, les maternités multiples et meurtrières. Elle entretenait une jolie relation avec les enfants et en particulier ses nièces mais aussi avec les femmes "actives" : domestiques, gouvernantes etc.... leur reconnaissant une vraie valeur et certaines d'entre elles sont devenues des amies avec qui elle aimait discuter.



Que ce soit les maisons qu'elle occupa, son attachement à une vie simple (elle détestait Bath et ses miroirs aux alouettes, ses conventions), les nombreux déplacements d'un lieu de villégiature dans les familles et amis (c'est fou ce qu'ils se déplaçaient finalement à l'époque), les rencontres dans les bals (elle adorait danser), la nature environnante, les problèmes financiers récurrents, tout est prétexte à observations et l'on se rend compte à quel point cette écrivaine non seulement utilisait son environnement pour écrire mais aussi se permettait d'analyser et de commenter son époque, de façon très franche, ironique et directe parfois.



C'est passionnant, enrichissant et j'ai, comme pour Virginia Woolf,  qui était une grande admiratrice de Jane Austen (ce que je trouve évident car elles ont des thèmes et une liberté de ton similaires), découvert une femme "presque" libre, attachante et parfois déroutante dans ses contradictions, qui a écrit des romans que l'on lit et apprécie encore et qui est citée comme une des grandes plumes de la littérature anglaise et même internationale.



Je ne vous cacherai pas qu'à la fin de ma lecture et après une autre la concernant dont je vous parle bientôt, je n'ai qu'une hâte c'est de reprendre ses romans, dans l'ordre d'écriture ainsi que les adaptations cinématographiques pour mieux en saisir toutes les subtilités, les correspondances avec sa propre vie.



Je trouve que lire des biographies sur des écrivain(e)s est passionnant. Comprendre qui ils sont, comment ils créent, d'où viennent les idées, inspirations, ce qui dans leur vie a été transposé dans leurs œuvres, permet de mieux apprécier tout leur talent. Cette biographie je m'en servirai lors de mes relectures des romans de Jane Austen comme d'une sorte de "bible" pour les recontextualiser.
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Samuel Pepys ou monsieur moi-même

« (…) cet homme, en s'observant lui-même avec une curiosité toute scientifique, faisait décidément un étrange voyage sur les flots de sa propre vie. » Cet homme, c'est Samuel Pepys, né en 1633 à Clapham non loin de Londres, qui a tenu un journal intime de 1660 à 1669, un document de haute valeur historique et sociologique. C'est par le film La femme invisible réalisé par Ralph Fiennes tiré du roman de Claire Tomalin que j'ai eu connaissance de cet ouvrage. J'avais auparavant tenté de lire dans le texte le journal de Pepys mais sans succès, le jugeant trop rébarbatif et lassant. Le narrateur s'étend longuement sur ses ennuis de santé, ceux de sa femme et sans une analyse du contexte historique dans lequel il évolue, il m'avait alors été difficile de m'intéresser à son propos.

Claire Tomalin a réussi un tour de force en reprenant le contenu de ce journal pour nous offrir cet époustouflant Samuel Pepys ou Monsieur moi-même. Épluché page après page, décortiqué, analysé, fouillé, ce journal m'a plongée littéralement dans le XVIIe siècle londonien et ses troubles : la Grande Peste de 1665, le Grand Incendie de Londres en 1666, la guerre civile qui a sévi de 1642 à 1651 sous le règne du roi Charles 1er, la décapitation de ce dernier, l'ère d'Oliver Cromwell siégeant sous le titre de lord-protecteur, la restauration de Charles II sur le trône, l'avènement de Jacques II Stuart, les tensions entre protestants et catholiques, et ce, sous la plume vive d'un contemporain, haut fonctionnaire de la Cour. Une vie passée à satisfaire une suite de rois frivoles, inconstants et désinvoltes, aux décisions parfois plus que douteuses.

Et fait amusant, J'ai eu l'impression de reconnaître en ce Samuel Pepys, le personnage créé par Rose Tremain dans l'Ami du Roi, Robert Merivel.

