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Citations de Edgar Lee Masters (25)


PAULINE BARRETT

Presque l'ombre d'une femme après le bistouri du chirurgien
Et presque un an pour retrouver des forces
Jusqu'à l'aube de nos dix ans de mariage
Où j'étais à peu près moi-même.
Nous avons marché ensemble dans la forêt
Dans le silence d'un sentier d'herbes et de mousses,
Mais je n'ai pas osé te regarder dans les yeux.
Et tu n'as pas osé regarder dans les miens,
Tellement nous étions tristes – toi, tes premiers cheveux gris,
Et moi, l'ombre de moi-même.
De quoi avons-nous parlé ? Du ciel et de l'eau,
De tout et de rien, pour cacher nos pensées,
Et puis ton cadeau, des fleurs d'églantier
Pour enchanter notre dîner.
Pauvre coeur, c'est touchant de te voir lutter
Pour t'imaginer revivre l'ivresse.
Puis mon humeur s'est assombrie comme la nuit venait
Et tu m'as laissée seule dans ma chambre un moment,
Comme quand j'étais jeune mariée, pauvre coeur.
Je me suis regardée dans la glace, et quelque chose a dit :
"Pour ne pas bafouer la vie, ne pas tromper l'amour,
Il ne faut pas mourir à moitié."
Et je l'ai fait en me regardant dans la glace.
Cher, l'as-tu jamais compris ?
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BERT KESSLER

L'oiseau s'envolait vers le soleil couchant
Quand je l'ai blessé à l'aile.
Juste après la détonation, je l'ai vu monter,
Monter dans les éclats de lumière dorée,
Puis il a basculé, les plumes ébouriffées,
Quelque duvet flottant autour de lui,
Et il est tombé dans l'herbe comme un plomb.
Je me suis avancé, écartant les buissons,
Et j'ai vu une tache de sang sur une souche :
La caille gisait là, près des racines pourries.
Je n'ai pas vu les ronces quand j'ai tendu la main,
Mais quelque chose l'a mordue ou piquée, et elle s'est engourdie.
Alors, en un éclair, j'ai entrevu le crotale,
Ses yeux jaunes aux pupilles dilatées,
La tête arquée dans les replis de ses anneaux,
Un cercle de pourriture, couleur de cendre
Ou de feuilles de chêne palies sous d'autres feuilles…
Je suis resté de pierre en le voyant
Dérouler ses anneaux et ramper sous la souche,
Avant de m'affaisser dans l'herbe comme une chiffe.
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GEORGE GRAY

Plus d’une fois j’ai étudié
Ce marbre gravé pour moi -
Une barque, voile ferlée, à l’ancre dans un port.
Cette image, en réalité, n’indique pas le terme,
Plutôt ma vie.
Car l’amour m’a tendu les bras, et j’ai craint d’être déçu ;
Le chagrin a frappé à ma porte, et j’ai eu peur.
L'ambition m'a fait signe, et je n'ai pas osé courir le risque.
Pourtant je n’ai cessé de chercher un sens à ma vie
Et maintenant je sais qu’il faut hisser la voile,
Prendre le vent du destin,
Où qu’ils portent la barque.
Trouver un sens à sa vie peut conduire à la folie,
Mais une vie dépourvue de sens, c’est la torture
De l’inquiétude, du vague à l’âme - une barque
Qui aspire à la haute mer et qui a peur.
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George Gray

