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Critiques de David Machado (21)
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Laissez parler les pierres

Valdemar a 14 ans. Au lycée comme dans sa famille, il est considéré comme un enfant rebelle et difficile, excepté par la belle Alice, sa voisine du cinquième et complice de toujours dont il est secrètement amoureux. Il faut dire que Valdemar, le plus souvent secondé par Alice, a des activités assez particulières pour un enfant de son âge ; par exemple, tous les jours, il épluche les journaux, rubrique "nécrologie", en attendant l'annonce de la mort d'un certain Amadeu Castelo.

Pour savoir ce qui le pousse à rechercher dans les quotidiens l'annonce de la mort de cet homme, il faut revenir dans le temps. Huit ans plus tôt, dans le village de Lagares, le plancher d'une maison s'est effondré ; dans cette maison vivait le grand-père de Valdemar, Nicolau Manuel. Cet homme dont il ne reste pas grand-chose, qui est sourd, à qui il manque des doigts, qui est couturé de cicatrices sur tout le corps, vient habiter à Lisbonne, invité par son fils et sa bru. En échange du gite et du couvert, Nicolau est sollicité pour surveiller son petit-fils Valdemar quand il rentre de l'école. Même si les premiers moments ne sont pas faciles, le grand-père n'ayant pas une fibre sentimentale très développée, grand-père et petit-fils vont trouver un terrain d'entente : Nicolau va raconter son histoire à Valdemar, le faire dépositaire de sa vie et lui conter la vérité, lui qui a passé sa vie à souffrir pour des mensonges qu'on a racontés sur lui. Cinquante ans plus tôt, dans le village de Ligares, Nicolau Manuel est le plus heureux des hommes : le lendemain, il va se marier avec son amour d'enfance, la belle Graça dos Penedo, aujourd'hui, Graça Castelo. Il fait le dernier essayage de son costume, commandé à un tailleur qui commence à être connu, un certain Amadeu Castelo. Mais au lieu de la noce attendue, il est arrêté à l'aube sur dénonciation, emmené dans le camp de Tarrafal en tant que dissident politique, et torturé pour lui faire avouer… il ne sait quoi. Et c'est là le début de longues années de fuites et de détention, de torture et de désespoir, de mensonges et de dénonciation, et d'amour pour la belle Graça.

Mais Valdemar, dépositaire de l'histoire de son grand-père, est bien décidé à se/le venger !





Dans Laissez parler les pierres, David Machado alterne la vie racontée de et par Valdemar à l'époque actuelle, dans la grande ville de Lisbonne, et les histoires du grand-père, cinquante ans plus tôt, du temps de la dictature portugaise. C'est le récit à la fois cru et pudique de la vie de Nicolau, qui a tout perdu, avant tout et surtout la femme qu'il aimait, balloté par les évènements qui ont agité le Portugal dans les années 60, entre la révolution qui se préparait et la dictature de Salazar, avec ses arrestations abusives et ses traitements inhumains des prisonniers.

Il y a un passage d'histoire, d'expérience et de sentiments entre Nicolau et Valdemar : au fur et à mesure que Nicolau se vide de ses souvenirs, jusqu'à passer ses journées vautré devant la télé à regarder des telenovelas sans parler à personne, Valdemar se remplit de colère, de l'injustice, de la nécessité de la vengeance de son grand-père. Mais cette vie massacrée, quelle en est la cause ? Est-ce la faute à pas de chance ? Vient-elle d'une dénonciation fortuite, pour amener sur un autre les yeux de la belle Graça, qui s'est consolée dans les bras du tailleur qui confectionnait le costume de mariage de son promis ? Valdemar, lui, en écoutant son grand-père, est convaincu de la culpabilité du tailleur, et est bien décidé à se venger.

Mais au-delà de la trame principale, qui souffre parfois de quelques longueurs ou d'effets d'annonce superflus, ce qui fait la vraie force de ce roman, ce sont les idées sous-jacentes autour de la mémoire et du souvenir. L’importance des souvenirs est évoquée en filigrane tout au long du roman, dans des contextes divers et variés comme le devoir de mémoire, la transmission intergénérationnelle, la position et le rôle de chaque individu dans son « système familial », mais aussi comme composante à part entière de ce qui fait de nous des êtres humains. Dans ce cadre, les relations entre les personnages sont complexes, et seront peu à peu démêlées, au fil du récit, où chacun prendra de l'épaisseur, y compris les personnages secondaires, comme le père de Valdemar.

Une autre ligne directrice très forte de ce roman tourne autour des notions de vérité et de réalité. Ce qui est ou qu’on croit réel est-il la même chose que ce qui est « vrai » ? Traités de façon plus subtile, le rôle de l’histoire et des mots en tant que vecteurs de réalité (ou de vérité ?), de mensonge, voire d’illusion , émaillent le récit. Si le lecteur n’a pas toutes les clés pour démêler le vrai du faux, le réel de l’illusoire, Valdemar lui, n’a pas la capacité ou le recul nécessaire pour se créer sa propre « histoire de Nicolau », et prend celle de son grand-père telle que.



