Delphine Montariol

Il pleut. Je suis coincée dans les embouteillages, au volant de ma Twingo jaune, en la charmante compagnie de mes deux adorables enfants : Philippe, 5 ans, aussi blond que son papa, et Clotilde, 2 ans, aussi châtain que sa maman. Donc, si votre cerveau fonctionne encore, vous pouvez en déduire que je suis châtain. de toute façon, on s'en fiche. À cet instant très spécial de ma vie, il vaudrait mieux pour moi - et les autres - que je sois chauve et bouddhiste ! Il me faudrait au moins cela pour supporter l'effroyable nouvelle que mon cher mari Pierre-Marie - oui, ça rime, je en l'ai pas fait exprès - vient de m'annoncer, alors que je suis coincée dans une voiture, sous la pluie, dans les embouteillages, avec deux gamins qui hurlent. À savoir que nous aurons l'honneur - une fois de plus - de passer Noël en compagnie de son horrible / horripilante / détestable famille ! Gardez le qualificatif qui vous plaît... Non, en fait, gardez les tous !

Une image me revient soudain en tête. Pierre-Marie m'annonçant que nous n'aurions pas un sou à la mort de son père, puisque ses parents avaient modifié leur régime matrimonial et opté pour la communauté universelle. J'avais alors levé les yeux au ciel et répondu que je m'en préoccupais comme d'une guigne, puisque cet argent leur appartenait à eux et pas à nous. Au petit sourire satisfait qu'avait eu mon mari, j'avais pris conscience d'avoir répondu à une question piège...

Je me rends compte que je manque à tous mes devoirs ! J'ai omis de vous présenter les honorables membres de la famille Martin du Desclin. À tout seigneur, tout honneur, commençons par mon mari. Pierre-Marie est le prototype du fantasme des belles-mères. Grand, blond, yeux marron, athlétique, ingénieur, il est parfait... sauf si, comme moi, vous considérez qu'être têtu comme une vieille bourrique arthritique est un défaut majeur. En dehors de ce souci d'entêtement maladif, Pierre-Marie est plutôt un compagnon agréable...hors les périodes où nous nous retrouvions coincés dans sa famille. À ce moment-là, vous obtenez la même réaction que si vous nourrissez Gizmo le mogwaï après minuit !

Serrée dans un étau, Hannah sentait sa dernière heure venir. L’homme appuyait si fort sur son visage qu’elle ne pouvait plus respirer et son nez menaçait de s’enfoncer dans son visage. Elle aurait dû attendre Athénaïs. Athénaïs aurait su quoi faire de Jicky.

Après tout, il restait peut être une chance que l’épouse du principal conseiller de ce Kaiser, vindicatif et hautain, ne soit pas liée à cette dangereuse organisation criminelle.
— Le chancelier m’a lui même présenté son épouse.
Non, décidément, la situation était catastrophique. L’ambassadeur prit quelques instants de réflexion et détesta les conclusions qui s’imposaient.

Le Français se déporta et assena la botte. Sa botte. La marque d’Atropos. Le couteau fila en biais vers le visage de Sergueï, déchira les chairs le long de la pommette, remonta vers l’œil droit et emporta une partie de l’arcade.

Je préfère ne pas y penser en réalité. J’étais un avocat réputé et surmené, en couple avec une femme belle, intelligente et méchante, et aujourd’hui, je suis sans emploi, sans compagne, mais j’ai quatre enfants à charge.

Rose… Le prénom procure un électrochoc au frérot. Je ne suis pas loin de penser comme les garçons ! Tu es vraiment nul avec les filles ! Cela fait près de quatre mois que tu ne l’as pas vue et la dernière fois que tu lui as parlé, tu as été odieux !

