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Citations de Dolores Redondo (270)


La tornade grondait en avançant dans le pré désert comme une silhouette surgie des ténèbres, enveloppée dans une cape de poussière, de brouillard et de destruction. Albert resta immobile, l'admirant pendant un instant, hypnotisé par sa course puissante en direction de la ferme et surpris par son énergie magnétique, alors que ses yeux se remplissaient de larmes de pure panique et de sable volant. Il regarda autour de lui, cherchant un endroit où fuir, où se réfugier.
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Il distinguait la ferme des Jones quand arrivèrent les premières rafales de vent. Effrayé, il se mit à courir, monta les marches du porche et frappa à la porte de toutes ses forces. Personne ne répondit. Il fit le tour de la maison jusqu'à la porte de derrière, qu'ils laissaient toujours ouverte. Mais pas aujourd'hui. Il mit ses mains autour de son visage qu'il plaqua contre la vitre, scrutant l'intérieur de la cuisine. Il n'y avait personne. Alors il l'entendit. Il recula de deux pas et regarda à droite de la maison. La tornade grondait en avançant dans le pré désert comme une silhouette surgie des ténèbres, enveloppée dans une cape de poussière, de brouillard et de destruction.
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Il avait parcouru la moitié du chemin qui séparait sa maison de la ferme des Jones quand il se rendit compte qu'il se passait quelque chose de bizarre. Les nuages qui avaient plombé le ciel dès les premières heures du jour se déplaçaient à toute vitesse ; le soleil se glissait entre eux, projetant sur la terre des silhouettes d'ombre et de lumière. Rien ne bougeait au ras du sol, le calme envahissait les champs, les machines agricoles restaient dans les granges, les oiseaux s'étaient tus. Il tendit l'oreille et ne perçut que le hurlement d'un chien au loin. Ou peut-être n'était-ce pas un chien ? Il distinguait la ferme des Jones quand arrivèrent les premières rafales de vent.
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La ferme des Jones avait déjà été dévastée par une tempête trois ans plus tôt, et il n'y avait aucune raison de croire que cela ne pouvait pas se reproduire.
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Amaia raconta toujours qu'elle se rappelait seulement l'arbre, rien d'autre… même si ce n'était pas tout à fait vrai. Dans ses souvenirs il y avait toujours l'arbre, mais aussi la tempête… et la maison au milieu de la forêt.
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La dernière année, ses trajets s'étaient limités aux allers-retours entre l'école et la maison, et à accompagner sa tante à l'église le dimanche. Sinon elle demeurait chez Engrasi, assise près du feu, lisant ou faisant ses devoirs, aidant au ménage ou à la cuisine. N'importe quel prétexte était bon pour ne pas franchir le seuil de la porte. N'importe quelle excuse pour ne pas avoir à affronter ce qui se passait dans le village.
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C'était un dimanche matin comme un autre, où elle était allée marcher en compagnie de son chien, Ipar* 1, avec le groupe de randonneurs d'Aranza qu'elle avait rejoint le printemps précédent. Elle aimait la forêt, mais elle avait accepté, surtout, pour faire plaisir à sa tante, Engrasi, qui depuis des mois la pressait de sortir davantage. Toutes deux savaient qu'elle ne pouvait pas le faire dans le village.
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À partir du moment où elle avait quitté le chemin, le film dans sa mémoire durait seulement quelques secondes, d'images répétées inlassablement. La vitesse vertigineuse de ses souvenirs lui procurait la sensation du praxinoscope de Reynaud, dans lequel la répétition successive d'images en mouvement finissait par provoquer un effet d'immobilité absolue. Parfois elle se demandait si elle avait marché dans la forêt, ou si elle s'était contentée de s'asseoir là et de rester sans bouger à regarder le même arbre pendant tellement longtemps que son cerveau était tombé dans une sorte d'hypnose, au point de graver pour toujours dans son esprit sa silhouette primitive et maternelle.
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Quand Amaia Salazar avait douze ans, elle se perdit dans la forêt pendant seize heures. On la retrouva à l'aube à trente kilomètres au nord de l'endroit où elle avait quitté le chemin. Évanouie sous une pluie battante, les vêtements noircis et roussis comme ceux d'une sorcière médiévale rescapée d'un bûcher. En revanche, sa peau était blanche, propre et froide comme si elle venait de sortir de la glace.
