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Critiques de Constance Rivière (97)
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Une fille sans histoire

Lorsque la vie n’est que fadeur et transparence, rêvée derrière la vitre d’une fenêtre anonyme, l’attentat odieux de novembre 2017 apparaît comme une aubaine pour passer de l’ombre à la lumière. Adèle, (ou Marianne?) réagit au quart de tour pour se glisser dans la peau de la fiancée de Matteo, un jeune étudiant italien qui assistait au concert ce soir de novembre, qui a sidéré un pays entier. . Elle le connaissait, ce jeune homme , pour l’avoir servi au bar qu’il fréquentait, et pour lui avoir dérobé les dessins qu’il griffonnait sur les nappes, s’inventant déjà une romance impossible.



Avec prudence, elle se compose un personnage, dont a posteriori les témoins interrogés pointeront les incohérences, trop subtiles pour mettre d’emblée le doute. Sa vie entière est remodelée à partir du drame. Et il faudra la perspicacité de la mère de Matteo pour que tombe le masque.



La construction est habile, avec la parole donnée en alternance à tous ceux qui se sont faits piéger par l’usurpatrice, ce qui donne du rythme au roman.



Même si cette histoire est une fiction, elle est d’autant plus vraisemblable que des fausses victimes ont en effet tenté de tirer parti de la confusion ambiante le plus souvent pour bénéficier d’une compensation financière. Ici la force du propos vient repose sur la personnalité de la jeune femme, inexistante aux yeux de son entourage, de celles dont on ne revient même pas le prénom, et qui se saisit de l’occasion dans une sorte d’élan de survie, pour vivre ses illusions. Sans compassion, sans contrition ni regret.





Un premier roman intéressant., pour la qualité de l’écriture et l’adresse avec laquelle l’auteure s’est saisie du sujet.


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La Maison des solitudes

Il n'a pas fallu de nombreuses pages pour que je sois totalement captivée de ce roman.

Pourtant les premières lignes m'ont un peu effrayée, une histoire de grand-mère, hospitalisée pour insuffisance respiratoire d'origine virale et interdite de visites : trop souvent entendu et lu au cours de l'année précédente. Mais rapidement, l'acharnement de cette femme qui fait le siège de l'hôpital pour tenter d'accéder à son aïeule, fait pressentir quelque chose de peu banal dans leur relation. Et cette histoire, qu'elle connaît bien sûr, la narratrice nous la distille au compte-goutte, alternant présent douloureux et passé à énigme.



C'est ainsi que trois générations de femmes se sont succédées, unies par un secret enfoui au fond d'un grenier, d'accès interdit comme la pièce fermée de Barbe-Bleue.



Si le thème n'est pas nouveau, et très exploité en littérature, le rythme du récit entraine une addiction incroyable et il est très difficile de le lâcher . La substitution des rôles induite par les mères blessées au plus profond d'elles-mêmes crée une dynamique particulière , qui explique aussi l'attachement de la narratrice.



Et puis il y a cette maison, le berceau de l'enfance, l'écrin de souvenirs heureux, mais aussi un mal-être, une inquiétude sous-jacente, que le silence des adultes ne parvient pas à effacer.



Le chagrin, la culpabilité, l'ombre omniprésente qui souligne l'absence, tout cela fait la trame d'une belle histoire d'amour entre deux femmes qu'une génération blessée sépare pour mieux les unir.



Merci à Netgalley et aux éditions Stock
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La Maison des solitudes

Petit roman , grosses émotions d'autant plus que l'auteure a placé dans son récit un peu de son histoire personnelle et que , sûrement , au fil des pages , certains , comme je l'ai fait , pourront retrouver des bribes de leur passé , chacun et chacune d'entre nous pouvant , à un moment ou un autre , s'identifier , voire pas du tout , ce qui n'est que mieux et n'évitera tout de même pas une certaine compassion , un regard charismatique .

Ce drame , c'en est un , concerne trois personnes d'où une sorte de huis - clos oppressant , incertain , plein de mystères .Trois personnes , donc , trois femmes : la grand - mère , la mère , Anne et la fille ,Elizabeth . Loin du jeu des sept familles . Bien moins drôle ..La grand - mère se meurt dans un hôpital . Sa petite - fille vient partager ses derniers moments , prévenue par sa mère ...qui est absente et ne parvient pas à franchir le seuil de la salle dans laquelle agonise sa mère .Voilà . Une histoire de famille de plus , les ravages du silence , la difficulté de l'oubli , l'impossibilité du pardon et pourtant un fil ténu à reconstituer pour comprendre ...

