Citations de Don Winslow (823)
p.52.
- Médecin ? Avocat ? Chef indien ?
- Promoteur immobilier.
- Je le déteste déjà.
C'est la strict vérité. De manière générale, Boone serait prêt à fourrer tous les promoteurs immobiliers de Californie du Sud dans un autobus et à faire basculer le bus du haut d'une falaise. À condition, bien entendu, de trouver un promoteur immobilier capable de conduire un bus.
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p.51.
Boone fixe pour l'instant le même plan d'eau en se remémorant cette journée. Il se souvient de ce que lui a dit Kelly un certain samedi après-midi. Boone l'aidait à empêcher une bande de gamins du centre-ville de se noyer alors qu'ils faisaient du bodyboard à La Jolla Shores, et c'est épuisé qu'il avait demandé à Kelly pourquoi il se donnait toute cette peine.
- Toi et moi, on a eu de la chance, lui avait-il répondu de sa célèbre voix douce. Nous avons découvert très tôt une chose que nous adorons, qui fait que nos vies méritent d'être vécues. Mais je ne peux pas m'interdire de penser que, quand la vie d'un homme mérite d'être vécue, il accorde aussi une grande valeur à celle des autres. Tout le monde n'est pas aussi chanceux que nous, Boone.
Et Boone de discuter avec l'ombre de Kelly : " Ouais, Kelly, mais les gamins avec qui tu travaillais ne possédaient rien. Tandis que celui qui t'as tué est un petit fumier plein aux as, un enfant gâté né avec une cuiller d'argent dans la bouche et de nombreux privilèges. "
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p.278.
Antonucci avait vu beaucoup de choses dans sa vie. Il avait commencé comme berger, mais avait rapidement décidé qu'une existence passée à travailler pieds nus comme une bête de somme n'était pas fait pour lui. Il avait sauté dans un navire de fret pour l'Indochine, avait débarqué à Saigon, et, en moins de deux ans, le troupeau de filles qu'il maquereautait s'était transformé en un bordel prospère. Il en avait utilisé les bénéfices pour acheter La Croix du Sud, qui se révélait rentable en soi, mais lui servait surtout à blanchir l'argent qu'il gagnait avec Mancini en faisant passer à Marseille de l'héroïne et de l'or.
Il se fournissaient en héroïne directement auprès de l'armée française. Bay Vien en prenait la plus grande partie, mais les Corses achetaient le surplus. Les profits étaient considérables, même après le prélèvement drastique concédé à Bao Dai. Ils utilisaient l'argent pour acheter d'autres clubs, d'autres restaurants, d'autres hôtels. Mancini possédait le Continental et, maintenant, le Majestic ; Luciani le Palace. Avant peu, les Corses auraient le monopole de l'hôtellerie à Saigon. Au lieu de faire de la contrebande de drogue et de devises, leurs enfants, ou tout au moins leurs petits-enfants, seraient restaurateurs ou hôteliers.
p.264-5.
- Qu'est-ce que tu vas faire, maintenant ?
- Retourner dans les montagnes. Voir si d'autres cinglés, des Angliches, ou des Amerloques, ou des mangeurs de grenouilles veulent monter au sommet du monde. Tu me chercheras sur les photos, je serais l'homme dont on ne cite pas le nom."
p.189.
Il lui tardait d'harmoniser le rythme de la torture mentale à celui de la torture physique - de montrer à Hel que sa souffrance était inévitable, puis de lui proposer de révoquer la sentence, et finir par l'accomplir malgré tout. Tirer les ficelles en avant et en arrière entre le désespoir et l'espoir, la terreur et le soulagement, l'angoisse et le répit, pour arriver à un paroxysme dans lequel ne resterait plus que la souffrance.
p.98.
D'ailleurs, Nicholaï ne méprisait rien tant qu'un bourreau. Un sadique qui inflige la souffrance à des êtres réduits à l'impuissance mérite la mort.
Voroshenine n'était que le premier bourreau sur la liste de Nicholaï.
