Il la regarde s’avancer. Il commence à avoir froid à rester assis sur le banc de la station du tramway. Comme prévu, elle prend la direction du pont Battant et passe juste derrière lui. Il a bien fait de ne pas l’attendre devant le cinéma. C’était certain qu’elle passerait par là. Elle traverse les voies et passe devant la Maison de l’Université. Il ne bouge pas. Il entend ses pas retentir sur les pavés. Il adore ça, le bruit des talons qui claquent régulièrement sur le macadam. C’est très féminin.
Dans un geste, il la retourne et la plaque, la joue maintenue fermement contre le mur. Il lui malaxe les fesses avant de soulever sa robe pour dégager son slip. Il passe sa main devant elle, agrippe fermement son sexe et lui enfonce un doigt profondément dans un râle de satisfaction. Marie, le visage toujours plaqué contre la paroi, pousse un léger cri. Il remonte le tissu de sa robe sur son dos et baisse son slip jusqu’aux genoux. Ses deux mains tirent son cul en arrière. Il se baisse, lui écarte les cuisses pour fourrer sa langue. Il se redresse, dégrafe son pantalon, crache dans sa main et enfourne son sexe dressé dans celui écartelé de sa femme. Marie ferme les yeux. Le zygomatique maintenu contre le mur, lui fait mal. Son corps entier tressaille à chaque coup de boutoir. Fermant les yeux, elle attend son râle caractéristique qui annoncera qu’il a fini.
Elle voudrait répondre qu’elle ne veut pas l’abandonner ainsi. Que, sans aucun doute, ses visites lui sont bénéfiques, malgré les séquelles irréversibles de la maladie. Elle aimerait ajouter que les moments passés avec sa mère lui font du bien à elle aussi. Qu’ils sont, en quelque sorte, une échappatoire salvatrice à la désolation de son existence. Lorsqu’elle lui donne à manger, dans le calme de la chambre particulière, Marie relate sa propre vie dans un monologue monocorde qui laisse imperturbable la vieille femme, concentrée sur sa becquée. Dans son récit, devant un visage impassible, elle évoque ses journées passées à s’assurer que tout est en ordre dans l’appartement, bien à sa place, son travail qu’elle a abandonné, ses filles si jeunes, sa dépendance financière… sa peur aussi. Sa mère est son seul refuge. Un refuge muet et non jugeant.
Pour un mot de trop ou pour celui qu’elle aurait dû dire. Pour un regard. Pour un geste. Tout était prétexte à exploser. Pour sa façon de se maquiller, de se coiffer, de s’habiller ou de parler. Elle a tenté de le quitter à plusieurs reprises. Il devenait alors suppliant. Il lui implorait de lui pardonner, jurant qu’il ne recommencerait plus jamais et qu’il l’aimait. Il se mettait à genoux à ses pieds implorant de ne pas le quitter. Il lui jurait qu’il mourrait si elle le quittait. Alors, elle restait, et… ça recommençait.
Originaire de Besançon, j'apprécie beaucoup la façon qu'a Line Dubief de décrire les lieux de la Capitale Comtoise. De plus les différents protagonistes sont plaisants et s'étoffent au fil des livres.
Je ne suis pas une vraie tueuse, alors forcément tout parait compliqué. Parfois, je désespère même de trouver une solution. La persévérance est l'une de mes qualités. Je ne lâcherai pas.
Eustache regarde la femme qu’il a devant lui. Elle n’est pas vraiment belle, pourtant se dégage de sa personne une grâce naturelle, un charme envoûtant. Elle assume, sans complexe, ses cheveux ondulés gris et blancs qui entourent son visage au port altier. Les ridules au niveau de ses yeux et de sa bouche, comme des cicatrices façonnées par la vie, témoignent d’une sorte de langueur mélancolique.
C’est surtout parce qu’elles appartenaient au domaine public et qu’elles échappaient à la seigneurie. Il a fallu que l’État décide de les exploiter pour que la monarchie en reconnaisse les mérites économiques… Les titres des concessions ont, alors, été accordés par le roi jusqu’à la Révolution française, alors les exploitations se sont multipliées.
Je peins mes émotions, ma vie, les gens qui m’entourent, explique Mathilde observant le comportement de son visiteur qui empoigne une toile à dominante orange. Là, c’est mon chat ! Il vient souvent sur mon bureau lorsque j’écris. C’est de l’acrylique. Je termine mes tableaux avec de la térébenthine de Venise. ça donne plus d’éclat aux couleurs.
Elle se rappelle la première claque, peu de temps après leur mariage. Elle était rentrée plus tard que prévu d’une visite chez sa mère. Lui, l’attendait sur le canapé. Lorsqu’elle a ouvert la porte de l’appartement, il s’est avancé, menaçant. Son regard lui a fait peur, elle a cherché à justifier son retard. Clac ! La gifle est partie. Violente. Inattendue. Douloureuse. Elle est d’abord restée bouche bée, incrédule, sidérée, la main sur sa joue meurtrie avant de le foudroyer des yeux et de se retourner pour partir. Alors, il a pleuré. Il lui a dit qu’il était désolé, qu’il l’aimait. Il a eu tellement peur qu’il lui soit arrivé quelque chose. Il s’est excusé. Alors, elle a pardonné.