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Critiques de Corinne Atlan (87)
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Haïku : Anthologie du poème court japonais

"Eclipse de lune -

je regrette

ce haïku qui m'échappe"

(Kimura Toshio)



C'est comme si je voyais la scène...

La nuit est tiède, les cerisiers sont en fleur, et les poètes sont tous pleins d'inspiration devant ce phénomène lunaire. Et, son tour venu, Toshio Kimura cale... En se rattrapant aussitôt avec ces quelques mots qui disent tout. Devant un spectacle tel que l'éclipse, parfois les mots manquent, il faut le dire. Et les connaisseurs à l'âme poétique applaudissent...



Depuis la fin de l'été, ce recueil est sur mon chevet. Je lis, je relis, je commence à reconnaître la "patte" de tel ou tel poète. Bashô le philosophe, Buson le peintre, Issa le malicieux... tous capables de créer toutes sortes de choses avec leurs trois lignes courtes. Des tableaux colorés, des situations, des sensations, parfois des odeurs...



"Du fleuriste

le bruit des ciseaux -

je fais la grasse matinée"

(Ozaki Hôsai)



... sentez-vous aussi les pivoines et le vent chaud qui entre par la fenêtre ouverte ? Il est dix heures, peut-être dimanche; en tout cas, la rue est bien calme.



"Sous le divin nez

du divin Bouddha

pend une morve de glace"



... Kobayashi Issa, sans hésiter ! Chaud et froid à la fois, irrévérencieux dans sa contemplation révérencieuse.



Le recueil est précédé d'une introduction assez solide quant à la forme et la philosophie des haïkus. Un poème qui doit durer le temps d'un souffle, composé d'une partie immuable, ou éternelle (situation, saison) et d'une partie variable, créative et surprenante. La question de métrique et du nombre des syllabes est, à mon avis, moins importante pour un lecteur occidental - il est difficile de recréer la métrique originale par une traduction.

Mais quand vous êtes devant un haïku tel que



"Dans ce jardin

un siècle

de feuilles mortes !" de Bashô, vous ne pensez pas forcément à compter les syllabes, n'est-ce pas ?



Le tout est classé par saison - je déconseille cependant de le lire en ordre - huit poèmes à la suite commençant par "cerisiers en fleur..." peuvent facilement rompre l'émerveillement. C'est un livre à feuilleter; revoir les poèmes... vous vous souvenez encore des images qu'un haïku précis vous a créé avant. Et peut-être aurez vous les mêmes, ou d'autres - selon votre humeur. C'est la magie de la "partie éphémère" qui n'attend que vous.



Tant de choses à dire -

cette critique

m'échappe aussi !
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Un automne à Kyôto

Un voyage au Japon, le temps d'un automne qui se laisse lire par petites touches impressionnistes.



De retour à Kyôto, la narratrice nous invite à découvrir divers aspects de cette ville mythique, ancienne capitale du Japon.



On découvre à travers son regard et ses réflexions la double culture de la ville à la fois basée sur les traditions orientales et la culture occidentale, les paysages dans lesquels se côtoient les collines et les faubourgs plus animés de la ville, Les saveurs et les senteurs des aliments qu'elle nous fait partager, des fleurs et arbustes aussi, les couleurs de la nature lorsqu'elle revêt ses dégradés de gris, un gris différent de celui que l'on connait en France, plus lumineux, plus éclatant, le rythme des journées, des saisons, le calendrier lunaire qui ne se sont calquées que tardivement dans l'histoire nippone sur les rythmes occidentaux.



Il est également question des nombreux temples dans lesquels se déploient la spiritualité mais aussi une partie du patrimoine japonais, la narratrice aime les visites des jardins zens et captivants, ceux qui sont peu connus du grand public.



Les mentalités nippones sont différentes, la narratrice évoque la discrétion et la sincérité des Kyotoïtes qu'elle regrette lors de ses retours du Japon, des liens facilités pour les personnes vivant dans les mêmes îlots mais qui s'accompagnent parfois de certains inconvénients, tout n'est pas rose derrière les façades affables .