Je quitte donc à regret l'univers de Samuel Pepys dans lequel j'ai baigné pendant quelques jours, hors du temps.
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Jane Austen, passions discrètes

Si je vous dit Jane Austen ? Vous répondrez probablement Orgueil et préjugés, Raison et sentiments ou l’un de ses autres romans. La renommée de Jane Austen n’est plus à faire.



Pourtant si ses écrits sont connus, sa vie l’est beaucoup moins.



Cela est en partie la faute de Cassandra Austen. La sœur aînée de Jane détruira une grande partie de sa correspondance. La perte est sans conteste inestimable.



Il reste cependant des éléments, des témoignages, des souvenirs de l’écrivaine.



Autant d’éléments à partir desquels Claire Tomalin va reconstituer la vie de Jane Austen.



La biographie est un exercice délicat, il faut raconter une vie sans en avoir tous les éléments, reconstituer l’épaisseur d’une personne sans la dévoyer…



Exercice malaisé dans lequel l’autrice s’en sort très bien. Elle fait des suppositions, mais les justifie. Elle utilise la vie des proches de Jane pour constituer un contour à la vie de cette dernière. Un portrait comme un jeu d’ombres.



La plume de Claire Tomalin est vive. Elle n’hésite pas à manier le cynisme et l’ironie comme son sujet. C’est drôle et parfois poignant.



L’on découvre une Jane Austen beaucoup moins lisse que l’image que l’on imagine d’une femme célibataire du 18ème, occupée uniquement à garder ses neveux et nièces. L’on suit, ainsi, ses déconvenues liées à la publication de ses romans ou encore la réception qu’ont eux ceux-ci auprès de ses proches.



Cette biographie est au final une invitation à relire les romans austeniens en ayant une meilleure image de celle qui tenait la plume, pour les apprécier d’autant plus.
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Jane Austen, passions discrètes

Après avoir lu il y a quelques semaines Du fond de mon coeur : lettres à ses nièces de Jane Austen, j’ai eu envie de découvrir une biographie de cette femme de lettres anglaise du XIXe siècle. Mon choix s’est porté sur la biographie écrite par Claire Tomalin, intitulée Jane Austen, passions discrètes, dont j’avais déjà lu plusieurs avis positifs.



Aujourd’hui, de la vie de Jane Austen, nous ne savons que peu de choses. Si elle tenait un journal, celui-ci a été détruit ou perdu, ses lettres ont soit coupées, élaguées soit détruites.

Pour écrire cette biographie miss Jane Austen, Claire Tomalin s’est basée sur la correspondance de l’auteur et de sa famille ayant été conservés et sur les souvenirs de Jane Austen qu’avaient consigné plusieurs membres de sa famille.

Plus qu’une biographie de Jane Austen, cet essai raconte donc la vie de la famille Austen : de Jane, de ses parents, de ses frères et soeurs et de leurs cousins.



J’ai trouvé cet ouvrage particulièrement intéressant et bien construit. On suit, de manière chronologique, le cours de la vie de Jane Austen. Non seulement, on découvre sa vie et celles de ses proches, mais je pense qu’on a également un bon aperçu du style de vie et du quotidien de la gentry anglaise, en particulier des clergymen, de l’époque Régence.

J’ai apprécié le fait que Claire Tomalin arrive à me faire sentir un peu plus proche de cette auteur que j’aime énormément. Même si on parle peut-être plus de ses frères et de leurs carrières ou de sa cousine Eliza de Feuillide, les éléments rapportés nous permettent de mieux comprendre son quotidien, ses inquiétudes, ses joies et ses peines.

La seule partie qui m’a finalement un peu moins plu est celle où l’auteur remonte la généalogie des parents de Jane Austen. Malgré la présence d’un arbre en fin d’ouvrage, j’ai eu un peu de mal à me retrouver au milieu de leurs ascendants.



J’ai aussi été vivement intéressée par tous les passages où Claire Tomalin évoque les oeuvres de Jane Austen. Elle revient en effet sur leur génèse, leur construction, les sources d’inspiration de l’auteur, la façon dont les textes ont été publiés, accueillis par sa famille, ses amis et le public. Et évidemment, tout cela m’a donné envie de relire les romans de Jane Austen.