Je l'ai dit , on peut parfois se reconnaître dans ce drame à trois voix . Il suffit de se laisser porter , d'écouter ce passé qui remonte à la surface , ces terribles non - dits qui crucifient des innocents ...

Sans doute ne sommes nous guère pris de court face aux réalités qui s'exposent à nos yeux mais l'ensemble est bien construit , humain , efficace au point que l'on veut savoir comme si nous - mêmes étions concernés .

C'est vrai , les perceptions des uns et des autres seront peut-être différentes mais les histoires de famille sont si nombreuses et si étonnantes ..

La famille , quelle Histoire , quelles histoires ...

Allez , les amis et amies , passez une bonne soirée ...en famille et attention , quand on passe les vacances ensemble , on revient souvent , comme les fils de cette histoire émouvante , BROUILLES !!!

A bientôt .
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La Maison des solitudes

Elisabeth campe dans les couloirs de l’hôpital attendant de pouvoir serrer les mains de sa grand-mère, plongée dans le coma. Nous sommes en pleine pandémie, il n’y aura pas d’issue heureuse. C’est sa mère, Anne, qui l’a prévenue. N’ayant rien d’autre que l’attente, Elisabeth plonge dans ses pensées, ses souvenirs. Cette maison familiale où depuis l’âge de sept ans elle a passé toutes ses vacances en compagnie de ses grands-parents. C’est cette année-là que sa mère a coupé les ponts avec ses parents, ne voulant plus les voir, sombrant dans une profonde mélancolie et ne parlant que quand elle exerçait son métier de comédienne. La vie des autres est plus facile à jouer, à vivre. Cette maison que nous visitons pièce par pièce, lieu d’un bonheur certain, devenu le lieu du malheur. Enfin, pas totalement. Juste une pièce, interdite d’accès. C’est dans cette pièce qu’Anne a perdu les mots et malgré son amour infaillible s’est éloignée de sa fille car Elisabeth, cette année-là, a dû choisir : soit elle rentrait avec ses parents, soit elle restait avec ses grands-parents. La pauvre petite ne savait pas que derrière un simple choix de vacances, elle allait déterminer la vie de chaque membre de cette famille. Elisabeth remonte le temps, entre deux visites d’une infirmière. Elle se souvient de cette période où adolescente, elle se rendait dans la pièce interdite pendant les absences de ses grands-parents. Elle en a passé des moments dans cette pièce qui était une chambre d’enfant. Elisabeth va pouvoir serrer sa grand-mère contre elle, lui parler, avant son grand départ. Elle retrouve dans les affaires de sa grand-mère une lettre adressée à sa fille Anne où elle demande pardon, où elle explique.



Une histoire difficile sur les secrets de famille, la transmission générationnelle, les rapports mère-fille, les non-dits, les ressentiments, la culpabilité et même la haine. La grand-mère, dans sa souffrance de femme et de mère a été très loin, trop loin, se servant, peut être inconsciemment, je ne suis pas juge, de sa petite fille dès sa naissance.



Si l’histoire n’est pas très gaie, elle est contée brillamment par son autrice et se lit comme une enquête.



Dès les premières pages, j’avais envie de connaître l’histoire de cette famille et ses secrets.



Constance Rivière est une femme politique française. Je ne la connaissais pas. En même temps, je ne suis pas une référence en la matière.




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Une fille sans histoire

****



Adèle est seule, assise au bord de sa fenêtre ouverte sur un monde qu'elle imagine, des histoires de vies qu'elles se racontent pour tromper sa solitude, quand elle entend les agitations et les cris des attentats du 13 novembre. Elle allume la télévision et apprend au fil des heures, l'horreur des évènements. Quand elle voit le visage de Matteo apparaître à l'écran, ce garçon qu'elle croisait dans le bar où elle travaillait il y a quelques jours encore, elle ne réfléchit pas et part à sa recherche. Commence alors un long chemin de mensonges, d'affabulations et de tromperies...



Le premier roman de Constance Rivière est une histoire fort bien construite. Avec une écriture travaillée et rythmée, l'auteur nous emmène avec elle, aux côtés d'une jeune fille blessée et traumatisée.



Constance Rivière décortique avec intelligence la façon dont Adèle va vivre avec un petit mensonge qui deviendra, au fil des jours et des personnes qu'elle va rencontrer, une accumulation de faux souvenirs, d'émotions falsifiées et de sombres désirs.



L'auteur ne nous offre pas un récit linéaire. Elle sème sur le chemin d'Adèle, des personnages qui viendront éclairer l'imposture. Ils apportent alors une étrange lumière sur la jeune fille.