L'auteure nous livre tout un pan de l'histoire et de la culture de la ville et du Japon, de ses personnages célèbres, des événements culturels marquants, la retranscription de légendes anciennes.



Le récit est aussi parsemé de références à d'autres écrits sur Kyôto et le japon, il est aussi parcouru de haïkus et de nombreuses références aux oeuvres de Haruki Murakami dont elle est la traductrice.



Ce livre est tout autant un voyage intérieur au cours duquel l'intime de la narratrice nous est révélé à travers l'évocation de la ville, qu'une balade réelle qu'elle nous fait partager. A travers l'évocation de tous ces éléments, Elle nous invite aussi à la méditation, l'instant présent pleinement vécu et nous fait accéder à la pensée japonaise dans laquelle la temporalité et l'esthétique entre autre, sont perçues différemment. C'est ainsi qu'elle écrit :



« L'esthétique japonaise ne repose pas sur une différenciation entre beauté et laideur mais plutôt entre fugitif (hakanai) et permanent : réintégrer dans le renouvellement éternel des saisons, où s'inscrivent nos brèves existences humaines, les instants vécus, les choses vues, en établir des listes, afin d'en prolonger la trace. En peindre les détails avec le plus d'exactitude possible. » et plus loin :



« Aucune culture au monde n'a entrepris de dresser une liste du réel aussi systématique : il s'agit de « saisir » au sens propre de la réalité accessible non par l'intermédiaire des concepts, mais par le biais des perceptions et des sensations. »



Ce récit nous fait découvrir la culture japonaise à travers la ville de Kyôto mais convoque aussi le plaisir des sens, le mysticisme, passé et présent se mêlent constamment par l'évocation de souvenirs personnels et L'Histoire, la simplicité du quotidien et les envolées plus philosophiques.



La narratrice guide nous donne envie de découvrir cette ville mythique surtout en ce moment ! On s'attache à la partie culturelle, historique fantasmée et zen du récit. Mais le Japon comme d'autres pays connait et a connu les difficultés que l'on sait, c'est un endroit où les conventions prédominent et le conservatisme d'état est de mise, la misère humaine y est toujours présente, reléguée dans des villes moins touristiques que Kyôto, la dénatalité et le vieillissement de la population renforçant cet état de fait. Par ailleurs, dans le livre, un certain souvenir de Fukushima flotte dans l'air se mêlant à la fête qui perdure cependant.



"Kyôto, joyau hors du monde, flottant comme un vaisseau cosmique, loin au-dessus des souffrances de l'époque."

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Haïku : Anthologie du poème court japonais

Né de la rencontre de l'infini et du fugitif, le haiku est un instantané de vie fixé pour l'éternité.



Trois petits vers tout simples qui, le temps d'une respiration, provoquent une émotion, une sensation, une réminiscence.

Un émerveillement.



Du printemps à l'hiver, cette anthologie se découpe en quatre parties, précédées de quelques pages d'explications concernant ce court poème très évocateur qu'est le haiku, «explosion spontanée d'une fleur de sens».



« Fût-ce en mille éclats

elle est toujours là

la lune dans l'eau! »

(Ueda Chôshû)

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Haïku : Anthologie du poème court japonais



Voilà une façon très intéressante et pertinente de découvrir l'art subtil du haiku. C'est par le biais de cette anthologie que j'ai connu Zėno Bianu, qui collabore ici avec Corinne Atlan .





Quoi de plus logique que de présenter ces poèmes de l'instant par saisons ?Le terme utilisé est "kigo" et il paraît que les traditionalistes considèrent qu'un haiku sans kigo ou mot de saison n'en est pas vraiment un.Dans l'introduction, les auteurs nous font bien comprendre que la richesse et les sens multiples des mots japonais rendent la traduction assez complexe.Mais passionnante aussi.