En bref, oui il y a beaucoup de noms à retenir (famille, amis, voisins), oui parfois l’auteur émet des hypothèses au vu du manque d’informations auquel elle a du faire face mais cette biographie se révèle passionnante à lire. J’ai aimé découvrir la vie de Jane Austen et son quotidien. Je recommande cet ouvrage à tous ceux qui veulent en savoir un peu plus sur cette fameuse romancière anglaise.
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Jane Austen, passions discrètes

Cette biographie retrace la vie de Jane Austen. Il reste peu de lettres de Jane Austen car sa soeur Cassandra en a éliminé la majorité. En conséquence, Claire Tomalin fait beaucoup d'hypothèses à partir de ce que l'on sait de la vie quotidienne des Anglais à cette période et en particulier de celle des femmes qui étaient dans la même condition que Jane Austen. Sans fonds d'archives sur l'écrivaine, même s'il reste les quelques lettres préservées par l'entourage, c'est extrêmement complexe d'écrire une biographie détaillée. Je trouve que Claire Tomalin a su exploiter la matière dont elle disposait pour en fait un ouvrage complet sur Jane Austen.





L'auteur propose aussi une analyse des œuvres de Jane Austen que je trouve très intéressante. Elle fait quelques rapprochements avec la vie de l'auteur mais sait maintenir les distances entre fiction et réalité.





C'est un ouvrage très agréable à lire. On comprend mieux d'où vient l'inspiration de Jane Austen. Ce livre m'a redonné envie de lire des romans de Jane Austen comme Persuasion.


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Jane Austen, passions discrètes

Jane Austen part en pension à l'âge de 7 ans.

goûter : de l'eau chaude, du pain (il fallait apporter son sachet de thé ou

se contenter de l'eau chaude)

vie extrêmement difficile loin de ses parents et de ses frères.
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Jane Austen, passions discrètes

Dans un premier temps, j'avoue avoir été déçue car ce livre parlait énormément de ces frères et des autres membres de la famille. Plus tard, j'ai compris toute l'importance qu'ils ont eu dans la vie de JA.

J'ai énormément apprécié le fait que cette biographie ne s'est pas limitée à une biographie mais a inscrit la vie de JA dans un contexte décrit et commenté. L'analyse des romans était très intéressante.

Les petits extraits cités sont intéressants, parfois, j'aurai apprécié d'en avoir plus, je pense, par exemple, aux lettres à propos de Tom Lefroy qui sont expliquées mais non décrites (peut-être un problème au niveau des droits d'auteurs?) ou certaines dédicaces des Juvenilia. J'ai donc lu la biographie avec à côté de moi: les lettres sélectionnées et Juvenilia. L'ensemble, donne je pense, de nombreuses informations et les lettres sont placées dans un contexte qui les rend encore plus appréciables.
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Jane Austen, passions discrètes

A la première lecture de la biographie de Claire Tomalin, j'étais frustrée. A l'époque, je venais tout juste de découvrir les romans, les oeuvres mineures et inachevées de Jane Austen et je voulais tout savoir de cette auteure. J'étais pressée de connaître tous les détails de sa vie. Pour moi, Claire Tomalin n'était pas assez concise et émettait trop d'extrapolations qui alourdissaient la biographie. Voila pourquoi je pense avoir été déçue. Je souhaitais du concret, des faits précis mais je ne savais pas encore qu'on en savait trop peu sur Austen et qu'il était normal que Claire Tomalin et autres biographes fassent des suppositions.



Cette relecture a été une découverte. J'ai appris de nouvelles choses (ma mémoire me fait complètement défaut...). Les hypothèses ne m'ont pas gênée, et surtout les extrapolations m'ont beaucoup appris. Je m'explique: ces passages nous offrent des exemples d'autres familles qui pourraient corroborer avec la vie de Jane Austen. En supposant que cela se soit passé de cette façon dans la famille Untel, il se peut que cela soit arrivé à Jane Austen. Je ne comprenais pas leur intérêt alors qu'en réalité elles enrichissent la biographie.



