Citations de E. Lockhart (338)
Un soir à la fin juillet, à l'été 15, je suis descendue sur la petite plage. seule.
Où étaient donc Gat, Johnny et Mirren?
Aucune idée.
Notre grande passion du moment était le scrabble, dont nous faisions des parties endiablées à Red Gate. Sans doute étaient-ils là-bas en train de jouer. Ou à Clairmont, en train d'écouter les tantes se disputer tout en grignota,t des crackers trempés dans de la confiture de prunes.
Quoi qu'il en soit, je suis entrée dans l'eau en débardeur, petit culotte et soutien-gorge. Apparemment, je m'étais rendue à la plage dans cette tenue. Aucun autre de mes vêtements n'a été retrouvé sur le sable. Ni aucune serviette de plage non plus.
Pourquoi ?
Là, je n'en sais encore rien.
Oui, c'était de l'amour. Et cette évidence s'est imposée à moi avec une telle force que j'ai dû m'appuyer contre la porte moustiquaire qui se dressait encore entre nous, juste pour ne pas totalement vaciller.
It's just a house. Lots of houses seem scary at night, but in the morning, they are friendly again.
- Tu comprends, Cady ? Le silence est un vernis protecteur contre la douleur
L'univers m'a l'air tellement grand, tout à coup, que j'ai besoin de me raccrocher à quelque chose, a-t-il ajouté.
Il ne faut jamais faire croire qu’on est incapable de faire du mal.
Pourtant, c'est facile de nous distinguer.
Bess (Elizabeth Jane Taft Sinclair) a quatorze ans, passe son temps à nous suivre, Penny et moi. C'est une travailleuse, celle qui fait tout pour plaire, la martyre. Elle cuisine avec notre mère, elle prépare de la crème glacée et des tartes. Elle classe ses gloss par couleur en alignant les tubes sur le joli plateau de sa commode. Elle trie ses chemisiers et ses pulls par teinte.
Bess a de l'acné sur le front. Elle est incapable de laisser ses boutons tranquilles et se met tout le temps des crèmes, des toniques, du désinfectant et de l'anticerne. Elle veut se débarrasser de son acné, elle veut en venir à bout. Sur ce point, elle est comme notre père : elle a assimilé son éthique professionnelle et la fierté qu'il en tire, mais aussi son indignation quand l'effort n'est pas clairement récompensé. Bess est un imprimé liberty, un pot de crayons bien taillés, un agenda tenu d'une écriture soignée. Elle n'est pas toujours agréable, loin de là. Mais elle est toujours bien comme il faut.
Penny (Penelope Mirren Taft Sinclair), si égoïste soit-elle, a une remarquable capacité à se faire aimer de tous. Les gens rêvent de l'approcher. C'est la beauté de la famille, celle qu'on remarque sur les photos. Quand grandma M était encore en vie, elle avait pour habitude de souligner la présence magnétique de Penny. « Quelle splendeur », disait-elle souvent en la prenant à part pour lui glisser des bonbons au caramel. Elle me qualifiait de « bonne petite fille » et Bess de « petite main ».
Si j'ai des cheveux de la couleur du beurre et Bess du soleil d'un matin de printemps, ceux de Penny sont plutôt crème. Elle a seize ans et elle est aussi fine qu'un lévrier. Elle se donne à fond quand elle en a envie. Mais elle ne travaille jamais à fond. Elle aime les belles choses. Les gens qu'elle méprise, elle les méprise avec une haine inflexible.
Penny aime l'ordre, mais pas comme Bess. Elle veut toujours que tout se passe en douceur, sans conflit. « Sois normale », m'ordonne-t-elle. Autrement dit : pas de colère, pas de vagues, fais comme si tout allait bien. Penny n'aime pas le trouble ni l'agitation. Dans ce cas, elle devient froide et silencieuse, ce qui la protège des émotions. Pour résumer, elle préfère toujours une apparence lisse et sans aspérités.
Moi, je suis une athlète et accro aux narcotiques. Meneuse et chouineuse.
Vue de l'extérieur, j'ai les yeux gris, les cheveux blonds, une mâchoire bien dessinée et une bouche remplie de bagues. J'ai le teint clair et les joues roses. Je suis un peu plus grande que mes sœurs, et beaucoup plus que la plupart des garçons de mon âge. J'ai la démarche assurée et la carrure solide d'une excellente joueuse de softball. Je suis capable de faire face à une foule avec un grand sourire et je règle toujours les problèmes de mes sœurs. Ça, ce sont les qualités que tout le monde peut voir.
Mais à l'intérieur, je ne suis qu'eau de mer, bois tordu et clous rouillés. pg 52 & 53
Le silence est un vernis protecteur contre la douleur.
Ils m’ont dit qu’ils m’aimaient.
Je l’ai senti dans le baiser de Gat.
Dans le rire de Johnny.
Mirren l’a même crié face à l’océan.
Vois le monde tel qu’il est, et non tel que tu voudrais qu’il soit.
Cadence, disaient les médecins,vas-y doucement avec les cachets.
Cadence, disaient les médecins fais attention à ne pas devenir accro.
Mais tout de même, Cadence veille à bien prendre ton traitement
La tragédie n'a rien de glamour. Elle ne se déroule pas dans la vraie vie comme sur une scène de théâtre ou entre les pages d'un livre. Elle ne sert ni de châtiment ni de leçon de morale.
La tragédie est une chose monstrueuse et compliquée, stupide et incompréhensible.
Devait-elle fuir ?
Non.
Si.
Non.
Personne ne savait où elle était. Pas âme au monde. Ce détail aurait dû la rendre heureuse. N’avait-elle pas tout fait pour disparaître ?
Mais elle avait peur.
Paolo lui manquait. Imogen aussi.
Elle regrettait la façon dont les choses s’étaient passées.
Si seulement elle pouvait revenir en arrière, elle agirait mieux. Ou différemment. Elle serait davantage elle-même. Ou peut-être moins. C’était difficile à dire parce qu’elle ne savait même plus qui elle était réellement, si Jule existait encore ou si elle n’était plus qu’une série de personnages changeants selon le contexte.
Les autres gens étaient-ils tous comme elle, sans consistance réelle ?
Où était-elle la seule ?
Ça va s’arranger, m’ont-ils assuré.
Tu ne vas pas mourir.
Tu vas juste beaucoup souffrir.
Moi, Johny, Mirren et Gat.
Gat, Mirren, Johny et moi.
Notre famille nous a surnommés les Menteurs, et c'est sans doute bien mérité.
D'un ton sec, Maman m'a ordonné de me ressaisir.
Sois normale, a-t-elle déclaré. Immédiatement. Parce que tu l'es. Parce que tu peux l'être.
Pas de scandale, m'a-t-elle ordonné. Respire un bon coup et redresse toi.
J'ai obéi.
Ils n'ont pas changé d'un poil. Gat et son sempiternel tee-shirt vert délavé, le même qu'il y a deux ans.
Son étreinte m'est une sensation à la fois familière et inconnue.
Nous sommes déjà venus à cet endroit.
L'espace d'un instant,
d'une poignée de minutes
ou d'heures, peut-être,
je me sens heureuse, ici, avec Gat contre moi.
Avec le bruit des vagues et de son souffle dans mon oreille.
Heureuse qu'il ait envie de ma présence.
«Fait toujours ce qui te fait peur» -Emerson
Je prouverais ma force à ceux qui me croient malade.
Je prouverais mon courage à ceux qui me croient faible.