Comment traduire l'éphémère, le fugace, quelle que soit la langue ? Comment exprimer cette " floraison spontanée d'une évidence", ainsi qu' il est si joliment dit ?



Au-delà d'un engouement occidental qui prend des allures de mode, de "c'est dans l'air du temps" ( bien adapté à ce type de poème, je trouve!), il faut reconnaître que le haiku attire, séduit, retient.



Souffle fragile

le haiku inspire

vibration de l'instant



Oscillant entre simplicité, philosophie de vie,exaltation de la nature mais aussi prosaïsme et humour,le haiku nous déroute, nous surprend, nous émerveille, par l'éclair de vérité, la fulgurance des sens qu'il ėveille en nous.Comme le magnifique écho qu'a eu en moi ce poème :



" Au clair de lune

je laisse ma barque

pour entrer dans le ciel"



Koda Rohan



Le clin d'oeil malicieux me plaît aussi, quand Issa écrit :



" Grimpe en douceur

petit escargot

tu es sur le Fuji!"



Le lecteur n'est pas sensible à tous les haïkus proposés, et c'est normal, chacun sa propre résonance, son ressenti particulier. Mais il reste , après lecture par touches, au fil des jours, une impression de sérénité, de repos de l'âme. Un effleurement de papillon, un frisson de vie...







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Haïku : Anthologie du poème court japonais

Ce recueil est parfait pour découvrir le Haiku grâce à ses pages de présentation en intro et ses explications à la fin du livre, juste avant la chronologie des auteurs.

On y retrouve des auteurs de la période d'Edo (1600 - 1868) à nos contemporains, il est donc très complet et aussi très varié dans les Haiku.

Il y a eu une volonté de thématiser par saisons et sujets, ce qui semble une bonne idée pour s'y retrouver mais qui m'a personnellement gênée car si on lit une double page dans son ensemble, on y perd la fraîcheur, dans le sens où on retrouve la grenouille, la luciole ou le cerisier en fleur toutes les trois lignes, brièveté du poème oblige!

C'est donc un recueil à picorer au hasard des pages et donc, à garder auprès de soi.
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Haïku : Anthologie du poème court japonais

J'adore ce souffle poétique, cet envol éphémère vers la beauté, cette buée chaude qui s'efface aussitôt.



Souffle poétique

Instantané de l'esprit

Voilà l'haïku



Ici le thème principal est la nature. D'ailleurs les parties de ce livret sont construites en fonction des saisons.

Leur tournure peut être grave, pleine d'humour, reposante, violente, emplie d'amour, triste...



Printemps :

Sur le sable du rivage

à chaque trace de pas

le printemps s'allonge (Masaoka Shiki)



Eté :

Sur la terre comme au ciel

les cerisiers fleurissent -

et moi je tousse (Nomiyama Asuka)



Automne :

Monstre

il montre son cul rond

le potiron (Natsume Sôseki)



Hiver :

Un coup de hache

dans la forêt d'hiver -

l'odeur me prend (Yosa Buson)



Hors saison :

Dans l'assiette de verre

le cliquetis des arêtes -

une famille ordinaire (Nagashima Yasuko)



Le haïku, la plus courte des formes poétiques, est composée de trois phrases de 5, 7 et 5 syllabes.

Son origine est lointaine et remonte aux alentours de l'an 760, avec pour ancêtre le tanka composé de deux parties : la première évoque la nature, la seconde un sentiment ou une émotion. C'est cette première partie qui donnera naissance, sous une forme indépendante, au haïku.

Beaucoup plus tard, vers les années 1930, les poètes japonais se démarqueront de ce thème traditionnel ( la nature ou la saison) et s'inspireront de la société, de la politique...

Pendant la guerre de 40, le pouvoir musellera les anti- traditionalistes allant jusqu'à arrêter certains d'entre eux pour "entrave à la sécurité de l'Etat".

Après Hiroshima, le Japon se tourne peu à peu vers l'Occident. Les poètes anti- traditionalistes reprennent vie et les haïkus partagent alors les références culturelles occidentales. Des écrivains de toutes nationalités vont à leur tour adopter l'écriture de ces courts poèmes.