Jane Austen reste un mystère. On sait qu'elle avait beaucoup d'humour saupoudrée d'une bonne dose de sarcasme. Elle était bonne envers son prochain. Elle aimait lire et apprendre. Elle aimait aussi se plonger dans son univers pour raconter ses histoires. Elle a aimé être publiée et était fière que ses créations soient connues et appréciées. Il reste malheureusement beaucoup de questions sans réponse et sa fin nous attriste. On aurait aimé qu'elle profite encore de quelques années pour nous offrir encore de belles histoires et qu'elle goûte à la gloire d'être reconnue comme une bonne romancière.



Je vous recommande donc chaudement cette biographie malgré mes propos avant cette relecture et je suis réellement ravie de m'être replongée dedans.



Il existe plusieurs biographies de Jane Austen malgré le fait que l'on en sache assez peu sur sa vie. Les principaux éléments qui ont permis de les rédiger sont la notice biographique de son frère Henry lors de la parution des oeuvres posthumes Northanger Abbey et Persuasion, et la toute première biographie rédigée par son neveu James Edward Austen-Leigh aidé par les souvenirs d'Anna Lefroy et Caroline Austen. Et pour finir la petite centaine de lettres que Cassandra a bien voulu laisser.
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Jane Austen, passions discrètes

Établir une biographie de Jane Austen n'est pas chose aisée car on dispose en réalité de très peu de sources à son sujet, et la plupart sont éloignées, c'est-à-dire que ce sont par exemple des souvenirs de ses petits-neveux et nièces écrits bien après la mort de l'auteure. Claire Tomalin nous met en garde à ce sujet et en vient à faire beaucoup de supputations. Néanmoins, ses hypothèses m'ont séduites à chaque fois. S'appuyant à la fois sur les fragments de lettres disponibles de la famille Austen, des souvenirs de ses membres et de l'entourage, des critiques contemporaines et postérieures mais aussi d'ouvrages historiques, elle a dressé au long de 400 pages ce qu'a été la vie de Jane. Le premier chapitre nous parle de sa famille (elle est la septième enfant d'une fratrie qui en compta huit) et de sa petite enfance, passée chez une nourrice, comme c'était fréquemment le cas au XVIIIème siècle en Angleterre. Plusieurs fois, elle explique la façon dont vivait la famille en se reposant sur ce qu'était généralement la vie d'un clergyman à cette époque. On voit en filigrane l'Histoire du Royaume-Uni, sa lutte contre Napoléon, mais aussi l'Histoire de la France, car une cousine de Jane, Eliza, qui était née aux Indes, a épousé un petit noble français appelé De Fueillide, et elle a dû fuir la France au moment de la Révolution. Deux frères de Jane au moins y allèrent aussi, et on suit rapidement les guerres napoléoniennes, puis la défait, les Cent-jours, la défaite finale et enfin la Restauration. La biographie est donc très documentée et si elle s'attache à bien cadrer le contexte de la vie de Jane, elle ne s'attarde pas sur les éléments tels ceux que je viens de mentionner plus que besoin est, afin de ne pas ennuyer le lecteur. Le propos est toujours recentré sur Jane, rien n'est laissé au hasard.



Je me perdais un peu au début dans la nombreuse famille Austen. Elle avait six frères et une sœur, et j'avais compté qu'elle eut plus de trente neveux et nièces, sans compter les oncles et tantes, cousins et cousines, et aussi grands-oncles et grands-tantes... Ajoutez à cela les amis et le voisinage, j'étais totalement paumée par moment. Avec un peu d'efforts, j'ai fini par mettre un nom et une demeure sur chacun (en plus ils déménagent, oui oui), avant de m'apercevoir dans le dernier quart du live qu'il y avait un arbre généalogique en annexe, qui était bien pratique en fait. Je me suis tellement attachée à Jane que j'en suis venue à mépriser les mêmes gens qu'elle, à approuver ses critiques rapportées par l'auteur, à préférer Henry à ses autres frères, alors même qu'il n'y avait pas spécialement de raison. De la même façon j'ai passé ses fantaisies à Eliza et j'ai adoré Cass, sa sœur, alors que ce n'est pas le genre de personne que j'aime particulièrement. J'étais très triste au moment de la mort de Mr Austen, son père, que j'ai rapidement vu comme Mr Bennet (il y a pourtant de grandes différences entre eux), un personnage de Pride and Prejudice que j'adore.