Que faut-il pour écouter parler les pierres ? Un enfant, un grand-père, la tourmente d'un contexte social sur le point d'exploser, et beaucoup de talent dans l'écriture et le traitement de ce sujet difficile, pour en faire un roman difficile à lâcher, dont l’écriture pleine de force et de souffle nous entraine sans peine dans son récit dès les premières lignes, et nous permet de nous reconnaitre dans les personnages. La fin tient toutes ses promesses, fine et intelligente, et dont, je gage, le jeune Valdemar sortira un peu grandi.

Laissez parler les pierres est une belle découverte, et David Machado un auteur à suivre, et je remercie Babelio et les éditions de l'aube pour cette jolie rencontre.

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Des abeilles sous la peau

Trois parties distinctes dans ce beau roman de David Machado. Trois époques différentes : 1994, 2010, 2017. Deux personnages principaux, deux femmes à différents âges de leur vie : Julia et Catarina. Au début de la première partie, un narrateur à la troisième personne nous apprend que Julia a subi un terrible traumatisme qui ne s'efface pas. Dépressive, elle rumine des idées suicidaires. Dans l'appartement d'à côté, très souvent, un couple se dispute violemment. Un petit matin, alors que Julia fume un joint penchée à sa fenêtre, une petite fille de quatre ou cinq ans l'interpelle deux fenêtres plus loin. Elle n'aura plus qu'une idée : arracher cette enfant à son enfer de cris et de coups…

***

Si la construction du roman semble simple de prime abord, la lecture réserve des surprises. La première partie traite de Julia, de sa dépression. le lecteur comprend ce que la jeune femme a subi, mais ce n'est jamais totalement explicite. le traumatisme imposé régulièrement à la petite fille, Catarina, est plus clair. Dans la deuxième partie, on suit un écrivain traumatisé par la guerre en Angola, entre autres violences, et on voit son roman en train de s'écrire en prison, mais la guerre n'en est pas le sujet. Dans la troisième partie, Manuel, 11 ans, enregistre des cassettes dans lesquelles il s'adresse au Manuel adulte qu'il espère devenir. le jeune garçon vit dans le traumatisme permanent que lui fait subir la probable paranoïa de sa mère. Les parties sont interreliées, mais le lecteur ne le découvre que petit à petit, et il doit littéralement décoder certains aspects du récit. La première partie qui semblait claire suscite de nombreuses questions quand on prend connaissance de la deuxième. On trouvera des réponses et une touche d'espoir dans la troisième partie.

***

J'ai beaucoup aimé Des abeilles sous la peau, un roman qui impose au lecteur un travail de déduction. Toutes les parties ont leur intérêt, et le style d'écriture diffère selon le narrateur. La plongée de Julia dans la dépression, ou plutôt la plongée dans la dépression de Julia se révèle bouleversante et fait partager l'égarement de la jeune femme comme ses accès de panique. La présentation de la partie métafictionnelle m'a séduite par son contenu, mais aussi par sa forme : alignement à droite ou à gauche selon le cas, phrases et mots raturés mais qui restent lisibles, par exemple. Les trois personnages narrateurs (on découvrira qui se cache derrière celui de la première partie) nous plongent dans leurs traumatismes, nous font partager les violences subies sans jamais les décrire vraiment, nous amènent à comprendre à quel point ces accidents de la vie les ont marqués à jamais et comment leur douleur finit par contaminer leur entourage. Il faudra l'innocence et le courage de Manuel, sa conscience d'être aimé pour que s'ouvre la possibilité d'un avenir meilleur. Je n'ai pour le moment rien lu d'autre de David Machado, mais je le ferai !



Lu dans le cadre du prix des Lecteurs de Cognac

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Laissez parler les pierres

La force et la richesse de Babelio sont là : On parcourt les critiques des uns et des autres, on lit les citations et voilà que parfois, les mots résonnent-raisonnent en nous et on se dit qu'on ne peut passer à côté de cette lecture, que ces mots sont si beaux, l'enthousiasme du lecteur ou de la lectrice fait un tel écho en nous, qu'on ajoute sur une liste là un titre, là un auteur, là une maison d'édition.

Puis la générosité et l'envie de partage d'une « babeliote », fait qu'un midi, vous trouvez dans votre boîte aux lettres ce livre tant convoité, avec un petit mot amical et prometteur du bonheur qu'accompagne la découverte.

Vous attendez avec impatience le soir venu pour ouvrir enfin ce trésor et quand la magie opère, que la lecture n'est pas en deçà de vos attentes (ce qui est malheureusement parfois le cas, lorsque le livre convoité devient le livre trop rêvé, et que la réalité vous ramène à la matière : l'objet littéraire, avec ses qualités et ses défauts, parfois ses longueurs et que le poids de ses mots ne flotte plus tant dans votre imaginaire)... Alors, quand cette magie opère, c'est un bonheur sans nom !

Bonheur de lecture, mais aussi joie de recevoir ce don dont l'unique raison est cette volonté désintéressée de partager avis et émotions, ressentis et réflexions.