Amaia affirma toujours qu'elle ne se rappelait presque rien de tout cela.
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(...) c'est une erreur que nous incite à commettre le cerveau quand nous ne prenons pas la peine de raisonner davantage. Souvent quand beaucoup de gens pensent la même chose, cela signifie simplement que beaucoup de gens se trompent.
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Car il était de ceux qui pensaient que les choses existaient seulement quand on les nommait, et que certaines horreurs n'entreraient ni dans sa vie ni dans sa maison s'il refusait de prononcer leur nom.
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Quand elle reprit conscience, elle vit son père à côté de son lit d’hôpital. Pâle, les cheveux mouillés par la pluie plaqués sur son front. Ses paupières irritées par les larmes étaient cerclées de rouge. Quand il la vit ouvrir les yeux, il se pencha, le visage crispé, mais avec un début de soulagement. Cette attitude la remplit d’une immense tendresse, l’émotion menaçant de la submerger. Elle l’aima, comme elle l’avait toujours aimé. C’est ce qu’elle voulut lui dire, mais elle sentit alors le léger contact de ses lèvres chaudes lui susurrant à l’oreille :
— Amaia, ne le raconte à personne. Si tu m’aimes, fais-le pour moi. Ne raconte rien.
Tout l’amour qu’elle éprouvait, qu’elle avait toujours éprouvé pour lui, lui oppressa douloureusement le cœur. Les mots destinés à lui dire combien elle l’aimait moururent en elle et restèrent comme un souvenir pénible, collés à ses cordes vocales. Incapable d’émettre un son, elle acquiesça, et son silence devint le dernier secret de son père qu’elle garderait et la raison pour laquelle elle cessa de l’aimer.
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La scène a rappelé à un membre de notre département une photo parue à la une d'un journal un mois plus tôt. Celle de la famille Mason, morte au Texas après le passage d'une grande tempête, avec leurs cadavres à moitié ensevelis sous les ruines de leur maison. Vous vous rappelez qu'ils avaient été enterrés sans autopsie. Nous avons interrogé le shérif qui s'était occupé de l'affaire. Lui aussi avait trouvé une arme près des corps, un calibre 22 à nouveau, qui appartenait au père, et sur le moment il ne lui avait accordé aucune importance. Nous avons obtenu l'autorisation d'exhumer les corps et avons réalisé une autopsie...
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Peu importe votre opinion. Le lieu où on naît et passe son enfance nous marque de manière indélébile, laisse en nous une trace composée de tout ce que nous avons vu, appris, observé ou écouté.
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A cet instant, il était heureux, authentiquement heureux.
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Ainhoa Elizasu fut la deuxième victime de celui que la presse n’avait pas encore surnommé le basajaun.
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- Certains parents pensent qu' en obligeant leurs filles à rentrer plus tôt, ils les soustraient au danger, alors que ce qui importe, c est qu' elles ne soient pas seules. En les faisant partir avant le groupe, ce sont eux qui les mettent en danger.
- Être parent, ce n est pas facile, murmura Iriarte.
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La pluie madrilène était nerveuse, rapide et impétueuse. Imprégnée de la saleté des trottoirs, elle filait vers les égouts et disparaissait de l'atmosphère lorsqu'elle cessait de tomber. Ici, en revanche, la terre absorbait l'eau, l'accueillait comme un amant avide et, quand la pluie s'arrêtait, sa présence demeurait dans l'air comme un spectre palpable susceptible de se matérialiser à nouveau à tout instant.
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La vérité n'offre qu'un soulagement éphémère car elle est toujours excessive. Lorsqu'elle se fait jour petit à petit, on l'absorbe progressivement, comme la terre de Galice boit l'eau qui tombe du ciel, mais quand elle surgit soudain, aussi brutale qu'un raz-de-marée, la vérité est aussi douloureuse que le pire des mensonges.
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La seule chose qui puisse libérer de la pire des souffrances un homme bon est la douleur d'autrui.
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