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Citations de Dominique Barbéris (164)


J’étais triste comme si j’étais exilée. Ma sœur m’avait-elle menti ? Est-ce qu’elle était montée au troisième étage ? Est-ce qu’elle était retournée plusieurs fois dans l’impasse ? Je l’entendais me dire: Ne sois pas ridicule. (p. 125)
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Sur certains points, Claire Marie fait penser à ces canards qui ont l’air de glisser sur l’eau un glissement d’objets immobiles), mais leurs pattes remuent sous la surface à toute allure. Il y a quelque chose en eux d’un trompe-l’œil. (p. 35)
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Franchement, si je devais vivre à Ville-d’Avray toute l’année, je me suiciderais !
Je ne réponds pas. Je crois comprendre ce qu’il veut dire, ou plutôt ce qu’il fuit en conduisant à toute allure : ces jardins alignés avec leur numéro, ces vies numérotées qui se poursuivent, une fois la maison installée, dans le silence recueilli de leur jardin jusqu’au petit accroc, inévitable au bout du compte : le jour où le médecin arrivera avec de « mauvais résultats », où le médecin dira : il faudrait quand même faire une analyse.
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Je me souviens même d’une conversation que nous avons eue il y a des années. Claire Marie s’est tournée vers moi brusquement et m’a demandé à sa façon directe, un peu candide ; Est-ce qu’il t’arrive, à toi, de rêver d’autre chose ?
- Comment ça ? autre chose ?
- Je ne sais pas, moi, avait soufflé ma sœur. Est-ce que ta vie te satisfait ?
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Peut-être que la plupart des hommes traînent les dimanches soir avec la peur de voir la journée finir, la peur d’ébranler en eux une tristesse ancienne ; peut-être que cette tristesse, nous la partageons tous, cette tristesse qu’on sent quand les choses ferment, quand elles finissent.
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Elle raccrocha, regarda le jardin, vit contre le mur les petits boutons verts, durs comme de jeunes tomates, et tandis qu’elle se tenait à la fenêtre, devant les camélias prêts à fleurir, un affreux chagrin la saisit, un chagrin qui l’empêchait de bouger, qui traversait le temps, qui venait, lui sembla-t-il, des très loin, des heures vides de l’enfance, d’une attente qui n’avait jamais cessé. Il lui coupa le souffle au point qu’elle n’arrivait plus à respirer.
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Qui nous connaît vraiment ? Nous disons si peu de choses, et nous mentons presque sur tout. Qui sait la vérité ? Ma sœur m’avait-elle vraiment dit la vérité ? Qui la saura ? Qui se souviendra de nous ? Avec le temps, notre cœur deviendra obscur et poussiéreux comme le cabinet de consultation du docteur Zhang.
Une salle d’attente où on attendait toute sa vie. Aucun bruit de l’autre côté. Aucun signe.
Je sentais une sorte d’angoisse. Je me disais toujours : Si elle s’était trompée ? Qui est-ce que j’attends, moi aussi ? Qui, pour moi, est venu ?
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Qui nous connait vraiment? Nous disons si peu de choses, et nous mentons sur presque tout.
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Il y avait moins de roses rouges que de roses claires, les roses rouges, quoique de parfum plus affirmé et de couleur plus robuste, tenaient moins. Elles semblaient s'épuiser.
Peut-être que la couleur épuise les roses.
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- Ma vie, se dit ma soeur. Ce que je suis en train de faire de ma vie : cet homme en colère, et cette petite fille barbouillée.
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Elle raccrocha, regarda le jardin, vit contre le mur les petits boutons verts, durs comme de jeunes tomates, et tandis qu’elle se tenait à la fenêtre, devant les camélias prêts à fleurir, un affreux chagrin la saisit, un chagrin qui l’empêchait de bouger, qui traversait le temps, qui venait, lui sembla-t-il, de très loin, des heures vides de l’enfance, d’une attente qui n’avait jamais cessé. Il lui coupa le souffle au point qu’elle n’arrivait plus à respirer. (p. 58)
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J’ai demandé:
- Quelqu’un que tu vois encore?
