Anatole Le Braz a l’art de cultiver le mystère de la Bretagne. Une ambiance fantasmagorique, brumeuse comme peut l’être la lande bretonne. Les passions ici ne se crient pas, elles se devinent dans les profondeurs de l’âme. La pudeur l’emporte aux éclats. Pourtant, les non-dits peuvent se dévoiler à tout instant. Les sentiments, devenus trop intenses, risquent de faire voler en éclat ce petit monde si paisible au premier regard.
La Bretagne d’Anatole Le Braz, ce sont les taiseux, les silencieux, les gens simples… qui peuvent d’un moment à l’autre se transformer en héros tragiques.
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Le conteur attend que tout le monde s’installe auprès de l’âtre avant d’entamer ses récits. Nous sommes en Bretagne… « dans un vieux manoir perdu au fond des bois et des landes de la Cornouaille armoricaine, le manoir de Coat-Tugdual. » Grands et petits sont attentifs et aiment écouter les petites histoires qui enrichissent les mythes et légendes.
Elles viennent de Dinan, de Kervézenn, de Briec, de Kerhouan… de la haute et de la basse Bretagne, de ses campagnes et de ses côtes, d’ici et de l’au-delà. Elles font frissonner car elles sont des témoignages sur des âmes qui se manifestent partout, sur les chemins et dans les maisons. Il est dit que le jour est aux vivants, que la nuit est aux morts, et lorsqu’elles apparaissent, elles sont annonciatrices d’évènements, la plupart du temps, tragiques.
Dans l’année, Noël, le soir de la Toussaint et la nuit de la Saint-Jean, sont des jours propices.
Dans les légendes de la mort, autres que les âmes errantes, il y a l’Ankou, un fantôme qui hante chaque village. Sous les traits d’un vieillard ou d’un squelette, il conduit une charrette qui grince et tient une faux. C’est l’ouvrier fossoyeur qui vient chercher celui qui va trépasser. La nuit, près d’une étendue d’eau, on peut rencontrer des lavandières aux visages de mort qui lavent les linceuls. C’est toujours de mauvais augure pour celui qui les voit car elles présagent de son décès, mais comme pour la mère Paillasse et Josik la fille de Jean Trémeur, elles peuvent aussi ne pas être fatales. La Dame Blanche apparaît la nuit, entre vingt-trois heures et minuit. Au château de Kerloster dans la commune de Lannéanou, elle remet dans le droit chemin Raoul, le fils aîné, qui se moquait de cette fable et qui aimait faire la fête le soir jusque tard dans la nuit. Dans ce conte, elle semble plus protectrice que funeste.
« Il ne faut pas manquer aux morts. » C’est à dire, ne pas se moquer, ne pas les oublier, se montrer toujours respectueux.
Outre ces êtres qui viennent chercher les futurs défunts, ce petit livre rapporte aussi en de courts textes, des histoires de fantômes malheureux ou facétieux. Le folklore breton est un vivier de contes populaires fantastiques, macabres, qui tiennent en haleine ceux qui les écoutent et ceux qui les lisent. Croyances anciennes, superstitions, le païen se mêle au christianisme, et grâce aux « collecteurs d’histoires » comme François-Marie Luzel, Anatole Le Braz, Paul Sébillot, Zacharie le Rouzic, Emile Souvestre…, elles ne se perdent pas, elles défient le temps.
Dans cette collection, vous trouverez Sirènes bretonnes, Lutins et Korrigans, Lancelot du Lac, L’ïle d’Ouessant, Belle-ïle-en-Mer, Merlin l’Enchanteur, Le Pays de Tréguier, L’Ankou, Le Mont Saint-Michel, Brocéliandre et La Ville Ys et les cités englouties ; de quoi voyager, rêver et frissonner.
A recommander
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passionnant de bout en bout. Un livre envoûtant avec un délicieux parfum de mystère.