Une très bonne chose également était que Claire Tomalin, qui est spécialiste des biographies d'auteurs connus apparemment (elle a également écrit sur Dickens, Mary Wollstonecraft et P.B. Shelley selon la quatrième de couverture), analysait les textes de Jane au fur et à mesure qu'elle les a écrit. Le livre est suit la chronologie, donc elle commence par les textes regroupés dans le recueil Juvenilia (que je suis en train de lire), puis elle passe à Lady Susan, son premier texte mature, ensuite à Elinor and Marianne (premier titre de Sense and Sensibility), etc. Elle explique la génèse du texte autant que possible, ainsi que les éventuelles inspirations de Jane (chez d'autres auteurs contemporains par exemple, ou ans un évènement survenu dans son entourage). La plupart de ses romans ayant subi de multiples corrections (j'ignorais par exemple que Elinor and Marianne avait d'abord été rédigé sous forme épistolaire, comme Lady Susan), Claire Tomalin tente à chaque fois de comprendre pour quelles raisons Jane a modifié son texte, de qui elle s'est inspiré pour créer tel personnage ou l'améliorer, de quels lieux qu'elle a visités elle s'est servi... En revanche, il est bien précisé qu'elle n'a jamais voulu écrire avec une tendance autobiographique. En tant qu'écrivain, elle s'inspirait évidemment de ce qu'elle voyait autour d'elle, et certains de ses personnages véhiculent certaines de ses idées, mais jamais elle n'a souhaité raconter sa propre expérience. D'ailleurs, c'est la raison pour laquelle elle a abandonné le roman Les Watson. Il comprenait trop de similitudes avec leur situation à elle et à Cass, révélait trop de ses propres angoisses.



J'ai appris un quantité d'anecdotes passionnantes sur sa vie, et j'ai enfin eu le fin de cette histoire avec Tom Lefroy. Tous les fans de Austen ont vu Becoming Jane, avec Anne Hathaway dans le rôle de l'auteure. Je l'ai vu il y a longtemps maintenant, et je n'avais pas beaucoup aimé. Je ne sentais pas Jane, je doutais de certains événements racontés... Et je crois avoir eu raison. Je reverrai bientôt le film et un article suivra, où j'étudierai cette question plus en profondeur, mais je m'en tiens à la biographie pour le moment. Tom Lefroy ne se voit consacré que trois ou quatre pages au moment de leur "histoire", puis il est mentionné de temps à autres. Cette expérience semble avoir façonné Jane puisque par la suite elle accepta la demande d'un voisin et ami, mais refusa finalement le lendemain pour la raison probable la raison probable qu'elle ne ressentait pas le même élan qu'elle avait eu à 20 ans pour Tom Lefroy. Jamais il ne l'a demandé en mariage, en tout cas il n'y a aucune preuve de cela. Leur inclination l'un envers l'autre ne correspondait pas aux réalités dans lesquels ils vivaient. Lui devait penser à faire un bon mariage pour aider sa famille, elle n'en était qu'à une première histoire d'amour. Tom Lefroy repartit et ne revit jamais Jane après 1795. Elle en fut affectée bien sûr et ressentit sa première expérience douloureusement ; on n'oublie pas son premier amour. Mais elle ne fut pas anéantie, elle ne jura pas de ne plus jamais se marier ou autre. Elle avait encore bien le temps à ce moment-là de rencontrer un homme qui correspondrait à ses attentes, mais il n'est pas venu. S'il était venu, il y a fort à parier que nous n'aurions jamais eu aucun de ses textes, qui seraient restés au sein de la famille pour divertir. Elle a d'ailleurs de la chance que l'idée du mariage avec Tom Lefroy n'ait pas abouti, car il devint un homme qu'elle n'aurait peut-être pas aimé.



