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Citations de Dezsö Kosztolányi (124)


Les journées qui suivirent l'alarme et toute cette cavalcade apportèrent le calme, ce même calme qui, lors d'un décès, s'installe dès que sa dépouille a été placée dans l'autre pièce, après la toilette: la douleur s'atténue, et au vu de l'immuabilité des choses l'excitation aussi retombe. Seul se renforce le sentiment de perte, qu'il faut accepter. (p. 201)
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Hors de l'école, ces hommes [les professeurs ] sérieux et instruits ressemblaient à des enfants. Ceux dont ils s'occupaient semblaient les avoir contaminés, comme les malades les médecins, et ils agissaient avec gaucherie, peut-être parce qu'ils réfléchissaient davantage et qu'ils étaient plus fatigués que d'autres, peut-être aussi parce que, hormis leur métier, rien ne les attachait les uns aux autres. (p. 74)
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Dans l'après-midi, il resta seul chez lui. Il n'avait personne à qui parler. Il n'avait pas de confident parmi ses condisciples, et les adultes auraient trouvé son chagrin puéril. Ce chagrin, d'ailleurs, il ne voulait pas l'affadir en le livrant à autrui, il se le gardait pour lui avidement.
Pourtant, sans Hilda, le monde n'avait pas de sens. Il lui manquait son rendez-vous habituel, comme aux morphinomanes leur dose quotidienne. (p. 98)
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Les orphelins savent mieux aimer que les autres, ils désirent plus tôt une famille, une nouvelle à la place de l'ancienne, à la place de la mauvaise famille tronquée, une famille entière et bonne. (p. 110)
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Elle jouait du piano pour son père. Elle interprétait avec finesse et sentiment le -Nocturne en mi-bémol majeur- de Chopin, le morceau préféré de sa mère, que celle-ci jouait souvent; une semaine avant sa mort, elle avait laissé la partition ouverte à cette page. Une mélancolie brumeuse émanait du -Nocturne- et envahissait la pièce, une douleur ancienne, plus ancienne, semblait-il , que l'existence humaine. (p. 152)
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Les buissons parlaient un langage humain, les arbres réfléchissaient avec des cerveaux humains, des coeurs humains battaient jusque dans les pierres. En tous lieux palpitait l'être humain portant ses désirs jusque dans la nature. (p. 15)
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Lui, le cerf-volant l'excitait. Avant tout le nom, qui évoquait en lui l'idée
d'une bête à cornes, monstre volant,être mystérieux au souffle vénéneux,
porteur de mort. Des lambeaux de mythologie lui tourbillonnaient
dans la tête. (....) (p.22)
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De grands adolescents pesaient de tout leur poids sur ces bancs détestés, désormais trop petits pour eux, façonnés pour des corps plus petits. Le bois en avait déjà été creusé, incisé dans tous les sens par leurs canifs, de telle sorte qu'ils avaient véritablement fondu, ils étaient prêts à s'écrouler, et, telles des cages brisées, à libérer les oiseaux captifs qu'ils avaient pendant si longtemps privés de liberté. (p. 131)
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Lui aussi voyait les élèves autrement qu'ils ne se voyaient, de même que les élèves les profs. (...) C'étaient là des gamins, qui se croyaient très grands, et qui avaient peur. (p. 133)
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Novak resta au salon, debout, en proie à une sensation désagréable. Le fait de s'être ainsi emporté, d'avoir même eu recours au châtiment corporel, le remplissait d'une honte inexprimable. Lui, qui méprisait par-dessus tout le ton de la caserne, les manières de caporal des pédagogues de l'ancienne école...jusqu'alors il n'avait jamais puni sa fille par la colère, et même s'il avait été sévère avec elle, il avait gardé sa dignité. (p. 124)
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Quelle ineptie, les mots ! Ils ne veulent rien dire. Nos intentions ont beau être honnêtes, c'est souvent une ironie involontaire, une blessante malice qu'ils recèlent. (p. 113)
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Ajoutons à cela qu'avant la découverte du ballon, c'est avec un cerf-volant que l'on mesurait la vitesse du vent, la température de la couche supérieure de l'atmosphère...Le cerf-volant est un divertissement fort instructif. (...)
-Vous voyez ? conclut Novak. Le jeu, c'est sérieux. Il symbolise toujours la vie. (p. 23)
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Au magasin de confection, cette annonce tapageuse :
-Vêtements coûteux et de mauvaise qualité. Prière de marchander car on vous escroque. (p. 72)
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La Politique de l'autruche