C’est une histoire qui aurait dû rester secrète, mais garder un secret dans une maison avec quatre enfants est plus difficile que gravir le mont Everest à cloche pied…

Pour ma part, je suis fou amoureux de vous depuis que je vous ai vue à la porte de mon appartement. Je vous ai aimée, je vous aime et, maintenant que la situation s’est un peu éclaircie, je peux enfin me déclarer. Cette tête de pioche d’Arthur l’a su avant moi et il ne comprenait pas pourquoi je ne me jetais pas à vos pieds pour vous dire que vous êtes la plus belle, la plus aimable, la plus attentionnée, la plus intelligente et la plus drôle des femmes. Jusqu’à aujourd’hui, je ne le pouvais pas. J’avais besoin de temps, j’avais besoin de certitude sur mon avenir, sur notre avenir à tous. Maintenant, je suis à vos pieds et j’attends… J’attends que vous me disiez « oui ».

Le tact est une qualité qu’il va te falloir acquérir de toute urgence car elle évite à tes proches de se trouver dans l’embarras, comme moi en ce moment...

Je n’ai jamais compris ce qui pouvait pousser les gens à sortir dans le froid pour courir… Mais, bon, je n’ai jamais été très sportive. Pour ma part, j’ai toujours préféré me caler dans un canapé douillet avec un bon livre et une tasse de thé. À chacun ses loisirs!

L’être humain est complexe, Lily. Nous ressentons tous un même événement de façon différente. Je ne sais pas pourquoi aujourd’hui tu te sens rejetée, mais je ne doute pas que c’est ce que tu ressens et cela m’attriste pour toi, parce que c’est faux. Ta mère te veut bien évidemment dans sa vie, Rose - que je ne connais pas mais à laquelle tu sembles attachée - te veut dans sa vie d’une autre façon et, moi, je te veux dans ma vie.

J’aime cette odeur douce et sucrée de la pâte avant cuisson. Maman avait institué ce petit rituel pour que, chaque année, nous nous préparions à la magie de Noël et, tous les ans depuis lors, je retrouve le plaisir de cette recette réalisée en famille… Même cette année, j’ai trouvé la force de respecter la tradition. Malheureusement, les bonshommes sont restés chez nous dans la boîte à biscuits du salon…

Ce petit a tendance à abuser de son charme… J’espère qu’il perdra cette mauvaise habitude avant l’âge adulte… Un soleil de dents, songe l’oncle qui ne peut s’empêcher de sourire en retour. Même son oncle est sous le charme… Misère, il va faire des ravages à l’adolescence .

Je me fais du souci pour Lily. Elle se cache dans une carapace agressive, mais je sais que ma petite fille au cœur tendre est dedans. À chaque fois qu’elle me contrarie, je me demande toujours si cette armure est un bien ou un mal. En fait, ce n’est pas la bonne question. Sa carapace, c’est son mode de survie face aux drames qui ont déjà émaillé sa courte vie. Pourvu que sa carapace soit assez solide pour encaisser le mauvais coup qui se prépare...

Pour me contrarier, elle serait d’accord avec le Diable en personne, alors avec une démone… Restons calme…

Les parents, bien sûr, dévorent des yeux leur grand petit garçon et s’assurent qu’il va bien. Je me jette ensuite sur lui, avide de savoir comment il va, s’il est heureux, etc., etc., etc. Bref, le travail d’une grande sœur. En revanche, les filles sont sur la réserve. Elles sont polies - je les ai quand même bien élevées -, mais elles ne sont pas enthousiastes… loin de là .

Elle ne supporte plus la distance toute professionnelle qui les sépare davantage chaque jour.
— Ce serait déjà quelque chose ! Tu es si indifférent, si ridicule avec ton self-control ! J’ai l’impression de vivre avec une marionnette qui ne s’anime que pour plaider !

Qu’est-ce qui a bien pu le séduire douze ans auparavant pour qu’il décide de lier son destin à cette femme ? Elle est certes intelligente, ambitieuse - ce qui lui plaisait -, mais ce qu’il avait pris pour de la détermination est en fait de la froideur et de l’indifférence.