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Citations de Daniel Cohen (121)


Une autre expérience renforce cette conclusion. Des enseignants ont essayé d'apprendre le mandarin à des bébés américains âgés de 9 mois. Comme dans l'expérience (involontaire) de Ferrari, les bébés ont été éduqués pour les uns par un être humain, pour les autres par une vidéo du même professeur, enseignant exactement les mêmes choses. Résultat : l'éducation par vidéo s'est révélée totalement stérile. Il manque entre la vidéo et l'enfant ce lien imperceptible et décisif qui conduit l'enseignant à s'interrompre lorsque l'enfant cligne des yeux, à moduler sa voix face à l'émotion qu'il décèle chez l'élève. La vidéo ne s'adapte pas aux messages émotionnels qu'envoie le bébé, et probablement, la réciproque devient vraie aussi : le bébé comprenant que la vidéo est insensible à ses propres émotions se désintéresse de celle-ci.
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Les bébés font très nettement la différence entre la relation humaine, typiquement celle de l'amour que leur donne charnellement leur mère, et ce que peut leur offrir une vidéo de celle-ci. «Pour des raisons qui restent encore à expliquer, indique-t-il, les stimulations n'ont pas du tout le même impact selon qu'elles sont adressées aux nourrissons par des humains ou des machines. »
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Alors que les Français se flattent d'adhérer à une «logique de l'honneur», l'analyse statistique montre qu'ils sont en réalité très sensibles à la richesse matérielle, bien davantage par exemple que les Anglais ou les Allemands. Une explication possible est que les Français ont beaucoup de mal à vivre ensemble. L'argent est le dernier remède d'une société qui peine à faire société.
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malgré les immenses disparités de revenus entre les plus riches et les classes moyennes et populaires, un item résiste à ces inégalités : le nombre de mètres carrés occupés par les uns et les autres. Les plus riches n'occupent pas beaucoup plus de surface que les pauvres : tout se joue dans les lieux de résidence. Les uns sont dans les beaux quartiers, en centre-ville, les autres doivent accomplir des distances beaucoup plus longues pour aller travailler.
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De manière totalement imprévue, la vie politique a été également bouleversée par le retour d'un terme que la postmodernité a cru dépassé : celui de « nature ». Nous vivons une époque où les catastrophes écologiques et sanitaires se multiplient, et elles n'ont rien de « décoratif »... Au défi interne de comprendre la réalité sociale, la société numérique doit accepter de porter une responsabilité très éloignée de son imaginaire : préserver la planête.
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Ronald Inglehart, un sociologue américain, a parfaitement illustré cette contradiction entre les aspirations à l'émancipation que font naître les Lumières et la réalité d'un monde économique et social où l'obéissance règne. À ses yeux, la révolution industrielle a trahi l'esprit des Lumières. La rupture du monde agraire vers le monde industriel marque surtout la transition d'un ordre religieux vers un ordre séculier. On croyait en Dieu, on croit désormais en la Raison. Les ingénieurs remplacent les prêtres.
Cette mutation reste toutefois inscrite dans une conception profondément hiérarchique de la société. La chaîne de commandement qui va du PDG et de l'ingénieur à l'ouvrier en passant par le contremaître est aussi stricte que celle qui allait du roi à ses barons et de ceux-ci à leurs paysans. De religieuses, les autorités deviennent laïques, mais l'idéal d'émancipation des Lumières est brisé, chacun restant assigné à une place fixe dans un nouvel ordre aussi inégalitaire que le précédent.
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Le Net fabrique un monde selon nos désirs.
C'est à peu près la promesse des drogues dures, le remède et la cause du désespoir contemporain.
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Les croyances n'aident pas à interpréter le monde, elles aident à y vivre. Je suis heureux de croire au Père Noël, c'est une idée réconfortante, et cela me chagrine d'apprendre qu'il n'existe pas. Aussi longtemps que je le pourrai, je chasserai la mauvaise nouvelle. Les gens traitent de manière totalement asymétrique les bonnes et les mauvaises nouvelles : ils écartent les mauvaises et se concentrent sur les bonnes.
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La haine de la démocratie

La violence nouvelle de chaque camp politique à l'égard de l'autre est également la marque d'un profond déclin de l'idéal démocratique. À la question : « La démocratie est-elle le meilleur des systèmes ou un autre système pourrait-il être aussi bon que la démocratie ? », plus d'un Français sur trois considère qu'un autre système pourrait être aussi bon. Le jugement des électeurs sur leurs représentants est cruel : pour 87% des citoyens européens et 88% des citoyens américains, « la plupart des responsables politiques défendent surtout leurs intérêts et ne se préoccupent pas des gens comme moi ». En termes de taux de confiance, les hôpitaux et les PME sont à 75%, le Parlement à 35 % et les partis politiques à 15% ! Les responsables politiques sont considérés comme corrompus par 77 % des citoyens européens, avec un record à 91% en Hongrie et en Pologne, et par 79% des Américains. La radicalisation de la vie politique se retrouve dans une abstention grandissante et un vote jamais atteint pour les partis les plus radicaux.
