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Critiques de Colin Thubron (37)
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L'ombre de la route de la soie

Folio collection « voyage » N°7



Colin Thubron est né en 1939. Il passe sa vie à arpenter le monde et à écrire sur ses voyages et les rencontres qu’il a fait. Il a la particularité de savoir s’immerger seul pendant de longs mois dans la culture et l’environnement qu’il visite. Il fait partie de ces hommes qui traversent leur vie, vivent leurs aventures sans jamais connaitre d’horizon.

« L’ombre de la route de la soie » est un récit sur cette légendaire voie que l’auteur a emprunté seul en 2003 et 2004, longue de onze fois mille kilomètres et qui part de Xian en Chine pour aboutir à Antakya (Antioche) en Turquie. Cette route a l’âge du tissu précieux dont elle porte le nom : antédiluvien.

Colin Thubron narre un voyage où la petite histoire rencontre la grande. C’est un témoignage riche d’anecdotes et remarquablement bien documenté.



Traduction de Katia Holmes.

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En Sibérie

Qu’est-ce qui fait que la Sibérie, plus que la Russie en général, alimente les rayons de ma bibliothèque. Est-ce que la Vodka y est meilleure ? Est-ce que l’herbe à bison dans la bouteille de Vodka y est plus parfumée et plus verte ?



Colin Thubron, aventurier-écrivain et vice-versa, part donc à la rencontre de l’âme russe. Celle de la Sibérie, du grand vide et du grand froid. « En Sibérie » raconte donc ses rencontres là-bas, à l’autre bout du continent. Il la connait bien cette Sibérie, il n’en est pas à sa première pérégrination, il a déjà écrit sur le sujet. Mais avec les différents évènements politiques qui ont bouleversé la Russie, il a repris son baluchon, sa chapka et son Thermolactyl. Le constat est amer. Ni négatif, ni positif. La pérestroïka est passée par là et avec, la corruption s’est instauré et la mafia a pris les commandes que le KGB et autres apparatchiks détenaient auparavant. Le communisme est mort, non par idéologie ou philosophie mais par tous ces petits arrangements sous-jacents qui excluent le peuple du pouvoir. Oui, si le Rouge n’est plus la couleur de ralliement du peuple russe, c’est bien à cause de ces maisons fleurissant au bord de la mer Noire. Le Rouge et le Noir, de Staline à Elstine.



La Sibérie est grande, immense, gigantesque mais une chose unie encore tous les peuples de cette contrée : la misère. Est-ce que Staline est haï et regretté, lui qui a tant fait pour le « développement » de la Sibérie en y instaurant de nombreux goulags, camps de déportations, de travail ou de rééducations. Des prisons à ciel ouvert pour observer le scintillement des étoiles. Des prisons sans barreaux ni barbelés perdues dans une immensité glacée construites de façon « fortuite » à coté des mines d’uranium, de diamants ou d’autres réserves géologiques intéressantes. Même pas… Staline n’est pas un héros, et qu’il ait tué deux cent milles hommes ou cinq cent milles, n’est plus vraiment un problème, juste une querelle de chiffre. Est-ce que l’époque totalitaire de Brejnev où pour une parole déplacée on vous envoyait dans ces mêmes goulags pendant cinq, dix, vingt ans est regrettée ? Même pas… Est-ce que Gorbatchev garde la même aura et le même prestige là-bas que dans nos pays occidentalisés ? Qui ? et que dire du premier promoteur de la vodka, j’ai nommé Boris Elstine ? Certes, les sibériens sont plus libres. Mais libre de quoi ? Libre de mendier surtout car la crise est passé par toute la Russie, Sibérie comprise, crise et mafia, cela va de pair et les maux sont tels que Brejnev pourrait passer pour un sauveur de l’âme russe. Car à cette époque, on mangeait mieux en prison qu’en liberté de nos jours. Voilà le constat terrible de cette Sibérie d’aujourd’hui.



Mais, oublions un instant cette géopolitique à la dramaturgie intense… L’âme russe passe aussi par quelques chansons populaires sur lesquelles se raccrocher, sur ces instants au coin du feu à s’ivrogner la gueule en vidant les fonds de bouteilles de Vodka glacée à l'herbe de bisons.



[...]
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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En Sibérie

Du plus loin que je me souvienne, la Sibérie m'a toujours fascinée. Je ne suis cependant pas assez téméraire pour entreprendre le voyage réalisé par Colin Thubron. Il a parcouru 24.000 kilomètres en train, en bus, en stop ou à pied. Il a appris le russe, c'est indispensable pour un tel périple.



« Qu'est-ce que je faisais là ? Mes yeux s'ouvrirent sur la nuit. J'essayais de trouver l'âme d'une Sibérie qui semblait n'en avoir aucune ; j'espérais être au moins le témoin momentané de son passage à travers les débris du communisme, afin d'entrevoir le vieux, l'inextinguible désir de croire… Car je ne pouvais imaginer la Russie sans foi. »



J'ai déjà lu des livres sur l'histoire de la Sibérie (dont L'épopée sibérienne d'Eric Hoesli) mais ici l'approche est différente. L'auteur va à la rencontre des habitants qui témoignent de leur quotidien, qui évoquent le passé.



Son écriture est fluide, agréable à lire et c'est richement documenté d'un point de vue historique. de l'Oural (Ekaterinburg) à l'Extrême-Orient (Magadan), Thubron m'a régalée de faits historiques.



J'ai été fascinée par la princesse de l'Altaï, la momie tatouée d'une femme du 5e siècle avant J.-C.