Car même si elle blessera ceux qu'elles croisent par ses mensonges, Adèle a elle aussi une histoire bien triste à raconter. D'ombres en brouillards, elle dévoilera doucement sa personnalité blessée par la transparence de son existence.

C'est une enfant traumatisée par les silences, les non-dits et les absences qui se révèlera au monde. De la grisaille d'une vie triste, elle ne cherche que la chaleur des regards... Mais on ne joue pas avec la douleur...



Un premier roman prometteur et une très belle découverte des 68premières fois.



Merci à NetGalley et aux Éditions Stock pour leur confiance...
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La Maison des solitudes

"La maison des solitudes "est un roman chargé d'émotions. Nous sommes prévenu dès la 4ème page de couverture et pourtant je n'y ai pas prêté attention et c'est un tord. Je n'ai pas du tout choisi le bon moment pour entrer dans cette atmosphère de mort, de souvenirs et de secrets.

J'ai bien conscience que j'ai un regard biaisé, altéré par les circonstances dans lesquelles je me suis embarquée dans cette histoire de famille brisée par les secrets et la mort imminente de la grand-mère. Je ne l'ai pas appréciée comme j'aurais dû, pas assez de neutralité.
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Une fille sans histoire

Dans le rôle de la victime collatérale



Pour son premier roman Constance Rivière s’est mis dans la peau d’une jeune fille qui endosse le rôle de la petite amie d’une victime des attentats de Paris. La mécanique infernale est lancée…



Nous sommes à Paris le 13 novembre 2015. C’est ce jour qu’un groupe de terroristes choisit pour frapper et laisser planer la peur sur la ville. D’abord incrédule, Adèle se terre chez elle en entendant les sirènes et les cris qui montent jusque chez elle. Comme beaucoup d’habitants de la capitale, elle reste sidérée devant sa télévision. «Alors qu‘elle s’apprêtait à aller dans la cuisine pour se faire un café et manger quelque chose, Adèle vit apparaitre un visage, une photo tenue par des mains qui tremblaient, une mère qui demandait des nouvelles de son fils, ce visage elle le connaissait, pas si bien mais quand même, elle avait aimé le regarder de loin dans le petit bar où il venait presque tous les soirs, où elle avait travaillé l’été dernier, avant qu’elle ne soit renvoyée, un peu à cause de lui. Elle se souvenait juste qu'il s’appelait Matteo, un prénom qui était, avec son accent italien, guttural, rauque, une promesse d’ailleurs.»

Quel instinct la pousse alors à se rendre à l’École militaire où sont accueillies les familles des victimes? Le besoin de monter sa compassion? Celui de secourir une mère en détresse? Difficile à dire. Toujours est-il qu’Adèle se présente comme la «petite amie» de Mattéo et qu’elle est prise en charge par la cellule d’aide psychologique. Que Saïd l’encourage à mettre des mots sur sa douleur, de raconter son histoire. Si elle ne se rend pas compte que son mensonge initial va l’entraîner dans une spirale infernale, elle se complaît dans ce rôle de victime. Tombe dans les bras des parents de Matteo et décide de les prendre sous son aile.

L’un des atouts de ce roman tient à sa construction polyphonique. Constance Rivière donne en effet tour à tour la parole aux différents protagonistes, ce qui permet au lecteur d’appréhender cette supercherie sous des aspects bien différents suivant qu’il s’agisse de la version d’Adèle, de Saïd, de la mère de Matteo ou encore de Thomas, le camarade de Matteo aux beaux-arts. Chacun portant à sa manière une pièce du puzzle, chacun vivant une réalité différente.

Les heures puis les jours passent, offrant à Adèle l’occasion d’enrichir son scénario pour le rendre plus crédible, de parler des victimes qu’elle a accueillies, de sa relation avec Matteo. Après avoir accueilli les parents de Matteo chez elle, avoir suivi sa dépouille jusqu’à Rome où ont lieu les funérailles, elle s’occupe des formalités administratives et de l’appartement qu’il occupait, raconte son histoire aux médias et devient l’une des porte-parole de l’association des victimes. En fait, « plus les heures passaient, plus elle était convaincue qu’elle avait bien eu une relation avec Matteo, peut-être pas une relation au sens où les gens l’entendent d’habitude, avec des échanges et des ébats, mais un lien muet qu’il avait forcément senti puisqu'il était là si fort, en elle.»

