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Citations de Cloé Korman (90)


Mes trois petites-cousines font partie de la rafle de Saint-Mandé avec les autres filles de la rue Grandville, ainsi que Thérèse Cahen. Le 30 juillet, Thérèse écrit à son élève Jacques Leguerney une dernière lettre depuis la cité de la Muette. Elle est au courant que les autorités juives du camp ont bataillé pour demander des conditions améliorées lors du prochain convoi, dont on sait qu’il comptera plus d’enfants qu’il n’y en a jamais eu. Elle ironise : « En route demain pour une déportation d’enfants modèles avec bonbons, petites paillasses et docteur dans chaque wagon. »
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Elles errent dans ce lieu restreint, ôtées à leur vie,à leurs parents, à l'école, enlevées aux rues médiévales de chansons, aux canaux tranquilles, aux livres, aux balades.
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Thétis n'aimait pas répéter deux fois la même histoire car la bécasse qui chante trop de fois la même sonate est repérée par les vautours.
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« Si tu voyages vite, lui dit-il, en un jour au lieu d’une semaine par exemple, on va te retirer les jours dus à l’autre bout de ta vie, c’est obligé. Il vidait le tiroir-caisse. Le pas de l’homme fait la route en tant de jours, si tu les supprime avec un moyen de transport, ou avec un autre moyen de transport, tu te crois maligne ? Dieu t’a donné une seule vie, avec un certain nombre de jours et ta propre vitesse. Ya benti, tu crois pouvoir gagner du temps ? Mais il y a quelqu’un derrière qui recalcule ! Ces jours-là de gagnés, on te les refacture à l’autre bout. P 34
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Il a allongé le bout de ses doigts jusqu'à son poignet et il a attrapé sa main, l'a retenue tout entière dans la sienne. Et je pense que ces dix minutes lui ont fait mille fois plus de bien que les milliers de claques et de massages cardiaques chimiques que je lui administre sans interruption depuis six jours, avec une énergie de damnée.
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" En surplomb d'une mer couleur de temps , que troublent à peine les sillons de quelques bateaux de plaisance , de quelques galions de pirates battant pavillon noir ou le gonflement tranquille et gris d'un dos de baleine, j'observe mes petits camarades qui foulent le sentier dans leurs baskets empoussiérées , de plus en plus hors d'haleine, de plus en plus dispersés à mesure des virages ....
C'est dangereux les calanques . C'est plein d'à - pics qui roulent dans des taillis de pins accrochés on ne sait comment entre les flancs rocheux ...Le chemin que nous suivons qui serpente au sommet du monde, le dos ensablé , fait des détours et des embardées, comme hypnotisé par la mer...."
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A quoi peut ressembler un lieu où vivent trois mille enfants sans parents, presque sans adultes, un camp en rase campagne où il n'y a presque pas d'installations sanitaires, presque pas de nourriture ?
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" Comment vas-tu ? As-tu bien dormi ? " Il me tend la main. Son visage est bourrelé et creusé comme la souche d'un arbre... Il me sourit. Je crois qu'il sait à ce moment-là qu'il me plait... Malgré son état, c'est inexplicable et scandaleux, mais je le trouve beau comme toujours, je lui prends la main. " As-tu bien dormi ? "
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avez-vous remarqué que le désert fait perdre le sentiment de sa propre vie ?
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C’est en mesurant ce danger qu’il faut penser la solidarité entre les luttes contre le racisme et contre l’antisémitisme, et mener ces combats de façon tolérante et pluraliste, en surmontant les divisions liées à nos origines sociales et culturelles ce qui exige sans doute de surmonter le racisme au sein même de l’antiracisme. À défaut, C’est le racisme qui nous pense et nous conduit collectivement dans un monde mort, un jardin aux statues où nous irions ressembler à mort à nous-mêmes jusqu'à ce que mort s’ensuive, jusqu’à ce que la rose soit à la rose moins qu’une rose mais une rose de poussière, une rose d’épines, un fil barbelé de cauchemar. p. 107
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Dans le service de médecine interne où je travaille, des fois je sauve, des fois je peux pas. J'ai appris à cette époque que certains rivages sont inaccessibles , qu'il ne sert à rien de ramer avec mon canot et ma trousse de secours pour aborder ceux-là.
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Si j'avais une seule morale à tirer de tout cela; à transmettre à mes enfants ou à n'importe quel ami dont la vie m'est aussi chère que la mienne, ce serait de prendre la mesure des mensonges putrides dont est capable un État jusqu'à assassiner ceux dont il a la protection avec la bonne conscience qui s'autorise des tampons de commissaires, et la respectabilité des signatures de sous-préfets ayant l'honneur de s'adresser à leur préfet, ou de préfets déférant à leur ministre avec des listes de noms d'enfants.