Je n'avais jamais entendu parler du soulèvement de Vorkouta en 1953. Il y a eu quelques révoltes dans les camps de travail après la mort de Staline.



J'ai toujours eu du mal à m'imaginer que le lac Baïkal soit plus grand que la Belgique (en superficie). Il est d'une richesse incroyable (point de vue biodiversité).



Bref, Colin Thubron m'a donné envie de fouiner… et j'adore cela.



À côté de cela, il y a tout l'aspect humain qui m'a touchée. Certaines communautés vivent dans une grande misère. Beaucoup ont été dépouillées de leur culture lors des années de la terreur et bien des années plus tard qu'est-ce qu'il en reste ? Pas grand chose parfois.



Je pense que je vais essayer de trouver d'autres livres de l'auteur. J'ai vu qu'il avait déjà réalisé plus tôt un voyage en Russie (à l'époque de Brejnev) mais aussi en Chine (L'Ombre de la Route de Soie me fait bien envie).



« Mes récits de voyage naissent de ma curiosité pour ces mondes que ma génération trouve menaçants : la Chine, la Russie, le monde islamique… (et peut-être avais-je aussi le désir de les rendre plus humains, de les comprendre). »



« Ses récits s'attachent (…) à montrer comment l'Histoire peut façonner les peuples et les paysages. S'il est un arpenteur de mondes hors pairs, il est aussi l'explorateur des relations humaines, de la mémoire, et n'a de cesse de mesurer la distance qui sépare l'idéal du réel. » (https://www.etonnants-voyageurs.com/spip.php?article1140)



Ce livre a reçu le Prix Nicolas Bouvier en 2010. Une très belle découverte, un livre que j'ai reçu à l'occasion de mon anniversaire en octobre.







Challenge ATOUT PRIX 2020

Challenge livre historique 2020
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En Sibérie

C'est le deuxième livre que j'ai le plaisir de lire de cet auteur, et c'est un vrai régal, il sait allié poésie, voyage, histoire, et quotidien.

L'auteur voyage selon les moyens, train, bus, auto-stop, bateau etc... et dort aussi ici et là, chez l'habitant, dans un hôpital, il va au cœur des villages, et côtoie donc de près la vie des gens.

C'est pour cela que c'est fort intéressant, vivant, et passionnant. Il ne se contente pas de décrire les paysages, il les sublime et on a la très nette impression d'être à ses côtés pour admirer. Il ne se contente pas de traverser un pays ou de battre un record, il chemine tout allant à la rencontre d'un pays, de nous offrir ainsi plein d'anecdotes, des moments de vie, des histoires ou des légendes.

C'est très riche, varié.

Le style me ravit, ce livre se lit comme un roman mais plus doucement, car on prend le temps de savourer.

Je recommande vraiment cet auteur pour les lecteurs qui aiment les récits de voyage. Il fait partie de mes préférés avec Nicolas Bouvier.

Ils ne sont pas comme la majorité à déballer leurs exploits leur nombre d'ampoules ou le défilement de leur journée sans grand intérêt.

Ils sont de vrai voyageurs allant au gré du vent à la rencontre d'une population, d'une terre, d'une contrée.

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L'ombre de la route de la soie

Je serais brève, la seule critique sur Babelio est excellente et complète.

Je lis régulièrement des récits de voyage, et chaque auteur a plus ou moins sa particularité. Ici, il n'y a pas de blablas sur le côté technique, bobos, etc du voyage. J'ai apprécié justement que le récit nous offre tout sauf les mésaventures matérielles du voyageur. Thubron est un excellent conteur, et nous offre l'histoire sur un plateau d'argent. Il va à la rencontre des peuples d'aujourd'hui et ceux d'antan, tentant de nous éclairer sur le monde actuel et celui qui fut. Comment la route de la soie, a fait ce brassage de nationalités, de religions, de guerres etc...

Beaucoup d'histoire humaine, de géographie également, c'était passionnant, mais à lire avec douceur.

Je compte bien me procurer d'autres titres de ce auteur, car ce n'est pas un voyageur qui rapporte l'exploit de ces itinéraires incertains, dangereux ou improbables, c'est un voyageur qui nous prête ses yeux, et tous ses sens pour qu'à notre tour nous puissions voyager. Quand on referme le livre, on a l'impression d'avoir survoler des siècles et des siècles, d'avoir côtoyer multitudes de peuples tous différents.

Bien loin des livres que j'ai pu lire si ce n'est ceux de Nicolas Bouvier qui allaient au coeur des peuples et très loin de ceux de Sarah Marquis qui se contente de traverser des pays sans vraiment s'y intéresser ni nous offrir un panel d'histoires, de vécus, sauf nous étaler son exploit certes honorable mais pourquoi en faire autant de livres, si à chaque voyage, elle nous ressasse les mêmes tourments, les mêmes émotions : marcher, marcher certes, mais je ne les qualifierais plus de : récit de voyage.



Un auteur donc intéressant pour ce genre de livres, qui s'intéresse plus au pays, au peuple, qu'il peut rencontrer qu'à ses bagages, ses pieds, son alimentation, il n'en dit presque rien. Ce n'est pas un marcheur, juste un voyageur qui utilise tous les moyens qu'il peut rencontrer comme le bus, l'auto, le train f(l'avantage c'est qui côtoie le peuple de tous les jours) , et fort heureusement car vu le nombre de km qu'il lui a fallu pour parcourir cette fameuse route de la soie, à pied il y serait encore.