À l’image de Blandine Rinkel avec Le nom secret des choses, les ressorts du mensonge et de la mystification sont ici presque aussi importants que l’histoire elle-même. La vie d’Adèle bascule au moment où elle n'arrive plus à distinguer le vrai du faux. «Elle ne savait plus si la vérité, c'était le vécu des autres ou ses mots à elle, ce qui s’était vraiment passé cette nuit-là…»

Mais plus cette histoire s’ancre dans l’esprit de la jeune fille et plus la suspicion vient habiter l’esprit de ses proches. Même Saïd en vient à douter de la version de cette victime qu’il aimerait tant aider. Le filet va petit à petit se resserrer.

Constance Rivière réussit là un premier roman tout en finesse, montrant comment un mensonge en entraîne un autre et comment le fameux «quart d’heure de célébrité» devient une sorte de besoin dans une société en soif de belles histoires et de nouveaux héros. Un danger d’autant plus insidieux que l’on préfère souvent le «beau mensonge» à la démonstration de la «fake news».


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Une fille sans histoire

Alors que s'ouvre le procès des attentats du 13 novembre 2015, j'ai eu envie de me plonger dans l'étrange histoire d'une fille paumée qui trouve un sens à son existence grâce à ce drame.

Adèle est une jeune femme transparente : le genre de personne dont on ne retient pas le nom, que l'on ne se souvient pas avoir croisée. Elle adore imaginer la vie des autres, à défaut de vivre la sienne. Aussi, lorsqu'au lendemain de l'attentat du Bataclan, elle reconnaît à la télévision un jeune homme porté disparu, elle prétend être sa petite amie, et attire enfin l'attention. Elle existe aux yeux du monde, mais combien de temps pourra-t'elle faire illusion ?

J'ai trouvé gonflé de s'emparer d'un sujet pareil, mais j'ai apprécié le traitement qu'en a fait Constance Rivière. Dans ce court roman (160 pages), il n'y a ni pathos ni voyeurisme, juste un contexte tragique et un personnage à l'aplomb monstre qui va au bout de sa névrose. C'est assez troublant et fascinant à lire, d'autant que l'écriture de l'auteur et la construction de son récit sont très maîtrisées ; la sensation de malaise n'en est que plus grande.

C'est donc un livre un peu dérangeant, mais pertinent, sans concessions, et qui mérite qu'on s'y arrête.
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Une fille sans histoire

Oui, sans histoire cette fille, Adèle.

Tellement sans histoire que depuis l'enfance, elle est transparente aux yeux de tous.

Alors, quand a lieu l'attentat du Bataclan, à côté de chez elle, elle s'invente une histoire.

Ce Matteo disparu, qu'elle vient de voir à la télé, elle se souvient l'avoir servi quand elle était serveuse.

Elle en fait son fiancé, part à sa recherche, adhère aux associations.

Enfin elle existe, enfin elle est reconnue.

Voilà un livre bien écrit mais qui plombe le moral.

C'est triste et désespérant.

Cette fille fait évidemment pitié mais il est difficile de la prendre en affection.

Pourtant depuis l'enfance on la sent blessée, seule, fragile.

Ce mensonge qui enfle, enfle, prend des proportions inattendues, est parfaitement décrit.

La lecture est facilitée par l'alternance des personnages qui donnent leur point de vue sur Adèle, du coup l'ensemble est assez rythmé et la noirceur de la situation est moins pesante.

Sur un sujet plus que noir, c’était un pari d'écrire ce roman.

On peut dire que le pari est réussi

Je préfère quand même lire des livres qui donnent un petit peu plus d'espoir.
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Une fille sans histoire

C'est reparti pour moi avec une nouvelle sélection des 68 premières Fois ! Ma première lecture a donc été ce premier roman de Constance Rivière, Une fille sans histoire…



Dans ce livre, il est question d'une usurpation de la douleur et du traumatisme, d'une victimisation inventée, de troubles psychologiques, de perversion et de manipulation.

Une ambiance toxique et malsaine…

Une écriture très, voire trop, narrative…

Une focalisation en alternance de points de vue que l'on retrouve peut-être trop souvent dans les romans contemporains : facilité d'écriture ? J'avoue que je commence à considérer par ce biais cette façon de décomposer un récit…

Un personnage principal, Adèle, à laquelle je n'ai jamais réussi à m'attacher, une fille « transparente » et pourtant capable d'une forme de dédoublement de personnalité qui la pousse à commettre des actes dont elle se serait peut-être crue incapable…



Ce qui sauve ce livre, c'est son atmosphère baudelairienne avec le rappel constant de la solitude, l'image récurrente de la fenêtre et une certaine étrangeté, un paradoxe, une re-création du monde ; Constance Rivière a le souci des détails et les rend bizarres et choquants entre idéal fantasmé et triste réalité. Quelque part, c'est le Spleen de Paris revisité à la terrible lumière des attentats qui ont frappé la ville en 2015.

