Fascinante Sibérie... Son nom est la fusion du mongol siber (beau, pur) et du tatar sibir (pays endormi), seulement trente millions d'habitants (dont cinq pour cents d'autochtones) pour plus de 9400 kilomètres d'ouest en est (et inversement) et sept fuseaux horaires... Le soleil peut se lever en même temps à Iekaterinenbourg et se coucher à Vladivostok...
Colin Thubron entreprend ce voyage à la fin des années 1990, seul, (il parle suffisamment russe pour passer pour un estonien, par exemple), empruntant le transsibérien bien sûr, mais aussi avion, bateau, pour s'écarter au nord et au sud de cette ligne ferroviaire mythique.
Un riche passé méconnu : on y a découvert le tapis noué le plus ancien de la planète (5ème siècle avant JC)
"Ce tapis se trouvait dans un tombeau scythe à Pazyrik, dans les montagnes de l'Altaï près de la frontière chinoise et faisait partie d'un trésor royal. De matière périssable, le tapis avait été miraculeusement conservé comme pour les mammouths de Sibérie, par congélation." Source http://www.globalarmenianheritage-adic.fr/fr/5culture/tapis/6pazyryk.htm
http://www.toutsurlestapis.fr/img/2/13375.jpg
Colin Thubron propose toute une galerie de personnages rencontrés au fil du voyage, la plupart déçus par la politique russe, vivotant dans de rudes conditions, parfois se repliant vers la religion. Les villes sont rarement belles, souvent polluées, délabrées... Une impression de décadence, d'abandon. Et surtout il évoque les terribles conditions des prisonniers. "Trois cents ans avant le Goulag de Staline, des groupes de bagnards avaient été expulsés à l'est de l'Oural.(...) Le besoin de peupler la Sibérie et d'extraire son minerai du sol suscita bientôt un flot de déportés toujours croissant.(...) Pratiquer la boxe, battre sa femme, mendier sous un faux prétexte de misère, couper des arbres de manière illicite, s'adonner au vagabondage et dire la bonne aventure : tout cela pouvait faire envoyer un homme en Sibérie." De même priser le tabac ou conduire une charrette sans rênes!
Mais c'est au 20ème siècle que tout a continué à grande échelle : les morts enterrés rapidement, la route et les rails posés au dessus. Les conditions de détention des déportés de droit commun ou politiques (parfois sous des tentes!), le travail forcé dans des conditions atroces (même en zone radio active!), le peu de nourriture, la maladie (typhus, tuberculose, pneumonie), les millions de morts, là franchement jamais je n'aurais imaginé à quel point c'était horrible! Dès que j'en aurai le courage, je sortirai les récits de Soljenitsyne et Evguenia Guinzbourg des étagères où ils attendent depuis des années...
N'hésitez pas à découvrir ce récit, magnifiquement écrit qui plus est, pour un voyage que vous n'oublierez pas...
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