Et des lecteurs du monde entier admireront la légèreté de ces petites plumes emportées par le vent de l'esprit.
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Haiku du XXe siècle : Le poème court japonais d..

Corinne Atlan et Zéno Bianu ont choisi de sélectionner des haijins japonais ayant vécu le XXè siècle dans leur chair.

Ces poètes auront connu l'ultranationalisme, la guerre, la bombe, les deuils, les maladies, les grands tremblements de terre. Ils témoignent aussi de l'industrialisation effrénée de l'après-guerre, de l'américanisation de la culture, de la globalisation, du chômage, de la pollution etc.

La majorité des poètes sont restés fidèles à la tradition formelle du haïku mais d'autres, comme Kaneko Tôta, ont choisi une forme plus libre sans mot de saison (muki-haiku) et ont abandonné le découpage classique en 5/7/5 syllabes.

Mais malgré tous ces changements, le haïku ne se confond jamais avec une autre forme poétique, il demeure un état d'esprit :

"Le haijin authentique cherche avant tout à retrouver et exprimer, par delà l'impermanence fondamentale des êtres et des choses, un espace/silence (ma) immuable qui prend ses sources au plus profond de la culture nippone, fondée tout autant sur une perception bouddhiste de la vie que sur l'animisme shintô, propre au sol japonais et antérieur à l'introduction du bouddhisme."

D'où cette immuable et merveilleuse attention aux plus petites bestioles qui nous fait sentir que la vie est un miracle permanent.
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Haiku du XXe siècle : Le poème court japonais d..

Ce recueil de haïku est divisé en cinq parties: printemps, été, automne, hiver et hors saison.

Chaque poème court est éblouissant: il apparaît comme une évidence, un moment précieux, une peine, ou une pensée retranscrite avec une apparente facilité.

Les mots simples, mais choisis, résonnent et émerveillent le lecteur.

Ce livre peut être lu en une seule fois, ou repris à tout moment de la journée pour le plaisir de découvrir un nouvel haïku.



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Le poisson rouge de Nanami

LES PETITS POISSONS DANS L'EAU, NAGENT, NAGENT, NAGENT...



Leo est le petit poisson rouge de la jeune et douce Nanami. Leo est unique, «il ne ressemble à aucun autre», c'est évident ! Mais comment ce gentil petit poisson est-il arrivé jusqu'à la fête d'été du quartier de Tokyo où vivent Nanami et ses parents ? Puis, de la fête où la petite demoiselle a attrapé le petit poisson de ses rêves à l'aide d'une épuisette jusqu'en le bel aquarium prévu à cet effet - offrir un poisson rouge à son enfant durant ce genre de manifestation populaire est, semble-t-il, une tradition au Japon -.



C'est que nous allons apprendre grâce au trait si délicat, d'une belle tendresse tendant à une espèce de réalisme stylisé, épuré et doux. Si l'ouvrage raconte bel et bien une histoire - celle de ce poisson rouge -, celui-ci se compose à la manière d'un récit documentaire à l'occasion duquel l'enfant (et pourquoi pas les adultes que nous sommes) découvre les premiers moments de l'existence du futur Leo, de sa naissance à partir d'un minuscule oeuf dans une ferme piscicole, en passant par sa croissance durant laquelle il passe d'un embryon parfaitement transparent à un juvénile jaunâtre pour prendre enfin sa belle couleur écarlate au bout du soixantième jour après son éclosion jusqu'à son arrivée, son passage dans un genre de marché de gros situé au beau milieu d'un lac, jusque chez le détaillant.



Les albums de Yuichi Kasano sont d'une fraîcheur absolument déconcertante. La vie s'y écoule doucement, amoureusement - dans le respect profond des choses, des animaux, des humains et de la vie -. On est très loin du Japon industriel, des mégalopoles, de la High-Tech mais ce n'est pas non plus nécessairement le Japon caricaturalement traditionnel tel qu'on se l'imagine, bien qu'on en soit plus proche que de l'autre. C'est plus exactement ce Japon rural méconnu qu'on y découvre, avec un sens du partage infini de délicatesse et, pour autant, sans aucune mièvrerie.