« Laissez parler les pierres » de David Machado est ce livre reçu, rêvé et lu dans ce bonheur là ! Ce livre dont je viens ici poser ma critique, et pardon pour ceux qui trouveront que cette digression est non avenue, mais c'est l'introduction que je voulais lui donner, car sans cela, elle n'existerait pas :



Dans le Portugal d'aujourd'hui, Valdemar est un adolescent en rupture avec l'école, fan de métal, épris de sa jolie voisine anorexique, lui, le garçon en surpoids, qui a été bercé depuis tout jeune par les histoires de violence, de torture et de vengeance de son grand-père, Nicolau Manuel.

Nicolau, Jeune homme sans histoire à la veille de son mariage, a été accusé de complicité avec des opposants au régime et s'est trouvé embarqué dans une spirale qui a broyé sa vie.

La dictature portugaise s'est acharnée sur lui et c'est ce destin particulier que l'on voit se dérouler sous nos yeux à travers le récit que nous en fait Valdemar.

Valdemar porte en lui, comme un devoir intergénérationnel, la volonté de livrer la vérité à la seule femme que son grand-père est aimé, Graça Castelo.

Mais pour cela, un obstacle demeure : Amadeu Castelo, l'ennemi juré de Nicolau, l'homme qui a épousé celle qui lui était destinée.



Cette histoire nous emporte dans une période sombre du Portugal, où la violence, la condamnation arbitraire et la torture faisaient loi. Nicolau a trouvé la force de rester en vie par cette volonté farouche de vérité et de vengeance.

Mais, aujourd'hui, comment en trouver la force ? L'âge venant, la mort peut entraver ses projets à tout moment et qu'a t-il à perdre ? Comment surmonter cette peur viscérale et franchir le pas face à cet ennemi de toujours ?

Nicolau ne vit pas dans le temps présent mais dans ses souvenirs, incapable d'habiter ce nouveau monde, cette nouvelle époque qui se sont forgés sans lui. Le temps s'est comme arrêté ce jour funeste où sa vie à basculée. Les années ont passé et il les a traversées dans une autre réalité que celle qui l'entoure aujourd'hui. Ce fossé, Valdemar le franchit en faisant vivre les histoires de ce grand-père qui empli son esprit de ses récits funestes.

Au delà de ces évènements et de cette période, c'est tout une réflexion sur la transmission, le poids des « valises familiales » que nous portons et qui empoisonnent nos vies et qui, quand nous arrivons à les abandonner sur le bord de nos chemins, laissent en nous un goût amer.



Ellane92 : Mille mercis pour ce beau moment de lecture...

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Des abeilles sous la peau

Après deux excellents romans : Laissez parler les pierres et Indice de bonheur moyen, ce dernier évoquant la crise économique et sociale portugaise, l'auteur lisboète David Machado signe avec Des abeilles sous la peau son livre le plus noir mais pas le moins captivant. Trois récits se succèdent, à différentes périodes, tous connectés à un traumatisme subi par une jeune femme. Chacune des parties du roman a son style propre : le premier raconte la dépression de Julia après des sévices corporels qui l'ont laissé hagarde, le second décrit les tâtonnements d'un écrivain dans la progression de son roman, le troisième livre les réflexions d'un enfant confronté aux phobies de sa mère. Tous les personnages sont confrontés à la violence avec comme premier réflexe de se réfugier dans la solitude et de refuser les contacts avec le monde extérieur. Mais comment peut-on vivre ainsi ? Le remède et le choix de s'ouvrir pour guérir et enfin de faire confiance aux autres se trouve dans le dernier segment du livre. L'écriture de Machado est singulière, proche du conte parfois, créant un suspense émotionnel très fort, suggérant plus que révélant le passé de ses protagonistes. Le lecteur ne peut qu'être happé et passionné par ces existences meurtries de personnages qui nous sont si proches que l'on ressent de manière physique chacune de leurs angoisses avec le ferme espoir que la lumière pénètre enfin dans leur vie. C'est dur mais c'est beau.
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Laissez parler les pierres

Apprentissage et transmission au moment de l'adolescence. Combien de romans ont été écrits à partir de ces ingrédients indémodables ? D'autant plus quand ils s'inscrivent dans le tumulte de la grande Histoire. Laissez parler les pierres est ainsi construit, récit d'un jeune homme auquel son grand-père a raconté ses années de douleur -détention arbitraire, torture et perte de son grand amour- pendant les longues années de dictature de Salazar au Portugal. Le livre alterne entre passé et temps présent pendant lequel le petit-fils tente de venger à sa manière la profonde injustice qui marqué la vie entière du vieil homme, désormais impotent et uniquement intéressé par les telenovelas. Bâti comme un thriller, avec parfois quelques tics du genre relativement inutiles, Laissez parler les pierres se lit avec plaisir tellement le talent de conteur de David Machado est évident, comme un cousin portugais de Carlos Ruiz Zafon. Au-delà des péripéties, nombreuses, et des coups de théâtre, l'intérêt vient en premier lieu de la réflexion sous-jacente sur ce que représente la vérité historique, si tant est qu'elle existe, dès lors qu'elle est soumise à la mémoire, par définition défaillante et plus ou moins conforme aux faits. De ce point de vue, le roman est passionnant, nous laissant dans une perplexité roborative. "Le mensonge n'est pas le pire ennemi de la vérité. C'est le doute qui l'est. Démontant les certitudes, y créant des ouvertures, il laisse de la place pour toutes sortes de vérités apparentes." On ne saurait mieux dire, monsieur Machado.
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Indice de bonheur moyen

