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Citations de Dan Smith (85)


Le chagrin envahit tout. Si on le laisse faire, il peut annihiler les pensées, consumer les émotions jusqu'à ce que plus rien d'autre n'existe. Incontrôlé, il empêche toute réflexion lucide et peut mener un homme au bord de la folie. Je ne pouvais pas me le permettre, aussi décidai-je de ravaler le mien au plus profond de mon coeur, derrière une porte épaisse. Si le voleur d'enfants comptait revenir à la charge, il était peut-être déjà en mouvement: peut-être déjà en train de contourner le lac par la forêt et de se rapprocher de l'endroit où j'étais assis avec la tête de mon fils mort sur les genoux. Il était temps d'agir.
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Nous nous laissâmes guider par le bruit du convoi à l’arrêt et l’odeur de charbon brûlé qu’il avait laissé dans son sillage, en gardant un œil sur les rails à côté de nous et en écoutant les cris qui nous parvenaient de la brume. Au début ceux-ci étaient intermittents : quelques ordres lancés d’une voix sèche, ponctués par le sifflement des jets de vapeur lâchés par la locomotive.
« Dehors ! Craig la voix. Sortez! »
Puis d’autres se joignirent à elle pour relayer ses ordres.
Plus près encore, alors que le train n’était toujours pas visible dans le brouillard, d’autres sons commencèrent à prendre le dessus. Plus bas et discrets pour la plupart, mais infiniment plus dérangeants. Un gémissement presque continu bourdonnait dans l’air assourdi par le silence de la forêt. Un concert de voix étouffée s.
Murmures et chuchotements nous parvenaient de tous côtés, comme si les esprits s’étaient levés et étaient sur le point de nous rattraper.
« Qu’est-ce que c’est que ça ? »demanda Anna.Lev me jeta un coup d’œil, attendant ma réponse.
« On dirait des fantômes, continua sa fille. Je n’aime pas ça.
- ce sont des blessés, leur expliquai-je. C’est ça qu’on entend sur un champ de bataille après les combats. »
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" Nous sommes encore des êtres humains. Quoi que nous fassions, quoi que nous voyions, quoi qu'il arrive dans ce pays, il ne faudra pas l'oublier. Nous sommes encore des êtres humains. Il ne faudra jamais l'oublier. Parce que si nous oublions ça, tout sera perdu."
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Nous n’étions ici-bas que pour quelques instants, et la seule chose qui comptait était de rendre ces instants supportables ; d’être là où nous avions envie d’être.
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L’air avait un goût plus frais, le ciel se déployait au-dessus de ma tête dans son immensité, et la steppe s’étalait devant moi, vaste mer d’herbe, de chardons et de pissenlits couverts de givre, parsemée d’îlots solitaires d’aubépines et de chênes.
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Dans la steppe nue, nous nous serions enfoncés dedans jusqu’aux genoux, sans doute plus encore là où le vent avait accumulé les congères, métamorphosant la steppe en un désert pâle, formé de dunes et d’ondulations si belles et d’un blanc si pur qu’il était difficile de croire qu’un homme, en cette saison, pouvait y mourir en quelques minutes.
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Même les hommes bien peuvent faire le mal.(...).Il se peut que j'ai oublié pendant un temps qui je suis vraiment. Ou que cela fonctionne dans les deux sens : même les hommes méchants peuvent faire le bien.
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Un garçon va pénétrer la nature sauvage, et c’est un homme qui en ressortira.
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Il fallait que je voie les visages de ces hommes qui venaient de me donner tout ce qu'ils avaient. Des hommes qui ne savaient rien de moi et qui pourtant m'offraient tout. Et je fus frappé par le fait que, même en des temps aussi durs, il pouvait exister de brefs moments de douceur qui nous élevaient au-dessus de la fange et de la mort. Ces actes infimes nous permettaient de rester humains, de garder notre capacité de confiance en l'autre. Il subsistait encore un peu de bonté dans ce monde.
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Viktor secoua la tête, ferma les yeux. Quand il les rouvrit, j'y vis de la colère, de la douleur et du chagrin - des émotions mêlées en un brouet de violence toxique.
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Je suivis le fouillis d'empreintes en prenant soin de rester à l'écart, alors que mes prédécesseurs, eux, avaient marché directement dans celles de Dariya. Les peupliers étiraient leurs longues ombres noires sur la steppe enneigée, et je me demandai pendant mon ascension ce que les hommes avaient pu découvrir là-haut.