Quant à notre fille, Aliénor, puisque c'est notre lectrice en chef (et en attendant qu'elle ait l'âge de lire elle-même), TOUS les albums de ce dessinateur et auteur d'album pour enfant absolument extra lui plaisent, inconditionnellement. Après l'inépuisable Bloub bloub bloub, le redoutable d'efficacité Bonjour, les vaches ! - «papa, lis les ouaches, peuplé»...-, le si respectueux et altruiste Tu nous emmènes ? - qui aura très largement contribué à lui faire disparaître cette peur insurmontable des avions, merci les cinglés de l'armée de l'air qui passent en rase motte au-dessus des maisons...-, ce «passon geouge de Nami» est devenu l'un de ses best-seller ! Et le papa que je suis se doit de reconnaître qu'il n'est pas loin de penser la même chose : enfin un livre qu'on relit et redécouvre sans cesse et sans -trop- s'épuiser !



Cet auteur pour enfant, grand connaisseur de la nature et du monde agricole (sa formation initiale) est un génie : qu'on se le dise !
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Haïku : Anthologie du poème court japonais

Merci aux amis babélionautes de m'avoir conseillé cette anthologie. Je la trouve particulièrement riche et variée. Je découvre beaucoup d'auteurs contemporains mais aussi des classiques peu connus, bien référencés dans la bibliographie p 213.

A mon avis, il est préférable de lire l'introduction et la synthèse historique finale, à part, pour s'instruire. Et, de picorer, au hasard, dans l'anthologie, pour se laisser envahir par l'émotion.
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Haïku : Anthologie du poème court japonais

très belle anthologie formant elle-même un petit bonheur



A mon sens la poésie est un art - la littérature étant une technique - et j’avoue ne pas être sensible à cette forme artistique, seul le haïku, quand il titille ma sensibilité, a le don de me bouleverser au point de verser une larme.

Le haïku, lui, est à la fois art et technique. Son principal charme, en tous cas pour ceux de cette anthologie, traduits du japonais, étant son pouvoir évocateur des éléments de la nature, des saisons, de certains sentiments, de la futilité et de l’impermanence. Serions-nous japonisants que les sonorités, les rythmes, viendraient compléter la force de ces bijoux. Tous cela dans 17 syllabes, le temps d’un souffle.



Alors certain traducteurs souhaitant préserver ces dimensions vont faire abstraction de la contrainte syllabique afin de pouvoir choisir les mots et les sons les plus justes.

Qu’importe. Le résultat est là sous forme de cette magnifique anthologie dans laquelle nous naviguons doucement, entrainés de poème en poème par le petit fil ténu des saisons et des sujets.



Sous forme d’introduction, les auteurs nous font une belle présentation du haïku, de ses particularités et de sa force, de son imprégnation bouddhiste essentielle et, sous forme de postface, ils nous gratifient d’une courte histoire de cette forme si particulière de poésie.



Un très bel ouvrage, en édition de poche, dans lequel, néophyte ou amateur chevronné, trouvera son bonheur



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Haïku : Anthologie du poème court japonais

Car ils ont compris ce qu'était la sagesse, les japonais ont donné naissance à de réelles petites merveilles de la vie, de la nature et des choses: les Haïkus.

Une fois qu'on en a lu un, qu'on l'a ressenti, qu'on a humé une partie de son essence, on effleure alors cette sagesse unique, véritable pierre précieuse qui se fait rare de nos jours...
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Japon : L'empire de l'harmonie

En quatre-vingts pages petit format, Corinne Atlan, traductrice de nombreux romans japonais en France, dont ceux de Haruki Murakami, dresse un portrait fidèle et sans concession du Japon d'aujourd'hui.