Daniel, le narrateur d'Indice de bonheur moyen, est un pur produit de la crise économique portugaise. Laquelle, sans aucun doute possible, s'est doublée d'une très grande détresse morale chez un pan important de la société lusitanienne. Daniel raconte quelques mois de son existence à un interlocuteur qui, on s'en apercevra assez vite, n'est pas en face de lui. Un dialogue imaginaire donc mais qui se transforme le plus souvent en monologue, ou plus exactement en confessions. On avait apprécié le talent du jeune romancier portugais David Machado dans son précédent livre traduit en français, Laissez parler les pierres. Indice de bonheur moyen est encore plus réussi, véritable épopée au quotidien de l'existence d'un homme qui perd son emploi, en retrouve un autre très précaire, voit s'éloigner sa femme et ses enfants, finit par vendre son appartement, constate que ses amis les plus proches filent un mauvais coton, côtoie des adolescents qui plongent dans la délinquance, etc. Machado a le chic pour nous rendre l'existence de Daniel tragicomique, ce dernier ne perdant jamais l'espoir de s'en sortir alors qu'il a depuis toujours planifié sa vie. Et puis il y a la question du bonheur, qui est évoqué dans le titre du livre. Comment se situer sur une échelle de 1 à 10 au gré des péripéties de la vie qui rendent heureux ou malheureux ? Daniel est un cérébral qui se pose des milliers de questions avant d'accomplir n'importe quel acte. C'est ce qui rend le livre délicieux et très agréable malgré toute la dureté et l'insensibilité d'une époque. La question de la solidarité occupe la dernière partie du roman sous la forme d'une sorte de road-movie aussi philosophique que jubilatoire. Ce n'est certes pas un scoop mais dans ce monde complexe, fragmenté et brutal, la quête du bonheur reste une recherche viscérale et identitaire chez les humains que nous sommes. Et les personnages qui s'agitent dans Indice de bonheur moyen ont beau parfois ressembler à des pantins pathétiques et déboussolés, ils n'en sont pas moins terriblement touchants dans leurs candides et insensées espérances.






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Laissez parler les pierres

Valdemar est un petit garçon quand son grand-père, qui ne peut plus vivre seul, vient emménager chez eux. Ce n’est pas un grand-père comme les autres, il a des histoires terribles à raconter, une histoire, son histoire. Nicolau Manuel (le grand-père) a vécu sous la dictature de Salazar, au Portugal. Sa vie a basculé le jour de son mariage. A partir de ce jour et durant des années, il a connu l’enfermement, la torture, le mensonge et surtout l’injustice. Le petit garçon puis l’adolescent Valdemar, marqué par ces histoires, n’aura plus qu’une pensée en tête : aider son grand-père à rétablir la vérité concernant ce passé tourmenté. Mais quelle est la vérité ? Quel crédit accorder au récit de ce grand-père sourd et invalide ? Laissez parler les pierres est un roman déroutant. Violent, d’abord, par les descriptions de scènes de torture, très nombreuses, qui donnent au roman son atmosphère lourde. Surprenant, ensuite, par la censure que l’adolescent applique au récit de sa propre histoire, comme si lui aussi voulait ne pas tout dire, pour montrer que dans un récit, on n’a jamais qu’une partie de la vérité.
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Des abeilles sous la peau

Julia n’a pas tout raconté de ce qui lui était arrivé. Mais une chose est sûre, elle est traumatisée. Cloitrée chez elle, elle entend les disputes incessantes de ses voisins et ne souhaite qu’une seule chose : sauver la petite fille qui subit la violence de ses parents.



Ce roman se divise en trois parties distinctes, à trois dates différentes. Narration à la troisième personne pour la première partie centrée sur Julia. Des notes pour un roman écrites par un homme pour la seconde partie. Et l’enregistrement d’un enfant pour la dernière. Là encore, je n’ai pas envie d’en dire davantage parce que l’auteur donne à ses textes une ambiance énigmatique, on ne sait pas tout de suite qui sont les personnages qui évoluent sous nos yeux interloqués, on ne le comprend qu’au bout d’un certain temps.



C’est original, atypique et intéressant. D’un point de vue littéraire et formel, la seconde partie est passionnante. Rien n’est totalement explicite, tout est suggéré avec pudeur et parfois des pans entiers de la vie des personnages sont tus. C’est un roman qui permet au lecteur d’avoir une part active dans les déductions qu’il doit faire pour élucider les situations. Ce roman est exigeant, il n’apporte pas toujours de réponse, mais nous mène à réfléchir.



Le sujet ?



La violence faite aux femmes, la violence faite aux enfants, la violence en général et le traumatisme que cela engendre. Ces actes violents ne sont pas décrits, à peine effleurés, car l’auteur a choisi de mettre l’accent sur les conséquences qu’elles ont sur la personne qui les a subies mais aussi sur les générations futures.



Un livre qui mérite qu’on s’y attarde. Vraiment.



