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Critiques de Delphine de Girardin (21)
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La canne de M. de Balzac

J'ai apprécié ce court roman, découvert, je l'avoue, parce qu'il était compris dans les ouvrages au nom de Balzac sur le site Bibebook. La Canne de M. de Balzac a certes un rapport avec Honoré de Balzac, en ce que l'auteure se plaît à imaginer des vertus magiques à la canne "monstrueuse" du romancier (lui-même disait "canne fée") : il s'agit de rendre invisible quiconque la tient dans sa main gauche. C'est une découverte que va faire le héros de ce roman, Tancrède, jeune homme très beau envoyé à Paris par sa mère, avec force lettres de recommandations auprès de supposés protecteurs, qui tous vont se rétracter lorsqu'ils constatent avec terreur les effets de la beauté du jeune homme. En effet, Tancrède, qui pourtant n'est pas exagérément fier de son apparence physique, ni vain de son apparence, va faire d'étape en étape la douloureuse expérience du rejet craintif qu'entraîne une beauté trop parfaite.



Aussi, lorsque, durant un spectacle, il comprend que Balzac sait se rendre invisible grâce à cette canne, il émeut ce dernier par sa perspicacité, finit par se lier d'amitié avec lui et obtient le prêt de l'objet convoité durant quelque temps. Il est logique, et c'est un beau tribut rendu au prodigieux écrivain, que M. de Balzac bénéficie forcément d'un secours magique, pour aussi bien connaître et comprendre l'intimité des hommes dans ses Scènes de la vie privée. Il ne peut qu'avoir pu se rendre invisible, et ainsi observer les hommes dans le secret de l'alcôve ou du salon familial, pour être aussi brillamment capable de restituer ces secrets troublants par l'écriture.



Armé de sa canne, qui favorise ses projets, mais occasionne également quelques mésaventures (lorsqu'elle se perd et tombe en d'autres mains, par exemple), Tancrède est à même de se glisser dans toutes les maisons, d'apprendre à connaître les femmes qui l'attirent, et de faire le choix de l'amour en toute connaissance de cause. Ainsi suivra-t-il Malvina, jeune femme qu'il a connue dans sa prime jeunesse, mais qui est affublée d'enfants et d'un mari, ou encore la belle et pure Clarisse, jeune poétesse qui récite ses vers dans un salon mondain, encouragée par Lamartine. Où le mèneront ces aventures diurnes ou nocturnes en termes de choix de vie ? C'est ce que nous découvrons au fil de ce plaisant récit.



La plume de Delphine de Girardin est enjouée et expressive, le récit se déroule à un bon rythme, ponctué de dialogues ; le personnage de Tancrède est sympathique, et dans ce bref roman d'apprentissage, on se prend à espérer qu'il réunisse les connaissances nécessaires pour prendre confiance en lui et triompher de ce handicap ironique - sa beauté. Certaines pages rappellent les Caractères de La Bruyère, comme si l'auteure voulait également tracer des portraits-types, ou encore édifier sur le fonctionnement social de ce microcosme qu'est "le monde". J'ai eu souvent l'impression de lire un roman du XVIIIème siècle, agrémenté de maximes et d'anecdotes moralisantes, même si le ton reste léger. Delphine de Girardin a un style écrit élégant et plein d'esprit, elle intègre en plusieurs endroits des poèmes, toutefois j'ai trouvé qu'elle usait, voire abusait, des paradoxes ou antithèses. C'est tout de même un ouvrage agréable, souvent instructif, à découvrir selon moi - j'ai eu plaisir à relever des phrases qui résumaient bien certains comportements humains, ne serait-ce que l'approche de la beauté, les jalousies et rivalités, la convoitise, liées à la séduction.
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Voyages en train

Avec l'opération Masse Critique, en plus d'une lecture, on fait 'l'expérience d'un livre'. Ce n'est pas du tout la même chose qu'un choix en librairie. Le livre vient à nous, on déballe le courrier comme un cadeau, on sait ce que c'est mais l'excitation est immense. Je reviens sur cette expérience car pour 'Voyages en train' elle a été extraordinaire. Ce livre est agréable au toucher : le papier, la couverture, les vieilles photos noir et blanc... Et il sent bon ! J'étais sincèrement heureuse avant même de le commencer.



Et le plaisir ne m'a pas abandonnée à la lecture : chemin de fer, locomotive, charbon, compartiment... Même si les textes sont de différents auteurs, ce livre c'est une ambiance. Par moment cela a même été une révélation. J'avoue, un peu honteuse, n'avoir jamais lu Rudyard Kipling, Jack London ou Thomas Mann et les textes sélectionnés dans ce livre sont tellement prenants que je vais vite y remédier !



Un grand merci donc aux éditions de L'Herne et à Babelio.
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Le lorgnon

Voici un auteur classique dont je n'avais jamais entendu parler malgré des études de lettres universitaires et quel dommage ! J'ai pris beaucoup de plaisir à lire cette longue nouvelle (plus de 200 pages !) et je vais très certainement chercher et lire d'autres œuvres de Delphine de Girardin.