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Mes grands-parents voulaient adopter les trois petites filles. (…)
Dans le monde où elles deviennent ses sœurs, mon père n’existe pas. Il nous l’a toujours dit. Il en est certain parce que mes grands-parents avaient déjà une fille, Annette, du même âge que Jacqueline. Ça leur aurait fait quatre enfants et, étant eux-mêmes des commerçants laborieux et sans fortune, mes grands-parents n’en auraient pas désiré un cinquième. Mon père ne serait donc pas né en décembre 1946.
Je ne suis pas convaincue par cette idée. Je pense que les enfants naissent à leurs parents suivant des raisons qu’ils maîtrisent autant qu’eux, c’est-à-dire pas beaucoup, et rien ne dit que mon père n’aurait pas fait son apparition malgré tout dans ce chœur de fillettes. En nous disant cela il nous parle moins de lui, je crois, que de la douleur du deuil. Les mots « je ne serais pas né », dans leur répétition, sonnent comme une formule accompagnant un sacrifice, et qui aurait le pouvoir de l’inverser : moi au lieu d’elles, c’est elles au lieu de moi. Surtout, cette formule décrit son statut de survivant. Elle nous parle de la matière dont nous sommes faits, lui, ma sœur et moi, de notre sentiment d’exister dans un taillis de possibilités horribles et étranges. Dans cette non-naissance je me reconnais. Je reconnais le désintérêt parfois insupportable de mon père pour ce qui l’entoure, mais aussi quelque chose qu’il nous a donné et qui nous libère de la pesanteur, notre commune étourderie, notre capacité d’adhésion assez intermittente à la réalité. « Je ne serais pas né » fait naître dans un rêve éveillé.
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"Il y a des êtres qui résistent, qui restent convaincus de la valeur de leur vie même quand l'air se dessèche autour d'eux. Même si la terre entière se changeait en pierre, ils continueraient de se savoir humains, et seront sauvés."
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Les souffles de cent fillettes dans les chambrées aux faux plafonds, sur quatre étages, autant de rêves et quelques chuchotements qui sortent des couvertures, sont doux comme une usine de pains d’épice au milieu de la ville.
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À partir de juin 1944 et du débarquement en Normandie, Brunner a peiné de plus en plus à arrêter des juifs et à former des convois de mille personnes qu’il pourrait déporter. C’est à ce moment-là, à l’approche de la libération de Paris, qu’il a décidé de mettre la main sur tous les enfants qui restaient dans les centres de l’UGIF. Deux nuits sont nécessaires pour faire le tour de tous les centres, à Paris et en banlieue.
Dans certains récits et témoignages de la rafle du 21 juillet, Alois Brunner est présent dans un des deux bus qui maraudent. Il est là en personne pour aller chercher les enfants, mais cette information n’est pas tout à fait sûre. Il n’y a pas eu de compte-rendu de la rafle, et les témoignages ne sont pas tous concordants. Qu’il soit présent sur place pour récupérer les enfants matérialise une autre réalité, qui elle est incontestable : son acharnement à faire des victimes alors que la défaite nazie est acquise.
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À quoi peut ressembler un lieu où vivent trois mille enfants sans parents, presque sans adultes, un camp en rase campagne où il n’y a presque pas d’installations sanitaires, presque pas de nourriture ? Le tumulte de la cour de récréation d’une école primaire dans une grande ville compte environ trois cents ou quatre cents enfants. Ici, c’est dix fois plus. Pourtant il n’y a pas de bruit. Les quelques assistantes sociales qui sont sur place racontent comment les enfants ont vu partir leurs parents, comment les parents ont été arrachés à leurs enfants. Elles écrivent dans leur journal qu’ils crient, pleurent, au début, mais qu’au bout d’un moment ils ne parlent plus. (…)
Elles racontent l’impossibilité de porter secours. Des enfants de tous les âges, certains d’à peine un an, jusqu’à treize, quinze ans, atteints de dysenterie et subissant les épidémies de rougeole, la diphtérie, ainsi que l’impétigo, une bactérie qui attaque la peau en laissant des plaies suppurantes. Ils mangent de l’herbe, demandent encore où sont leurs parents puis ne demandent plus rien. Vomissent. Se grattent la peau irritée par les poux.
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Certaines histoires sont comme des forêts, le but est d'en sortir. D'autres peuvent servir à atteindre des îles, des ailleurs. Qu'elles soient barques ou frêts, elles sont faites du même bois.
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C'est la lumière de six heures vingt-huit qui les accueille dans les jolies allées de briques rouges aux frontons de bois peints. Les voilà dans l'envers du décor, l'ancienne ville ouvrière encore habitée.
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C’est pas tout de les nourrir, ça consomme beaucoup en médicaments parce que ces bêtes-là, tu ne les laisses pas tranquilles comme ça dans un appartement, tu leur donnes des calmants, ça consomme beaucoup de calmants ; et après pour les combats tu leur donnes le contraire, tu leur donnes des excitants… On peut même leur donner du café, mais avec des cachets ça va plus vite, ça leur rentre mieux dans les sangs. – oui c’est vrai, des calmants, des excitants. On les excite pour les combats. P 144 (à propos des combats de chiens)
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