Citations de Dmitri Bortnikov (136)
Et il continuait a tailler le tronc du sapin.Tranquille.Il avait en lui comme une sorte de joie....Un feu stable .Et chacun pouvait se réchauffer auprès de son feu.Cette flamme qui s allumé chez ceux qui ont tout vu.Qui n ont plus rien à perdre sinon leur botte!
Nous ne comprenions pas que ce qu'on nous affirmait être « la vérité » n'était qu'une caricature. A l'instar de toutes les idées. N'importe quelle idée n'est qu'une putain de caricature de cette putain de vérité. Cette bête curieuse, que personne n'a jamais vue en face... Eh bien, qu'elle aille se faire voir, la vérité. Sujet suivant.
La routine — un miroir qui réfléchit tout ce qui vous entoure, sauf vous-même.
Ho, les filles ! Greluches, grincheuses, pisseuses, péteuses, grognasses, pouffes, voyoutes, soldates, cageots, boudins, manches à balai, juments, peaux de vache, chiennes, chattes, frangines - prenez-moi ! Emmenez-moi ! Oui ! Apprenez-moi à entretenir la chaleur. A garder la vie, Donnez-moi votre chaleur vive ! Montrez-la-moi, je veux la voir. Elle est où, bordel ? Elle vous vient d'où, cette force ? Cette putain d'endurance...
Ha! Qu'est-ce que la Répulsion, sinon l'Extase vue de dos?
« Ici Radio Pékin ! De notre envoyé spécial Sue-du-cul ! Ce dimanche dix à dix heures six, six chauds chocolats-ci aussi chauds que ces six chocolats-là dix manches à gâteau gâtèrent au grand dam de la pâtissière qui, de dépit, se tapit sous son tapis et se pétrit ses pis de prix que six cent six sots suçaient tantôt à suer cent seaux mais sans succès car plus sèche que la chatte archisèche de l'archiduchesse des Cent Chattes Archisèches est la fente de la dépitée, que même six cent six saucissons bien salés ne sauraient faire saucer... Puisqu'on parle d'eau, passons à la météo : s'il pleut avant le déjeuner, c'est qu'après on aura de la boue. Sur ce, notre canapé Anales vous souhaite de ne prêter rondelle qu'à sa verve et non aux multiples glands qui crient : «c'est occupé !» quand vous vous mettez au lit. Merci pour votre attention, musique !»
Ni Anna la Rousse ni Pélagie n'aimaient les sorties comme ça. La forêt était un livre à jamais fermé pour elles. Et Maria... Elle lisait ce livre mille fois lu, avec le même plaisir. Oui. Jamais pareil, toujours le même... Le lisait avec ses yeux ! Avec ses pieds... À la main, comme en braille... Comme l'aveugle, qui caresse les pages et voit ce que personne ne voit. Maria leur traduisait ce qu'elle lisait dans la forêt avec des mots simples, nets et précis, et tout le monde comprenait même les plus petits.
Il n'y avait pas de gamelle de graisse pour Maria. Désoeuvrée. Et puis elle a aperçu une assiette avec les reste de beurre. Mais oui, ça graisse aussi ! En grattant l'assiette, elle a réussi à avoir un peu de beurre sur ces paumes, et s'est mise à les frotter. Elle a vu quelques petits qui n'avaient pas encore les bouilles reluisantes. Elle leur a fait signe de venir. Et puis leur a bien badigeonné les joues, le nez et les pattounes. Et au dernier, elle a carrément frictionné les joues avec l'assiette !
Vers le soir, lorsque ces gosses beurrés sont rentrés, épuisés, elle les a déshabillés, un par un... Et leur joues froides sentaient le bon pain chaud... Si bon ! Si frais ...
Une bête jamais vue. Les plus petits avaient peur d'abord. Les plus grands les poussaient vers elle, ayant peur eux aussi d'elle... Et Maria... elle sourient, juste elle sourit autour d'elle. Et ce sont les plus petits qui se sont approchés de plus près... Ils voulaient la toucher. Ils l'ont touchée. Les bras. Le dos. Les mains. Anna a tout vu, mais elle a laissé faire. Les plus petits, fascinés, ont tiré le fichu de la tête de Maria, et se sont mis à toucher ses cheveux en brosse, comme un champs de blé après la moisson... Ils y passaient leurs petites mains, tout doucement, et les cheveux de Maria faisaient "Tsuuu... Tsuuu". Et les petits se regardaient, souriaient doucement, comme font les gosses en caressant la fourrure d'un grand animal dont ils n'ont plus peur.