En tout premier lieu, j'ai envie de parler de la plume : un style savoureux d'un classicisme réjouissant, des longues phrases bien construites, un vrai plaisir de lecture.



Edgar de Lorville reçoit en cadeau un lorgnon doté d'un pouvoir étonnant, il permet de lire les pensées les plus intimes de celui que l'on regarde. Si le jeune homme le prend tout d'abord comme un gadget amusant, il va très vite s'apercevoir de son pouvoir redoutable. Comment ne pas se renfermer quand l'on perçoit la fausseté des gens qui nous entourent ? Untel se dit son ami mais s'ingénie à lui nuire, unetelle tente de le séduire mais pense à un autre et manigance en sourdine.... Edgar perd rapidement de son insouciance et de sa confiance en autrui. Il voit toute la vérité crue de l'âme humaine sans le paraitre qu'on s'expose en société.

De mariage il est beaucoup question. Chacun tente de se lier qui par intérêt pécunier ou politique, qui par amour (bien plus rare). La condition des femmes les oblige bien souvent au mariage et il s'agit avant tout de se bien placer, de trouver rang et richesse et de garder sa virginité pour son époux. Grâce à son lorgnon, Edgar va pouvoir démêler le vrai du faux et reconnaître les personnes authentiques, les cœurs sincères.

Ce petit roman que l'auteur qualifie de "sans prétention" est sous un vernis de légèreté, une féroce satire de la société, du paraitre et de toutes les intrigues de salon autour des manigances matrimoniales, politiques etc...

L'auteur fait preuve d'une grande finesse dans l'analyse psychologique des personnages à chaque situations données.



Une nouvelle qui s'inscrit dans son époque avec foison de références que les notes de bas de pages recontextualisent : allusion aux évènements historiques et politiques, des artistes écrivains cités contemporains de Delphine de Girardin. Cela rend la portée du récit plus intéressante encore.



Une maison d'édition que je ne connaissais pas et dont je salue le très beau travail éditorial : un papier de qualité, les photos et illustrations couleurs, la couverture à rabats.



Une vraie belle lecture pour tous les amateurs de classique !

Merci à Babelio et aux Editions La Reine Blanche
Lien : https://chezbookinette.blogs..
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Voyages en train

merci a babelio et la masse critique pour avoir découvert ce livre. Concrètement c'est un beau livre, le papier est épais et nous plonge dans cette époque plus lointaine ou le voyage en train relevait de l'expédition... certaines nouvelles sont passionnantes comme celle de Colette ou de Kipling. Par contre, d'autres sont moins étonnantes et je n'ai pas toujours eu l'impression de voyager. Il manque un fil rouge qui nous porterait d'histoires en histoires pour monter en puissance...alors que la les histoires s'enchaînent en mélangeant les époques les lieux sans aucun lien. L'idée était très bonne, le résultat est mitigé.
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Le lorgnon

Je suis ravie d’avoir pu découvrir Le Lorgnon grâce à la masse critique !



Je remercie les éditions de la Reine Blanche, maison d’édition que je ne connaissais pas du tout et qui mérite qu’on parle plus d’elle ! Le livre est très beau, et on y trouve même deux magnifiques illustrations d’Anne Buguet sur papier glacé. Et je ne peux qu’approuver cette démarche de publier des classiques oubliés de notre littérature, encore plus quand le livre est précédé d'une préface par une spécialiste de Delphine de Girardin !



Le ton est donné dès la préface (celle de Delphine de Girardin, cette fois) : le style est merveilleusement ironique, et assume de n’écrire qu’un ouvrage « sans prétention », un petit récit de divertissement.



C’est en effet une longue nouvelle (ou un court roman, ça dépend comment on le voit !) très agréable à lire, avec pour fil conducteur un lorgnon magique possédé par le jeune duc Edgar de Lorville qui lui permet de lire dans les pensées. Cela permet à Delphine de Girardin d’écrire une histoire amusante, mais aussi de se moquer de la société de son temps et de l'hypocrisie de ses contemporains.



A découvrir !
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La canne de M. de Balzac

la Canne de Balzac est exposée au musée de la Maison de Balzac Rue Raynouard à la limite des anciens villages de Passy et d'Auteuil. C'est un bel objet, luxueux, plutôt ostentatoire de belle taille, incrusté de turquoises et d'une chaîne d'or ayant appartenu à Madame Hanszka. A la Maison de Balzac, elle est présentée accompagnée d'un texte un peu énigmatique : 



Cette canne, pense-t-il. Si cette canne était comme l’anneau de Gigès, comme Robert le Diable ! Si cette canne avait le don de rendre invisible !..Gigès avait un anneau qui le rendait invisible... Robert le Diable a aussi un rameau qui le rend invisible. Ah ! si

j’avais ce rameau !..