Fidèle et équilibré à coup sûr, car elle y a vécu près de vingt ans et ajoute à son propre regard des entretiens avec trois experts de références : le Français Pierre-François Souyri, historien spécialiste du japon, notamment médiéval, et les Japonais Chikako Mori, sociologue et professeur d'Université à Tokyo et l'écrivain quadragénaire Keiichiro Hirano.

L'approche n'est pas celle d'un guide touristique, mais s'apparente plutôt à un reportage sur l'évolution sociologique du pays, une sorte de diagnostic sur l'état de l'archipel en 2016.

Non, ce n'est pas un guide touristique : si c'était le cas, nous aurions de magnifiques photos d'un Japon idéal et rêvé, temples shinto de Kyoto, geishas aux kimonos superbes, un Mont Fuji majestueux et visible de très loin, et bon, allez, quelques tours et constructions modernes et impressionnantes à Tokyo ou Osaka...

Au lieu de cela, après quelques pages sur ces attraits bien connus, Corinne Atlan émet de nombreux bémols. D'abord, les beautés du Japon ancien se perdent. Le pays sait trop bien l'impermanence des choses, pour être le plus exposé du monde aux risques naturels. Les destructions et reconstructions sont régulières, mais dictées là comme ailleurs par des intérêts économiques, le patrimoine historique n'est pas préservé.

Il conserve jalousement ses traditions et spécificités qui ne sont pas que des clichés (sa gastronomie, classée par l'UNESCO, l'empereur, les sumos, la floraison des cerisiers, le shintoïsme, le zéro retard des trains...), mais tire aussi une formidable vitalité de son hyper-modernité qui s'étale dans les longues nuits de la tentaculaire Tokyo.



Mais contrairement à ce que pourrait suggérer son titre, ce livre fait une très large place aux faces sombres du Japon, désormais bien connues et confirmées ici : vieillissement de la population, quartiers chauds de Tokyo où des mineures se prostituent, discriminations envers les descendants d'immigrés, peuplades anciennes, pauvres et sinistrés de Fukushima, une démocratie viciée, des jeunes apathiques et drogués aux jeux vidéos s'enfermant dans des univers artificiels.

Il y a une montée des inquiétudes, face aux démonstrations de la Corée du Nord et surtout au regain de tensions diplomatiques avec la Chine.



Un ouvrage intéressant à lire d'une traite, qui est avant-tout une bonne synthèse des interrogations qui secouent le Japon d'aujourd'hui, qui reste un géant économique, et aspire à sortir, non sans risque, de sa condition de nain politique.

Comme synthèse, il me semble qu'il a les défauts de ses qualités : si nous avons là un bon tour d'horizon des problématiques prégnantes aujourd'hui dans ce pays, il n'est qu'une simple introduction pour d'autres lectures passionnantes en perspective : le patrimoine et la nature, la gastronomie, l'histoire médiévale et récente, l'économie, la culture et la littérature, les problèmes environnementaux... les sujets d'approfondissement sont légions.



Précis, clair, factuel, et intelligent dans sa forme, ce petit ouvrage donne envie d'en savoir plus sur ce pays fascinant, et c'est déjà beaucoup !

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Petit éloge des brumes

" Nous sommes tous des enfants de la nuée".

Avec son petit éloge des brumes, Corinne Atlan au travers de sa jeunesse, de son expérience personnelle et professionnelle nous entraine dans sa vision floue, son ressenti de la vie à considérer que nous sommes tous le résultat de la condensation d'un nuage de gaz et de poussières !

Corinne Atlan est une romancière, une essayiste et surtout une grande traductrice ( 60 oeuvres : roman/kaïku/poèmes/théâtre ).

Dans sa jeunesse en France, elle aime déja le " flou" du à sa myopie, les rêves, les contes et au travers d'oeuvres classiques qu'elle a l'occasion de lire, d'admirer : elle cherche la brume !

