AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Diadié Dembélé (56)


Pourquoi t'ai-je mis au monde ? C'est cela que tu veux savoir ? Je vais te le dire ! Ouvre bien tes oreilles ! Je t'ai mis au monde pour élargir mon vagin, pour qu'une chose plus grande et plus belle sorte de lui. Je t'ai mis au monde pour que tu mordes mon sein, que tes dents fassent des traces sur mes tétons. Je t'ai mis au monde pour que mes vieux jours soient remplis de ta présence et de celle de ta descendance. Je t'ai mis au monde pour que la terre qui me mangera se réjouisse de sentir les pas de ma descendance sur elle. Je t'ai mis au monde pour que la chèvre ne ricane pas à minuit à mon sujet, moi qui ai le même âge que son arrière-arrière-arrière-grand-mère. Je t'ai mis au monde pour que tu sois la preuve de ma souffrance, de mon bref passage sur terre, parmi les hommes de peu de fortune. Je t'ai mis au monde pour que le soleil continue de briller sur mon monde. Je t'ai mis au monde pour que la lune continue d'habiter mon ciel. Je t'ai mis au monde pour que tu me continues, que tu sois l'extension de ma lumière, mon fils.
Commenter  J’apprécie          352
Tout le monde entend les sanglots. Une mère n'a pas le pouvoir d'un père mais elle a ses larmes. Une mère qui a mal pleure. Une mère qui a mal pour son fils pleure. Si elle ne pleure pas, elle pourrit de l'intérieur. Les larmes soulagent ce que les bras ne peuvent venger. Les larmes nettoient l'affront que l'eau ne peut enlever.
Commenter  J’apprécie          322
Mais la vie est une rivière pleine de surprises dans laquelle l'homme s'acharne à nager depuis la nuit des temps, s'amusant à y laisser femmes et enfants, comme s'il n'avait pas suffisamment appris de ses ascendants. L'homme trébuchant dans cette rivière, si un caïman ne lui attrape pas la jambe pendant la traversée, c'est un hippopotame qui le bouscule.
Commenter  J’apprécie          320
«  Si l’on pouvait se balader avec sa maison sur la tête, nul ne serait étranger sur cette terre, sache-le. »
Commenter  J’apprécie          321
Le vieux forgeron dit que l'enfant sera un homme s'il apprend à souffrir dans le jeu et à s'amuser dans la douleur, sans pleurer dans la défaite.
Commenter  J’apprécie          300
Il voulait cheminer vers le lieu de sa gloire, fixé comme un défi à sa condition de fils de paysans, le voilà seul dans la jungle urbaine. L’eau n’a pas de goût. L’argent n’a pas d’odeur. La souffrance n’a pas de couleur. Mais l’aventure a le goût des insultes et du mépris, de la faim et des humiliations.
Commenter  J’apprécie          290
D’autres ont déjà franchi les frontières du Mali pour rejoindre les pays côtiers. En vérité, lorsque le ciel s’assombrit, que la terre se déchire et expulse les graines, que les arbres se meurent et donnent leur corps au feu purificateur des incendies, y a-t-il encore de l’espoir pour le paysan ? Lorsque les pâturages jaunissent, que les puits et les rivières s’assèchent, y a-t-il encore de l’espoir pour l’éleveur ? Lorsque le lit du fleuve devient une forêt, que les barques s’enfoncent dans le sable et que l’odeur des poissons morts envahit les berges, y a-t-il encore de l’espoir pour le pêcheur ? Ça fait longtemps que je cogite également sur le départ.
Commenter  J’apprécie          291
Mais la vie est une rivière pleine se surprises dans laquelle l’homme s’acharne à nager depuis la nuit des temps, s’amusant à y laisser femmes et enfants, comme s’il n’avait pas suffisamment appris de ses ascendants. L’homme trébuchant dans cette rivière, si un caïman ne lui attrape pas la jambe pendant la traversée, c’est un hippopotame qui le bouscule.
Commenter  J’apprécie          290
Il n’avait pas réfléchi à ce qui le dépassait, et le dépasse toujours dans cette même condition : le grand rouleau compresseur de la lutte des classes. On ne part pas du néant pour atteindre les cimes des grands baobabs si on n’a soi-même pas des bras assez longs pour le faire, ou des bras longs pour nous pousser.
Commenter  J’apprécie          282
Je trouve enfin quelqu’un qui met des mots sur des sentiments trop longtemps refoulés. J’apprends que l’homme se constitue par lui-même, égal aux autres, indépendamment de son lieu de naissance, de sa couleur de peau, de sa religion ou d’une quelconque conviction politique, qu’il doit continuellement se battre pour faire respecter ses droits, quel que soit l’adversaire en face.
Commenter  J’apprécie          270
