Les ans avaient imprimé à son dos une voussure qui s'accentuait au fil du temps, au point que sa colonne vertébrale formait presque un angle droit avec le reste de son corps. Cela ne la préoccupait pas. Blanche était d'un naturel optimiste : « Bah ! La terre se rapproche de moi ? Et alors ? Je la rejoindrai bientôt de toute façon », et elle ajoutait en riant : « C'est plus pratique pour les champignons ! »
Elle avait faim. Les corsets serrés avaient l'avantage de vous faire une taiile de guêpe mais vous empêchaient de manger quoi que ce fût de consistant. A table, on ne pouvait que grignoter si l'on ne voulait pas périr étouffée. Aussi, le petit-déjeuner, pris avant qu'elle ait passé son carcan, était-il son repas préféré. (p. 59)
Plus tard, la vague de passion calmée, le désir comblé, j’étais allongé contre elle. J’avais posé ma tête sur sa poitrine, je sentais son souffle frais sur mon visage, un zéphyr! Elle m'effleura la joue d'un baiser en se penchant sur moi. Mon rêve était devenu réalité. J'avais trouvé dans ses bras des joies inconnues, tour à tour maître du corps adorable d'une amante fougueuse et inventive, puis esclave de sa tendresse protectrice.
Son petit bonnet de dentelle tuyautée faisait ressortir les touches vermeilles de ses joues. Un joli médaillon doré était accroché au mince ruban de velours noir qui entourait son cou. Un fichu bariolé recouvrait ses épaules et les larges manches de son corsage étaient relevées au dessus des coudes par un gracieux ruban rouge noué en coque. Un grand tablier bleu épinglé au corsage recouvrait une jupe rayée, froncée à la taille.
Ne nous remets pas au gland quand nous avons eu du blé.