J'ai été tout simplement passionnée par cette biographie vraiment géniale. Elle est parfaite, je n'ai réellement rien à lui reprocher pour ma part. Je n'ai pas pu m'empêcher de verser quelques larmes quand j'en suis arrivée à son décès (ça m'a fait pareil avec Charles VII, Sissi, Madame de Pompadour...). Je la conseille vivement à tous les adeptes de ce genre de livre et évidemment à tous les fans de Miss Austen ! Cette première expérience d'une biographie d'un auteur a été tellement plaisante que je compte bien en lire d'autres.
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Jane Austen, passions discrètes

impossible de poursuivre cette biographie embrouillée et plombante.

entre 1952 et 1972 : 551 ouvrages à propos de Jane Austen

et 85 thèses : j'aimerais trouver une biographie alléchante.
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Jane Austen, passions discrètes

Bizarrement, et bien que je fasse continuellement de nombreuses recherches sur Jane Austen, je n'avais jamais lu aucune de ses biographies. C'est en découvrant que nous avions ce titre en commun dans notre PAL, que ma copine Pimpi et moi avons décidé d'en faire la lecture ensemble!



Dès les premières lignes, je suis happée par l'écriture de Claire Tomalin. Tous ces détails qu'elle nous donne, comme le temps qu'il faisait le jour de la naissance de Jane, nous donnent l'impression d'y être. C'est comme si l'auteur levait un voile très discrètement, marchait sur la pointe des pieds pour ne pas déranger la famille Austen et nous emmenait là-bas avec elle!



Comme souvent dans les biographies, Claire Tomalin fait parfois des sauts en arrière pour revenir sur l'histoire d'un tel ou un autre. C'est malheureusement souvent ce qui me perd, d'autant plus que le nombre de personnages est ici élevé et qu'il n'y a pas de chronologie récapitulative. Cela nuit quelque peu à la compréhension de l'histoire mais au fur et à mesure que l'on se familiarise avec l'entourage de Jane, les choses s'éclaircissent.



Il y aussi certains passages qui donnent plus l'impression d'appartenir à la biographie d'Eliza, la cousine de Jane, qu'à celle de Jane elle-même. Malheureusement, nous savons fort bien que l'auteur ne dispose pas de beaucoup de matériel pour retracer l'enfance de Jane et il est donc logique qu'elle se concentre parfois sur son entourage, ce qui permet au moins d'établir le climat dans lequel elle a grandi. Claire Tomalin fait malgré tout, selon moi, un merveilleux travail en maintenant tout au long de son ouvrage un difficile équilibre entre l'impartialité de rigueur et son admiration pour Jane!



Elle ne s'arrête pas à la vie de Jane Austen et fait aussi une analyse de ses romans qu'elle juge tous d'un style différent: Northanger Abbey est une satyre, Sense & Sensibility un débat, Pride & Prejudice, une histoire romanesque. Elle dit que Jane Austen ne s'est pas cantonnée à une forme de livre, à ce qu'elle savait faire. Elle a exploré, s'est sans cesse renouvelée. J'ai beaucoup aimé cette partie d'analyse de texte, qui nous apprend beaucoup de choses et met en lumière des significations auxquelles nous n'aurions pas pensé. D'un autre côté, j'ai toujours trouvé cela très subjectif d'attribuer aux auteurs des intentions qu'ils n'avaient peut-être pas et de plus, chacun aime avoir la liberté d'interpréter les textes comme il le veut. Malgré tout, on sent une fois encore que cela est fait ici avec beaucoup de respect. Son analyse de Lady Susan et du génie de Jane Austen est paticulièrement percutante et porte à reflexion! J'ai souvent été d'accord avec ses opinions, quand elle remet Mrs Bennet à l'honneur par exemple, mais ce qu'elle pense de la fin de Sense & Sensibility ferait sûrement hurler plus d'une fan du Colonel Brandon!