Une fille sans histoire est un roman dérangeant qui met l'accent sur l'attitude marginale mais, hélas, bien réelle des fausses victimes des attentats, de celles et ceux qui essaient de tirer profit d'une situation catastrophique pour exister et se faire valoir, au sens propre et figuré.



Un ressenti mitigé donc pour ma part, mais un livre intéressant à plus d'un titre : un roman paradoxal.



#68premieresfois
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Une fille sans histoire

Adèle, une fille sans histoire, est effacée, insignifiante, et passe ses heures à regarder la vie animée de Paris depuis son petit appartement. le 13 novembre 2015 au soir, elle est sur son rebord de fenêtre, comme toujours, et est témoin de l'horreur des attentat de Paris, ayant fait 130 morts et de nombreuses victimes.

Elle est sous le choc, dans un état de sidération. le fait qu'elle était là, sur place, qu'elle a tout vu, ajoute à son trouble. Elle souffre et se sent victime.

Le lendemain, elle reconnaît à la télé, parmi les victimes, Matteo, jeune étudiant en art qu'elle avait croisé quand elle était serveuse dans le bar du coin. Il a été fusillé au Bataclan.

Elle décide, sans trop savoir pourquoi, d'aller au centre d'aide des victimes à l'École Militaire. Et quand on lui demande qui elle est, elle répond qu'elle est la petite amie de Matteo.

Commence alors une énorme imposture, mensonge horrible, dans lequel elle se glisse et qui devient sa vérité. Adèle se lance corps et âme dans cette fausse histoire. Elle rencontre les parents de Matteo, les héberge le temps des démarches, devient porte-parole d'une association de défense des victimes... Elle fait sienne cette vie qu'elle invente. Elle manipule, élabore, ourdit nuit et jour. Cela devient sa cause, sa raison d'être. Elle était personne, elle est devenue victime.

Ce récit fait froid dans le dos, d'autant plus qu'il est tiré d'une histoire vraie.

Le roman commence par son procès et les pardons qu'elle adresse à la famille. Ensuite, on revient sur les faits, sa vie, comment tout a commencé et comment elle a continué à mentir. Alternent les témoignages au tribunal des différentes personnes concernées : la mère de Matteo, ses amis, le bénévole de la Croix-Rouge qui s'est attaché à Adèle etc.

C'est très bien construit, très intelligent. Même si l'on connaît l'issu, on veut savoir. J'ai lu ce livre avec beaucoup d'avidité et j'ai réussi à avoir de l'empathie pour Adèle. Une belle surprise que ce premier roman de Constance Rivière. Je recommande.

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La Maison des solitudes

C'est l'histoire d'Elizabeth, une jeune femme qui se rend au chevet de sa grand-mère.

Il y a de l'amour entre ces deux-là alors que la grand-mère n'a plus de contact avec sa fille, la mère d'Elizabeth.

Elizabeth, a elle, de son côté beaucoup de mal à établir un lien aimant et apaisé avec sa mère.

Bien sûr, il y a un secret qui explique ces relations compliquées ; secret que nous devinons rapidement mais cela ne gène pas la lecture.

D'une plume élégante, l'auteure brosse les ravages des non-dits, l'impensable deuil, le besoin viscéral de trouver un coupable, l'immense douleur et l'impossible rédemption.

L'émotion monte crescendo et, par petite touche, nous rentrons dans l'intimité de ces femmes jusqu'à la révélation de l'énorme sacrifice.

Une lecture poignante.



Lu dans le cadre du livre de poche 2023
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Une fille sans histoire

Tout commence par une condamnation .....Douze mois dont six avec sursis. Le verdict est tombé, les larmes viennent après la demande de pardon, il ne reste qu'à en connaître les causes.



A travers un récit à plusieurs voix, l'auteure traite de l'usurpation d'identité par désœuvrement, pour ne plus être celle qui courbe la tête dans ses épaules, celle que personne ne remarque mais devenir celle qui participe à l'actualité,  celle qui attire la compassion, celle qui vit.



C'est l'histoire d'un engrenage dans lequel Adèle ne va pas chercher à sortir.  Grâce aux événements tragiques, elle va s'inventer un amour, un lien, une raison d'exister, presque une famille, alors que jusqu'à maintenant elle était toujours en échec, seule.



