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Citations de Cynthia Fleury (376)


L’œuvre crée l’air, l’ouverture, la fenêtre, elle crée l’échappée à laquelle on ne résistera pas tant elle semble naturelle, faite pour soi, dynamique pour exister ; elle est vie, dans sa pureté vitaliste. « L’homme tragique, c’est la nature à son plus haut degré de force créatrice et de connaissance, et pour cette raison enfantant avec douleur2. » Contre l’instinct de vengeance, la force créatrice, donc, ou ne serait-ce que l’instinct de jeu, le coup de dés, non pas le dé du relativisme, mais le dé des issues, des possibles, des métamorphoses, des vies réouvertes alors qu’elles semblaient arrêtées, et atteintes d’une béance qui n’est que blessure. Et, non, ce n’est pas se payer de mots que de dire tout cela, d’en appeler sérieusement à la poésie nietzschéenne ou mallarméenne, d’écouter Deleuze disserter sur le métamorphique dionysiaque, lui l’adepte du pli.
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La tragédie est tragique parce que universelle, parce que le moi ne tient pas face à elle, d’emblée ; il ne fait pas le poids si elle se déploie, mais surtout il n’est originellement pas capable de la prendre à partie. Ils ne sont pas sur le même terrain. Dire moi, c’est poser le monde comme mon monde ; c’est sans doute nécessaire au sujet, mais cela ne peut constituer le dernier mot. Car alors le chemin se divise entre le ressentiment d’un côté et le complexe de supériorité, tout aussi absurde, de l’autre : en somme, illusion versus illusion. On peut dire moi ; mais l’individuation juste doit nous conduire ensuite à dépasser cette posture et à tenter l’aventure mallarméenne d’un je disparaissant.
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Si l’individu est persuadé qu’il ne peut rien espérer du monde, la forclosion s’opère et cela vient altérer sa faculté de « réceptivité à la joie et à la souffrance ». Le voilà destiné à « l’insensibilité hébétée », à « l’abrutissement progressif ».
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 Comme l’être humain ne dispose pas d’une quantité illimitée d’énergie psychique, il ne peut accomplir ses tâches qu’au moyen d’une répartition opportune de sa libido2. » L’analyse permet de comprendre le fonctionnement libidinal de l’être : comment son énergie se focalise sur tel ou tel objet et comment, à trop se focaliser sur l’objet, l’énergie se consomme, tourne à vide, sans possibilité de se recharger ; comment il faut apprendre « la répartition opportune de sa libido », car c’est bien la même énergie qui parcourt le corps et l’esprit, l’investissement dans la société et celui qu’on est capable de prodiguer hors d’elle. Là les règles varient selon les êtres, certains sachant user de cette même énergie, dans l’écriture, dans la vie publique et dans la sexualité.
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Nous l’avons vu, le ressentiment peut très vite se passer d’objet et donc précisément d’une mémoire. S’il n’est pas dans l’oubli, il est dans la falsification, non parce que l’excitation reçue est nécessairement différente de la réalité originelle, mais parce qu’il manque d’humilité à croire qu’elle la recouvre, et qu’il ne fait pas la distinction.
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« Si l’on se représente “l’ennemi” tel que le conçoit l’homme du ressentiment – on constatera que c’est là son exploit, sa création propre : il a conçu “l’ennemi méchant”, le “malin” en tant que concept fondamental, et c’est à ce concept qu’il imagine une antithèse, “le bon”, qui n’est autre que – lui-même.»
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Le ressentiment fabrique des ennemis, non pour s’en défendre, comme s’ils voulaient décimer l’homme du ressentiment, mais pour précisément souhaiter leur mort.
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Choisir le ressentiment, c’est choisir le troupeau en soi, c’est viser chez les autres la trace de l’aigreur, comme pour mieux faire résonner la sienne. L’instinct de troupeau, Nietzsche nomme cela. « L’homme du ressentiment n’est ni franc, ni naïf, ni loyal envers lui-même. Son âme louche, son esprit aime les recoins, les faux-fuyants et les portes dérobées, tout ce qui se dérobe, le charme, c’est là qu’il retrouve son monde, sa sécurité, son délassement ; il s’entend à garder le silence, à ne pas oublier, à attendre, à se rapetisser provisoirement, à s’humilier.»
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Pour faire disparaître le ressentiment, il ne suffit pas de riposter immédiatement. Au vrai, le ressentiment ne recouvre pas simplement la ré-action, voire l’absence de ré-action, mais il relève de la rumination, du choix de ruminer ou de l’impossibilité à ne pas ruminer. Il n’est pas simple de trancher entre une définition du ressentiment qui le place du côté de l’impuissance à, et une autre qui finit par concéder qu’il y a choix pour l’impuissance à. C’est sans doute ici une affaire de degré et d’invalidité créée par le ressentiment, plus ou moins accepté. On peut être pris au piège du ressentiment mais tenter de s’en dépêtrer, refuser de se contenter du visqueux qu’il induit. Être sur le fil de la vengeance, ruminer, mais être encore assez sur le fil pour ne pas y sombrer totalement, pour ne pas vouloir y sombrer totalement.
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Le terme clé pour comprendre la dynamique du ressentiment est la rumination, quelque chose qui se mâche et se remâche, avec d’ailleurs cette amertume caractéristique d’un aliment fatigué par la mastication. La rumination est elle-même celle d’une autre rumination, au sens où il s’agit d’emblée de revivre une « ré-action » émotionnelle, qui au départ pouvait être adressée à quelqu’un en particulier. Mais, le ressentiment allant, l’indétermination de l’adresse va prendre de l’ampleur. La détestation se fera moins personnelle, plus globale ; elle pourra venir frapper plusieurs individus initialement non concernés par la réaction affective, mais désormais attrapés par l’extension du phénomène.
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Il faut le rappeler, Hugo fut, par ses actes et ses paroles, un "passeur de liberté". En ce sens, il n'est pas l'affaire de quelques uns dans ce pays mais de tous. Il est celui qui a formulé l'aventure démocratique comme l'exercice de vigilance perpétuelle concernant le devenir des vertus républicaines. Celui qui a eu l'intuition de possibles pervertissements ou instrumentalisations des vertus , et qui veillera, notamment par le réveil de son dire vrai, à les dénoncer.
Le courage fait l'épreuve sensible de ce hiatus entre les principes et les pratiques, et le dénonce au prix de savie ou de son bien-être.

