Edouard Zarifian

Dans le domaine des psychotropes, compte tenu des intérêts commerciaux très importants qui sont en jeu, les affirmations gratuites ont non seulement besoin d'être péremptoires, mais elles nécessitent un habillage d'allure scientifique particulièrement sophistiqué.

Lorsqu'on est vraiment critique, il ne reste rien de l'affirmation selon laquelle certains malades mentaux, et eux seuls, auraient des anomalies morphologiques cérébrales.

Les médecins ne prescrivent plus un antidépresseur mais un bloqueur de la recapture de la sérotonine. Comme si la sérotonine faisait la dépression !

"L'esprit, c'est le cerveau." Non ! Ceux qui affirment cela ne travaillent même pas sur des cerveaux humains mais sur des débris d'animaux ou sur des molécules. L'esprit n'est pas la molécule. L'esprit, c'est la vie ! Un cerveau humain vivant et le même cerveau humain mort ne se ressemblent pas, et leur différence, c'est la vie. Tous les cerveaux morts sont, à peu de chose près, identiques. Tout cerveau vivant est unique.

La souffrance psychique n'implique aucun organe ou système (du moins d'une manière formellement démontrée à ce jour) ; aucune lésion n'a jamais pu être mise en évidence, il n'existe aucun signe objectif et la distinction entre le normal et le pathologique reste floue et variable. Dans ces conditions, il faut une bonne dose d'impudence pour envisager les troubles psychiques d'après le modèle médical.

Il est un phénomène spécifique à la société moderne,
c'est que la science fabrique de l'idéologie, c'est même
son principal déchet, et comme tous les déchets de la
société industrielle, de loin plus encombrants que les
richesses produites. La science devrait respecter sa
fonction essentielle qui est de fabriquer de la pensée
et non de gérer les relations entre les personnes.
Tobie Nathan
Fier de n'avoir ni pays, ni amis,
quelle sottise c'était.

L'automédication, c'est la rencontre d'un médicament et d'un consommateur particulier. Le tabac et l'alcool ne donnent pas lieu systématiquement à surconsommation chez n'importe qui. C'est cette rencontre qui est importante à comprendre.

On le voit, les effets comportementaux obtenus par une action sur le cerveau n'impliquent ni une spécificité ni la nécessité d'un lieu identique de la modification initiale. Par des voies détournées, on aboutit à des résultats voisins.

Prendre une benzodiazépine le jour comme tranquillisant et une autre le soir comme hypnotique est une absurdité pharmacologique qui augmente les risques, en particulier de dépendance.

Les benzodiazépines utilisées comme tranquillisants ou comme hypnotiques demeurent des médicaments irremplaçables. A condition d’être utilisées strictement comme médicaments, dans une indication précise, et pas comme « drogue sociale » servant à gommer les difficultés de l’existence.

Dissocier comme s’ils étaient de nature différente effet anxiolytique, effet sédatif et effet hypnogène serait une jolie performance. Alors que, selon les posologies et les circonstances, ces trois effets ne sont que les trois degrés d’un même processus.

Rien ne ressemble plus à une benzodiazépine qu’une autre benzodiazépine, même quand elle arrive déguisée sur le marché.

Dans le cas de la dépression, la guérison obéit de manière flagrante à la triple nécessité d’une parfaite concordance entre l’avis du médecin, celui du malade et celui de son entourage. Au « vous êtes guéri » doit correspondre un « je me sens guéri » et «un « il est guéri ».

… un antidépresseur à lui seul ne soignera jamais un déprimé. Il faut aussi que s’instaure une relation soignante dans laquelle le médicament est un élément nécessaire mais pas suffisant.

La spécificité d’action de ce que l’on appelle les antidépresseurs n’existe […] pas, même si l’on attend de tous le même effet principal.

En fait, les antidépresseurs se concentrent beaucoup plus dans d’autres organes que le cerveau et, curieusement, pour certains d’entre eux, dans les poumons. Il est peu probable que ce soit cette fixation qui soit en cause dans l’effet antidépresseur. En revanche, on connait une substance qui se fixe sur certains récepteurs du cœur et des bronches qui ne pénètre pas dans le cerveau et qui est pourtant un excellent traitement rapidement efficace de l’angoisse engendrée par le trac.

On saura peut-être un jour expliquer comment on devient agité ou même délirant ; on n'aura pas pour autant expliqué pourquoi on le devient.

Il n'est pas scientifiquement démontré que la poursuite d'un traitement neuroleptique au-delà de trois ans, et en l'absence de rechute, apporte un réel bénéfice à un malade atteint de schizophrénie. En revanche, on sait ce que représentent en termes d'altération, de la qualité de la vie les effets secondaires [...] sans compter deux autres risques sérieux : les perturbations de la vigilance et l'apparition de mouvements anormaux involontaires appelés dyskinésies tardives.

Il n'est pas scientifiquement démontré que la poursuite d'un traitement neuroleptique au-delà de trois ans, et en l'absence de rechute, apporte un réel bénéfice à un malade atteint de schizophrénie. En revanche, on sait ce que représentent en termes d'altération, de la qualité de la vie les effets secondaires [...] sans compter deux autres risques sérieux : les perturbations de la vigilance et l'apparition de mouvements anormaux involontaires appelés dyskinésies tardives.

Les neuroleptiques servant [...] de traitement seulement symptomatique et en aucun cas spécifique aux psychoses schizophréniques, même si celles-ci représentent, du fait de leur symptomatologie, une indication de choix.