Le récit choral permet de connaître les points de vue de ceux qui l'ont approchée : Francesca, la mère de Mattéo, le jeune homme décédé, Saïd le psychologue volontaire de la Croix Rouge etc..... Personne, sous le choc des événements, n'a rien soupçonné malgré certaines interrogations.



Une lecture dans laquelle je me suis lancée, sans temps mort, très vite interpellée par l'idée de départ, par l'écriture fluide, la construction et le fond. On peut aisément penser (et je crois que cela est arrivé) que des personnes, pour différentes raisons, s'immiscent parmi les victimes ou leurs collatéraux lors d'attentats. Pourquoi agissent-ils ainsi, quelles sont leurs raisons profondes et qui sont-ils ?



L'auteure dépeint Adèle comme une jeune femme un peu "paumée", depuis la perte de son père et de son boulot. Adèle fantasme des vies, sa vie, celles des autres lorsqu'elle est assise le soir près de la fenêtre, dans l'obscurité et qu'elle observe ses voisins. Alors quand elle aperçoit la photo de Matteo parmi celles des victimes du Bataclan, ce jeune homme croisé au bar où elle travaillait et avec lequel elle avait imaginé une histoire,  elle concrétise son fantasme et passe sur le devant de la scène, enfin elle existe.



"Adèle sentit immédiatement, instinctivement, sans y avoir réfléchi, qu'elle pourrait trouver dans ce drame où elle avait été projetée presque par hasard, en tout cas par une force qui lui avait échappé, une raison d'être, une densité, une consistance.(p54)"



C'est l'histoire d'une revanche, la revanche d'Adèle, devenue la fiancée d'une victime, celle qui s'implique, celle qui se fait la porte-paroles des proches, une sorte de porte-étendard des victimes, mais restant assez sourde à la douleur des autres, elle ne fait qu'enregistrer les informations pour tenir son rôle, le rôle de sa vie mais cela demande beaucoup d'attention, d'efforts pour être crédible.



L'auteure arrive parfaitement à décortiquer tous les détails de cette usurpation, sa montée en puissance puis son effondrement. Elle maîtrise l'engrenage des mensonges, le ressenti de chacun des acteurs, la construction de ce double, assez froide et sans émotions. Elle dépeint son héroïne comme un être assez froid, égoïste, sourde à la douleur des autres.



Un premier roman dont je n'avais pas entendu parler et que j'ai lu d'une traite, intéressée par le thème, par la forme, par l'écriture.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Une fille sans histoire

Quand une jeune femme trouve enfin le moyen d'exister aux yeux des autres en devenant la petite amie d'une victime du Bataclan.

Car adèle se doit d'exister pour survivre, mais depuis toujours elle est transparente aux yeux de tous, et depuis qu'elle a perdu son père, elle n'existe plus pour personne. Lorsqu'elle voit la photo de Mateo, elle s'invente peu à peu une vie et enfin une utilité.

A la fois émouvant et glaçant, avec des personnages qui dérangent, "Une fille sans histoire" est un roman qui interroge.

Lire ma chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2019/11/11/une-fille-sans-histoire-constance-riviere/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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Une fille sans histoire

Ainsi donc nous voilà déjà curieux de découvrir cette rentrée littéraire. Merci de la confiance accordée par les Edts Stock et NetGalley.

Le roman de cette fille sans histoire est le roman d'une imposture, du pourquoi et du comment devient-on devient-on imposteur.

L'auteur a pu observer de près le séisme provoqué par les attentats du Bataclan et démarre le roman à ce moment. "Elle", Adèle, est une fille qui vient de se faire virer du bistrot où elle travaillait et ce pour indélicatesse. Adèle a été une petite fille seule, ballotée de ville en ville au gré du travail de son père, sa mère n'étant plus qu'un vague souvenir.

Il ne lui arrive rien, n'a pas d'amis et il ne lui reste à vivre que par procuration.

Un soir, de la petite chambre où elle s'ennuie elle entend des cris, des sirène , la télé la renseigne sur ce qui se passe à côté de chez elle, elle y voit le visage d'un jeune homme qui fréquentait le bistrot.

Et à partir de là se met au travail son imagination (elle la fiance au jeune homme) et dans le tumulte, elle devient également victime par raccroc si j'ose dire.

Puis elle se révèle, devient incontournable pour les familles des victimes, elle est sincère et finit par croire à sa fable, sauf que la famille du jeune homme arrivée d'Italie risque de mettre fin à sa belle histoire. Histoire qui a pu être vécue d'ailleurs.

L'écriture est claire, vivante, parfois un peu touffue, mai c'est un premier roman.
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La Maison des solitudes

J’ai plongé dans cette lecture comme on saute dans le vide. Mon seul indice : le titre. La maison des solitudes.