Car il faut bien du courage pour lutter contre les phénomènes quasi inéluctables et intrinsèques.

Le grand écrivain n'identifiait pas le droit avec ses sources formelles. Par=delà les textes, il percevait les sources réelles du droit : ce sentiment qui est le granit de la conscience humaine, le droit, le rocher sur lequel viennent échouer et se briser les iniquités, les hypocrisies, les mauvais desseins, les mauvaises lois, les mauvais gouvernements. En somme, une utopie du droit mais pas une utopie de la loi et du gouvernement, pas une utopie du politique. Pour Hugo, le droit est le lieu de la réconciliation entre l'éthique et le politique.
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Le capitalisme est féru des reconnaissances falsifiées (procédure de reconnaissance idéologique destinée à vous faire rentrer dans le rang, leurre destiné à fabriquer une dépendance), créées pour mieux duper le travailleur. On l’asservit en lui faisant prêter serment. Mais le contrat est léonin et il n’obtiendra jamais la réciproque, l’estime de soi, de ce qu’il consent…

Le capitalisme sait instrumenter le désir d’épanouissement
de l’individu. La supercherie est simple : substituer au désir d’individuation une dynamique d’individualisme, et petit à petit, faire d’un droit naissant, non effectif, une contrainte de vie…
Le monde du travail, en falsifiant les idéaux et en travestissant les principes d’émancipation en principes de domination, est le nouveau monde de guerre.

Le manque de courage s’y fait cruellement sentir.
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L'épistémologie du courage partage avec celle de la reconnaissance un processus de visibilité. Etre courageux, c'est nécessairement faire rupture, sortir du rang, se rendre visible par l'effort qu'on produit. C'est aussi, plus schématiquement, résister à un ordre qu'on trouve inopérant et/ou injuste. Et plus particulièrement, c'est à dire pour un individu, c'est souvent refuser la situation dans laquelle on se sent contraint. Préférer la contrainte de la conscience morale, le séance tenante produit par sa propre volonté à celui infligé par des volontés dominatrices.
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Cynthia Fleury
L'art courageux de vouloir

Qu'est=ce que vouloir si ce n'est déjà manifester une certaine forme de courage ? Car vouloir ce sera affronter le passage au pouvoir Vouloir n'est pas de facto pouvoir. Il ne suffit pas de vouloir pour pouvoir. Ou plutôt si. Il suffit. Et le territoire immense de la volonté s'ouvre, tel un abîme. Et l'enjeu est clair. Le courage, ce sera déjà vouloir. Décider de vouloir. Simplement cela.

" Le vouloir comme l'amour, commence par lui-même : initiative prévenante, il commence par lui-même et revient à lui-même : il aboutit à son propre commencement. " disait Vladimir Jankelevitch.

Tel est la clé du commencement. Le courage est affaire de commencement parce qu'il est l'une des plus sûres manifestations de la volonté.

.....

Vouloir, ce serait en ce sens "commander" à soi-même d'agir.
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Cynthia Fleury
Le courageux est celui qui ressent dans sa chair la saignée de la peur. Entre le courage et la peur, il y a un rendez=vous secret.
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Cynthia Fleury
Chaque époque historique affronte, à un moment ou un autre, un seuil mélancolique. De même, chaque individu connaît cette phase d'érosion de soi. Cette épreuve est celle de la fin du courage.
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