Lu dans le cadre du prix des Lecteurs de Cognac.
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Laissez parler les pierres

Valdemar écrit. Il écrit les souvenirs de son grand-père. Valdemar est un adolescent qui supporte mal le lycée et qui est plein de désir envers sa seule amie, Alice une jeune fille anorexique qui le trouve si cool. Entre un père vaguement présent, plus soucieux d'histoire et de sa collection de pièces, et une mère journaliste dont la carrière justifie bien des absences, l'adolescent va être pris par les souvenirs terribles que son grand-père lui livre entre deux "tele-novelas".



Aujourd'hui, le grand-père, Nicolau Manuel, se sent bien peu chez lui, occupant le bureau de son fils, ne pouvant plus se déplacer sans fauteuil et devenu sourd il y a des années. Jadis, Nicolau était le chasseur le plus réputé de son village, promis à un mariage avec la délicieuse Graça... mais aux sombres année de la dictature, son destin a basculé accusé de complots, de crimes, d'agitation politique, il va connaître des années durant l'emprisonnement, la torture et l’arbitraire le plus absurde... c'est en tout cas ce qu'il raconte, ce que Valdemar écrit page après page.



Il a bel et bien disparu pour ceux qui le connaissait, à commencer par Graça qui en épousera un autre, Amadeu Castelo, le tailleur qui avait préparé le costume de Nicolau pour son mariage. Mille fois Nicolau aurait dû mourir, mille fois il a survécu soutenu par le désir de retrouver Graça puis par celui de se venger du tailleur qui ne peut être innocent de ce qui lui est arrivé en ces années terribles où les dénonciations et les besoins de récits exemplaires valaient plus que toutes les preuves, que toutes les raisons, pour décider des destins.



Sans les mots, les histoires n'existent pas. Alors Valdemar écrit ces mots, pour faire justice à la vie et à l'histoire de Nicolau, le grand-père qu'il aurait pu ne jamais connaître et que son fils ne semble pas vouloir entendre. Cette histoire il faut qu'elle existe et soit partagée, ou au moins entendue, reconnue. Parce que pour se battre pour une vie meilleure, il est impératif, au préalable, de se sentir possesseur d'une vie propre. Le récit d'une vie, c'est comme les costumes que taillait Amadeu, bien coupés, ils tombent parfaitement et font bien plus qu'habiller : il donnent vie, jusqu'au dernier jour.



Comme un costume découpé dans du tissu sans forme, chacun existe et se construit au fil des récits qui s'assemblent, avec leur part d'ombres, de mensonges, d'incohérences, d'oublis et de brisures, de doutes et de secrets. La vie est-elle vraiment plus réelle que les récits que chacun en fait? Au fil de ce roman, qui oscille parfois entre enquête policière, roman d'apprentissage et récit d'histoire, on ne sait plus trop. Il suffit de quelques lignes dans un journal pour que les limites entre la vie et la mort se troublent, et les mots, vrais ou faux, ont la force des récits de cicatrices écrits sur le corps du rescapé, ou du naufragé, qu'on ne laisse ni chasser, ni fumer... et qui ne sait plus que se fondre dans l'imaginaire superficiel et sur-médiatisé de la télévision.



Récit historique sur le terrible temps de la dictature? C'est sans doute ce que ce roman n'est pas, ou alors très accessoirement. Par contre, il nous emmène dans l'histoire, celle que chacun garde en soi, qui permet de vivre ou de survivre, que l'on peut choisir de dire ou d'ignorer, mais qu'on ne peut éviter et dont il faudra sans doute, tôt ou tard, payer le prix.



Une belle occasion de découvrir un jeune auteur (né en 1978) dans lequel certains voient le renouveau de la littérature portugaise.
Lien : http://www.filsdelectures.ne..
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Laissez parler les pierres

Si le fond du bouquin est très bon, l'histoire du Portugal dans les années soixante, la dictature de Salazar, la forme ne me convainc pas. D'abord, je ne suis pas très friand des romans dont les enfants ou adolescents comme Valdemar sont les narrateurs, c'est souvent une technique pour cacher quelques faiblesses d'écriture. Ensuite, David Machado procède beaucoup par allusions, parle d'une situation ou d'un événement que le lecteur ne connaît pas encore en voulant l'accrocher, le garder dans ses filets : "Il est probable que s'il avait pu deviner les incroyables événements qui allaient se produire le lendemain matin, Nicolau Manuel aurait regardé plus longuement, plus intensément la jeune fille, pour tenter de graver à jamais sa magnifique image dans sa mémoire." (p.59) Un procédé censé donner du suspense -pratiqué dans les polars notamment-, mais qui trop usité devient voyant, facile, masque sans doute des insuffisances de mise en forme et pour tout dire est agaçant. Dans cette phrase, on voit par ailleurs force adjectifs ou adverbes puissants ("incroyables", "longuement", "intensément", "magnifique") qui censés donner du poids à la phrase l'affaiblissent et lui donnent tout d'un mauvais scénario. Un bon bouquin n'a pas besoin de tous ces artifices pour toucher, émouvoir et plaire. Je suis d'autant plus sensible à cet argument que j'essaie -en vain- de me débarrasser de cette mauvaise habitude de coller un adjectif ici, un adverbe là, mais bon, j'ai une excuse, je ne fais pas de l'écriture ma profession.