En effet, on peut imaginer que le don de Balzac de décrire avec précision tant de personnages dans leur milieu de vie ou professionnel ne pouvait s'expliquer que par une observation méticuleuse que seul un spectateur invisible pourrait obtenir. Le don d’invisibilité proviendrait-il de cette canne miraculeuse?



Comment se fait-il que M. de Balzac, qui n’est point avare, connaisse si bien tous les sentiments, toutes les

tortures, les jouissances de l’avare ? Comment M. de Balzac, qui n’a jamais été couturière, sait-il si bien toutes

les pensées, les petites ambitions, les chimères intimes d’une jeune ouvrière de la rue Mouffetard ? Comment

peut-il si fidèlement représenter ses héros, non seulement dans leurs rapports avec les autres, mais dans les

détails les plus intimes de la solitude ?



M. de Balzac, comme les princes populaires qui se déguisent pour visiter la cabane du pauvre et les palais du

riche qu’ils veulent éprouver, M. de Balzac se cache pour observer ;



j'ai cherché le texte d'où est tirée la citation : La Canne de Balzac de Delphine de Girardin , roman publié en 1836. 



Delphine de Girardin (1804-1855) était une écrivaine, une journaliste et tenait un salon fréquenté par  Théophile Gautier, Honoré de Balzac, Alfred de Musset, Victor Hugo, Marceline Desbordes-Valmore, Alphonse de Lamartine, Franz Liszt, Alexandre Dumas père, George Sand (source Wikipédia) , elle a écrit plusieurs romans en prose, des pièce de théâtre et des poème. C'est étonnant qu'une telle écrivaine ait laissé si peu de traces à l'heure actuelle. Moi qui imaginais George Sand comme femme originale la seule femme dans le monde littéraire! 



"Il y avait dans ce roman... – Mais ce n’est pas un roman. — Dans cet ouvrage... — Mais ce n’est pas un ouvrage.

— Dans ce livre... — C’est encore moins un livre. — Dans ces pages enfin... il y avait un chapitre assez

piquant intitulé : Le conseil des ministres On a dit à l’auteur : — Prenez garde, on fera des applications, on

reconnaîtra des personnages ; ne publiez pas ce chapitre. Et l’Auteur docile a retranché le chapitre.



L’Auteur les a sacrifiées... mais il est resté avec cette conviction : qu’une femme qui vit dans le monde ne doit

pas écrire, puisqu’on ne lui permet de publier un livre"



La Canne de Balzac fait assez peu intervenir l'auteur de la Comédie Humaine  qui se contente de prêter sa canne à Tancrède, le héros du roman, un très beau jeune homme provincial venu tenter sa chance à Paris. Éconduit par les protecteurs éventuels, il va à l'opéra, et découvre la canne



"Sur le devant d’une loge d’avant-scène se pavanait une canne. – Était-ce bien une canne ? Quelle énorme canne !

à quel géant appartient cette grosse canne ? Sans doute c’est la canne colossale d’une statue colossale de M. de

Voltaire. Quel audacieux s’est arrogé le droit de la porter ? Tancrède prit sa lorgnette et se mit à étudier cette

canne-monstre. – Cette expression est reçue : nous



Tancrède aperçut alors au front de cette sorte de massue, des turquoises, de l’or, des ciselures merveilleuses ; et

derrière tout cela, deux grands yeux noirs plus brillants que les pierreries. La toile se leva ; le second acte ...."



Tenue de la main gauche, cette canne confère à son porteur l'invisibilité. Tancrède à l'insu de tous se faufilera dans le cabinet du Roi, sera porteur d'un secret qui lui apportera la fortune. Le voilà riche! Il recherche ensuite l'amour. Toujours muni de la Canne de Balzac, il pourra s'introduire dans la chambre d'une femme mariée puis dans celle d'une très jeune fille naïve dont Tancrède tombera amoureux.



On a fabriqué des ruches en cristal, à travers lesquelles on voit les abeilles travailler : on devrait faire les

chambres des poètes transparentes pour les observer dans l’inspiration. Quel beau spectacle que celui d’une

riche pensée qui s’éveille ! Tancrède, grâce à son invisibilité, avait été à même d’observer la femme aux prises

avec la passion, en proie à ses souvenirs d’amour ; et maintenant il observe la jeune fille aux prises avec son

génie, en proie à ses involontaires désirs, à ses pures espérances d’amour.



Fantaisie amoureuse? Pas seulement  ! Delphine de Girardin est une fine observatrice qui nous fera découvrir la vie littéraire de son temps. On assiste à une lecture de vers de Lamartine par son auteur, on lit une lettre de Chateaubriand.... On va dans un  salon, au spectacle...



Surtout ce roman pétille d'esprit, de réparties, c'est léger amusant, drôle. Je pense à un Sacha Guitry sans la misogynie. j'ai souvent ri aux éclats et je n'ai pas regretté l'absence de Balzac alors que c'était lui que je cherchais.