Diplômée de l'Institut des langues et civilisations orientales, elle se décide à partir vivre pendant 10 ans au Népal ou elle enseigne le français, ou elle découvre les touristes, les accros d'opium mais aussi le culte de la méditation sur les hauteurs. Elle ira ensuite au Japon ( Tokyo,Nagano, Nagoya, Kyoto ) pour finalement partager son temps entre la France et le pays du soleil levant !

Elle nous propose quelques spécificités nippones comme la fête des cerisiers et le spectacle somptueux du nuage des pétales au vent, comme l'architecture qui se renouvelle tous les 100 à 150 ans suite aux incendies, aux séismes et qui est le contraire de notre conception de l'éternité avec nos cathédrales en pierres !

Une ode poétique sur les nébulosités et sur la légèreté de nos existences !

Malheureusement les photos des tableaux qu'elle commente dans son récit sont en noir et blanc !
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Le pont flottant des rêves

A qui se délecte avec la littérature japonaise, le nom de Corinne Atlan dira forcément quelque chose. C'est grâce à elle, et à ses collègues traducteurs et traductrices, que nous avons la possibilité de lire, découvrir, nous émerveiller avec les œuvres venues de l'archipel japonais. Nippophile mais non nippophone, je ne les remercierai jamais assez de leur extraordinaire travail.



Concernant l'auteure-même, je me suis rendue compte que la littérature japonaise a surgi et changé ma vie de lectrice avec deux de ses traductions : Le miroir des courtisanes d'Ariyoshi Sawako et, surtout, Kafka sur le rivage de Murakami Haruki qui fut comme une révélation en 2006.



Le beau titre qu'a choisi Corinne Atlan, Le pont flottant des rêves, renvoie d'emblée à la littérature de l'archipel, où cette image revient souvent, du Dit du Genji à Tanizaki. Ce pont flottant, ce pourrait également être l'acte de traduire d'une langue à l'autre, voire la traductrice elle-même qui par sa connaissance de la langue japonaise, entre autres qualités nécessaires, jette ce pont vers les lecteurs français et francophones comme on rapproche deux rives.

Elle revient d'ailleurs à plusieurs reprises sur cette idée - ce besoin même pour elle - de transmettre, de passer, de faire rencontrer auteur japonais et lecteur français. Aussi imparfaitement soit-il, explique-t-elle, car la traduction n'est pas affaire de "simple" technique de fidèle reproduction de l'original. Comment rendre les particularités de chaque écrivain, celles du système d'écriture japonais mêlant idéogrammes et deux syllabaires qui permettent tant de nuances, la musicalité des phrases, etc? Sans compter que le lectorat destinataire ne possédant pas toutes les clés de compréhension de la culture nippone, il appartient aussi au traducteur d'éclairer ces aspects proprement japonais.

"Pourtant, si impossible, si imparfait que soit l'acte de traduire,《quelque chose》passe dans le miroir tendu de la littérature, quelque chose d'indéfinissable et d'essentiel." (page 85).



Parcours de vie et de travail, récit de voyages, réels ou immobiles à travers les livres, réflexions sur l'humanité, sur ce qui rapproche les êtres de culture, nationalité ou temporalité différentes, déclaration d'amour à la littérature japonaise et à cette langue ô combien fascinante... Le livre de Corinne Atlan est tout cela et bien plus encore.

Alors que se multiplient les discours et propos essentialistes, des nationalismes qui s'exacerbent, qui voudraient nous réduire à des caractéristiques figées et illusoires, cet ouvrage fait du bien en offrant une vision universelle de l'humanité par-delà ses différences et singularités. C'est la pluralité et la diversité qui font richesse.

Et l'auteure de citer un texte du Xème siècle, Journal de Tosa de Ki no Tsurayuki: "Entre la Chine et le Japon les langues diffèrent mais l'ombre de la lune est la même et le cœur des hommes n'est qu'un."

Je conclurai en citant Corinne Atlan à nouveau: "Chercher à instaurer ou à restaurer un lien entre les langues, les traditions, les spiritualités, mettre l'accent sur ce qui nous réunit plutôt que ce qui sépare est peut-être ma façon de lutter contre la tentation, toujours présente, de la rupture et de la fuite." (pages 40-41).