- Oh non, bien sûr que non! C’est fini depuis longtemps. Simplement, je t’ai dit, ça me revient. Le dimanche, tu ne trouves pas, certaines choses vous reviennent davantage.
Elle a levé ses bras trop minces, ses coudes osseux; elle a ramené ses cheveux en arrière en essayant de les arranger; elle a dit: Le dimanche, on pense à la vie. (p. 37)
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Sans savoir trop comment, elle s’était dirigée vers le bois de Fausses Reposes et bien que ce ne fût pas la meilleure heure (il n’est pas conseillé pour une femme d’aller seule le soir dans le coin des étangs), elle continua d’avancer.
Elle finit par trouver un banc et s’assit; la nuit resterait probablement nuageuse, sans beaucoup de vent ; l’épaisse couverture de nuages stagnerait sur Paris et sur Ville d’Avray. Des avions en phase d’approche descendaient ; elle apercevait leurs feux clignotants. Ils cherchaient à se poser sur le cœur battant et tout proche de Paris.
Les bâtiments d’une résidence s’allumèrent aussi, – la dernière avant le bois – l’éclairage des parties communes, quelques bâtiments bas, numérotés, répartis entre des arbres et des réverbères, avec une lettre sur la porte d’entrée, et un air de bâtiments collectifs.
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- En fait, a murmuré ma sœur tout à coup, sans me regarder, j’ai pensé à quelqu’un. J’ai fait une rencontre, il y a des années, je ne te l’ai jamais dit ? Il m’est arrivé quelque chose.
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La lumière et les rires entre les masses sombres des plantations du jardin montraient la paix d’une maison éclairée ( la jolie maison de ta sœur, comme disait maman). Quelques moucherons montaient dans le halo des deux lanternes, de part et d’autre de la porte ; la lumière du gros abat-jour du salon s’arrondissait sur la pelouse. C’était, me disais-je, finalement, toute la paix qu’on peut parfois, à de certains moments, retirer de la vie, cette paix fragile, si provisoire que nous avons si peur de perdre, dont on goûte, certains soirs, le sentiment si blessant, si aigu : un temps comme arrêté, une fin d’été, une trêve, des bruits de voix dans un jardin, une lampe allumée dans une fenêtre. C’était ce que ma sœur avait choisi. Elle avait eu raison. Je le comprenais. Le reste, me suis-je dit. Le rêve. Je me suis rappelé le titre d’un roman qui m’avait autrefois éblouie: "Les bas-fonds du rêve".
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Dans les quartiers que je traversais, certaines maisons restaient fermées, - preuve que leurs propriétaires n’étaient pas rentrés -, mais il y avait des fleurs dans les jardins. Des fleurs qui fleurissaient toutes seules dans ces jardins inoccupés. On sentait partout, davantage qu’à Paris, cette sorte d’étirement languide et d’immobilité propre aux végétaux en automne. Il y avait moins de roses rouges que de roses claires, les roses rouges, quoique de couleur plus affirmée et de parfum plus robuste – tenaient moins. Elles semblaient s’épuiser. Peut-être que la couleur épuise les roses.
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Elle rêvait certainement d'être une pianiste élégante et raffinée que les hommes admireraient. Elle était peut-être amoureuse de son professeur de piano. Un classique.
Et malheureusement, le professeur de piano dirait : " Ce n'est pas fameux ; mais pas fameux du tout."
C'était ainsi, la vie ; on essayait de porter vaillamment ses rêves ou ceux des autres.
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Qui nous connaît vraiment ? Nous disons si peu de choses, et nous mentons presque sur tout. Qui sait la vérité ? Ma sœur m'avait-elle vraiment dit la vérité ? Qui le saura ? Qui se souviendra de nous ? Avec le temps, notre cœur deviendra obscur et poussiéreux comme le cabinet de consultation du docteur Zhang.
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L'autre dimanche, je suis allée voir ma sœur.

(incipit).
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Je pensais à ces foules qui en ce moment même sortaient des parcs et des jardins publics. Peut-être que la plupart des hommes traînent les dimanches soir avec la peur de voir la journée finir, la peur d'ébranler en eux une tristesse ancienne ; peut-être que cette tristesse, nous la partageons tous, cette tristesse qu'on sent quand les choses ferment, quand elles finissent.
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