Lien : https://netsdevoyages.car.blog
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Le lorgnon

Moins charmée par cette œuvre que par la Canne de M. de Balzac que j'avais lu juste avant, peut-être parce que je n'ai plus d'effet de surprise. J'ai retrouvé avec un certain plaisir le regard mordant et spirituel porté par Delphine de Girardin sur les travers de la société. L'intrigue d'ailleurs se ressemble un peu entre les deux textes, avec une légère connotation fantastique : Balzac a une canne magique, ici, le jeune Edgar a un lorgnon au pouvoir magique, celui de révéler les véritables pensées des gens qu'ils regardent, de pénétrer les secrets de leur cœur derrière la politesse des gens du monde, qui est en réalité une hypocrisie sociale.

Edgar s'aperçoit donc que les jeunes filles qui minaudent pensent en secret à la future fortune d'un prétendant, que les dévotes sont en réalité hypocrites, les amis qui sourient des menteurs... L'intrigue n'est donc pas très originale, le dénouement de la relation amoureuse assez prévisible, Edgar assez plat comme personnage, trop gentil.

Mais c'est une lecture agréable grâce au style, à l'humour. Delphine de Girardin se livre un peu indirectement à travers le personnage du journaliste de génie à l'immense talent mais encore inconnu, pauvre, dans une mansarde. Elle livre quelques paragraphes intéressants d'un point de vue historique sur l'importance de la presse dans la société de la Restauration. Le chapitre sur la visite d'un immeuble est ainsi très drôle, à chaque étage ses préjugés de classe, le grand seigneur méprise le noble d'Empire, qui regarde de haut le haut fonctionnaire, qui lui se sent supérieur à l'avocat... C'est une hiérarchie inversée, le plus riche riche est en bas, le plus pauvre à l'étage. Delphine de Girardin est donc une fine observatrice de la société dans toutes ses strates.
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La canne de M. de Balzac

J'ai découvert ce court roman attirée par son titre intriguant alors que j'achève - presque - ma lecture de la Comédie Humaine, et que Balzac, l'auteur et l'homme, m'est de plus en plus familier.

Balzac lui-même peut sembler un prétexte dans le récit puisqu'il n'apparaît que dans un court chapitre, quelques paragraphes seulement. Il n'est donc qu'à peine un personnage. Non, ce qui compte, c'est bien sa canne.

Mais l'aspect fantastique - une canne qui rend invisible - permet d'évoquer l'oeuvre De Balzac, qui introduit lui-même du fantastique dans son oeuvre, comme dans Ursule Mirouët ou la Peau de Chagrin. C'est aussi, en raccourci, un roman qui convoque la Comédie Humaine avec sa volonté de rassembler le monde avec tous ses types d'individus. On croise ainsi des grandes dames à l'Opéra qui minaudent, des duchesses vaniteuses qui organisent des salons littéraires, des banquiers soucieux de leurs affaires, des ministres bouffis d'orgueil, des mères admirables qui se sacrifient du fond de leur province pour envoyer de l'argent à leurs fils, des domestiques menteurs... Oui, comme dans la Comédie Humaine, on croise différentes strates de la société, différents monde. Delphine de Girardin lit et admire Balzac, et son récit est un moyen de lui rendre hommage, sans être un pastiche au sens propre, car elle a son écriture et son style personnel.

D'ailleurs, j'ai fait un rapprochement avec Jane Austen dans le style de Delphine de Girardin, notamment dans le début qu'elle présente sous forme de maxime, de vérité générale à laquelle chacun doit adhérer : la beauté masculine est un obstacle, un fléau - comme lorsque que Jane Austen commence Orgueil et Préjugés ainsi : "c'est une vérité universellement reconnue qu'un célibataire d'une belle fortune [...]". Oui, du Jane Austen aussi dans le regard amusé, spirituel, un peu moqueur porté sur ses contemporains, sur leurs ridicules comme le goût du paraître en mettant des talonnettes pour un homme petit ou en cachant ses vieux souliers, l'hypocrisie sociale aussi qui règne dans les salons où personne ne dit vraiment ce qu'il pense... Il pourrait y avoir du Mme Bennett dans la mère de Clarisse, provinciale, vaniteuse, souhaitant marier sa fille à tout prix... La comparaison avec Jane Austen est donc un compliment !

Cependant, c'est la fin du livre que je n'ai pas aimée, à partir du moment où Tancrède aperçoit Clarisse. Je ne trouve pas romantique l'idée d'un homme de vingt-cinq ans qui se rend invisible pour passer la nuit dans la chambre d'une jeune fille de seize pour la regarder dormir et l'embrasser pendant son sommeil, se faisant passer pour un ange... Non, c'est pervers et malsain, pas romantique. Clarisse, qui pouvait sembler être un personnage féminin fort, souhaitant vivre de son talent, de sa poésie, se faire un nom en elle-même dans le monde, renonce à tout pour une vie conjugale provinciale.

