Le ventre recherche la nourriture ; la langue, l’eau ; le coeur, l’amour ; et l’esprit, les récits.
C’est pas les bonnes intentions qui pavent la route de l’enfer. C’est les bonnes raisons qu’on se donne.
L’amour est la chose du coeur. ou bien : l’amour est comme le sake : on boit, il y a une nuit de joie, oui ; mais le matin froid arrive, et on a de la migraine et le ventre est malade. Un homme peut aimer les concubines car quand l’amour meurt il dit “au revoir” : c’est plus aisé et il n’y a pas de blessures. le mariage est différent. Le mariage c’est la chose de la tête : le rang… le commerce… la lignée.
La lune cabossée paraît bien sale. Les étoiles sont comme des bulles prises dans la glace. Le vieux pin noueux est plein de bonnes intentions. (p383)
En poussant à l'absurde la vision de M. D., on pouvait spéculer que si la science inventait des machines de guerre toujours plus destructrices, le pouvoir de destruction de l'humanité finirait par dépasser son pouvoir de création, et en conclure que notre civilisation était vouée à l'extinction.
"Cinq ans, le temps sera long. Mais la plupart des femmes mettent toute une vie à trouver une homme gentil et honnête." Jacob avait tenté de lui répondre, mais elle l'en avait empêché. "Je sais comment les hommes agissent quand ils partent loin; peut-être sont-ils voués à se comporter ainsi - silence, Jacob de Zoet! Aussi, tout ce que je vous demande est d'être prudent à Java: que votre cœur reste à moi, à moi seule. Je ne vous donnerai pas de bague ou de médaillon, car il est possible de perdre ce genre de choses, mais ceci, au moins, vous ne pourrez le perdre..." Anna l'embrassa pour la première fois et la dernière fois. Un long et triste baiser.
(P91)
Les secrets nous affectent plus qu'on ne croit. On ment pour les dissimuler. On détourne la conversation pour les éviter. On a peur que quelqu'un découvre le nôtre, de secret, et qu'il aille le dire à la terre entière. On croit qu'on détient un secret, mais est-ce que ce ne serait pas plutôt le secret qui nous manipule ?
La bonne humeur, c'est aussi fragile qu'un œuf.
Avec sa mère, on a besoin de bien s'aimer. Pas de s'adorer, mais de bien s'aimer.
C'est assez excitant d'écouter aux portes, parce qu'on apprend ce que les gens pensent vraiment...
Les arbres, ça vous réconforte toujours, après les gens.
J’ai entendu un piano, auquel s’est joint un violon discret. J’espérais que madame Crommelynck n’avait pas d’autre invité. Quand on est trois, c’est comme si on était cent. L’escalier avait besoin d’être réparé. Une guitare bleue déglinguée était abandonnée sur un tabouret cassé. Dans son cadre de couleur criarde, une femme grelottante était étendue dans une barque flottant sur une mare couverte de saletés. Comme l’autre fois, le majordome m’a conduit au solarium (j’ai cherche « solarium » dans le dictionnaire, ça veut dire : « une pièce lumineuse et ouverte »). La succession de portes devant lesquelles nous sommes passés m’a fait penser à toutes les pièces de mon passé et de mon avenir. La chambre d’hôpital où j’étais né, les salles de classe, les tentes, les églises, les bureaux, les hôtels, les musées, les maisons de retraite, la pièce où je mourrai (elle est déjà construite ?). Les voitures, ce sont des pièces. Les forêts aussi. Les ciels, ce sont des plafonds. Les distances, des murs. Les utérus, ce sont des pièces faites en mères. Les tombes, des pièces faites en terre.
La musique montait, montait.
A Tokyo, c'est dans sa tête qu'on doit trouver de l'espace.(...) Les gens qui n'ont nulle part où s'évader sont ceux qui se jettent sous les trains. Mon espace, je me le crée grâce au jazz.