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- Et qu'est-ce que tu fais dans ce trou de merde ?
Je regardai autour de moi en me demandant ce qui pouvait pousser un homme à décrire ce beau paysage comme un trou de merde. Mais ce soldat, bien sûr, ne voyait rien du paysage. Il était aveugle aux forêts, aux steppes, aux montagnes et aux champs. Il ne voyait que la misère et le désespoir d'un peuple qu'on privait de tous ses biens; dont les familles étaient séparées de force; dont le poison de la convoitise et de la malveillance corrompait les existences. Il ne voyait que des hommes qui mendiaient leur pitance, des femmes qui pleuraient leurs fils perdus, des rues encombrées de morts-vivants.
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Je vis des ombres bouger. Des silhouettes venir vers moi dans le jour déclinant. Le soleil se vidait de son sang; jetait ses derniers feux comme pour consumer tout ce qu'il lui restait d'énergie avant de sombrer sous la terre.
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La guerre est une expérience intense, et, pour certains de ceux qui l'ont connue assez longtemps, elle devient même la seule façon de vivre. J'en savais quelque chose. Peut-être l'excitation du meurtre autorisé manquait-elle tellement à cet homme que son esprit troublé s'était inventé un moyen de la reproduire. J'étais persuadé qu'il existait des gens pour qui combattre devenait une seconde nature, et j'en étais persuadé parce que ce sentiment m'avait envahi plus d'une fois. Je comprenais qu'une guerre puisse s'enraciner dans le cœur d'un homme et corrompre que le sang qui circulait dans ses veines. Pour moi, cela s'était manifesté par des cauchemars, d'interminables nuits blanches que seule la présence de Natalia avait pu calmer.
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"Elle a été emmenée par les tchékistes ?"
Je levai brièvement les yeux sur Natalia, debout près de moi, et le mot resta en suspens entre nous comme une entité invisible. C'était un mot désuet, désignant une organisation qui n'existait plus sous ce nom. La Tchéka de Lénine avait naguère était chargée des réquisitions de blé et des interrogatoires d'ennemis politiques ; elle avait mis en place le système du goulag et éliminé les paysans rebelles, des ouvriers et des déserteurs de l'Armée rouge. Son nom était tellement ancré dans la conscience populaire que, même après qu'un autre lui eut été substitué - Guépéou -, beaucoup de gens citaient encore les tchékistes lorsqu'ils parlaient de la police politique. Et ce simple mot suffisait à résumer l'essence de tout ce que l'organisation représentait pour eux.
Dans l'esprit de Lara, il était doté d'un pouvoir singulier. Si elle avait peur de Baba Yaga, les adultes, eux, avaient peur des tchékistes.
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Il fallait que je voie les visages de ces hommes qui venaient de me donner tout ce qu'ils avaient. Des hommes qui ne savaient rien de moi et qui pourtant m'offraient tout. Et je fus frappé par le fait que, même en des temps aussi durs, il pouvait exister de brefs moments de douceur qui nous élevaient au-dessus de la fange et de la mort.
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Rouges, blancs, noirs ou verts, ils ne s'étaient battus que pour accroître leur pouvoir sur les gens ordinaires. Pour les priver de leurs possessions et continuer jusqu'à ce qu'il ne leur reste plus que la peau sur les os. Une seule chose comptait désormais pour moi, sans distinction de couleur ou d'idéal: protéger ma famille.
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-Non, répondit Viktor. J'ai cru que c'était le ravisseur. Cet homme-là est... On dirait un fantôme.
-Un fantôme?
-Il surgit quelque part, et la seconde d'après, il n'y est plus. Il se tapit dans l'ombre pour nous tirer dessus. Il vient nous épier, le soir.
-Ce n'est qu'un homme, intervins-je.
-Un homme qui mange les gens.
-Pas forcément."
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Je m'efforçai de retrouver le sentiment de ma propre humanité, d'éprouver moi-même de la compassion. "Nous sommes encore des êtres humains. Quoi que nous fassions, quoi que nous voyions, quoi qu'il arrive dans ce pays, il ne faudra pas l'oublier. Nous sommes encore des êtres humains. Il ne faudra jamais l'oublier. Parce que si nous oublions ça, tout sera perdu."
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[...] L'arrivée de l'étranger dans notre village allait semer le trouble. [...] Surtout s'ils voyaient ce que cet homme avait transporté sur son traîneau.
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