Dommage, j'aimais bien les réflexions parsemées dans le récit de l'auteure sur le statut justement de la femme écrivain en ce début du XIXème siècle, la revendication qu'une femme puisse écrire, et ce avec talent.

Une agréable découverte !
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Le lorgnon

Un immense merci aux Editions La Reine Blanche et à Babelio pour m'avoir permis de découvrir ce petit bijou de finesse et d'ironie signé Mme de Girardin.

J'ai ainsi appris que le grand journaliste, fondateur de "La Presse" avait une femme et que celle-ci non seulement l'aidait activement en écrivant des articles pour son quotidien mais était aussi une talentueuse autrice maniant l'ironie avec talent. Dans ce qui est ici qualifié de "nouvelle" et qui est plutôt un court roman, le lecteur fait la connaissance d'Edgar de Lorville un jeune diplomate qui ramène de son séjour dans l'empire austro-hongrois un instrument quasi magique : un lorgnon qui permet de discerner les pensées de celui que l'on observe avec ce filtre !

Il ne va pas tarder à déchanter en examinant ses connaissances et amis au travers de cet instrument d'optique bien particulier. De tous côtés la rouerie et les mensonges mènent la danse, l'intérêt est omniprésent , la méchanceté à l'oeuvre. Et les déconvenues de ce jeune naïf sont furieusement drôles sous la plume de Delphine de Girardin qui brosse de la société contemporaine un portrait sans concession mais criant de vérité.

Sa plume alerte et son style élégant permettent de parsemer le texte d'aphorismes qui tombent toujours à pic et font plus d'une fois sourire le lecteur tant la finesse de l'analyse psychologique est omniprésente.

Edgar aura bien du mal à trouver l'âme soeur mais bien sûr une belle et mélancolique veuve saura le toucher et la mise à l'épreuve du lorgnon magique permettra à la jeune femme de gagner définitivement le coeur du héros . Happy end donc pour cette comédie du mariage qui évoque incontestablement l'esprit badin et fripon du Siècle des Lumières mais qui n'en constitue pas moins une critique acérée de la France de Louis-Philippe.

A noter au passage le vibrant hommage rendu à la presse par l'auteur qui a toujours soutenu la carrière de son époux et a manifestement partagé ses valeurs.

Une pépite à découvrir et à partager pour le plaisir des amoureux des belles lettres.
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Le Vicomte de Launay (Lettres Parisiennes),..



Delphine de Girardin a tenu, entre 1836 et 1848, dans La Presse, une chronique hebdomadaire intitulé « Courrier de Paris » . Parisienne bien que née à Aix la Chapelle, élevée au sein d’une brillante société littéraire, femme de lettres et fille de femme de lettres – sa mère, Sophie Gay, romancière, était amie de madame de Staël et de madame de Récamier – Delphine, après de amours partagées mais contrariées avec Vigny, épouse vers vingt-sept ans Emile de Girardin, homme de presse, fondateur d’une bonne demie douzaine de journaux. La Presse, crée en 1836 présente l’originalité de se vendre deux fois moins cher que les autres journaux : c’est qu’Emile de Girardin vient d’inventer la publicité payante !

Il a aussi l’idée de demander à sa femme, dont le talent est déjà bien reconnu, de tenir dans son journal un billet hebdomadaire de parisianisme et d’humeur. Sous le nom de vicomte de Launay, Delphine, d’une plume alerte, piquante, délurée, y commente les spectacles, les bals, les élections à l’Académie française, l’ouverture de la ligne de chemin de fer allant de Paris à Saint Germain, les dernières tendances de la mode. Elle narre des scènes de rue, croque des types ridicules d’hommes et de femmes de ce temps. La dame est drôle, intelligente sans préjugés, délicieusement féministe, frivole avec impertinence et fait revivre un Paris romantique comme nous ne l’imaginions pas : mondain et rieur bien loin des pesanteurs de nos princes de la littérature.

Dans la collection « le temps retrouvé du Mercure de France, un petit trésor en deux volumes (1836-1848)



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Le lorgnon

Le jeune duc Edgar de Lorville rapporte d'un voyage en Bohême un lorgnon magique qui permet de lire les pensées des gens. De retour à Paris, il découvre son entourage sous un angle forcément différent. Bientôt aussi l'amour fait son apparition...

J’ai pris énormément de plaisir à la lecture de cette nouvelle que j’ai trouvée extrêmement rafraîchissante par son ironie et son humour incisif, et suis tombée sous le charme de la verve insolente de l’auteure ainsi que du naturel avec lequel elle met en place une histoire que nous pourrions qualifier de "fleur bleue". Mieux, elle revendique le droit à cette sentimentalité et rit la première de cette « Nouvelle sans prétention », écrite « comme on envoie à son ami une lettre écrite à la hâte, et qu’on ne s’est pas donné la peine de relire ».
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La Croix de Berny

4 auteurs français du XIXème siècle, 3 messieurs et une dame, se prêtent à un petit jeu littéraire dont résulte ''La croix de Berny''. C'est un roman épistolaire où chaque auteur incarne l'un des 4 personnages principaux et rédigent aux autres ou à des personnages secondaires des lettres qui nous permettent à nous lecteurs de suivre la trame du récit. Ce récit consiste essentiellement en un ''carré amoureux'' assez enchevêtré pour les protagonistes, mais clair et limpide pour nous lecteurs.