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À la question « Pouvez-vous faire confiance à un inconnu rencontré par hasard ou pensez-vous qu'on n'est jamais assez prudent ? », ils sont pathologiquement nombreux à choisir la méfiance. Le rayon de celle-ci est large : elle s'applique non seulement aux inconnus mais aussi aux collègues, aux voisins. La méfiance de l'extrême droite est beaucoup plus aiguë que celle de la droite classique. Cette dernière est traditionaliste, propriétaire : elle se méfie des classes dangereuses. La méfiance des électeurs frontistes est plus profonde, elle reflète leur difficulté à faire société dans un monde qui fragmente toujours davantage les destins individuels.
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A la question : « Seriez-vous mécontent que votre enfant épouse un démocrate ? », les républicains étaient 5% à répondre positivement en 1960, ils sont désormais 50% dans ce cas... La même détestation s'observe pour des questions portant sur l'intelligence ou l'honnêteté du camp adverse.
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Aux États-Unis, l'écriture cursive n'est plus obligatoire depuis longtemps, contrairement à l'usage du clavier qui l'est devenu. Or l'écriture cursive joue un rôle clé dans le développement du cerveau et de la motricité. Les humains n'ont certes pas toujours écrit, mais la disparition d'une pensée écrite pourrait avoir des conséquences totalement imprévues sur leur manière de réfléchir.
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Quoi qu'il en soit, la révolution numérique est en marche. Elle prend sa place dans la longue file des innovations radicales qui ont bouleversé la manière de penser des humains. À l'origine, l'invention de l'écriture avait marqué d'un sceau irrémédiable la rupture entre la « pensée sauvage », comme l'appelle Lévi-Strauss, et les sociétés où l'Histoire, comme processus cumulatif, se met en place grâce à l'écrit. À l'orée du monde moderne, l'imprimerie avait elle aussi provoqué une véritable révolution intellectuelle, favorisant la liberté de penser et contribuant à l'essor de la Réforme.
On pensait que l'intelligence artificielle tiendrait sa place dans cette glorieuse lignée, qu'elle nous aiderait à mieux penser individuellement et collectivement, qu'elle multiplierait les expériences collaboratives telle que Wikipédia. Il semble hélas possible d'affirmer que cette promesse ne sera pas tenue. La transformation en cours fait naître un individu marqué par la crédulité et l'absence d'esprit critique. On attendait Gutenberg mais c'est une télévision 2.0 qui est en train de s'imposer.
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Le paradoxe central du monde contemporain, peut ainsi se résumer de la manière suivante. L’entre-soi règne, accomplissant de manière étroite la promesse d’horizontalité qui se cherchait dans les années soixante. Ce faisant, les inégalités explosent, aucune force de rappel ne liant plus les couches sociales comme le faisaient hier les grandes entreprises industrielles. Dans le domaine des mentalités, une boucle perverse se met en œuvre entre la ghettoïsation de la société et la méfiance générale à l’égard d’autrui. Celle-ci n’est pas directement causée par les réseaux sociaux : elle est le résultat de forces lourdes qui ont commencé à se mettre en œuvre bien avant qu’ils n’apparaissent. Mais loin de créer des ponts entre les communautés, ils donnent un écho assourdissant à la méfiance publique, poussant à l’extrême l’incommunicabilité des différents groupes sociaux.
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C'est contre la double dissolution numérique du rapport à autrui et au monde réel qu'il faut lutter. C'est avec les vivants et sur cette planète qu'il faut accepter de vivre.
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Toute l'histoire des civilisations est de développer des systèmes d'alliances, d'interdépendances, de se nourrir de la culture ou de la religion pour assembler les humains bien au-delà du seul jeu de leurs interactions, si optimisées qu'elles soient.
C'est ce qui manque à ce jour à la révolution numérique.
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Pour comprendre les causes de ces morts du désespoir, il faut revenir à Emile Durkheim et à son ouvrage Le Suicide publié en 1897. C'est un livre d'une subtilité exceptionnelle qui fonde la sociologie française et plus généralement la possibilité même d'une science de la société.
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Le confinement a déjà permis l’utilisation massive des techniques numériques : le télétravail, l’enseignement à distance, la télémédecine… Mais on ne voudrait pas que ces techniques continuent de venir toutes faites, en direct de la Silicon Valley, sans médiation avec les métiers concernés. On voudrait suivre une voie où les personnels de santé puissent eux-mêmes définir leur bon usage, pour guérir sans surveiller. On voudrait que des circuits courts, respectueux de l’environnement, utilisent autrement les outils numériques. Une aspiration humaniste et écologique est apparue durant le confinement qui va continuer à s’exprimer.
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L’État du XXIe siècle doit disposer de la capacité de faire du sur-mesure. Les outils existent, comme le prélèvement à la source, le RSA, les cotisations sociales, qui permettent de flécher les aides vers ceux qui subissent la crise le plus violemment. Le nouveau monde est d’abord celui où l’État-providence renouvelle l’ancien, s’adaptant à une réalité toujours plus éclatée des individus, dans leurs dimensions professionnelle et territoriale, comme les Gilets jaunes en avaient déjà montré le besoin.
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Daniel Cohen
« Cette crise sanitaire
signale l’accélération
du capitalisme
numérique »
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