Une belle lecture !
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L'ombre de la route de la soie

Bel ouvrage que ce récit de voyage qui mêle habilement histoire passée et histoire récente des peuples vivant dans les régions traversées. L'auteur n'oublie pas l'élément humain en nous révélant des personnages bien souvent empreints de siècles de traumatismes. Les descriptions de paysages sont très réussies. Pour mieux goûter ce livre, il me semble utile de l'apprécier dans un décor radicalement opposé à celui qui est présenté. Par exemple, je l'ai lu à la plage, ce qui permet de mieux respirer face à l'oppressante atmosphère de régions où la paix semble ne jamais s'être arrêtée.
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Destination Kailash montagne sacrée du Tibet

Destination Kailash, la montagne mythique des Hindous, déjà évoquée sous les traits du mont Mérou dans les anciennes écritures hindoues, qui s’élève jusqu’au palais de Brahma.



Le Mont Kailash, un imposant cône de pierre et de neige qui surgit au milieu des hauts plateaux de l’Ouest tibétain, euh pardon chinois, et où les quatre fleuves d’Inde – l’Indus, le Gange, le Sutlej et le Brahmapoutre - prennent leur source.



La montagne se dresse en arrière-plan de deux lacs sacrés, le Manasarovar, un fragment égaré de l’océan originel Téthys, dont l’eau mène au paradis et le Rakshas Tal, le lac des démons. Le Kailash est une montagne sacrée, elle aussi, résidence de Padmasambava, le Bouddha de la compassion, lieu de méditation et de retraite de Milarepa et actuellement lieu de pèlerinage pour les Hindous et les Bouddhistes.



On embarque immédiatement avec Colin Thubron pour ces paysages grandioses et silencieux, ces terres hostiles, ces fleuves impétueux et ces peuples joviaux. On croise des pèlerins mais aussi les dernières caravanes de yaks qui convoient le sel, aujourd’hui plus en plus souvent remplacées par les caravanes de contrefaçons et de contrebandes chinoises qui inondent les marchés indiens.



Le récit est prenant et me semble fidèle à la réalité. En tout cas j’y ai retrouvé l’atmosphère du Népal et des vallées himalayennes que j’ai eu le bonheur de visiter il y a bientôt vingt ans.



Du bonheur pour les amoureux de montagne, de voyage, de mythologie indienne et tibétaine, d’histoire et de rencontres.

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L'ombre de la route de la soie

Voici un récit très érudit sur un itinéraire mythique, celui de la "route de la soie", tel que l'écrivain-voyageur Colin Thubron l'a parcouru avec les moyens qu'il avait à sa disposition, trains, bus, auto- ou camion-stop, parfois à cheval ou encore à dos de chameau. Un périple audacieux que l'auteur a tenu à effectuer "dans le bon sens", c'est à dire en partant de Xi'An, la capitale de la Chine impériale, pour rejoindre la Méditerranée à Antakia ( anciennement Antioche), sur la côte Sud-Est de la Turquie.

Colin Thubron rappelle à ce propos que le commerce de soie ( mais aussi de papier, de fruits, de fleurs...) se faisait d'Est en Ouest, partant de Chine pour approvisionner les marchés d'Asie centrale, du Proche-Orient et d'Occident. En échange de leurs produits, les chinois ramenaient chez eux des objets en verre, en or, en argent, des épices, des pierres précieuses, des lainages...

L'auteur livre au lecteur, à chaque étape de son voyage, des informations très documentées, à la fois sur le plan historique et géographique, sur les villes et les lieux traversés.

Ce récit me paraît également très lucide sur ce qu'est devenue cette route mythique qui, comme le laisse entendre le titre de l'ouvrage, n'est plus qu'une "ombre" qui laisse au voyageur de passage une inévitable nostalgie.
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L'ombre de la route de la soie

Colin Thubron ce nom vous dit-il quelque chose ? Les anglais (car il est anglais...) le considèrent comme le plus grand des "travel writters" vivant. Ecrivain voyageur Colin Thubron l'est assurément . On peut le rapprocher d'un Paul Théroux , comme lui voyageur ET romancier. Mais Théroux est moins passionné par les vieilles pierres et plus désenchanté par le monde tel qu'il est ; il suffit de lire son crépusculaire "Safari noir" , une traversée de l'Afrique du nord au sud pour s'en convaincre.

De Thubron j'avais bien aimé "En Sibérie". Voyage qu'il avait effectué peu de temps après la chute du mur de Berlin. " L'ombre de la route de la soie" c'est la relation d'un voyage de onze mille kilomètres qu'il entreprit il y a une douzaine d'années alors que les combats en Afghanistan faisaient rage et que la situation politique des nouvelles républiques d'Asie centrales n'était rien moins que chaotique. La légendaire route de la soie a toujours fait fantasmer les écrivains voyageurs ; Thubron n'est pas le premier a avoir mis ses pas dans ceux de Marco Polo et plus avant dans le temps de tous ceux qui empruntèrent les pistes caravanières pour échanger , troquer, vendre. Dès l'âge du bronze des échanges sont avérés entre l' Orient et l'Occident , et cela continuera pendant plus de deux mille malgré les vicissitudes causées par les invasions mongoles et les conquêtes arabes. Il faudra l'essor de la navigation à partir du XVIIe siècle pour tarir les échanges commerciaux qui s'effectuent désormais en contournant le Cap de Bonne Espérance.

A l'inverse de beaucoup d'écrivains voyageurs contemporains (je pense particulièrement à Bernard Ollivier et à son fantastique parcours à pied de Istambul à Xian en Chine ) , Colin Thubron va partir de Chine pour relier Antioche (Antakya) en Turquie , effectuant l'odyssée dans le sens que devaient emprunter les ballots de soie à destination de l'occident.