Néanmoins, pour être totalement complet, le contexte est très présent, suffisamment fort pour tenir le lecteur, c'est d'ailleurs pour cette raison que David Machado n'avait pas besoin des artifices dontje lui reproche l'usage. Je me dois de dire également que je ne suis pas un féru de l'histoire du Portugal (à vrai dire, je ne la connais pas du tout) et nul doute que ceux qui s'y intéressent trouveront chaussure à leur pied voire chaussures à leurs pieds pour ceux qui ne sont pas unijambistes.

Mon avis n'est qu'un ressenti personnel, ce bouquin qui pourrait bien faire mouche -il en la densité-, car je suis souvent décalé dans mes choix de lecture. Les éditions de l'Aube sont une petite maison d'édition qui mérite qu'on s'arrête sur son catalogue large et éclectique, tiens d'ailleurs si vous cliquez sur son nom, vous y êtes...
Lien : http://lyvres.over-blog.com
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Laissez parler les pierres

Portugal de nos jours



Valdemar a 15 ans : c’est un dur au collège : bagarres, insolences, mauvaises notes, renvois...Seule sa petite amie, Alice, trouve grâce à ces yeux. Lui est "gros", elle est anorexique...



Depuis qu’il a 6 ans son grand père Nicolau vit avec Valdemar, son père et sa mère.

Le grand père lui a raconté son séjour en prison à partir de 1947 et son désir de vengeance. Celui- ci est très diminué et ne quitte plus son lit que pour un fauteuil roulant, il perd la mémoire alors Valdemar se décide à écrire l’histoire de son grand père, entrecoupée de son histoire à lui et celle d'Alice



Le fonds historique, pour la partie concernant le grand père est la dictature de Salazar

Sur dénonciation, Nicolau se retrouve une première fois en prison . Il réussit à s’évader au bout de plusieurs années de prison et retourne chez son ancienne fiancée, mariée à son rival. Il se fait arrêter le lendemain (dénonciation ?)



La description de la vie de cette homme est très dure : il a été rendu sourd par les tortures, ses mains ont été brisées

Malgré tout, doué d’un instinct de survie hors du commun, il résiste...Ce qui le sauve ? être un fabuleux conteur. Il raconte à ses bourreaux l’histoire d’un communiste imaginaire Dionisio et ils le croient ...tant et si bien que ce Dionisio totalement imaginable finit par devenir célèbre et vivant !



J'ai aimé : l'alternance de points de vue entre la vie de Valdemar et celle de son grand père. C'est le premier livre que je lis  autour de la dictature de Salazar, celle ci n'a finalement rien à envier à celle de Franco, Ceaucesu et tant d'autres...La fin est surprenante,  l’évolution de Valdemar (d'adolescent rebelle à adolescent plus réfléchi) est très bien mise en avant...Et surtout j'ai apprécié la conclusion m^me s'il elle n'en est pas une  : il ne suffit pas d'avoir vécu l'Histoire pour en avoir une vision "réelle" : où est la vérité ? où sont les mensonges ?



J'ai moins aimé : des répétitions (sur les tortures, la prison), le rôle des parents de Valdemar n'arrive qu'à la toute fin ...



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Des abeilles sous la peau

Dans ce roman en trois parties, on suit le chemin tortueux de personnages ayant subi des traumatismes (violences d'un petit, violences de guerre, isolement). Pour les plus chanceux, ils et elles cheminent de l'ombre à la lumière. Ils et elles se défont peu à peu de la prison dans laquelle les maintiennent les traumatismes subis.



A travers les trois voix qui se font entendre dans chacune des parties et leur confrontation, l'auteur modifie notre regard sur les personnages par de légères touches. Nous découvrons des facettes initialement cachées de leur personnalité. Nous cheminons avec eux dans l'obscurité jusqu'à percevoir une lueur dans leurs ténèbres.



Des abeilles sur la peau est aussi un roman sur l'écriture et sur comment écrire sur ces sujets difficiles que sont les violences. En particulier, dans la deuxième partie, nous suivons un écrivain dans sa quête de vérité à travers l'écriture.



La troisième partie est la plus douce. Une enfance exigeante racontée par le petit Manuel. On s'y délecte des collines du sud du Portugal. Des journées qui s'étirent sous le soleil et qu'il passe avec son amie Rachel, la fille de hippies allemands venus vivre dans les bois, une vie joyeuse et aimante dans la nature qui inspirera Manuel et l'incitera à pousser les portes de la tour d'ivoire dans laquelle sa mère l'a enfermé, avec beaucoup d'amour, pour le préserver du mal.