Dans la semaine, j'écrirai un deuxième billet sur cette biographie, centré cette fois sur ce que j'y ai appris de Jane. En attendant, je vous conseille le billet de Pimpi sur Marque ta Page.



Pour finir, je voudrais retranscire ici les dernières lignes de cette biographie que je vous incite à lire, la magnifique conclusion dans laquelle transparaît tout l'amour que Claire Tomalin porte à Jane Austen: "La Jane Austen que je préfère est celle qui se moque des opinions du monde. C'est une chance qu'elle ait eu une telle faculté de rire. Aujourd'hui, le volume des opinions a enflé dans de telles proportions qu'elle aurait de quoi rire pour l'éternité."




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Katherine Mansfield : Une vie secrète







Nous connaissons la série littéraire de Laure Adler : Les femmes qui lisent, … qui écrivent, … qui aiment, sont dangereuses.



Elle pourrait très bien ajouter un 4ème opus : Les femmes éprises de liberté sont dangereuses, et souvent malheureuses.



En achevant la biographie de Claire Tomalin sur la vie secrète, (plus tout à fait secrète, aujourd'hui), de Katherine Mansfield, c'est l'impression que j'en ai.



Issue d'une famille aisée de Nouvelle-Zélande, alors qu'elle a tout pour être heureuse (ses soeurs en apporteront la démonstration), sa soif de liberté, d'échapper aux conventions familiales et sociales, de devenir une artiste (musicienne, puis écrivaine, ) la conduira à une suite d'aventures malheureuses sentimentales et scandaleuses (pour l'époque), mais aussi littéraires entre son pays natal et Londres, et d'autres contrées européennes, notamment la France où elle est enterrée.



Sa vie de bohême et tumultueuse trouvera un peu d'équilibre avec son second mari, J M Murry, mais entre temps, elle l'aura éloignée de sa famille.



Se jetant avec passion dans l'écriture, ses nouvelles sont reconnues, son style apprécié. Malgré ses rencontres avec des écrivains de premier plan ou maudits (Woolf, Lawrence, Joyce et bien d'autres encore plus ou moins oubliés) elle a connu une vie chaotique de galère, de souffrances, de maladie, comme si le Destin lui rappelait que tout choix de vie comporte des conséquences et que celles de la Déraison peuvent être terribles.



Elle a en effet payé le prix fort de ses choix en contractant la syphilis très jeune, puis la tuberculose, toutes deux cheminant discrètement mais inexorablement, en elle, tout au long d'une vie pauvre, voire de misère, d'une existence chaotique, instable (déménageant sans cesse), et, il faut l'admettre, avec un soutien timoré et distant de son falot de mari Murry dont on a dit qu'il « fit bouillir les os de sa femme pour en faire de la soupe ».



Mais dans cet océan de malheur, elle eut une amie qui l'aima d'un amour indéfectible, maternelle, malgré le caractère insupportable de Katherine, ses méchancetés, ses jalousies, ses caprices ; c'est Ida Constance Baker qui lui a survécu 55 ans !(1978) et qui déclarait que si Katherine brillait en écrivant, elle l'admirait en la servant (ou quelque chose d'approchant).



K M est morte, le 9 janvier 1923, à 34 ans à Avon en Seine-et-Marne, dans le prieuré du mystique et charlatan gourou Gurdjieff pour lequel Louis Pauwels montra tant de complaisance.



Cependant, il semble, d'après Claire Tomalin, que la condition de Katherine dans l'entourage de Gurdjieff n'a pas été pire que celle qu'elle a pu connaître ailleurs durant sa quête d'une guérison qui n'est jamais venue au cours de ses incessantes pérégrinations.



En définitive, je retire de cette belle biographie un sentiment d'inachevé, de gâchis. La comparaison avec sa contemporaine (plus jeune à l'époque) Anaïs Nin s'imposerait presque. Mais celle-ci a tenu jusqu'à 73 ans. Malgré tout, d'une façon générale, le Destin ne se montre guère équitable envers les femmes en quête de liberté.