Les étapes du Paris-Dakar, la course de moto des Blancs n’ayant plus de problèmes dans leur vie et s’amusant à parader dans nos villages, sont également des occasions pour nous de gravir la colline, en violation absolue des consignes sécuritaires, de les regarder en se demandant ce que ça fait d’être exempt des contraintes matérielles du monde.
Commenter  J’apprécie          270
Je vous dis, à peu près mille neuf cent quatre-vingt-neuf. Je vois ici même ma pensée au sujet des faibles pluies tombées tout l’hivernage durant, entrecoupées de déluges qui ont noyé la plaine ; comme si les saisons dansaient sur une nouvelle musique du ciel qu’elles ne maîtrisaient pas encore. Ailleurs, ce phénomène porte un nom. À la radio nationale, certains parlent de sécheresse liée au changement climatique, d’autres de l’avancée du désert liée à la déforestation. Dans la vallée, nul ne sait quel nom donner à ce changement du temps et des saisons, cette métamorphose du ciel et des étoiles – présage d’une longue année de famine.
Commenter  J’apprécie          261
Tout le monde sait, du moins admet que le pauvre n’a d’autre patronyme que la misère. Si cette dernière ne lui suffit pas comme identité, il peut y avoir la douleur ineffable, la mort insignifiante, la maladie négligeable et le tort acceptable.
Commenter  J’apprécie          250
D’ailleurs, si elle n’avait pas voulu le laisser partir, c’était parce qu’il s’occupait d’elle comme le faisaient les fils depuis la nuit des temps. Malheureusement, le ciel bleu triste a renversé l’échelle des valeurs et rendu les fils fuyards plus vertueux que les fils qui restent auprès de leurs vieux parents.
Commenter  J’apprécie          240
Le médecin Piqûre-douce se lève et commence à agiter ses bras, comme manipulant des éprouvettes :
–vos procédés ne sont pas très scientifiques. Il faudrait apporter la bouillie au laboratoire pour contrôler les éléments. Il pourrait y avoir une réaction chimique entre le sucre et l'hydroxyde de sodium qui pourrait être à l'origine de cette ébullition. Jusqu'à une certaine température, le sucre…
La foule le discrédite d'un heu volumineux. Ce n'est pas la première fois que Piqûre-douce et ses collègues de la médecine des Blancs tentent de discréditer les experts en plantes et antidotes du village.
Commenter  J’apprécie          230
Nul besoin que je vous explicite le dessous de cette affaire, vous avez vu des centaines de cas, entre ceux qui arrivent en musiciens sans savoir jouer d’un instrument, ceux qui viennent représenter leur pays à des compétitions puis disparaissent, ceux qui arrivent avec des délégations officielles oubliant le retour, et ceux qui arrivent en touristes, tous finissent comme nous : « sans-papiers ».
Commenter  J’apprécie          200
Nous sommes aux champs. L’horizon colline-ciel semble mal cousu. Le soleil est suspendu comme un bouton de secours serti de diamants dont la lumière rayonne le jour. L’air est enfermé dans les poumons de la terre qui ne respire plus.
Commenter  J’apprécie          160
La vieille dame m’appelle : "N’kina" son petit mari comme son petit homme […] Je lui réponds que je ne suis pas son mari. Je ne comprends même pas pourquoi cette venue-directement-de-la-brousse me traite de petit mari. Tout le monde autour ricane.
Commenter  J’apprécie          130
L'enfant des gens souffre vraiment. Je réfléchis jusqu'à ce que ma tête s'échauffe. Parce que le jour où les plans de l'homme finissent, c'est son jour de mort. Et moi je n'ai pas envie d'arriver à mon jour de mort. En même temps, j'ai tout essayé. Il n'ya aucune possibilité de fuite. En une semaine, j'ai survécu à deux intoxications alimentaires, une piqûre de scorpion, trois piqûres de guêpe et une noyade dans la rivière blanche.
Commenter  J’apprécie          130
Au quartier Mali, un vieux photographe brade ses tirages en noir et blanc à cause de la généralisation de la couleur. Toko le sait grâce aux enfants de mon oncle Abdoulaye. Il me propose d’aller à son studio. J’ai déjà vu des photographes mais lui, cependant, c’est différent, presque un voleur d’ombres qui attrape la meilleure partie de ton âme et la dépose sur le papier. 
Commenter  J’apprécie          110



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Diadié Dembélé (191)Voir plus

Quiz Voir plus

One Piece - Les fruits du démon

Qui a mangé le Gomu Gomu no Mi (fruit du Caoutchoutier)?

Portgas D. Ace
Monkey D. Luffy
Gold D. Roger
Monkey D. Garp

42 questions
176 lecteurs ont répondu
Thème : Eiichirô OdaCréer un quiz sur cet auteur

{* *} .._..