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Citations de Dezsö Kosztolányi (124)


L'argent, tu ne peux pas soupçonner combien on trouve peu de débouchés, quand vraiment on veut le bazarder.
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"L'écrivain est l'homme le plus insignifiant du monde. Il est vide, complètement vide. Sa consistance se trouve dans ses livres. Si tu cherches des vécus qui se sont déposés en couches ancestrales sur une âme, des souvenirs, des expériences et des sentiments, adresse-toi plutôt à une jeune manucure ou à un guérisseur.
[...]
Il n'y a que les dilettantes pour croire que les sujets se trouvent au-dehors. Si nous en avons, ils sont en nous-même. Celui qui est né et qui a ouvert les yeux dispose de la matière pour sa vie toute entière. Et pour celui qui sait qu'un jour il mourra, cela représente suffisamment d'incitation pour exercer cette énigmatique profession."
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"La compagnie des bonnes, pour ces dames, est aussi confortable que pour les messieurs l'amour des filles de joie. Quand il cesse d'être nécessaire, on peut toujours les renvoyer."
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"Il se gardait de tirer au clair le fait que la politique n'a jamais été autre chose qu'une bousculade d'hommes affamés, qu'elle porte obligatoirement en soi les faiblesses de la vie, et que tout régime n'aspire au pouvoir que pour placer ses partisans, pour affaiblir et mettre en pièces ses ennemis."
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"C'est que, mon cher docteur, elles ne sont quand même pas faites comme nous. Leur estomac est différent, leur âme aussi. Ce sont des domestiques. Et elles veulent le rester. Elles exigent tout simplement que nous les considérions comme telles."
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"Anna, du matin au soir, trônait dans une apothéose de poussière et de crasse. Elle crachait noir, elle éternuait gris. Elle battait les matelas comme si elle leur en voulait. Elle trottait dans l'appartement, montait à l'étage, descendait dans la cour, jusqu'à cent fois par jour. Les vitres ruisselaient, une liquide noir clapotait dans les seaux, les chiffons faisaient flac."
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"Elle disait "le personnel" en parlant d'elle-même"
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"Que faire d'une bonne pareille? L'air découragé, elle fixait la table qui, pour égayer l'atmosphère, avait été décorée de roses en papier souillées de saletés de mouches, dans un vase de bazar."
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Deux ou trois choses à propos de l'écriture:

Ce n'est pas le respect des mots que j'enseignerais en premier lieu à mes élèves. Les mots, de toute façon, on n'en manquera jamais. Je leur enseignerais à mépriser les mots faux et vides, ainsi seulement ils pourraient, plus tard, apprécier les mots pleins et vrais.
Je leur expliquerais qu'ils doivent toujours écrire comme si leur temps était compté, comme si, avant de mourir, ils n'avaient que quelques instants pour parler de leurs secrets les plus intimes. (p.84)
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Combien les enfants peuvent souffrir à cause de leurs parents, et leurs parents à cause de leurs enfants. (p.124)
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Il y a des gens pour lesquels il ne reste que la douleur, la douleur informe, implacable, qui n'est bonne à rien et ne sert à rien, à rien qu'à faire mal, mal à l'intérieur duquel ils s'enfoncent, tristesse qui n'est qu'à eux dans laquelle ils creusent toujours plus profond leurs galeries sans fin, mine obscure qui finit par s'effondrer sur eux, ils se retrouvent prisonniers là, et pas de secours. (p.126)
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Alouette était une bonne enfant, une très bonne même et l'unique plaisir de sa vie. C'était ce qu'Akos ne cessait de se dire et ne cessait aussi de dire aux autres. Il savait qu'elle n'était pas belle, la pauvre, il en avait longtemps souffert. (p.25-26)
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Mais la majeure partie de l'humanité se compose d'incorrigibles benêts, pleins de préjugés pédantesques et de pudibonderies. Au bout d'un certain temps, à lui aussi on a cherché à nuire. Les poètes, ce sont eux surtout qui ont intrigué contre lui, ces détraqués vindicatifs qui jouent les bons apôtres, mais qui, dès qu'ils sont deux, en dévorent jusqu'à l'os un troisième, les poètes qui chantent la pureté, la propreté, et qui évitent jusqu'aux abords d'une salle de bain, les poètes qui quémandent à tout le monde, au coin de la rue, même aux mendiants, rien qu'un peu de renom, rien qu'un peu d'amour, rien qu'une petite statue, rien que l'aumône par les mortels de l'immortalité, ces jean-foutre, ces onanistes envieux et blêmes qui vendent leur âme pour une seule rime, pour une seule épithète, qui étalent au marché leurs plus intimes secrets, qui tirent profit de la mort même de leurs parents, de leurs enfants, qui des années plus tard, lors d'une "nuit inspirée", violent leur sépulture, ouvrent leur cercueil et, avec la lanterne sourde de la vanité, cherchent à tâtons les "émotions", comme les pilleurs de tombes les dents en or et les bijoux, pour passer ensuite aux aveux en pleurnichant, ces nécrophiles, ces mères maquerelles. Excusez-moi, mais je les déteste.
