Ai déniché ce livre dans une bourse aux livres car le titre et la couverture m'ont bien plu.
L'auteure enseignante pendant 15 ans décortique ici avec humour tout ce qui rythme la vie des professeurs dans les lycées.
Tout cela pris au second degré m'a bien fait sourire voir rire parfois.
Comme elle dit :
"Elle a eu le temps de perdre quelques illusions mais pas le sourire".
Alors au terme de ces 126 pages, moi qui ne suis pas prof mais ai une nièce qui enseigne dans une CLIS (enfants avec un handicap en difficultés scolaires) ; je pense que ceux et celles qui essaient d'enseigner de leur mieux aux enfants handicapés ou non et de tous âges ont bien du mérite.
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Pourquoi appeler charançons les élèves et le personnel d'un lycée, l'histoire ne le dit pas. Quand l'histoire commence comme ça, je me dis que je vais me régaler :
« Pour l'instruction des jeunes charançons avaient été construits des lieux spéciaux, appelés lycées, avec des chaises pour s'asseoir et des tables pour dessiner des organes sexuels dessus … le proviseur dit que les conseils d'enseignement auront lieu dans les salles tant, tant, tant-tant-tant rataplan à partir de deux heures... »
je pense à Goscinny dans le petit Nicolas ou à Titeuf.
Mais la magie ne dure pas longtemps.
Oui, ce t émoignage fait souvent sourire, on y aborde une année scolaire de la journée de pré-rentrée jusqu'aux vacances d'été avec son lot de copies, conseils de classe, séances houleuses face à une classe, sortie scolaire au musée, passage de l'inspecteur, on fait la connaissance de quelques spécimens comme Séraphin Zagoudjourian, Stéphanie Turelu, Jean-Philippe Patapon, Ingrid Plonplon (celle qui sort avec le surveillant) mais il m'a semblé que les promesses dans l'originalité du style ne tenaient pas dans la durée pour devenir progressivement le simple vécu d'une enseignante quelque peu désabusée.
On peut la comprendre et éprouver pour elle une certaine empathie.
Ce texte date de 1994 et fait un peu daté mais j'ai comme le sentiment que les choses ne se sont pas améliorées, bien au contraire.
Challenge Multi-Défis 2024.
Challenge Riquiqui 2024.
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Un état des lieux du métier de professeur de lycée dans les années 90. Finalement, hormis les sigles indigestes qui ont changé au fil du temps, et le coût d'organisation des séjours "pédagogiques" (qui est passé des francs aux euros, avec l'inflation en prime), tout est malheureusement encore d'actualité : l'ennui des élèves, le découragement des profs pris en étau entre les ados, les parents et la hiérarchie, la difficulté de faire cours, les élèves motivés victimes des débordements de leurs camarades qui attendent d'avoir 16 ans, les transformations de l'évaluation et des filières du bac, lui-même remis en question...
Sous sa plume sarcastique, l'autrice dépeint une jeunesse et des enseignants déjà désabusés il y a 30 ans... et rien n'a changé.
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Je me souviens d'avoir lu cette version très drôle et tendre bien que satirique du métier d'enseignant.
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La vie des charançons était assez monotone.
Elle était tout entière consacrée à l'instruction.
Tous les matins, les jeunes charançons se levaient aux aurores, s'emplissaient les estomacs, et puis, leurs cartables au bras ou sur le dos, qui à pied, qui à vélo, qui en des autobus, ils allaient s'instruire.
Pour l'instruction des jeunes charançons avaient été construits des lieux spéciaux, appelés lycées, avec des chaises pour s'asseoir et des tables pour dessiner des organes sexuels dessus. Quand ça sonnait - car il y avait des sonneries, pour que tout un chacun sût quand l'instruction commençait -, les jeunes charançons se massaient devant la porte de leur classe, attendant que le professeur charançon arrivât, muni de sa clé, pour ouvrir le lieu où l'instruction était dispensée. Quand il n'arrivait pas, c'était une joie chez les jeunes charançons, qui voyaient s'ouvrir devant eux, à défaut de la porte, des avenirs roses et radieux: une heure, et parfois deux, pour aller boire des liquides sucrés et écouter des musiques bruyantes dans les cafés les plus proches du lieu appelé lycée! C'était le pied. Malheureusement, ça n'arrivait pas souvent, car les professeurs-charançons avaient la conscience professionnelle chevillée au corps - bien que les opinions publiques, généralement, les tinssent pour de méprisables feignants toujours en vacances, ou en grève quand par hasard ils n'étaient pas en vacances. En règle générale, donc, le professeur-charançon arrivait, muni de sa clé, il ouvrait le lieu où l'instruction était dispensée, et l'instructiion était dispensée.
L'instruction dispensée avait ceci de remarquable qu'elle n'entretenait aucun rapport, de près ou de loin, avec le monde dont rêvaient les jeunes charançons. Ce monde-là apparaissait sur les écrans à images, et il était peuplé de créatures de rêve couchées nues sur des capots d'engins automobiles, et d'hommes virils dont le plus grand souci était de se raser la couenne au millipoil. Dans le monde des écrans à images, il y avait des paradis à cocotiers, des chocolats qui vous donnaient des extases, des habits qui vous rendaient beaux, et des gens qui gagnaient des millions en tapant dans une baballe.
Dans les lieux appelés lycées, on prétendait enseigner aux jeunes charançons comment résoudre des équations à deux inconnues, ce qu’ils peinaient à faire alors que n’importe quel ordinateur vous traite ça les doigts dans le nez, ou quelle était l’Histoire des charançons qui les avaient précédés, alors que l’Histoire appartenant par définition au passé ce n’est pas un sujet d’avenir ni même d’actualité, ou pis encore on leur faisait étudier de la poésie, alors que tout le monde sait bien que la poésie c’est que des konneries escrites par des individus louches portés sur la boutanche et le sexe, quand c’est pas les drogues (voir Rimbaud Arthur, Baudelaire Charles et tutti quanti)
(parlant des sorties scolaires)
Ils sont même prêts à aller voir le musée de l'agriculture local, qui expose trois râteaux à foin, quatre paniers à vanner et douze paires de sabots, pourvu que la visite tombe pendant les heures de cours.
Quand le nom d’un nouveau est annoncé, tous les anciens se retournent pour le repérer dans la foule. C’est qui, c’est qui ? Le nouveau, rouge de confusion, se lève, est applaudi et retombe précipitamment sur sa chaise. Quand il est vraiment très timide, il se contente de lever la main comme un élève du temps où ils demandaient la parole avant de la prendre, et il n’est pas applaudi.
Les spécialistes primaires intervenaient plus tard, à raison d’un pour vingt ou trente petits charançons, aux fins de leur apprendre à lire, à écrire et à compter. Ils y réussissaient plus ou moins bien, et plutôt mal que bien, puisque après cinq ans ou plus passés entre les pattes des spécialistes primaires, tout un tas de jeunes charançons ne savaient toujours pas bien lire, écrire et compter.