Ensuite viendraient Diamond et ses deux sbires, qui avaient brisé son corps et son cerveau, et avaient failli détruire à jamais son âme. Il savait que les Américains ne s'attendaient pas à ce qu'il survive à la mission Voroshenine, mais il les surprendrait, puis il surprendrait Diamond et les deux autres.
Nicholaï pensa que, de même que la vie sous le capitalisme était d'une grossièreté provocante, la vie sous le communisme était délibérément terne.
"Paul", remarque Danny. Pas Paulie. La dernière fois que quelqu'un l'a appelé Paul, c'était...jamais.
...
Encore une première, songe Danny: quelqu'un qui utilise "Rhode Island" et "opportunités dans la même phrase.
Les gens sérieux ne peuvent pas se permettre de prendre ça [la guerre contre la drogue] au sérieux. Pense aux milliards de dollars investis dans l'économie, les actions, les start-up. Sans parler des milliards générés par cette "guerre" : les armes, les avions, la surveillance. La construction de prisons. Tu crois que toutes ces entreprises accepteront que ça s'arrête ?
Les médias se régalent. Cela fait des années qu'ils n'ont pas eu de véritables guerres des gangs à se mettre sous la dent. Un sujet propice aux gros titres et aux photos racoleuses. Lecteurs et téléspectateurs suivent cela comme ils suivraient le baseball. En se levant le matin, ils consultent les stats.
Je ne connais qu’un homme né dans une étable à Noël qui soit devenu quelqu’un, aimait-il à répéter. Et regardez ce qu’ils lui ont fait.
Le feu brule vers le haut, en suivant des lignes de fuite.
Des lignes divergentes, comparables aux branches d'un V.
(...) il n'existe qu'une seule rédemption quand on a eu un mauvais père : être un bon père.
À l'origine, l'opération Condor était destinée à extirper le cancer sinaloan du Mexique, au lieu de quoi elle l'a disséminé dans le corps tout entier. Il faut reconnaître ce mérite aux Sinaloans : leur réaction à leur petite diaspora a été du pur génie. (...) ils se sont rendus compte que leur véritable produit n'était pas la dope, mais la frontière de trois mille kilomètres qu'ils partagent avec les États-Unis et leur capacité à y faire passer leur contrebande. (...). Un produit susceptible de valoir quelques cents, deux centimètres de leur côté de cette ligne, vaut des milliers de dollars quatre centimètres plus loin, du côté opposé.
Apprendre à vivre avec ses déceptions, c'est apprendre en partie à devenir un homme.
État de Baja California - Mexique - 1997
Le bébé est mort dans les bras de sa mère. À la manière dont gisent les deux cadavres - elle dessus, le bébé sous elle -, Art Keller comprend qu'elle a tenté de protéger son enfant en lui faisant un rempart de son corps. Elle devait pourtant savoir, songe-t-il, que la douceur de sa chair ne pourrait arrêter les balles - pas à cette distance, pas des rafales d'armes automatiques -, mais elle a dû agir d'instinct. Une mère s'interpose de tout son être entre son enfant et le danger. (...). Croyait-elle vraiment pouvoir le sauver? Peut-être pas, se dit Art. Peut-être avait-elle simplement cherché à épargner au bébé les éclairs de mort jaillissant du canon de l'arme. Peut-être voulait-elle lui offrir le réconfort de son sein comme dernière sensation en ce bas monde. En le nichant dans les tendres plis de l'amour.
(Prologue)
(…) la seule chose qui pourrait véritablement faire naître la joie dans un pub irlandais, ce serait le spectacle de l’Angleterre s’enfonçant dans la mer.
Si Dieu existe, c’est un salopard cruel et vengeur qui a fait payer à ma femme et mon petit garçon des actes que j’ai commis. Pourtant, je croyais que Jésus était mort pour mes péchés. C’était ce que disaient les bonnes sœurs, en tout cas.
Peut-être que mes péchés ont dépassé le plafond autorisé sur la carte de crédit de Dieu.
Et quand quelque chose commence mal ça se termine mal. Logique.
Accepter une chose que l’on ne peut pas éviter, c’est faire preuve de bon sens.