Dans une démarche plus culturelle qu'aventureuse ( Thubron n'a rien d'un Sylvain Tesson...) , il essaie de se fondre dans l'environnement , s'attachant particulièrement à ressusciter les mânes du passé. l''auteur a une solide formation classique et rien de ce que L Histoire produit ne lui est étranger. de la Chine à la Turquie, en passant par toute l'Asie centrale et l'Iran, c'est une suite de royaumes et d'empires souvent éphémères que Colin Thubron fera défiler pour le lecteur. A chaque étape, quelques soient les inconvénients logistiques, il n'oublie jamais d'aller humer le passé dans des palais en ruines, des mosquées décrépies , des caravansérails mal en point. Car la conservation historique n'est pas à l'ordre du jour dans tous ces pays plus ou moins en proie au désordre.

Ce survol éthéré de l' histoire a quelques siècles de distance pourra peut-être en agacer certains. Faire revivre Alexandre le Grand , le Christianisme Nestorien, Gengis Khan, Tamerlan, d'accord,mais Quid des hommes d'aujourd'hui ? On y vient !

De la Chine à la Turquie, l'auteur, a voyagé avec les moyens à sa disposition : stop, bus, train, camion. Seul la guerre dans une partie de l'Afghanistan l'a contraint de prendre un avion. Il s'est fondu dans la masse au plus près des gens. Loin de rester sur son Aventin archéologique, Thubron aiguise sa curiosité à chaque rencontre. Sa passion de l'histoire l'amène naturellement à s'inquiéter des dérives nationalistes et religieuses. Et dans ces pays le moins qu'on puisse dire c'est qu'elles sont explosives. Il y a dans ces pages quelques passages hallucinants qui font douter que la raison soit le propre de l'espèce humaine . le pragmatisme britannique de l'auteur lui permet d'aborder toutes les questions épineuses sinon taboues. Les histoires que lui racontent ses amis de voyage sont souvent poignantes et la tristesse semble le lot commun de beaucoup d'hommes et de femmes écrasés par le destin historique qui les dépasse.

Colin Thubron a bien vu que les frontières politiques ne recoupent en rien la localisation des peuples, des ethnies, des races...Depuis une éternité ces vastes espaces ouverts entre l'Orient et l'Occident ont vu le brassage continuel de peuples nomades, la succession de conquérants impitoyables, la fondation puis la ruine de dizaines de royaumes , les massacres d'aujourd'hui n'étant que la répétition de ceux d'hier.

Une douce mélancolie accompagne le lecteur dans sa découverte du voyage de l'auteur, lui aussi souvent gagné par la tristesse au vu de la comparaison entre l'âge d'or de la route de la soie et la désolation qu'il constate aujourd'hui. On a le sentiment très fort tout le long de cette lecture passionnante que trois mille ans d'histoire pèsent de tout leur déterminisme sur les vies d'aujourd'hui et que rien jamais ne pourra lever cette malédiction. Et c'est le grand talent de Colin Thubron de nous le faire partager.





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En Sibérie

Il est de ces contrées sauvages, presque vierges, où le temps semble être plus lent que nulle part ailleurs. La Sibérie en fait partie. Un territoire immense, froid, au bout du monde. C’est là-bas que nous emmène Colin Thubron, nous faisant revivre son long périple, à la rencontre des habitants, de la nature et de l’Histoire.





Avant toute chose, il est utile de préciser que ce livre s’adresse à tous les curieux avides de découvrir ce vaste pays qu’est la Sibérie. Sans quoi, les 470 pages risquent de vous paraître bien longues. Pour les autres, attendez-vous à avoir un panel très complet sur cet état peu connu : l’auteur part à la rencontre de personnages typiques (femmes, hommes, jeunes, vieux, pauvres, aisés, etc.), nous conte des pans de l’Histoire (goulag, état juif du Birobidjan, chute du dernier tsar Nicolas II, etc.) et nous fait découvrir des paysages absolument sublimes, tels que le Lac Baïkal ou les abords du fleuve Ienisseï.



J’ai beaucoup aimé ce périple, que l’on a l’impression de vivre avec Colin Thubron, notamment du fait qu’il nous fait également partager ces voyages en train ; des trajets trop longs, traversant des paysages désertiques et gris.

Il y a aussi beaucoup de philosophie dans ce récit : on découvre un monde tout à fait différent du nôtre, où les mentalités sont souvent extrêmes ; soit révoltées, soit résignées. J’ai été touchée par ce sentiment de solitude qui se ressent à la fois chez les individus mais aussi dans la nature elle-même. Grâce à des descriptions très poussées, le lecteur peut se représenter une image précise de ce que l’auteur écrit.



Concernant le style littéraire, je n’ai rien à redire : une écriture simple mais approfondie, des descriptions maîtrisées et un vocabulaire riche.



Un avis court mais un livre que je recommande à tous ceux qui sont curieux et intéressés par cette partie du monde méconnue, qui attire autant qu’elle intimide.
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En Sibérie

Le voyage à valeur humaine dans toute sa splendeur !

Je pourrais noircir des papiers au fusain, pour saisir ces ambiances, ces portraits où les lumières violentes éclatent à chaque page...
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En Sibérie

La Sibérie: « Une austère beauté, une peur indélibile » Voilà les premiers mots de de récit de voyage qui conduit Colin Thubron d’ Iekaterinbourg, où furent exécutés les derniers Romanov dans la maison Ipatiev, aux confins de la Kolyma où périrent des millions d’hommes.