Les premières pages ont fait naître quelques réserves dans mon esprit puis très vite j’ai été happé par la plume de l’auteure. Poétique et vibrante d’émotions.

L’histoire débute par un coup de téléphone malheureux. Ta grand-mère est à l’hôpital, dans le coma, dans un état grave. Un virus pernicieux a pris possession d’elle. Un virus non nommé mais bien connu de tous et toujours d’actualité. Elisabeth entend ce que lui dit sa mère ; elle lâche tout et prend le premier avion à destination de la France pour venir au chevet de sa grand-mère. On sent qu’une relation spéciale lie ces deux femmes mais sans en savoir plus à ce moment-là.

Les règles sanitaires sont strictes et Elisabeth n’est pas autorisée à voir sa grand-mère tout de suite. Une longue attente s’installe, propice aux souvenirs.

Les chapitres courts s’enchaînent et alternent le passé et le présent. La maison familiale est le fil de rouge de cette histoire. La maison de l’enfance, de l’innocence, du bonheur et du malheur. Au fil des pensées d’Elisabeth, les masques tombent, les fêlures de révèlent. Le journal intime de sa grand-mère déverrouillera les derniers secrets et permettra La révélation finale.

Difficile d’en dire plus sans dévoiler le cœur de l’intrigue.

La maison des solitudes, c’est le témoignage d’une famille brisée par une tragédie passée sous silence. Le manque de communication, la douleur, la pudeur ou peut-être tout cela à la fois entacheront à jamais la vie de ces trois générations de femmes et mettront à mal l’essence même de leur rôle de fille, de mère et de grand-mère.

Très jolie découverte !

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Une fille sans histoire

Voici un premier roman mené d'une main de maître ! L'écriture est un aimant ! Captivante, elle attire le lecteur de suite, dans cette profondeur de ton réfléchi, dosée à point et sérieuse. Douée de ce réel, l'histoire rappelle des faits sombres qui sont advenus lors de l'attentat au Bataclan le 13 Novembre 2015. Adèle est chez elle. Cette dernière observe le chao, les mouvements et les secousses. Ecoute les cris et perçoit un drame qui va résonner en elle jusqu'à l'abîme. Constance Rivière telle une marionnettiste tire les ficelles. Va faire de sa trame une envolée chorale où les protagonistes tour à tour vont parler d'Adèle. Cette dernière est la voix off. La première victime, elle-même. Elle va sombrer dans le gouffre de ses souvenirs, le décès de son père, et le vide de sa vie. Dépressive voire plus, Adèle détient un espoir : le mensonge. De jour en jour, le château de cartes se fragilise. Adèle s'éveille dans la folie mythomane et à contrario se meurt par ses dires absolument terrifiants. Les voix vont monter crescendo. le récit devient un terrain miné, l'irrévocable pour Adèle. Rarement un roman réussi ce tour de force. On a pitié d'Adèle malgré tout. Son macabre jeu est construit avec intelligence. Plus elle ment, plus elle se réalise. Mais quel est ce mensonge ? Ne rien dire de plus !! Juste, lisez ce récit. « Cette fille sans histoire » passe-muraille, quelconque et éteinte. Ce premier roman est brillant, noir, un peu comme un thriller moderne, dramatique, dont le suspens se situe dans l'esprit d'Adèle. Il est étonnant et sonne juste. C'est un témoignage capital, sans jugement de l'auteure. Et c'est là, le summum de ce récit. A lire pour comprendre les mécaniques humaines en lâchant prise à tout jugement. Publié par Les Editions Stock, lu dans le cadre des 68 premières fois .
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Une fille sans histoire

Un récit à la fois émouvant, bouleversant, révoltant et glaçant. 

Quand la transparence d'un être lui fait faire des actes inconsidérés. 

Adèle est une jeune fille comme beaucoup d'autres mais qui a la particularité de passer inaperçue auprès des autres. Elle est comme transparente et ne laisse aucun souvenir de son passage. 

Alors quand ce 13 novembre l'horreur se produit, elle se sent, au contraire de beaucoup d'autres, "revivre". Et pour revivre, elle va s'inventer une vie et un passé avec une victime. Elle va même finir par y croire réellement...

Ce récit interpelle et ne laisse pas indifférent... Il fait se poser des questions au lecteur et notamment celle de qu'est-ce qui peut pousser une personne à usurper une telle douleur?