Roman très riche et exigeant, qui fait appel à notre esprit critique et à notre capacité de réflexion, Des abeilles sous la peau n'apporte aucune réponse toute faite. David Machado dissémine à travers le texte tous les éléments, tels de petits cailloux blancs laissés dans une forêt. A nous de les trouver et de les mettre en lien. Voilà la condition pour reconstituer le puzzle de ces vies fracassées et apprécier le roman dans toutes ses dimensions.
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Laissez parler les pierres

J'ai du vraiment m'accrocher pour achever ce roman qui a pourtant un certain nombre d'atouts : des personnages intéressants, complexes ; un contexte historique que je connaissais mal (le Portugal des années 60) ; une construction faite autour d'allers-retours entre l'histoire tragique de Nicolau Manuel et celle de son petit-fils , Valdemar la narrateur. J'ai cependant trouvé l'ensemble long, parfois redondant.

Le matin de son mariage avec Graça dos Penedo, Nicolau est arrêté et accusé injustement d'être un communiste complotant contre la dictature. Débutent de nombreuses années d'emprisonnement, de tortures, d'évasion et de nouvelles incarcérations. Nicolau ne perdra jamais espoir de retrouver Graça, l'amour de sa vie, qui entretemps s'est mariée avec Amadeu Castel, le tailleur. Nicolau le soupçonne très vite d'être à l'origine de ses ennuis et de le dénoncer aux autorités (jamais les mêmes mais toujours aussi violentes et arbitraires dans leur traitement des supposés coupables) chaque fois qu'il s'approche de Graça. Un mystère plane cependant sur la vie de Nicolau puisqu'on ne sait jamais si ce qu'on lui reproche est réel - notamment des activités politiques révolutionnaires - ou s'il est vraiment le sujet de machinations. Je pense que c'est cette incertitude qui m'a un peu "usée" au fil des pages...

Accueilli par son fils alors qu'il est indigent, il va raconter son histoire à Valdemar, qui grandit nourri par les sombres aventures de son grand-père et finalement projeter de le venger - aidé en cela par Alice, dont l'anorexie met en danger sa vie.

Les deux adolescents sont des personnages attachants, très perturbés quand même, qui se retrouvent autour de leur mal de vivre et entretiennent une relation amoureuse assez singulière. C'est leur histoire qui a le plus retenu mon attention et m'a donné envie de finir le livre.

Avis très mitigé donc.



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Laissez parler les pierres

Je ne connaissais pas du tout ce livre et c'est en voyant une critique que j'ai eu envie de le lire.



DIXIE 39, que je remercie, m'a proposé de m'envoyer ce livre après avoir poster sa critique.



C'est un livre qui est très bien écrit à mon goût avec un narrateur qui est en fait un enfant de 14 ans qui décide de raconter l'histoire de son grand-père, les textes sont donc simples et tout est facilement compréhensible.



Je suis malgré tout restée un peu sur ma faim car je m'attendais à ce que cette période noire qu'a vécu le Portugal soit un peu plus détaillée;



En effet, dans le cadre de mon travail il y a une quinzaine d'année, j'ai fréquenté beaucoup de Portugais retraités qui parlaient souvent de cette sombre période et des raisons de leurs arrivées en France mais tout en étant toujours très évasifs, étant à cette période toute jeune, je n'ai jamais osé les questionner davantage, maintenant avec plus de maturité je n'y serais permise, donc en voyant le résumé de ce livre je pensais pouvoir en connaître plus et combler le manque de connaissances que j'avais sur le sujet.



J'attendais donc de ce livre, un peu plus d'explications, mais je pense que l'auteur a plutôt voulu misé sur le devoir de mémoire et des ravages (physiques, psychologiques, familiales...) qui ont été causé par cette dictature. Il laisse même plané un certain doute sur les événements comme si ils été vraiment trop horribles pour pouvoir avoir été vécus.



Il s'agit malgré tout d'une histoire attachante avec un narrateur très émouvant qui possède derrière sa façade de caïd un énorme coeur.
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Laissez parler les pierres

Nicolau, le grand-père de Valdémar, vit chez les parents de celui-ci et, depuis des années, lui raconte en permanence les différents épisodes de sa vie dans le Portugal de Salazar ; vie qui fut terrible. Valdémar, le narrateur de ce livre, conçoit l'idée d'aider son grand-père a réaliser son projet de vengeance. On ne sait pas si toutes les histoires du grand-père sont vraies, si certaines ne sont pas inventés, adaptées de faits-divers ou enjolivées. Ce que nous dit l'auteur c'est que Nicolau n'aurait pu survivre à son atroce destin s'il ne s'était persuadé être la victime d'un seul et même bourreau et non de la malchance de vivre sous une dictature politique.

Cette croyance qu'il s'est forgé l'a fait résister à tout pour pouvoir se venger de son bourreau.

Cela aurait pu faire un bon livre mais trop c'est trop et à force de rajouter des malheurs au grand-père, on n'y croit plus. On comprend à la fin que l'auteur a forcé la note pour valider sa thèse du désir de vengeance meilleur pilier de la résistance humaine, mais avant que de pages lues presque uniquement pour aller au bout.

Une déception.
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C'est un chapeau

J'ai choisi ce livre à l'occasion d'un Masse Critique. Je remercie Babelio ainsi que les éditeurs pour ces opérations qui nous permettent et promettent de belles découvertes!



La couverture de C'est un chapeau a attiré mon attention de part l'illustration ultra colorée ainsi que la situation originale du petit garçon coiffé d'un bel oiseau. J'ai ensuite lu le résumé, et l'histoire m'a séduite elle me promettait pas mal de couleurs et surtout j'ai voulu savoir ce qu'adviendrait du petit garçon au départ de l'oiseau!