C’est ce gigantisme qui l’attire, les étendues blanches et glacées, les fleuves parmi les plus grands du monde, un pays « ayant toujours servi de poubelle pour les criminels »

En pérégrin expérimenté il utilise tous les moyens de transport, du Transibérien aux avions brinquebalants, et lorsque l’essence manque il paie de sa personne et erre à pieds sac au dos et profite de la liberté offerte par la chute du communisme (on est en 1999) « C’était la première fois dans l’histoire de la Russie qu’un étranger pouvait se balader en Sibérie à son gré. »

Quelques noms égrenés au fil du voyage : Omsk où « Un siècle après Dostoïevski, Soljenitsyne était passé » , Novosibirsk sur la route qui relie l’Oural au Pacifique où « Il plut nuit et jour quand Tchekhov fit le long voyage de Sakhaline »

Akademgorod qui fut un temps la capitale des cerveaux scientifiques de l’Union Soviétique et d’autres lieux où Colin Thubron nous invite grâce à sa connaissance de l’histoire de la Russie : la vallée de Pazyryk dans l’Altaï, haut lieu de la civilisation Scythes, ce mystérieux peuple chanté par Hérodote.

Kyzyl où s’élève un obélisque marquant le coeur de l’Asie, Krasnoïarsk la cité admirée par Tchekhov que traverse l’Ienisseï et de là tout droit vers Doudinka et l’Arctique à bord d’un vapeur « Nous entrons dans un vide doré. Je me dis : voilà la Sibérie originelle — insaisissable, infinie — celle qui s’attarda au fond des yeux des premiers voyageurs, tel un inconscient géographique. Son apparente vacuité était une page blanche offerte à l’écriture »

Au gré de ses rencontres il pénètre dans la taïga avec un chasseur de bernaches et de rennes « De jour j’avais trouvé la taïga silencieuse, baignant dans une lumière verdâtre et une paix de cathédrale. Mais ce vide n’était qu’une absence d’humains. La forêt bruissait de toute la vie inquiète qui la peuplait : des lynx, des cerfs, des renards. »

Le Baïkal aux allures d’océan, Irkoustk où l’on suit la trace de Iekaterina Troubetskaïa et Maria Volkonskaïa, princesses qui choisirent de suivre leurs maris exilés par le Tsar.

S’enfonçant toujours plus profondément, Colin Thubron atteint le Pacifique, la frontière avec la Chine, le fleuve Amour et Iakoutsk pour terminer à Magadan, confins géographiques et humains de la Kolyma terre de désespoir où le froid est tel que « votre haleine gèle aussitôt, elle forme des cristaux qui tintent en touchant le sol avec un léger bruit surnommé le murmure des étoiles »

Là s’achève le voyage de Colin Thubron, une terre de douleur pour des millions d’hommes et dont il dit magnifiquement « Comment supporter ne serait-ce que la pensée des plaintes qui pourraient s’élever de cette terre »



’est un voyage extraordinaire, mais tout l’art de Thubron est de savoir, non seulement nous décrire cette démesure, ces paysages splendides dans un style d’une très grande élégance, mais surtout de savoir à merveille parler de ses rencontres, des personnages qui traversent ce livre : Un descendant de Raspoutine, le gardien d’un musée totalement vide, des fonctionnaires attendant un salaire qui ne vient pas, un archéologue oublié de tous, des vieux croyants Ermites dans la Taïga, les derniers juifs d’une communauté installée par le Stalinisme et aujourd’hui disparue.

Ses interviews très vivants, parfois très émouvants sont le fruit d’une culture immense, d’une chaude empathie qui lui permettent de nous porter à la rencontre de ces hommes et femmes, héros ou victimes tous en attente d’un avenir très incertain.

C’est mon troisième voyage organisé par Colin Thubron, j’avais il y a des années exploré la Chine avec lui et son récit Derrière la Grande Muraille montrait un don pour l’interview, pour les rencontres et l’observation qui m’avait séduite.

Ce voyage en Sibérie tient toutes ses promesses.
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En Sibérie

Sur ce bout du monde qui ressemble à la face cachée de la terre, l'écrivain-voyageur Colin Thubron est allé à la rencontre de personnages hantés, minés par la solitude et prisonniers des contrées polluées et abandonnées par le pouvoir central. Moscou (années 90, époque de Boris Eltsine) a souvent des mois de retard dans la paie des salaires. Le passé stalinien et les millions de morts du goulag flottent comme des fantômes.

Il y a ce vieux fou dans son arbre qui partage sa nourriture, il y a ce sosie de Raspoutine qui promène le voyageur dans son village, il y a des ivrognes partout , des bus déglingués, des Antonov fatigués, des bâteaux-vapeur. Seul les trains semblent sécurisants.

Il y a cette vieille femme qui pleure sur sa vie gaspillée, cette autre qui a les photos de ses enfants morts sur les murs de sa maison. La rencontre avec le scientifique fou Sacha à Akademgorod qui le fait entrer dans une machine de son invention, même si à la fin, il ne voit plus "qu'un vieil homme en pantalon de survêtement et en chaussettes élimées qui déraille." Il y a ce vieux faux chaman qui joue son rôle de "vieux croyant" et ses livres volés qui tombent en ruine. Il y a Sergueï et Galina, ce couple qu'on croirait sortis d'un conte russe, et qui entasse les denrées alimentaires dans leur cave creusée juste au-dessus du niveau du permafrost. L'hiver peut durer jusqu'en mai et le jugement dernier peut arriver à tout moment.