Merci Mme Atlan pour cet intense, délicat et émouvant moment de lecture, ainsi que pour votre travail de "passeuse" de littérature, et de m'avoir donner à réfléchir sur les sujets que vous abordez avec tant d'humanisme.
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Haiku du XXe siècle : Le poème court japonais d..

Joli recueil de poèmes courts, ce livre accompagne le lecteur qui peut le consulter à son gré et ainsi profiter de poèmes traditionnels dans la forme, mais dont le fond intègre la modernité.

Pleins de douceur et conformes à l'idée que nous nous faisons de la culture japonaise, il offre des instants d'évasion bien appréciables.
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Haïku : Anthologie du poème court japonais

L’Anthologie du poème court japonais, recueil de haïkus choisis et traduits par Corinne Atlan et Zéno Bianu, est une référence pour les amateurs de ce genre littéraire.

L’anthologie regroupe des poèmes du XV e siècle à nos jours et bien entendu, les auteurs les plus connus y ont une place de choix.



Puisqu’il le faut

entraînons-nous à mourir

à l’ombre des fleurs

Kobayashi Issa.



Ces haïkus sont donc des reflets de leur époque, de la société japonaise mais également des joies et des tourments universels.



Passant le portail

je suis un homme qui va

dans le couchant de l’automne

Yosa Buson.



Soyons francs, l’ambiance qui règne dans ce recueil n’est pas des plus joyeuses. Un grand nombre de haïkus sont d’ailleurs des évocations de la maladie ou des derniers jours de leurs auteurs mais c’est sans doute pour cette raison qu’ils sont d’une pureté et d’une poésie indéniables.



Assise sur une balançoire

victime de la Bombe

la petite fille morte

Takashima Shigeru.



Des thèmes plus légers adoucissent heureusement l’ambiance générale du recueil.



Au doigt de bébé

s’accroche

un arc-en-ciel

Hino Sôjô



Des deux anthologies présentées par les auteurs sur les haïkus, celle-ci a nettement ma préférence.

A recommander.

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Haïku : Anthologie du poème court japonais

Quatre saisons, quatre chapitres pour voyager au plus profond de la nature même et découvrir avec légèreté la vie.



Les sections été et printemps sont très aériennes. On y évoque des fleurs et des plantes, des paysages calmes et paisibles.

Celle de l'automne annonce tout doucement des poèmes plus durs et corsés, décrivant des vents turbulents annonciateurs de mauvais temps et de tempêtes.

Le chapitre de l'hiver est quant à lui celui que j'ai le moins apprécié. Fort de mots crus et de sujets beaucoup moins poétiques, il nous offre cependant une image particulière de la nature. Le lecteur comprend que même les choses les plus disgracieuses, laides à regarder, font partie du cycle de la vie et de la nature. Malgré cet aspect un peu plus négatif, on ne démord pas de la simplicité des haïkus et des frissons qu'ils nous procurent.
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Haïku : Anthologie du poème court japonais

Que faisait cette anthologie dans la vitrine de ma Maison de la Presse préférée ? Je n'ai pas pu m'empêcher de l'acheter. Et je ne le regrette pas !

Une merveilleuse pépite littéraire, qui va intégrer l'étagère de mes références, celles qu'on lit, relit, oublie, re-consulte, ... et qui sont toujours les bienvenues.
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Petit éloge des brumes

Petite pause de bonheur dans ce monde brutal.

Avec cette autrice, qui se trouve être également une des meilleures traductrice de japonais, nous voyageons de brumes en nuages à travers le monde et ça fait un bien fou. Passant de ses expériences au Népal, où elle a travaillé dix ans, à sa vie au Japon, ses lectures éclectiques et très nombreuses, elle nous fait voyager avec intelligence et sensibilité.

Belle lecture, hélas beaucoup trop courte…
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