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Citations de David Rousset (18)


Le monde des camps n'est pas grave parce qu'on y souffre et parce qu'on y meurt ; le monde des camps est grave parce qu'on y vit.
La gravité du malheur concentrationnaire, c'est que ce système permet à un homme de vivre, parfois de longues années, mais seuleument dans certaines conditions.
C'est que cet homme est devenu une déchéance complète à l'égard de lui-même.
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Cette haine, tu la trouveras dans les décombres de la société allemande d'après l'autre guerre. Des dizaines de milliers de gens, des commerçants, des artisans, des avocats, des professeurs, ont tout perdu. Ils avaient été élevés dans la notion de leur superiorité sociale et il se sont vus précipités plus bas que les ouvriers. Ils ne voulaient pas socialement mourir, c'est à dire devenir des prolétaires.
Le juif, le démocrate, le communiste sont devenus les grandes enseignes de leur déchéance. Ils font cette guerre aujourd'hui comme une guerre civile, avec le même déclenchement de haine totale. Nous savons qu'ils se battront jusqu'au dernier carré...
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Le triomphe S.S. exige que la victime torturée se laisse conduire à la corde sans protester, renonce, s'abandonne.
En plongeant son couteau dans la gorge du SS Siebeck, le russe a redonné une valeur à la haine. Nous crevons tous ici de haine impuissante, de haine lâche, nauséadonde. Des haines qui n'osent rien. Cette haine de gens moralement esclaves.
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Les Allemands ont peur de leur Führer, mais ils ont bien plus peur encore des Russes. Parce que les Russes savent. Parce que les Russes sont arrivés dans les régions de l'Est où l'on gaze les Juifs, les Polonais, les Ukrainiens...
Leur régime a endossé trop de crimes, il a rompu tous les ponts. Il a déchiré tous les contrats, commis tous les meurtres délibérement, avec un sadisme industriel. Il a creusé sa fosse et celle de son peuple.
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Les bourreaux des camps de concentration appartiennent-ils encore à l'espèce humaine ?

Les esclaves déportés sont-ils demeurés des êtres humains ?
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Le peuple des camps, c'est un monde à la Céline avec des hantises kafkéennes.
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La vie mentale de la plupart des détenus était entièrement absorbé par la hantise des nourritures.

C'est précisément cette asphyxie mentale, multipliée encore par les violences des criminels, qui était le mal le plus dangereux des camps.
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Des visages qui se décomposent. La maigreur tire les traits en grimaces. Les yeux se creusent et s'agrandissent. Les yeux mangent le visage.
Singulières têtes étroites et hautes avec les tempes creuses, les crânes nus proéminents, les machoires qui avancent, le cou maigre, et les yeux, des yeux qui brulent, qui rongent la face comme des chancres.
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Partis douze milles, ils étaient maintenant sept milles squelettes incertains entre la vie et la mort. Des milliers restaient dans les fossés, le crâne troué d'une balle.
Des civils manifestaient en voyant les SS se ruer la matraque levée.
__ Vous tuez ces hommes, criaient -ils, et vous adandonnez leurs cadavres sur la route. Si les Américains viennent, c'est nous qu'ils tiendront pour responsables. Emmenez donc au moins les corps.
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Que peuvent signifier aujourd'hui les anciennes tables de la loi : les concepts d'honneur, de probité morale ou intelectuelle, d'équité, de preuves, de culpabilité ?
Ici, dans les camps de concentration, user de ces concepts, c'est parler un langue morte.La violence, la ruse, la délation, l'hypocrisie sont devenus des composantes organiques de notre existence.
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La grande masse concentrationaire est devenue incapable de penser. La peur permanente, la faim,l'abrutissement du travail, les coups, l'impossibilité totale de d'isoler, l'absence de tout repos réel ont détruit dans la foule tous les ressorts, l'ont réduite au niveau de l'hébétude et de l'idée fixe ( manger, ne pas être battu).
Les conditions sociales de la vie dans les camps ont transformé la grande masse des détenus et déportés, en une plèbe dégénérée entièrement soumise aux reflexes primitifs de l'instinct animal.
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David Rousset
Seuls les gens normaux ne savent pas que tout est possible.
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"Silhouettes noires et menues à la lisière du plateau, courbées sous les rafales de neige qui les ensevelissent et les découvrent tour à tour, des portent, traînent, poussent des caisses, des tonneaux, des brouettes de merde. La merde est pompée dans de grands bassins et répandue sur les jardins des S.S., à quatre cent mètres de là. Le chemin est un étroit sentier raboteux et gelé, là où les pieds dérapent. Les muscles sont tendus de fatigue. Les visages et les mains brûlent de froid. Les Vorarbeiter aboient et cognent. Sans répit, déportées par les bourrasques, les colonnes se croisent douze heures de rang." (pp. 18-19)
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La haine insensée qui préside et commande toutes ces entreprises est faite du spectre de toutes les rancœurs, de toutes les ambitions mesquines déçues, de toutes les envies, de tous les désespoirs engendrés par l'extraordinaire décomposition des classes moyennes Allemandes dans cet entre deux guerres. Prétendre y découvrir les atavismes d'une race, c'est précisément faire écho à la mentalité SS.
Chaque catastrophe économique, chaque effondrement financier, et des pans entiers de la société allemande s'écroulent. Des dizaines de milliers d'êtres sont arrachés aux formes d'existence traditionnelles qui sont physiquement les leurs et condamnés à une mort sociale qui est avilissement et torture pour eux.
Le cadavre des croyances, la hantise des conforts défunts, les horizons intellectuels les plus stables basculés, il ne reste qu'une extraordinaire nudité faite de rage impuissante, de hargne criminelle affamée de vengeance et de revanches.
Le national-socialisme a élevé au niveau des mythes toutes les bassesses libérées par le tremblement de terre de la société allemande. Sa propagande a génialement asphyxié les cerveaux et mobilisé les haines exaspérées. La nécessité de mystifier les masses pour servir les maîtres a conduit la propagande à créer d'étonnants personnages incarnant tous les désespoirs, se nourrissant de tous les crimes : le communiste, le Juif, le démocrate.
C'est une fabuleuse mise en scène d'images d'Épinal qui monte le décor de la mentalité SS. Dans l'effrayante nullité intellectuelle que la mystification impose, les appétits se sont jetés comme des orages sans regards sur ces mannequins dressés dans les ruines et qui avaient au moins l'avantage d'être à la portée de la main.
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Des squelettes étonnants, les yeux vides, marchent en aveugles sur des ordures puantes. Ils s'épaulent à une poutre, la tête tombante, et restent immobiles, muets, une heure, deux heures. Un peu plus tard, le corps s'est affaissé.
Le cadavre vivant est devenu un cadavre mort.
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Comme vous le savez, les camps de concentration constituaient une véritable société où les SS jouaient le rôle de Dieu, mais comme Dieu, n’étaient pas directement présents dans les affaires intérieures. Toute la question du camp, comme toute l’organisation du travail, était aux mains des détenus et sous leur responsabilité
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La mort même n’a plus d’échos à votre humanité. Les témoins sont égorgés. Il n’est plus d’acte possible. L’immensité nue est déserte. Seuls, aux horizons de la planète morte, se tiennent les chiens immobiles
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Les crânes sont entièrement rasés et se découvrent crayeux sous la tondeuse. Leurs formes vraies se révèlent en une surprenante bouffonnerie. Les crânes dénudés, les visages se défont et grimacent. Les hommes défilent sous de nouveaux masques, surpris et gênés, devant eux-mêmes étrangers.
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