Il y a cet homme dont la figure porte l'empreinte d'une défaite tandis que sa vieille maman est hypnotisée par la télévision et Santa Barbara (à Skovorodino). Il y a cet archéologue qui vit dans l'illusion d'avoir trouvé une civilisation plus vieille que l'homme d'Afrique...Il est passé par Novossibirsk, la ville rêvée pour un claustrophobe, descendant dans la plus grande gare de Sibérie. Il est peut-être le seul Anglais à être resté à Potalovo, un village sombré dans la barbarie où les gens boivent du lubrifiant mécanique quand ils n'ont plus de vodka.

Colin Thubron décrit ce monde dans un style sobre et évocateur . Il ne parle pas ou peu de ses états d'âmes, ni des fatigues qu'un tel voyage doit engendrer. Il avance, c'est tout. Le sujet, c'est la Sibérie, sa toundra, son permafrost, sa neige, ses mélèzes, ses météos...Un long texte d'une très grande force qui laisse des images dans la tête.
Lien : http://killing-ego.blogspot...
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En Sibérie

L’écrivain voyageur Colin Gerald DrydenThubron est né à Londres en 1939. Il a travaillé dans l’édition et réalisé des documentaires pour la télévision mais depuis longtemps maintenant, l se consacre à l’écriture de romans et récits de voyage. Le présent ouvrage En Sibérie, est paru en 1999 mais traduit en Français que depuis 2010.

Colin Thubron est un voyageur cultivé, on pense à son compatriote Patrick Leigh Fermor, journaliste dans l’âme. Ses récits de voyage ne se contentent pas de descriptions de paysages bucoliques ou de couchers de soleil pour cartes postales. Quand Thubron part pour la Sibérie, il s’est fixé un plan de route allant d’Ouest en Est, de Iekaterinbourg, lieu du martyre de la famille du tsar, jusqu’à Magadan et la Kolyma de sinistre mémoire, au bord du Pacifique. Seul avec un bagage léger, mais parlant suffisamment le Russe pour se faire comprendre et interroger les hommes et les femmes qu’il rencontrera durant ce long périple.

Le voyageur prend son temps, passant du train au car, du bateau au bus, ne sachant pas à l’avance où il dormira le soir, jamais inquiet dans l’adversité, bien dans la lignée de ces illustres Britanniques grands arpenteurs de notre planète. Si les paysages ne sont pas le point fort de ses récits, c’est parce que l’écrivain sait que le plus important est ailleurs, il est dans la richesse inouïe des rencontres fortuites jalonnant son parcours.

Et il en croise des gens étranges. Il y a un soi-disant descendant de Raspoutine, une vieille femme rescapée des camps de travail du goulag, un moine bouddhiste, un major du KGB devenu chapelain baptiste, Sacha le scientifique « qui restait des nuits entières à bosser dans un grand bâtiment sinistre, baptisé Institut de médecine clinique expérimentale ». Et tant d’autres encore, tous petites gens du peuple, issus de minorités ethniques souvent.

Chacun, chacune raconte sa vie, telle qu’elle fût jadis, telle qu’elle est devenue aujourd’hui car des ombres sombres planent au-dessus de ces populations et de ce pays, Staline, Lénine, le communisme, ont marqué à jamais les esprits et les corps, du moins pour les survivants. Quand Colin Thubron entreprend son voyage, il n’y que dix ans d’écoulés depuis l’effondrement du régime communiste, il faut se remettre dans ce contexte historique pour mieux appréhender les propos des intervenants.

Toutes ces rencontres et lieux visités permettent à l’auteur d’évoquer les sujets les plus divers, les traditions du peuple des Scythes ou des Enètses, le retour de la religion, qu’on parle d’orthodoxie ou de bouddhisme, voire des chamans, ou bien encore l’éternel problème du continent russe, l’alcoolisme.

Travail sur la mémoire, réflexion sur le passé, Colin Thubron sous couvert d’un livre de voyage, nous embringue dans un portrait émouvant d’une nation dévastée, où ne semblent survivre que des fantômes et des rescapés, mais il précise « Ce n’est pas la nature qui a fait de la Sibérie un enfer, c’est l’homme ! ».

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L'ombre de la route de la soie

Ce livre nous a accompagnés sur les routes d’Ouzbékistan, du Kirghizistan et de l’Iran. Tout au long de ce récit palpitant, nous avons apprécié les descriptions vivantes où se glissent adroitement de nombreuses références historiques. Colin Thubron est un écrivain de talent, doublé d’un voyageur sympathique, ce qui est rare. Le ton reste très juste, il raconte les événements, sans se mettre au centre du récit. Il laisse s’installer les rencontres. Les incidents se succèdent sur son parcours, certains le mettent en péril, mais la détermination et le sens de la diplomatie de ce routard aguerri font merveille.

En le relisant, je savoure l’équilibre de ce récit intelligent porté par une belle écriture.

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En Sibérie

Pas une critique, seulement mes notes de lecture sur les étapes du voyage de Colin Thubron, "en Sibérie" :



- Iekaterinbourg : ville historique fondée en 1723 par Pierre le Grand, où fut assassiné le dernier Tsar.



- Tioumen : plus ancienne ville de Sibérie, fondée en 1586 par les Cosaques, et ses fastueuses demeures et églises en bois.



- Pokrovskoïe : village natal de Raspoutine.



- Tobolsk : capitale de la Sibérie jusqu'en 1824, dont la cathédrale fut le siège du premier évêché de Sibérie fondé en 1621.



- Vorkouta : ville née des mines de charbon du goulag.



- Omsk : ville industrielle, non détruite par la guerre. Des rues du XIXe siècle, le fort où Dostoïevski fut emprisonné durant 4 ans.



- La ferme Retchnoï : vestiges de camps de travail staliniens.