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Plusieurs contes courts sur les fées bretonnes, tantôt bienfaisantes, tantôt plus inquiétantes (le mot fée vient du latin "Fatum" : destin), principalement recueillis fin XIXème dans différentes régions de Bretagne, et dont certains remontent au Moyen-Age. Très facile à lire, ce petit livre évoque la Fée des grèves, près du Mont-Saint-Michel, la fée de la Rance, les fées des fontaines, les fées-cygnes, les fées qui demeurent dans les "houles", ces grottes creusées par la mer dans les falaises entre Cancale et Erquy.
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"Ah ! Qu'il fait bon entendre conter des histoires de revenants, près du feu !"
Voilà un éditeur au titre poétique : Terre de brume. La collection "Petites histoires" est dédiée à l'imaginaire breton. En cette période d'Halloween, je ne pouvais manquer de le dépoussiérer pour me plonger avec délectation dans l'univers de la nuit et des créatures qui la peuplent, alliant ainsi le plaisir de frissonner à celui de retrouver une région que j'adore.
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Il s'agit d'un court recueil rassemblant des extraits du folklore armoricain, d'Anatole Le Braz et de Paul Sébillot notamment, de la fin du XIXème au début du XXème siècle.
Cette promenade au coeur des ténèbres bretonnes nous entraîne à travers les différentes manifestations du surnaturel : l'intersigne, ou signe précurseur de la mort, les revenants bien sûr - en particulier l'Ankou et les Lavandières de nuit -, mais aussi les âmes offensées qui viennent enseigner aux hommes qu'il ne fait pas bon se moquer des défunts.
Il y a souvent une grande poésie dans toutes ces évocations qui content la crainte de l'au-delà, crainte d'un temps révolu où les événements étranges étaient parfois attribués à une force supérieure, dans une France au mode de vie encore ancestral. Des craintes qui paraissent bien naturelles à une époque où la nuit était vraiment noire et épaisse.
Les divers récits s'interrogent également sur la motivation des morts à revenir sur terre et livrent plusieurs explications. Une fois n'est pas coutume, Le vieux de Tourc'h s'avère un fantôme malicieux qui se plaît à taquiner les vivants. Sinon, l'atmosphère du recueil est plutôt inquiétante - ce qui était précisément ce que je recherchais.
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Ravie d'avoir attrapé un peu par hasard ce recueil de contes à la médiathèque. C'est bien écrit, plein de fraîcheur, de poésie, un vrai témoignage de cet esprit d'antan, de l'époque où l'on savait se réjouir de peu de choses et se contenter du bonheur d'être en famille et d'avoir un toit sur la tête. Certains de ces contes sont très émouvants, "la poupée" par exemple ou "la Noël de Marthe".
Des histoires aux contextes variés, des personnages attachants, des chutes inattendues...Bref, un très bon moment de lecture !
A lire sans hésiter en cette période de Noël...
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Une collection de petits recueils chez Terre de Brume jolis et à la présentation soignée. Je recommande en petits cadeaux à des amis fans de Bretagne et de légendes... ou pour le plaisir d'avoir toute la collection dans sa maison de vacances au bord de la mer...
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Je ne connaissais pas bien le mythe et je n'ai jamais lu l'histoire mais elle est très bien représentée ici je pense. L'auteur a subdivisé l'histoire en petits chapitres et annote régulièrement pour nous expliquer les choix faits parmi les nombreuses version pour coller à la réalité historique de la Cornouailles de l'époque. Il y a aussi des notes sur des pratiques celtes traditionnelles.
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Un volume intéressant par son concept - rassembler divers textes touchant au mythe du vampire, des goules et des zombies - et bien présenté, avec quelques illustrations noir et blanc d'époque. Si les textes proposés sont tous dignes d'intérêts et intelligemment introduits, nous emmenant des textes classiques et très connus à des récits moins connus ou venant du bout du monde, je reproche à cette anthologie d'être restée trop près des textes connus, et surtout de la figure du vampire. Goules comme zombies n'apparaissent que très peu alors même qu'ils sont abordés via les textes les plus intéressants. L'ouvrage aurait vraiment mérité d'être étoffé.
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