Pat

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Jane Austen, passions discrètes

Je n'avais jamais lu de biographie de Jane Austen (ou de quiconque d'autre) avant celle de Claire Tomalin. Je ne suis pas très biographie au sens propre du terme. Pour en savoir plus sur un auteur ou un personnage historique, je préfère les films ou les "romans" autour de leur vie. Mais étant en mode "Jane Austen addict" j'ai décidé de faire un effort. En plus étant disponible à la Médiathèque, ça m'a encore plus motivé !



Je conseille à toute personne voulant en savoir plus sur Jane Austen, sa famille, son époque, ses romans, de lire Jane Austen, passions discrètes.



L'écriture est fluide et vraiment très facile à lire et à comprendre. Il est vrai qu'à des moments je me suis sentie un peu perdu entre les noms (toujours les mêmes!), les dates, les évènements, les villes... Mais au final, ça reste compréhensible, et l'arbre généalogique qui se trouve à la fin du livre est une très bonne aide.

Claire Tomalin a divisé son texte en plusieurs chapitres, chacun abordant un thème différent. Ce n'est pas une suite chronologique d'évènements, et c'est ce qui le rend si facile à lire. Au fur et à mesure qu'on avance dans la lecture, on est de plus en plus emportés dans la vie de cette talentueuse auteur. Grâce aux anecdotes, aux extraits de lettres et de journaux intimes, on se sent au plus près de la famille Austen qui a vu et vécut de nombreuses choses, mais qui jamais n'a baissé les bras.



Je dois avouer que dans cette biographie, j'en ai plus appris sur la famille de Jane Austen et son époque, que sur Jane Austen elle-même. Claire Tomalin se concentre beaucoup sur tout ce qui entoure Jane Austen : la famille, les voisins, les évènements importants... mais sans toujours faire le rapprochement avec elle. L'auteur a réussi à faire une biographie sur Jane Austen et en même temps un livre sur la vie au XIXème siècle.



La biographie de Claire Tomalin a de nombreux atouts, mais aussi des défauts. Le principal défaut (pour moi) étant qu'à des moments, j'avais plus l'impression de lire une biographie sur TOUS les Austen, et non pas seulement sur Jane... Mais même ainsi, c'est une biographie très agréable à lire et passionnante, qui donne encore plus envie de se replonger dans les romans de "Lady A."
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Jane Austen, passions discrètes

Je n'ai pas terminé ce livre, je vous dirai pourquoi.



D'abord, pour être honnête, j'admets bien volontiers que l'auteure en connaît un bout à propos de cette période, de l'Angleterre de Jane Austen, de sa famille, de son entourage particulièrement.



Mais franchement, je ne m'intéressais pas tant que ça aux gens qui l'entouraient à part sa proche famille, les gens qu'elle côtoyait régulièrement - et encore, quelques lignes à leur sujet auraient suffi, pas des biographies entières ! Et puis je m'en fiche de savoir si elle avait un buisson sous sa fenêtre, quelles fleurs il produisait (ou pas) et à combien de centimètres il se trouvait de ladite fenêtre, si vous voyez ce que je veux dire !



En fait, ce qui m'a surtout motivée à refermer ce livre sans l'avoir terminé et sans regrets, c'est que j'en ai eu plus qu'assez des approximations, des extrapolations, des "il se peut", "on peut en déduire que", "il est permis de penser que", "il est possible que" : je recherchais des faits ! Je sais qu'il ne reste pas grand-chose sur l'histoire de Jane, qu'elle avait demandé à Cassandra de brûler sa correspondance et ainsi de suite. Mais je ne désirais pas lire un bouquin qui se contente d'essayer de deviner ce qui aurait pu se passer dans sa tête, ce qu'elle aimait, ce qu'elle pensait. C'est quand même bien pratique une fois que la personne que l'on veut faire parler de cette manière est déjà morte !



Bref, ceci a mené à mon abandon ferme et définitif - j'ai un autre essai sur Jane Austen sur ma table basse, moins gros, mais je l'espère moins hasardeux.
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