- Novosibirsk : troisième plus grande ville de Russie en superficie. L'auteur décrit l'impression de vide laissée par cette ville d'une démesure toute stalinienne, avec son opéra plus vaste que le Bolchoï.



- Akademgorod : ville vouée à la Science. La momie de la princesse de l'Altaï est conservée au musée de culture sibérienne, avant son retour à Gorno Altaïsk.



- Gorno Altaïsk et son musée.



- Tumulus de Pazyryk : les kourganes, tertres funéraires gelés construits par les Scythes, dont les trésors sont aujourd'hui conservés au musée de l'Ermitage à Saint Petersbourg.



- Village musée de Chouchenskoïe : lieu d'exil de Lénine entre 1897 et 1900.



- Kyzyl : capitale de la région de Touva, fondée en 1914, où survit la culture des chamans.



- Krasnoïarsk : ville historique devenue métropole industrielle de plus d'un million d'habitants, elle conserve quelques beaux vestiges de son passé.



- Descente de l'Ienisseï.



- Doudinka : village sur "pilotis" au delà du cercle polaire.



- Potolove : village émètse au milieu de la toundra, où l'auteur séjourne à l'hôpital pour sa propre sécurité, la population étant ravagée par l'alcool et la violence.



- Severobaïkalsk : ville avec des maisons en bois "temporaires", ayant servi aux travailleurs de la ligne Baïkal - Amour.



- Lac Baïkal : le lac le plus profond du monde, avec 1600 m de profondeur, âgé de 25 millions d'années.



- Irkoutsk : ville séduisante avec ses belles demeures d'aristocrates en exil (les décembristes, du nom du soulèvement réprimé de décembre 1825). Fondée par les Cosaques en 1652. Obélisque et tombe de Grigori Chelikhov, le "Christophe Colomb russe", qui lança une expédition en 1783 et revendiqua le territoire de l'Alaska pour le compte de la Russie. En 1812 la compagnie russe d'Amérique, qu'il avait contribué à fonder, construisit un fort russe juste au Nord de San Francisco. Le rêve s'acheva avec la vente de l'Alaska aux Etats-Unis en 1867.



- Oulan Oude : sa grande place vide avec une tête de Lénine géante sans corps, et sa cathédrale-musée dans laquelle s'entasse comme dans un débarras les témoignages de la culture bouriate bouddhique.



- Monastère bouddhique d'Ivolginsk.



- Tarbagataï et Kouïtoun : villages de vieux croyants, dans les vallées du Transbaïkal où la Grande Catherine les a installés à la fin du XVIIIe siècle.



- Novoselenginsk : ville où un missionnaire anglais du début du XIXe siècle voulait convertir les bouriates, et de là la Mongolie et la Chine.



- Skovorodino : ville dont part l'auteur pour aller voir le fleuve Amour, à Albazine qui est le lieu d'une importante bataille entre Russes et Mandchous au XVIIe siècle.



- Birobidjan et la région autonome juive de Birobidjan : 43 000 personnes y émigrèrent en 10 ans à partir de 1928. Lorsque l'auteur la visite, la synagogue peine à atteindre le quorum de 10 hommes nécessaire au culte.



- Komsomolsk sur Amour : fondée en 1932, la "Cité de l'Aurore" de Staline, regroupant usines d'armement et camps de concentration.



- Khabarovsk : ville moderne, grouillante de l'activité des marchands chinois.



- Iakoutsk : ville sur "pilotis", capitale des Yakoutes, peuple d'ethnie turque issu du Baïkal, surnommés les hommes de fer du Nord de la Russie. L'auteur décrit la résurrection artificielle de la religion païenne traditionnelle. Le musée de la ville abrite un squelette de mammouth.



- Région de la Kolyma : "la Planète", région de camps de concentrations russes, comprenant l'endroit habité le plus froid du monde, Oïmiaka et ses -72,1°C. L'auteur cite quelques victimes ayant témoigné de l'enfer du goulag : Ievguenia Ginzbourg, Mandelstam, Chalanov.



- Magadan : triste "capitale du goulag".
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En Sibérie

Colin Thubron, écrivain britannique, a fait de nombreux voyages dont il a tiré des récits.

Cette fois c'est la Sibérie qu'il découvre au cours d'un voyage qui le mène d'Ouest en Est de cet immense territoire.



Il voyage seul, sans savoir à l'avance où il dormira, se fiant aux rencontres au jour le jour.

Il parle suffisamment bien le russe pour pouvoir communiquer, cela lui permettra de se rapprocher d'un chamane, d'un moine bouddhiste, d'un descendant de Raspoutine, d'un scientifique et de bien d'autres personnages d'un peuple extrêmement bigarré.

Pourtant l'âme russe et encore plus l'état d'esprit sibérien est bien là, mélange de fierté et de soumission, dans cette région immense qui a du accueillir le Goulag et les déchets nucléiares.

Quand il fait ce voyage, le régime communiste ne s'est effondré que depuis dix ans et ces lieux à des milliers de km de Moscou n'ont pas vraiment changé.

Quant au peuple, il s'estime laissé pour compte des évolutions actuelles, le chômage est endémique, les jeunes essaient de partir....



Malgré quelques belles descriptions de lieux et de paysages, l'ensemble du récit donne un portait très sombre de ce pays.

Est-ce pour cela que je n'ai pas été envoûtée comme je le suis d'habitude par les récits de voyage ?

La construction elle-même, très classique (à chaque chapitre rappel historique, puis arrivée dans la ville ou le village, puis rencontre avec les habitants) donne un ton un peu répétitif à ce livre.

J'ai découvert beaucoup de choses de ce pays mal connu mais je suis passée à côté du "coup de coeur" que j'espérais !

