Dominique Camus

Comorre.

Tout jeune, il s’était habitué à trouver son plaisir dans le mal, et, telle était sa malice que, lorsqu'il sortait du château, sa mère elle-même courait tirer la corde du beffroi pour avertir les gens du pays de se garder.

Émile Souvestre, le foyer breton, 1844.

Il était une fois un temps sans radio ni télévision ; un temps ou seules les voix véhiculaient ces étranges histoires qui faisaient voyager tout un chacun dans des mondes jusqu'alors insoupçonnés; le temps des veillées . ......

Peronnik l'idiot.

Ceux qui sont forts vont chercher le danger avec leur force, et, le plus souvent, ils y périssent; mais les faibles prennent les choses de côté. Ne pouvant espérer de combattre le géant, l'idiot résolut d'avoir recours à la ruse.

Émile Souvestre, le foyer breton, 1844

En réunissant ces quarante récits passés de la littérature orale à la plume des grands folkloristes, Dominique Camus montre que l'on tire de surprenants enseignements des mondes qu'ils nous font découvrir.

Il était une fois un temps sans radio ni télévision ; un temps ou seules les voix véhiculaient ces étranges histoires qui faisaient voyager tout un chacun dans des mondes jusqu'alors insoupçonnés; le temps des veillées . "

"Le don, tout le monde peut l'avoir, confie André Le Bihanic. C'est juste que ce genre de choses, ça ne se donne pas à quelqu'un qu'a pas une vie normale, comme un type qui court à droite ou à gauche, qui boit ou qui se drogue."
(P. 24)

C'était un palais de coquillage qui surpassait tout ce que l'on pouvait imaginer. On y arrivait par un escalier de cristal fait de telle manière que, lorsqu'on y posait le pied, chaque marche chantait comme un oiseau des bois ! Tout autour, on voyait d'immenses jardins où grandissaient des forêts de plantes marines et des pelouses d'algues vertes toutes parsemées de diamants au lieu de fleurs.

Venez me livrer ce que vous m'avez promis !

Vous l'avez répondit le seigneur.

Comment cela ? vous moquez vous de moi ?

Je vous avez promis les deux premières choses sur lesquelles vous mettriez les mains, en arrivant; et bien ! ce sont les deux morceaux de cette échelle, vous pouvez les emporter si vous voulez.

Le Diable se voyant dupé, s'écria : Vous avez eu de la chance de trouver un enfant pour vous conseiller, car sans lui vous m'apparteniez ! Si j'étais resté encore 6mois dans votre maison, je vous emportais tous dans l'enfer, vous, votre femme et vos enfants !

Depuis que j'enquêtais sur les pratiques magiques de mes contemporains, j'avais acquis une certitude concernant le rôle de l'ethnologue dans sa propre collectivité. A la différence des pays où l'empreinte de la colonisation a instauré un rapport implicite de domination qui contraint les autochtones à accepter sa présence parmi eux, dans nos sociétés démocratiques toute personne interrogée a le loisir d'accepter ou de refuser de répondre à ses demandes : chaque rencontre est l'objet d'une tractation. Le chercheur doit au préalable expliquer les motifs de sa curiosité.

p. 13

Les magnétiseurs sont polyvalents et soignent généralement un grand nombre de maladies. Se déclarant possesseurs d’un fluide, le magnétisme, qui leur est propre et qu’ils se sont souvent découverts fortuitement, ils opèrent par imposition des mains pour le transmettre au souffrant. Généralement, plusieurs séances, échelonnées sur quelques semaines, sont nécessaires pour espérer guérir de cette façon […].

Faire appel à la sorcellerie, c'est adopter une place marginale, en retrait de la société, par crainte de son désaveu. C'est donc se couper de ses relations, et, pour l'envouté, se limiter au cercle de ses proches, qui sera réduit au maximum : c'est entrer en situation de quasi mort sociale. En se séparant ainsi des valeurs dominantes de la société et de ses membres, le client se place vis-à-vis de son sorcier en position de totale prise en charge.

Les ensorcelés sont donc des personnes qui ont le sang faible, c'est-à-dire qui manquent de volonté et qui sont facilement suggestionnables dans l'idée qu'elles sont envoûtées. En somme, les envoûtés sont des gens qui croient en leur état, qui acceptent l'idée du magique. Le meilleur moyen pour ne pas donner prise aux actions de sorcellerie est donc de ne pas y croire. Ce que, paradoxalement, m'ont affirmé plusieurs sorciers (...)