On se demande d'ailleurs quelle est la part de vérité de ce récit.
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La Maison des solitudes

Comme cela m'arrive assez souvent, j'ai été happée, sans rien connaître de l'auteure ou de l'histoire, par la couverture avec cette porte ouverte; vers qui? vers quoi? Puis le titre m'a interpelée avec le mot "solitudes" apposé au mot "maison" ce qui va à l'encontre de mon image mentale de maison, lieu de rencontres, de retrouvailles, d'échanges, de chaleur.

Elizabeth est rentrée précipitamment de l'étranger pour retrouver sa grand-mère adorée qui se meurt à l'hôpital d'un virus virulent, jamais nommé, mais dont on connaît tous le nom. Les règles sanitaires l'empêchent de l'approcher mais elle reste dans le couloir de l'hôpital espérant pouvoir accéder à sa chambre. A la faveur de cette longue attente fiévreuse, les souvenirs affluent. Alors qu'elle fête tout juste ses 7 ans, elle découvre la maison familiale abandonnée pendant 30 ans mais aussi comprend qu'on lui cache quelque chose de grave car sa mère, Anne, après avoir été au grenier, coupe brutalement les ponts avec sa propre mère, qu'elle ne reverra plus.

Anne devient, alors, distante avec sa fille, Elizabeth, qui quêtera, sans succès, des gestes d'amour. Elle laisse, cependant, Elizabeth passer toutes ses vacances chez sa grand-mère.

Lorsque sa grand-mère meurt à l'hôpital, Elizabeth retrouve un carnet de l'année 1959 où elle consignait ses souvenirs, ses émotions. Et elle comprend enfin quel drame a détruit tout amour entre mère et fille sur deux générations.

Roman largement autobiographique, ce qui lui confère sa force, sa justesse et donne aux émotions une profondeur qui nous touche. Il traite de la douleur qui cherche un exutoire dans le rejet et la haine de la personne qu'on juge responsable de sa douleur, la douleur comme prison, enfermement, assèchement.

C'est aussi un roman sur le sentiment de culpabilité qui pousse à se faire souffrir pour expier.

C'est, enfin, un roman sur la quête éperdue de l'amour d'une mère par une enfant rejetée pour des raisons qu'elle ne comprend pas, les traces indélébiles que laisseront ces vaines tentatives sur l'adulte futur.

Très beau roman à fleur de peau, à fleur de cœur.

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Une fille sans histoire

13 novembre 2015, qui ne se souvient de cette date, qui n’a encore en tête les images véhiculées, ce jour-là et les jours d’après, par les media ? Ce n’est pas tant cette soirée, ni les horreurs vécues, mais surtout la suite que Constance Rivière nous fait revivre dans son premier roman "Une fille sans histoire".



"… elle finit par cracher ce mot, nécessaire mais qui la dégoûte, elle finit par le dire, dans un souffle qui lui semble un cri, "pardon", elle le répète plusieurs fois, pardon, pardon, pardon,…les larmes viennent avec, elle pleure pour la première fois… La sentence peut tomber. Douze mois, dont six avec sursis." Je n’ai pas lu la quatrième de couverture et pourtant, je comprends, j’imagine. C’est l’histoire d’Adèle, une fille que l’on regarde peu, qui passe inaperçue. Ce soir-là, elle est assise à sa fenêtre essayant de deviner les vies derrière celles qu’elle observe. Des bruits, des cris, un attentat, vont tout changer. Et quand elle voit à la télé le visage de Matteo, un étudiant porté disparu, client du bar dans lequel elle travaillait, elle s’invente une vie, part à sa recherche. Elle devient sa petite amie…



L’auteure nous raconte une imposture, une envie d’exister, de paraître dans les media, de se venger inconsciemment de sa solitude et de sa transparence. Elle décortique avec beaucoup de finesse, l’art du mensonge et de ses conséquences, cette impossibilité de revenir en arrière et cet enfoncement dans le déni. Elle dissèque avec subtilité les sentiments de chacun des personnages, nous les rendant tous attachants, y compris le plus sombre. Elle réussit superbement à expliquer la difficulté du deuil et celle d’être une victime.



Le roman est parfaitement construit qui à la fois expose les faits et donne la parole à chacun des protagonistes. L’écriture sert à merveille le récit, se met en retrait par sa simplicité, se fait presque oublier pour laisser le rôle principal à l’empathie que j’ai ressentie tout au long de cette lecture, l’empathie de l’auteure qu’elle nous transmet avec beaucoup de doigté.



"Une fille sans histoire" est de ces romans qui, subrepticement, sans ostentation, avec beaucoup d’élégance et de subtilité parviennent à vous emporter. Un très beau premier roman.


Lien : https://memo-emoi.fr
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