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En Sibérie

Un écrivain britannique nous fait part de ses observations au cours de son périple de six mois à travers la Sibérie à la fin des années 1990. Il rend compte de ses visites de sites archéologiques, de musées, d'usines et de camps abandonnés. Il évoque ses rencontres variées avec une population dont la vie est bouleversée par les changements politiques récents, pour le meilleur (libertés nouvelles) et pour le pire (inflation, corruption, alcoolisme...).

Le trajet d'ouest en est de l'auteur est le fil conducteur du récit. Au gré des lieux et des rencontres, on découvre ainsi la géographie et l'Histoire du pays : assassinat de la famille impériale, Raspoutine, schisme de l'Eglise orthodoxe suite à sa réforme, goulags, expansion russe vers l'est, relations avec la Chine, guerre d'Afghanistan. Les cadres et modes de vie des populations côtoyées sont décrits par des aspects variés. Le fait religieux occupe nénamoins une grande place dans le livre, sans doute parce que Thubron y a été particulièrement attentif. C'est surtout la diversité des croyances présentées qui m'a surpris : chamanisme boudhiste, Eglise melchite, vieux croyants, néo-païens Yakoutes. L'auteur semble y voir une conséquence des bouleversements politiques récents.

Ce livre passionnant, très riche, est instructif et donne envie de voyager.

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En Sibérie

Immersion sur cette immense territoire qu' est la Sibérie. Ses paysages hallucinants, ses conditions climatiques extrêmes (-72,1 degrés relevé ) mais surtout ces témoignages qui ponctuent le voyage de l auteur. La Sibérie est un monde à lui seul. Entre le choc des cultures, la chute du communisme, les habitants survivent sans véritables espoirs d une vie nouvelle. La Vodka est un principe. Dans un village oriental, des gamins sont alcoolisés dès 12 ans et sirotent des fluides mécaniques si l alcool vient à manquer (de fait, les qq véhicules alentours sont immobilisés). Sentiment de solitude, de vie restée en l état depuis des années, d acceptation aussi. On sourit rarement durant les presque 500 pages. La mélancolie vous prend, la beauté des paysages et des âmes vivants dans cet extrême vous emporte. Difficile d imaginer des conditions de vie aussi rudes. Ce livre est un grand voyage géographique, météorologique, mais ce sont les rencontres qui laissent au lecteur que je suis une impression de beauté tragique.

Très bien documenté, je préfère cependant le style d Olivier rollin dans cet exercice de document de voyage. Enfin, je le dis, je suis prêt à payer mon livre plus cher si il le faut, mais merci de penser à insérer une carte de la région concernée (!!)

un voyage qui laisse des traces, assurément.
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En Sibérie

Fascinante Sibérie... Son nom est la fusion du mongol siber (beau, pur) et du tatar sibir (pays endormi), seulement trente millions d'habitants (dont cinq pour cents d'autochtones) pour plus de 9400 kilomètres d'ouest en est (et inversement) et sept fuseaux horaires... Le soleil peut se lever en même temps à Iekaterinenbourg et se coucher à Vladivostok...



Colin Thubron entreprend ce voyage à la fin des années 1990, seul, (il parle suffisamment russe pour passer pour un estonien, par exemple), empruntant le transsibérien bien sûr, mais aussi avion, bateau, pour s'écarter au nord et au sud de cette ligne ferroviaire mythique.



Un riche passé méconnu : on y a découvert le tapis noué le plus ancien de la planète (5ème siècle avant JC)



"Ce tapis se trouvait dans un tombeau scythe à Pazyrik, dans les montagnes de l'Altaï près de la frontière chinoise et faisait partie d'un trésor royal. De matière périssable, le tapis avait été miraculeusement conservé comme pour les mammouths de Sibérie, par congélation." Source http://www.globalarmenianheritage-adic.fr/fr/5culture/tapis/6pazyryk.htm



http://www.toutsurlestapis.fr/img/2/13375.jpg



Colin Thubron propose toute une galerie de personnages rencontrés au fil du voyage, la plupart déçus par la politique russe, vivotant dans de rudes conditions, parfois se repliant vers la religion. Les villes sont rarement belles, souvent polluées, délabrées... Une impression de décadence, d'abandon. Et surtout il évoque les terribles conditions des prisonniers. "Trois cents ans avant le Goulag de Staline, des groupes de bagnards avaient été expulsés à l'est de l'Oural.(...) Le besoin de peupler la Sibérie et d'extraire son minerai du sol suscita bientôt un flot de déportés toujours croissant.(...) Pratiquer la boxe, battre sa femme, mendier sous un faux prétexte de misère, couper des arbres de manière illicite, s'adonner au vagabondage et dire la bonne aventure : tout cela pouvait faire envoyer un homme en Sibérie." De même priser le tabac ou conduire une charrette sans rênes!







Mais c'est au 20ème siècle que tout a continué à grande échelle : les morts enterrés rapidement, la route et les rails posés au dessus. Les conditions de détention des déportés de droit commun ou politiques (parfois sous des tentes!), le travail forcé dans des conditions atroces (même en zone radio active!), le peu de nourriture, la maladie (typhus, tuberculose, pneumonie), les millions de morts, là franchement jamais je n'aurais imaginé à quel point c'était horrible! Dès que j'en aurai le courage, je sortirai les récits de Soljenitsyne et Evguenia Guinzbourg des étagères où ils attendent depuis des années...







N'hésitez pas à découvrir ce récit, magnifiquement écrit qui plus est, pour un voyage que vous n'oublierez pas...
Lien : http://en-lisant-en-voyagean..
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