Veuillez vous rassurer, répondit-il. C'est une panne
tout à fait anodine. Je vais réparer le moteur sans délai.
- Vous vous y connaissez donc ?
-Bien sûr, avec votre permission. J'ai mon diplôme
d'ingénieur mécanicien, avec votre permission.
La nuit, j'eus un cauchemar. Je rêvai que Rubens repeignait
ma chambre et que des rois ciraient mes chaussures.
Le matin, je pris le train et rentrai chez moi. (p. 170)---(1930)
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Anatole France

Les principaux personnages de ses romans lui ressemblent. Une lampe de bibliothèque les éclaire d'une lumière à la fois plus crue et plus intime que celle du soleil. Ames déchirées de notre siècle, ses personnages sont partagés entre paganisme et christianisme, entre instinct et morale, entre pensée et sentiment. Et s'il est vrai que la toile de fond de leur vie n'est pas un pré, mais un pan de mur couvert de livres, ils n'en sont pas moins véridiques et réalistes. (p. 162)
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Discours de bêtes

Le Chien

Mon maître, ô , mon maître ! (...)
Car moi, je renifle, alors que toi, tu ne sais que voir, je connais le monde par l'odorat, et toi, seulement par la vue. En parlant de l'univers, je dis qu'il sent mauvais, alors que toi, tu dis qu'il est laid. (p. 148)
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la machine à écrire déchaînée

On pourrait consacrer tout un ouvrage à l'influence de l'outil sur l'art d'écrire. Jadis, la plume d'oie requérait un respect, que dis-je, un
recueillement particuliers: l'écrivain la choisissait, la taillait et l'arrondissait lui-même avec amour pour l'adapter à la forme de sa main, à ses manies, à sa personnalité, afin que, oublieux de l'univers, il puisse s'adonner entièrement à son sujet.
Les arabesques artistiques que dessinaient les plumes d'oie déterminaient la forme des phrases,
le choix des épithètes et jusqu'aux rimes bricolées avec amour. Vint ensuite la plume d'acier, brillant d'un éclat froid tout industriel, mais qui supposait la présence, sur la table, d'un encrier, puits dans lequel la plume plongeait de temps en temps pour se désaltérer,avant de rester à méditer quelques instants sur la margelle. (...)

Enfin apparut la machine à écrire, avec son vacarme infernal, avec la rapidité des réflexes dactylographiques, avec la voltige du
papier strong et des pelures, et la triste cohorte des dilettantes qui s'expriment avec autant de hâte que de prolixité, accouchant de sagas en dix ou quinze volumes, où ils s'évertuent à diluer le
néant. Déchaînée, la machine se mit à écrire d'elle-même.
(...) (p. 177)---1936
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Anatole France

Le livre est sa Muse secrète. Ses premiers regards ayant porté sur les livres, ceux-ci devaient l'accompagner durant toute sa vie. Ils sont partout: sous les arcades de l'Odéon, où il passe en philosophant, ou bien en accompagnant de son fameux sourire désabusé ses personnages à leurs rendez-vous amoureux. (p. 161)
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Sang et amour

Je commençai la journée en prenant mon café-croissant dans un bistrot, après quoi je me retirais dans le silence historique des vieilles bibliothèques. Tous les matins, on empilait plusieurs kilos de sagesse et de poésie sur ma table recouverte de toile cirée. (p. 101)
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Sang et amour

Celui qui n'aime rien ni personne, nous expliqua un jour Kornel Esti, celui-là est toujours en règle avec la loi et les autorités. Il peut dormir tranquille, car il jouit dans la vie d'une sorte d'exterritorialité, son indifférence lui servant d'abri et de carapace. Mais dès que nous aimons, ne serait-ce qu'un timbre étranger ou un oiseau, nous entrons dans un réseau de relations qui engagent toute notre vie. Alors, c'en est fait de notre calme. Il nous faut lutter contre nos semblables sur un champ de bataille où nous distribuons la mort et où la mort peut nous atteindre à tout moment. (p. 101)
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