Ce fut un plaisir sur toute la ligne ! Beaucoup d'humour apparaît dans la plume de chacun des auteurs et les 4 se débrouillent très bien et font preuve d'une évidente complicité. 3 de ceux-ci étaient une découverte pour moi, qui lisait ce livre parce que l'un de mes auteurs fétiches, Théophile Gautier, était de la partie. Je croyais l'avoir reconnu au départ, pendant la lecture de l'une des premières lettres qui me divertissait particulièrement, mais après vérification de qui faisait qui, j'ai dû m'avouer berné ! Me voici donc avec l'envie de découvrir plus avant ces auteurs, nouveaux pour moi, mais qui malheureusement semblent plutôt tombés dans l'oubli de nos jours, en particulier ce dernier qui m'a fort diverti.

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L'école des journalistes : comédie en cinq acte..

Le titre de la pièce de théâtre parait scolaire et pourtant c'est une comédie satirique bien montée.

On est immergé dans la peau des journalistes, du dirigeant qui flatte excessivement son banquier finançant le journal aux autres journalistes subalternes, joyeux drilles festoyant à tout-va, chacun ayant sa spécialité et sa fourberie propre.

L'insouciance généralisée règne et il n'y a qu'un seul domaine d'expertise : la calomnie. Un journaliste est décrit comme tel par un personnage "jugeur sans talent, fabricant d'ironie, qui tue avec des mots un homme de génie".

Ces moqueurs de profession ne peuvent pas se passer d'ennemies, aussi ils s'en inventent, se défoulent sur un vieux peintre jadis prestigieux, qu'ils ont fait descendre plus bas que terre et ruinant ainsi définitivement sa réputation.

Le but de l'oeuvre est de montrer comment le journalisme, renverse toute une société, que ce soit au sein d'un gouvernement, des artistes, et même auprès de certaines familles directement, par des attaques purement personnelles. Tout cela est fait sans le vouloir, sans le savoir, on est même complice involontairement de leur cruauté au début de la pièce tant on s'amuse de leur malice, sans en prévoir les tragiques effets. C'est un peu l'écho format théâtre des illusions perdues De Balzac.

Le style quant à lui est très vivant tout en ayant de belles suites de vers marquant facilement l'esprit.

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Le lorgnon

Le lorgnon, encore une petit roman de Delphine Gay de Girardin, encore une réussite !

Des personnages bien campés, c’est le moins qu’on puisse dire ; une histoire merveilleusement ficelée ; les travers humains décrits à s’écœurer de faire partie de cette race suffisante, prétentieuse et hypocrite ; mais aussi ce qu’il peut y avoir de plus noble et de plus beau chez l’être humain, que ce soit chez la femme ou chez l’homme, alors, on se dit que tout n’est pas perdu, et qu’en concentrant nos efforts à devenir meilleur, nous pourrons peut-être laisser une petite, mais jolie trace derrière nous.



Mais pourquoi ce titre : le lorgnon ?

Parce que c’est justement un lorgnon, qui a le pouvoir de révéler à celui qui le porte, les véritables pensées de celui qui est lorgné, qui est à la base de cette histoire. Comment va être utilisé ce fabuleux pouvoir ? Par qui ? Est-ce un bienfait ou une malédiction de connaître la véritable nature des personnes qui nous entoure ? Ce lorgnon merveilleux révélera surtout la véritable nature de celui qui le porte et là surtout réside le suspens de ce roman, un bijou d’analyse, d’écriture, de finesse…



Ceci dit, je me demande… Mais que diable font donc les éditeurs ? Pourquoi publient-ils toujours les mêmes auteurs mâles du 19ème siècle et jamais ce grand, intelligent et merveilleux auteur : Mme Delphine Gay de Girardin ?

Le 21ème siècle sera féminin !©

Gabrielle Dubois©
Lien : https://www.gabrielle-dubois..
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Le lorgnon

Quel plaisir et quelle découverte ! Je n'avais jamais entendu parler de Delphine de Girardin, pourtant très proche de Victor Hugo, Chateaubriand et bien d'autres.

Cette nouvelle, un poil fantastique, est extrêmement bien écrite. C'est drôle, fascinant et la plongée en plein XIXe est très réaliste.

Honnêtement, je trouve cela très très fort.

On pourrait peut-être légèrement déplorer les quelques petites longueurs, qui feraient plus de ce récit un mini-roman plutôt qu'une nouvelle. le final est captivant, et l'auteure réussit à nous donner envie de posséder ce lorgnon magique, tout en souhaitant ne jamais en avoir.