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Jusqu'ici, sur la terre, tout désordre a résulté du fait que quelques-uns ont voulu mettre de l'ordre et toute ordure du fait que quelques-uns ont voulu balayer. Comprenez-moi, la véritable malédiction, en ce monde, c'est l'organisation, et le véritable bonheur, c'est l'inorganisé, le hasard, le caprice.
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Je le répète, le président était un homme plein de noblesse, de bonté, d'indulgence, un homme libéral. Il dormait par libéralisme. Qu'aurait-il pu faire d'autre ? Il y avait déjà cinquante-sept années que lui, en tant que président, devait écouter ces conférences quotidiennes, et moi, jeune homme de vingt ans, à la santé de fer, aux nerfs à toute épreuve, qui ne les écoutaits que depuis neuf mois, je n'en pouvais plus et je présentais d'inquiétants symptômes. Cette niaiserie nauséeuse, ce blablabla extravagant qu'on nomme en général poésie lyrique, cette ânerie ennuyeuse et vaseuse qu'on nomme en général science, ce salmigondis de théories qu'en général on nomme politique, tout ça, une nuit, dans ma petite chambre d'étudiant, avait déclenché en moi un accès de rage : subitement je m'étais mis à loucher et hurler, et j'ai hurlé à mort deux heures durant, jusqu'à ce que le fidèle Zwestschke, accouru à mon chevet, me fasse une piqûre de scopolamine, qui sert habituellement, comme vous savez, à calmer les fous furieux.
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Notre sens de la mesure ne supporte pas le démesuré. Au-delà d'un certain point, la souffrance elle-même devient ridicule. Le "unhappy end" peut-être tout aussi invraisemblable que le "happy end".
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En banlieue, ce qu'on vend le plus souvent dans les librairies, ce sont des cahiers, des gommes, des plumes et dans les pharmacies des brosses à dents, des blaireaux, des crèmes pour le visage. On y trouve un amoncellement de produits de beauté, comme si ce dont souffrait vraiment l'humanité, ce n'était pas la maladie, ce n'était pas du tout les maux innombrables mais la laideur.
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Sándor Márai sur Kosztolányi : Il était poète. Il adressait des poèmes d’amour à la langue hongroise et à la Hongrie. Tous les jours, il offrait à son pays quelque savoureuse combinaison de mots, ici une expression nuancée, là une phrase ironique ou pathétique. Il n’appartenait à aucun parti. En écrivant, il ne pouvait compter sur la compréhension d’une société sans classes… Il ne croyait pas au peuple. Il écrivait, tout simplement. Et il ne se sentait bien que dans la loge du concierge.
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Les frères Goncourt, dans leur journal, parlent d'une femme qui, au cours d'un voyage en diligence, raconte à l'une de ses amies, qu'elle n'a pas vue depuis longtemps, l'histoire poignante de sa famille. Son père avait été abattu à coups de fusil, sa mère s'était noyée, son mari était mort dans un incendie, il ne lui était resté qu'un enfant, qui vivait en Égypte, et dernièrement, cet enfant se baignait dans le Nil, comme tant d'autres fois, tout enjoué et sans méfiance, quand un crocodile a nagé vers lui. Mais la femme n'a pas pu aller plus loin dans son récit. Les passagers, qui jusqu'alors l'avaient écoutée avec une profonde commisération, n'ont pas pu attendre la fin, pas pu attendre que le crocodile ouvre sa gueule horrible et happe l'enfant, et, bien qu'ils aient su, eux aussi, que mot pour mot ce qu'ils entendaient était vrai, ils ont d'un coup tous éclaté d'un rire tonitruant. Mais oui, mes amis. Il y a une limite à tout. Et trop, c'est trop.
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À la vitrine d'une librairie, avec leurs bandes-annonces en couleurs, les nouveautés faisaient elles-mêmes leur propre article :
"Rogaton illisible... La dernière oeuvre du vieil écrivain gâteux, pas un seul exemplaire vendu à ce jour... Les poèmes les plus maniérés, les plus indigestes d'Erwin Râle."
— Incroyable, ai-je fait ahuri. Et on achète ça ?
— Pourquoi diable on ne les achèterait pas ?
— Et on les lit ?
— Chez vous, on ne lit pas de choses de ce genre, peut-être ?
— Tu as raison. Mais au moins la présentation est toute différente.
— Je te le répète : c'est ici la ville de la connaissance de soi. Si quelqu'un a clairement conscience qu'il a le goût mauvais, qu'il aime la rhétorique ronflante, tout ce qui est sans valeur, vide, prétentieux, il achètera les poèmes d'Erwin Râle et il ne pourra pas être déçu, attendu que ces poèmes répondront à ses exigences. Le tout n'est qu'affaire de tactique.
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