Je n’ai pas été déçu l’illustration est foisonnante de couleurs, d’effets de transparences, tout en restant organisée et géométrique. Des chiffres et des lettres se promènent tout le long de l’histoire donnant un coté graphique à celle ci.



La fin reste ouverte à l’interprétation et à la réflexion des petits. Cette histoire poétique m’a beaucoup plu, je recommande pour vos enfants comme pour tous ceux qui comme moi qui aiment la poésie et l’illustration…
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Des abeilles sous la peau

Ce roman de David MACHADO, découvert dans le cadre du Prix des lecteurs de Cognac 2023, mettant à l’honneur le Portugal, a de quoi dérouter du fait de sa structure particulière.

En effet, le récit se développe à travers trois textes qu’on ne comprend reliés qu’à la toute fin. Il court sur trois périodes : 1994, 2010, 2017 et permet de suivre deux héroïnes, Julia et Catarina, qui en constituent le fil rouge. Deux personnages masculins croisent également leur vie chaotique.

Le lecteur suit d’abord Júlia, une jeune femme que l’on suppose battue et détruite psychologiquement par son petit ami. Elle refuse de partager sa souffrance et s’enfonce dans le mutisme, la peur et les addictions. La seconde partie, écrite comme un brouillon de scénario, présente Salomão, homme mûr et écrivain qui se retrouve embarqué dans une histoire d’amour avec une femme fuyante qui le manipule et l’entraîne vers la violence. Enfin, le roman s’achève avec le récit d’un petit garçon complètement isolé par sa mère dans une vie dictée par la peur, la méfiance envers les autres et le monde extérieur.

Tous les personnages se révèlent victimes et/ou auteurs de violences physiques ou psychologiques. Cette thématique du traumatisme est lourde et montre tous les rouages de l’emprise de victimes par la violence, l’autodestruction qui en découle, l’enchaînement de situations et de prises de décisions graves jusqu’à la transmission intergénérationnelle.

Je n’ai pas été sensible à cet exercice de style dont la construction en puzzle ne m’a pas embarqué et a été difficile à suivre.

Tout au long de ma lecture, le propos s’est révélé pesant, noir et j’ai eu du mal à entrevoir une touche d’espoir ou une possibilité de résilience.

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Laissez parler les pierres

Déprimant, obscur, violent, vulgaire, irritant... Parvenu à la moitié, j'ai abandonné. Pourtant, un jeune auteur portugais, une part sombre de leur histoire mais une sale complaisance dans les tortures, les souffrances physiques de ce grand père dont on envie pas la bêise et son caractère. un gros bide, une déception....
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Indice de bonheur moyen

Le Portugal. Pour nous, français, il s’agit souvent d’une destination estivale, synonyme de plaisir, décontraction et gentillesse. On en oublierait presque cette crise, violente, subie par un peuple dont tout le monde date les derniers exploits à l’ère des grands explorateurs. Daniel, le narrateur, représente un pan de la société lusitanienne aux prises avec cette situation, et à la grande détresse morale. Durant tout le roman il s’adressera à un interlocuteur peu loquace, distant, accentuant sa solitude. Un sentiment de lent glissement m’a habitée à la lecture, un véritable désespoir face à ce personnage suffisant malgré la détresse, très, trop sûr de détenir la vérité, de faire les bons choix, et donc incapable de toute remise en question et de tout appel à l’aide. Il est peut-être trop tôt pour que je prenne de la distance, et je suis assez peu habituée à éprouver un tel rejet… Le propos sur le bonheur, sur les moyens possibles pour l’atteindre et sur la difficulté définir ce concept que nous pourchassons tous est intéressant.
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C'est un chapeau

Opération Masse Critique – littérature jeunesse



- Ce n’est pas un oiseau, c’est mon nouveau chapeau.

- On dirait pourtant bien un oiseau.

Que faire quand on se retrouve avec un oiseau venu se nicher dans ses cheveux, et bien décidé à y rester ?

Prétendre que c’est un chapeau. A la maîtresse, à ses camarades, à ses parents aussi. Un chapeau aux plumes longues et colorées, garnies de lettres, de chiffres, comme toutes les pages de l’histoire, d’ailleurs.

Les adultes doutent, les enfants se moquent. Mais Maria, qui sait compter loin et courir plus vite que les autres, le trouve beau.

Attirée par le sourire de Maria, la confiance en soi inonde alors le cœur et le visage du petit garçon. La honte s’envole, mais l’oiseau aussi ! un peu vite peut-être.. Maria le trouvera-t-elle beau sans son chapeau ?

Un conte tout en géométrie simple comme des dessins d’enfants, aux couleurs un peu passées d’une chaude journée de soleil portugais, des ronds des triangles des carrés qui font réfléchir et grandir, s’accepter comme on est.

(Coup de cœur pour la couverture qui donne une impression de relief !)



Merci encore aux Editions Balivernes et à Babelio pour cette (nouvelle) belle découverte !






Lien : http://www.listesratures.fr/
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