Citations de Corinne Bouchard (39)
Dans le monde des écrans à images, il y avait des paradis à cocotiers, des chocolats qui vous donnaient des extases, des habits qui vous rendaient beaux, et des gens qui gagnaient des millions en tapant dans une baballe.
Des sujets d'examen qui devaient être radicalement renouvelés, pour aboutir, en fin de compte, à des sujets sensiblement identiques, en plus compliqué. (p.125-126)
Ce qui n'empêche pas le système d'être gangrené par l'idée que les doctrines en cours sont "scientifiques" ; donc, si la réalité ne donne pas les résultats attendus par la théorie, la réalité a tort, et une radicalisation de la doctrine devrait la corriger. (p.106-107)
C'est toujours plus facile de changer les mots. La réalité résiste. (p.96)
En outre, est pris pour "scientifique" tout ce qui tend à éliminer un jugement humain, quoiqu'un jugement humain préexiste à la démarche même. (p.90)
Les professeurs commencèrent par râler qu'ils avaient ben autre chose à faire, car c'est leur penchant naturel, puis ils firent ce qu'on leur demandait, car c'est leur penchant aussi. (p.66)
En fait, le fond du problème provient d'une confusion entre l'uniformité et l'égalité : comme le montre le témoignage cité sur le collège unique, remettre en question l'uniformité du système est immédiatement assimilé à une contestation du principe d'égalité, et voilà pourquoi tout professeur contestant la faillite de l'entreprise est aussitôt taxé d'élitisme. (p.53)
Ils auraient pu apprendre autre chose pendant le même temps. En l'état, ils auront principalement étudié la paresse, la triche, la récrimination et l'esquive, voire l'intimidation. C'est vrai que ça peut servir, comme bagage dans le monde moderne. (p.52)
Dans le fantasme collectif, délibérément fabriqué et entretenu ces dernières années, ce n'est pas d'un diplôme qu'il s'agit, mais d'un ticket de loterie donnant droit à une chance de Réussir dans la Vie. Qui serait assez salaud pour rationner les tickets ? (p.43)
Opinion largement répandue, dans les familles et partout : l'échec est attribué au professeur, la réussite aux mérites de l'élève. (p.40)
Les élèves sont profondément convaincus que pris sur le fait, ça veut dire : "vu sur le fait". Ils ont une confiance enfantine dans la supériorité du visuel sur l'auditif, et tout leur sens de la justice se fonde sur l'axiome : pas vu pas pris. (p.29)
En revanche, ce qu'on voit se développer de façon fort inquiétante, en ville, campagne et banlieue, collège et lycée, c'est le règne du caïdat.
Un terme jamais utilisé pour définir le problème n°1 de nombreux établissements, et pourtant, comment ça s'appelle, quand le plus brutal impose cyniquement sa loi ? (p.19)
Quand ils ont une conscience politique et qu'ils trouvent le monde mal fait, ils rêvent de participer à des révolutions, pas à la gestion du bordel. (p.15)
Jamais vu un truc expérimental qui ne donne pas toute satisfaction à ses promoteurs, et pour cause, c'est les mêmes qui font les expériences et apprécient les résultats. (p.13-14)
Les "jeunes" ne sauraient être tenus pour responsables de ses dysfonctionnements, y compris quand ils les exploitent. (p.8)
On a affaire à un rouleau compresseur, ça discute pas, un rouleau compresseur, ça passe. (p.7)
mur de gauche: les panneaux d'affichage des syndicats. A les lire, il apparaît que les professeurs sont mal payés, mal considérés, accablés de travail, et que plus ça ira, plus ça sera pire. D'après cette prose, au stade de décomposition où en est arrivée l'Éducation nationale, il n'y aurait plus guère que le suicide collectif qui serait envisageable.
pages 57 et 58.
Le ciel est toujours bleu quand commencent les vacances.
Le problème, c’est que les élèves, pour la plupart ne voient absolument pas l’intérêt des études qu’on leur propose : la tendance actuelle est de n’envisager l’éducation qu’en termes de formation professionnelle. Aussi, quand on leur demande ce qu’ils attendent de l’instruction qu’ils reçoivent dans le cadre scolaire, leur réponse est-elle parfaitement claire : massivement, ils en attendent un métier. Un travail. Un emploi. Un boulot. Et ils ressassent, inlassablement, que sans diplômes, on ne trouve pas de métier, de travail, d’emploi, de boulot. Et ils répètent, convaincus que les études c’est indispensable pour Affronter la Vie.