Plus d’une fois j’ai étudié
Ce marbre gravé pour moi
Une barque, voile ferlée, à l’ancre dans un port
Cette image, en réalité, n’indique pas le terme,
Plutôt ma vie.
Car l’amour m’a tendu les bras, et j’ai craint d’être déçu
Le chagrin a frappé à ma porte, et j’ai eu peur.
Pourtant je n’ai cessé de chercher un sens à ma vie
Et maintenant je sais qu’il faut hisser la voile,
Prendre le vent du destin,
Où qu’ils portent la barque.
Trouver un sens à sa vie peut conduire à la folie
Mais une vie dépourvue de sens, c’est la torture
De l’inquiétude, du vague à l’âme
Une barque qui aspire à la haute mer et qui a peur.
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Franklin Jones
Avec une seule année de plus
j'aurais pu terminer ma machine volante
et devenir riche et célèbre.
Je trouve donc très bien que l'ouvrier
qui devait me sculpter une colombe
ait sorti quelque chose qui ressemble plutôt à un poulet.
Car la vie, qu'est-ce d'autre
que naître et courir la basse-cour
jusqu'au jour où tombe la hache ?
Sauf que l'homme a un cerveau d'ange
et voit la hache venir dès le premier jour !
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Tu as levé les yeux et vu Jupiter
Trônant à la cime du pin géant.
Et puis tu as baissé les yeux et vu
Mon fauteuil vide se balancer au vent sous le porche solitaire.
Courage, mon amour.
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CASSIUS HUEFFER


On a gravé sur ma pierre ces mots :
"La vie lui fut douce et les éléments si mêlés en lui
Que la nature, debout, pourrait dire au monde entier :
Ce fut un homme."
Ceux qui m'ont connu sourient
En lisant ces phrases creuses.

Mon épitaphe aurait dû être :
"La vie ne lui fut pas douce
Et les éléments furent si mêlés en lui
Qu'il fit la guerre à la vie
Et en sortit les pieds devant."
Vivant, je n'ai jamais pu supporter les mauvaises langues.
Maintenant mort, je dois souscrire à une épitaphe
Gravée par un crétin.
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« Où sont Elmer, Herman, Bert, Tom et Charley, le veule, le fortiche, le clown, le poivrot, le bagarreur ?
Tous, tous dorment sur la colline.

L’un est mort de la fièvre,
l’autre brûlé au fond d’une mine,
l’autre tué dans une rixe,
le suivant a rendu l’âme en prison
et le dernier est tombé d’un pont
en trimant pour femme et enfants.
Tous, tous dorment sur la colline.

Où sont Ella, Kate, Mag, Lizzie et Edith,
le coeur tendre, l’âme simple, la criarde, la fière, la vernie ?
Toutes, toutes dorment sur la colline. »
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Andy le veilleur de nuit

Avec mon manteau espagnol
mon vieux chapeau mou,
mes souliers enveloppés de feutre,
Tyke, mon chien fidèle
et mon bâton noueux de noyer blanc,
j’allais de porte en porte sur la place
muni de ma lampe-tempête.
Les étoiles de minuit tournoyaient dans le ciel,
la cloche de l’église tintait doucement au souffle du vent,
les pas fatigués du vieux Doc Hill
sonnaient comme ceux d’un noctambule,
et au loin un coq chantait.
À l’heure qu’il est, un autre veille sur Spoon River,
comme d’autres veillèrent avant moi.
Et nous voici, le vieux Doc Hill et moi,
là où personne ne cambriole
et où le veilleur est inutile.
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Benjamin Fraser
Je sentais le battement de leurs cœurs sur le mien,
comme les ailes de mille papillons.
Je fermais les yeux, et je sentais leurs cœurs vibrer.
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Alexander Throckmorton

Dans ma jeunesse, j’avais des ailes puissantes, infatigables,
Mais l’énergie connaissais pas les montagnes.
Vieux, j’ai connu les montagnes,
Lais mes ailes fatiguées ne pouvaient suivre ma vision.
Sagesse et jeunesse, voilà le génie.
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FRANKLIN JONES