Je pense que je vais m'intéresser sérieusement à l'oeuvre de cette Dame !
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Le lorgnon

Si d'invisibles lentilles rendaient pour certains d'entre nous le monde lisible, on jubilerait de porter ce lorgnon-là !
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La canne de M. de Balzac

Delphine de Girardin, née en 1804, femme écrivain, intelligente, belle, tenant un salon littéraire fréquenté par les grands poètes de son temps, contemporaine, amie et admiratrice d’Honoré de Balzac, écrivit des romans, des pièces de théâtre et des chroniques pour les journaux.

Sa nouvelle, La canne de M. de Balzac, parut en 1836. L’idée de cette histoire de fiction lui a été inspirée d’une part, par la véritable canne de Balzac spécialement confectionnée pour lui et selon son idée, par un joaillier : le pommeau, sur une gigantesque canne en jonc, était incrusté de grosses turquoises et la chaînette était un collier d’Ève Hanska. D’autre part, par la question que se pose Delphine de façon faussement naïve : comment se fait-il que M. de Balzac soit capable de se mettre dans la pensée d’une femme, d’une ouvrière ou d’un avare, comment en comprend-il les sentiments, les manies ou les vices ?

Ces deux points de départ réels sont la base de la fiction :

« Quelle raison avait engagé M. de Balzac à se charger de cette massue ? Par élégance, on ne se donne pas un ridicule pareil. Par nécessité ? Je ne sache pas que M. de Balzac soit boiteux. Cela n’est point naturel ; cela cache un grand, un beau, un inconcevable mystère. Un homme d’esprit ne se donne pas un ridicule gratuitement. »

Outre l’histoire en elle-même, pleine de rebondissements et de romantisme, Delphine y sème, l’air de rien, avec finesse et humour, ses pensées, ses idées, sa justesse de vue sur elle-même et sur les hommes et les femmes de son époque.

La canne de M. de Balzac est à lire absolument, car on n’a pas tant que cela de femmes qui ont pu écrire au 19ème siècle, comme elle le dit dans sa préface :

« Une femme qui vit dans le monde ne doit pas écrire, puisqu’on ne lui permet de publier un livre qu’autant qu’il est parfaitement insignifiant. »

Heureusement pour nous, Delphine de Girardin nous a laissé de belles pages pleines de spiritualité sous son nom de femme mariée ou sous son pseudonyme de Charles Delaunay.

Gabrielle Dubois
Lien : https://www.gabrielle-dubois..
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La canne de M. de Balzac

À part Mme de Staël et George Sand, encore peu de femmes auteurs du dix-neuvième siècle sont présentes dans les grandes collections de livres de poche. Il en va de même pour les romans de Delphine de Girardin, qui à mon humble avis ne manquent aucunement d'esprit ou d'inventivité. Lecture très agréable même, divertissante, d'une plume raffinée et élégante.



Il est difficile de dire si le personnage principal du roman est Tancrède Dorimont ou plutôt la fameuse canne aux turquoises de Balzac. C'est en tout cas grâce aux pouvoirs magiques de cette canne monstrueuse que le lecteur est plongé dans les aventures de Tancrède qui a le malheur d'être d'une extrême beauté, ce qui est à l'origine de sa malchance (les réseaux sociaux n'existaient pas encore pour en tirer un profit maximum moyennant des selfies et des Reels) pour trouver un emploi et établir une solide réputation parmi la bourgeoisie bien-pensante.



Roman conçu après avoir en vain tenté de reconquérir l'amitié de Balzac qui s'était à nouveau brouillé avec son mari Émile de Girardin, ce roman de Delphine est comme un hommage à l'oeuvre et le génie de son ami et nous montre avec quel brio et ironie Delphine nous brosse un tableau du beau monde à l'époque du romantisme.
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Le lorgnon

Livre découvert à l'occasion d'une masse critique. Je n'avais jamais entendu parle de Delphine de Girardin et de son lorgnon et je dois dire que je ne suis pas déçue.

Edgar de Lorville, jeune parisien, est de retour dans la capitale après un long voyage et son entourage constate que le jeune homme à quelque peu changé : il est devenu très mélancolique et en même temps très confiant. Il semble deviner ce que chacun pense sans oser le dire et cela grâce au lorgnon qu'un vieux savant allemand lui à offert. Devenu quelqu'un d'une très grande spiritualité car il répond à ses interlocuteurs directement par ce que ceux-ci essayaient de cacher ou de masquer. Toutefois, ce formidable accessoire lui causera finalement beaucoup de déconvenues car en connaissant les pensées profondes de chacun, il comprend aussi qu'il devient compliqué de faire complétement confiance aux autres.

Delphine de Girardin est une écrivaine d'une grande finesse d'écriture. Le style classique est agréable et son analyse des personnages est juste et intelligente.

