Cyril Vallée

Une idée lui traversa l’esprit : ce piratage et la mort d’Antonov pouvaient-ils être liés ? Et pourquoi pas ? Peut-être le but de tout cela était de voler des données issues des recherches du laboratoire ? Peut-être l’avait-on éliminé à cause des résultats qu’il s’apprêtait à rendre publics ?

Tandis que les questions se bousculaient dans sa tête, le pirate avait progressé de manière spectaculaire. Il arrivait au cœur du système et était à quelques secondes de prendre le contrôle du serveur. À partir de là, il pourrait aller dans tous les recoins, accéder à toutes les données. Thomas était maintenant sûr d’une chose, un professionnel cassait les différentes protections avec une vitesse hallucinante.

Quel pouvait être le lien entre ce studio d’étudiant et le piratage d’un labo de recherche ? Qui était cette Clarisse Debrun ? Luc avait du mal à relier les deux affaires. Un laboratoire comme celui que dirigeait Antonov bénéficiait de solides protections. Y compris au niveau informatique. Il se doutait qu’il existait de très bons hackers dans le pays...

— Il y a eu plusieurs piratages ?
Luc sentait qu’il perdait pied.
— Oui. C’est souvent le cas pour les gros serveurs, on fait plusieurs attaques coordonnées pour multiplier les chances et occuper la cible. Là, ils ont fait des tentatives pendant au moins vingt-quatre heures. Bon, tu notes ? Le seul qu’on a pour l’instant est situé dans un immeuble au 57, rue Flachet, à Villeurbanne.
— OK. Tu me feras un résumé pour les nuls ce soir. Je veux que tu viennes ici et que tu collectes tout ce qui relie Bertier à l’accident d’Antonov.
— D’ac. Je pense que Bertier a dû arriver aux mêmes résultats que moi, puisqu’il est parti avec les données sur sa clef.
— Je serai prudent, m’man. T’inquiète pas. Rapplique ici, je m’occupe de rendre une visite à ce pirate.
— À cette pirate. C’est une étudiante, nommée Clarisse Debrun.

Clarisse estima qu’ils avaient traversé la moitié de la ville à plus de cent-quarante kilomètres à l’heure….

…. Clarisse hurla en pleurant.

– Putain ! C’est quoi ce bordel ! J’en peux plus ! J’en peux plus !

C’était une règle d’or dans le milieu : si l’on voulait rester discret et durer un peu dans le piratage, il fallait éviter tout ce qui pouvait attirer l’attention des services français.

Ne pleurez pas mon corps.
Cette mort n’en est pas une. Je dois vous remercier, au contraire.
Je découvre un Nouveau Monde, une sorte d’après. J’ai conscience de ce qui m’arrive, que ce n’est pas vraiment la mort. J’ai conscience d’avoir perdu mon passé. J’ai dû y renoncer pour comprendre que je pouvais aller de l’avant. Et le futur qui nous attend est incroyable. Ce futur est maintenant.
...
Vous m’avez libéré.