Si j’avais vécu un an de plus,
J’aurai pu achever ma machine volante
Et devenir riche et célèbre.
Il est donc normal que l’artisan
Qui a tenté de graver pour moi cette colombe
Lui ait donné l’air d’un poussin.
Le destin n’est-il pas d’être couvé
Puis de courir dans le basse-cour
Jusqu’au jour du billot ?
Sauf que l’homme a le cerveau d’un ange
Et voit la hache dès le premier jour,
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Jones l'Indigné
J'étais, moi le menuisier, embourbé dans un marécage
que j'avais pris pour un pré
avec une souillon pour femme et, pour fille, la pauvre Minerva,
que vous avez tourmentée jusqu'à la mort.
Je me suis traîné comme un escargot
tous les jours de ma vie.
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Benjamin Pantier
Ici gisent réunis Benjamin Pantier, notaire,
et son chien Nig, compagnon fidèle, ami, consolation.
Par la route grise, amis, enfants, hommes et femmes,
quittant la vie un à un, m'ont laissé seul
avec Nig pour associé, copain de lit et de bouteille.
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Spoon river — Edgar Lee Masters
Où sont Elmer, Herman, Bert, Tom et Charley
le veule, le fortiche, le clown, le poivrot, le bagarreur ?
Tous, tous dorment sur la colline.

Ce sont cinq des 362 personnages de ce recueil, chacun héros d’un de ses 362 poèmes.

Doc Hill

À toute heure du jour et de la nuit
j’arpentais les rues, allant ici et là,
soignant les pauvres frappés par la maladie.
Savez-vous pourquoi ?
Ma femme me détestait, et mon fils allait à la dérive.
Je me suis donc tourné vers les gens, pour déverser mon amour.
Comme il m’était doux de voir les foules sur les pelouses le jour de mes funérailles,
et de les entendre murmurer leur amour et leur chagrin.
Mais, ô mon dieu, mon âme a tressailli, à peine capable de se tenir au bastingage de la nouvelle vie,
quand j’ai vu Em Stanton derrière le chêne
qui abrite ma tombe
se cachant, elle et sa peine !

Ils sont tous couchés dans le cimetière de la petite ville de Spoon River, au bord de la rivière du même nom. Tous ces récits s’entremêlent, ils se connaissaient tous peu ou prou, formant un réseau narratif d’une ampleur enthousiasmante.

Andy le veilleur de nuit

Avec mon manteau espagnol
mon vieux chapeau mou,
mes souliers enveloppés de feutre,
Tyke, mon chien fidèle
et mon bâton noueux de noyer blanc,
j’allais de porte en porte sur la place
muni de ma lampe-tempête.
Les étoiles de minuit tournoyaient dans le ciel,
la cloche de l’église tintait doucement au souffle du vent,
les pas fatigués du vieux Doc Hill
sonnaient comme ceux d’un noctambule,
et au loin un coq chantait.
À l’heure qu’il est, un autre veille sur Spoon River,
comme d’autres veillèrent avant moi.
Et nous voici, le vieux Doc Hill et moi,
là où personne ne cambriole
et où le veilleur est inutile.

Peu à peu, en lisant ces textes possédant chacun sa petite part de transcendance par dessus un bon vieux morceau d’humain, se reconstitue à la fois cette ville américaine début vingtième siècle avec son ambiance typique et les sentiments et passions liant chaque communauté d’êtres humains.

Sonia la Russe

Née à Weimar
d’une mère française
et d’un père allemand, savant, professeur,
orpheline à quatorze ans,
je suis devenue danseuse sous le nom de Sonia la Russe.
À Paris j’ai fait les Boulevards,
maîtresse d’une flopée de ducs et de comtes,
et plus tard de rapins et de poètes.
À quarante ans, finie, je me suis dirigée vers New-York.
Sur le bateau j’ai fait la connaissance du vieux Patrick Hummer,
plein de verdeur malgré sa soixantaine
qui s’en retournait chez lui après avoir vendu
un plein bateau de bétail dans la ville de Hambourg.
Il m’a amenée à Spoon River et nous avons vécu ici vingt ans — on nous croyait mariés !
Ce chêne près de moi est le rendez-vous favori
des geais qui babillent tout le long du jour.
Pourquoi pas ? Car ma poussière même rit
en pensant à cette affaire drôle qu’est la vie.
Minerva Jones