Je recommande.
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Il ne faut pas jouer avec la douleur

Delphine Gay, épouse de Girardin, était une femme comme il n’en existe que très peu : à une époque où il y avait sans doute encore des muses, elles avaient dû se pencher sur son berceau !

Delphine était poète et aussi romancière ; elle excellait dans l’écriture de pièces de théâtre aux dialogues ciselés et aux intrigues inattendues ; elle était journaliste à l’esprit et l’humour mordants ; elle tenait un salon littéraire où les plus grandes plumes de son temps ne se faisaient pas prier pour venir causer, tant elle charmait par son esprit vif, ses réparties amusantes et justes, sa bonté et, ce qui ne gâchait rien, sa beauté.



Dans la première partie de Il ne faut pas jouer avec la douleur, on retrouve tout l’esprit d’analyse, de critique, d’humour, d’ironie et de bonté de Delphine Gay. L’auteur décrypte comme sous un microscope les machiavéliques mécanismes de séduction d’un grand séducteur. C’est retors, précis comme une horloge suisse, implacable comme les dents d’un requin.

Puis nous faisons ensuite connaissance avec une jeune veuve qui va devenir la proie de ce séducteur. C’est comme un chat qui joue avec une souris et qui sait exactement qu’elles vont être ses réactions à ses apparentes indifférentes, à ses coups de patte vifs et étudiés.

Cette jeune femme aimable et triste semble une proie bien trop facile, mais… mais c’est sans compter sur les immenses capacités des femmes à endurer, à rebondir, à réfléchir sur elles-mêmes et finalement à pardonner et à aimer, et la fin est émouvante à souhait.

Femmes, relevez le menton, ne vous abaissez pas à employer les méthodes des hommes pour survivre, et tournez votre regard vers les silencieux et les bons, et il y en a.

Delphine de Girardin a étudié l’Homme et la société et nous la rend avec un esprit merveilleux et plein d’humour dont voici quelques exemples :



« À Paris et partout, les effets de la mode sont les mêmes ; cela part comme une traînée de poudre, mais il faut y mettre le feu. Il y a des gens qui ont tout ce qu’il faut pour être à la mode : la poudre ne leur manque pas ; la traînée est faite, mais on n’y met point le feu, et ils restent ignorés toute leur vie. »



« Bien heureuses les femmes ridicules ; elles sont de tous les plaisirs. On ne peut se passer d’elles. Plus elles sont laides, sottes, désagréables, et plus elles sont indispensables dans une fête ; plus elles sont inconvenantes, et plus elles paraissent aimables. Leur niaiserie donne de l’esprit à tout le monde ; il faudrait être bien niais soi-même pour ne pas trouver à dire quelque bonne plaisanterie à propos d’elles. Leur tristesse est une joie universelle. On rit pendant des heures de la plainte qui leur est échappée, de l’accident qui leur est arrivé ; la moindre de leurs élégies est une source inépuisable de bouffonneries et de mystifications. Plus ces femmes sont malheureuses, et plus elles sont amusantes ; mais tout en se moquant de leurs peines, comme on sait bien les en consoler ! »



« Un sot qui parle avec assurance peut dire bien des bêtises impunément ; dans les conversations, dans les journaux, nous laissons passer les plus lourdes niaiseries sans les comprendre ; cela explique pourquoi nous avons osé nous proclamer le peuple* le plus spirituel de l’univers. »

* Nous, les Français ! Delphine Gay dit toujours la vérité, et chacun en prend pour son grade !



« Une femme peut cacher qu’elle souffre, qu’elle s’ennuie, qu’elle aime… mais elle ne peut cacher qu’elle attend. »



« Pour une femme qui aime ou qui croit aimer, ce qui est la même chose, si ce n’est davantage, il n’existe qu’un seul être sur la terre ; tout le reste de la race humaine est immédiatement supprimé ; l’homme adoré est seul chargé de supporter tous les événements qui arrivent. Quelqu’un a fait une chute de cheval… c’est lui ! — Un jeune homme s’est battu en duel… c’est lui ! — Le tonnerre est tombé sur un voyageur… c’est lui ! — Hélas ! on a raison de craindre pour ce qu’on aime follement ; toute personne trop aimée est par cela même en danger ; l’idolâtrie porte malheur. »



« Mon Dieu ! qu’elle aurait voulu lire cette lettre ! Ah ! que souvent il est pénible d’être une femme bien élevée ! Une bonne éducation est un trésor qui, comme tous les trésors, est un grand sujet d’embarras pour celui qui le possède. Que de fois les gens bien élevés sont tentés de s’écrier, comme le Bourgeois gentilhomme, mais dans un sentiment tout opposé : « Mon père, ma mère, que je vous veux de mal, non pour m’avoir laissé ignorer les belles choses, mais au contraire pour me les avoir trop bien apprises, pour m’avoir enseigné à me priver toujours de ce qui me plairait tant ! »
Lien : https://www.gabrielle-dubois..
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