Mais avant, dans le saune, elle faisait subir aux pierres bien des choses. Les pires tortures ! Elle les faisait pleurer ! Supplier ! Agonir tout doucement... Elle versait encore et encore de l'au froide sur leur tête brûlante ! A les fendre ! Elle restait des heures et des heures... Et sortait la dernière, pompette recto verso... Lorsqu'il n'y avait plus de bois... Après son passage - les pierres, après avoir hurlé, étaient réduites aux murmures. Toutes - fendues. Des cailloux.
Et pourtant, très pourtant, l'eau apaise l'homme... Le rend calme. N'importe quel diablotin une fois lavé - à l'air d'un angelot épuisé... Cheveux mouillés... Regard ivre. Mouvements lents. Méditatif... L'eau... ça rajeunit les vieux visages. Et les mioches - ça les rend graves. Mais le sauna... Oh, le sauna! ça radoucit les croûtasses ! les vielles en sortent - toute mie ! Les absolutions dérident l'homme...
Avec sa tignasse rousse-rousse, sa blouse blanche comme la neige. Et sa peau! Oh, la peau des rouquines... C'est la pêche qui éclate au soleil, ça. Et puis une petite graine de beauté sur la joue de la pêche ! Elle s'anime, la graine, lorsque la pêche rit au soleil. Et les cheveux d'Anna... Ah ça, comme une flamme. Une haute flamme sous le soleil bas.
De mère en fille, de père en fils. Le dos vers le ciel, les yeux dans la terre .... Eh oui. Du berceau au cercueil. Pour arriver : "Si tu ne t'habitues pas - tu crèves, et si tu ne crèves pas - tu t'y habitues."
Les premiers froid venus, on a confié à Maria le poêle à bois.
Elle en était ravie. Ravie ! Seule devant le feu... Surtout le matin. Seule ? Mais on n'est jamais seul devant le feu. Jamais-jamais ! Même dans la solitude parfaite, cosmique, galactique - on n'est jamais seul avec le feu. Le feu ramasse l'âme... Plus loin - c'est un mystère.
P 101
C'est avec Aurore, la vache, que Maria a appris à marcher. Quand elle tombait - la vache s'arrêtait, penchait la tête vers l'enfant et la poussait tout doucement avec son museau. Lui léchait la nuque... L'aidait à se lever.
P 17
que s’accomplisse réellement : « celui qui juge sera jugé, celui qui persécute sera persécuté, celui qui cherche la paix trouvera la guerre » en homme réel aussi réel que vos yeux qui lisent ce livre
ils condamnent Hitler à la perpétuité, Staline est acquitté, Trotski prend pour six cents ans dans les Hadès, Ivan passera dans la cabane quatre cents ans dans le troisième limbe de l’enfer ». « Et les victimes deviennent les otages. Devant Khrouchtchev tapant avec sa chaussure sur la chaire de l’ONU, on aperçoit combien il était doué comme bouffon de Staline
L’hiver et la guerre, mon comte, ce sont deux choses dont on ne saura pas dire laquelle est la plus terrifiante, l’hiver en soi c’est le malheur, mais l’hiver et la guerre, bras dessus bras dessous, c’est l’enfer
Tu es vraiment aveugle ? sourd ? illettré ou tout à la fois !? la meute muette siffle et toi tu sursautes ?! les boiteux claudiquent et tu dis – ils dansent ! tu connais pas les règles de la vie monastique – c’est tout, tu sais pas comment précisément il faut obéir à un pasteur de l'âme, et c'est ton ignorance qui parle ! qui exige que je sois encore comme un bébé sans dents, souriant, roulant les yeux devant la foule des mentors ! que je baragouine comme un enfant et que je ne boive que du lait au lieu de manger les aliments solides !
Les tsars doivent toujours être prudents, et comment ! […] Pour leurs serviteurs, pour les bons — la compassion, la douceur et la paix, mais pour les mauvais — la cruauté et la souffrance ! Mais s’il n’en est pas capable, le roi, alors, il n’est pas roi, il est rien ! Il est la honte et honte à lui