J’étais Minerva Jones, la poétesse du village,
la risée des rustauds de la rue
à cause de mon corps lourdaud, de mon oeil qui louchait et de ma démarche dandinante. Mais ce fut bien pis encore quand «Butch» Weldy
m’eut prise à l’issue d’une chasse brutale.
Il m’a laissée à mon sort chez le docteur Meyers,
et j’ai sombré dans la mort, sentant le froid me gagner depuis les pieds,
comme quelqu’un qui avance pas à pas dans un ruisseau glacé.
Quelqu’un ira-t-il au journal du village
rassemble dans un livre les vers que j’écrivais ?
J’avais si soif d’amour !
J’avais si faim de vie !
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Yee Bow

Ils m'ont mis à l'école du dimanche
de Spoon River et ils ont tenté
De me faire abandonner Confucius pour Jésus.
Ce n'aurait pu être pire si j'avais tenté
De leur faire abandonner jésus pour Confucius.
Car, mine de rien, comme si c'était une farce,
se glissant derrière moi, Harry Wiley,
Le fils du pasteur, m'a défoncé les côtes d'un coup de poing
qui m'a crevé les poumons. Maintenant je sais
Que je ne dormirai jamais près de mes ancêtres à Pékin
Et qu'aucun enfant ne viendra se recueillir sur ma tombe.
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Minerva Jones

J’étais Minerva Jones, la poétesse du village,
la risée des rustauds de la rue
à cause de mon corps lourdaud, de mon oeil qui louchait et de ma démarche dandinante. Mais ce fut bien pis encore quand «Butch» Weldy
m’eut prise à l’issue d’une chasse brutale.
Il m’a laissée à mon sort chez le docteur Meyers,
et j’ai sombré dans la mort, sentant le froid me gagner depuis les pieds,
comme quelqu’un qui avance pas à pas dans un ruisseau glacé.
Quelqu’un ira-t-il au journal du village
rassemble dans un livre les vers que j’écrivais ?
J’avais si soif d’amour !
J’avais si faim de vie !
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Sonia la Russe

Née à Weimar
d’une mère française
et d’un père allemand, savant, professeur,
orpheline à quatorze ans,
je suis devenue danseuse sous le nom de Sonia la Russe.
À Paris j’ai fait les Boulevards,
maîtresse d’une flopée de ducs et de comtes,
et plus tard de rapins et de poètes.
À quarante ans, finie, je me suis dirigée vers New-York.
Sur le bateau j’ai fait la connaissance du vieux Patrick Hummer,
plein de verdeur malgré sa soixantaine
qui s’en retournait chez lui après avoir vendu
un plein bateau de bétail dans la ville de Hambourg.
Il m’a amenée à Spoon River et nous avons vécu ici vingt ans — on nous croyait mariés !
Ce chêne près de moi est le rendez-vous favori
des geais qui babillent tout le long du jour.
Pourquoi pas ? Car ma poussière même rit
en pensant à cette affaire drôle qu’est la vie.
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Doc Hill

À toute heure du jour et de la nuit
j’arpentais les rues, allant ici et là,
soignant les pauvres frappés par la maladie.
Savez-vous pourquoi ?
Ma femme me détestait, et mon fils allait à la dérive.
Je me suis donc tourné vers les gens, pour déverser mon amour.
Comme il m’était doux de voir les foules sur les pelouses le jour de mes funérailles,
et de les entendre murmurer leur amour et leur chagrin.
Mais, ô mon dieu, mon âme a tressailli, à peine capable de se tenir au bastingage de la nouvelle vie,
quand j’ai vu Em Stanton derrière le chêne
qui abrite ma tombe
se cachant, elle et sa peine !
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RÉVÉREND ABNER PEET

Je n’ai élevé aucune objection
A la vente aux enchères de mes meubles
Sur la place du village.
Mes chères brebis auraient ainsi la chance
D’avoir un petit rien de moi
En souvenir.
Mais cette malle qui fut adjugée
À Burchard, le bistrotier,
Saviez-vous qu’elle contenait
Une vie entière de sermons,
Et qu’il les a brûlés comme vieux papiers ?
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