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Citations de Eglal Errera (97)


L’étranger

Car l’étranger dans la journée ne connaît pas la ville.

L’étranger la connaît le soir, quand elle dort.

Il repart au matin, l’air dur
de qui a cherché en vain.

Toi qui l’aimas un jour
quand tu le verras passer devant ta porte,
donne-lui un peu de l’ancienne tendresse.

Et pense après des années
que par ta vie un jour Ulysse est passé.

(Yorgos Markopoulos)
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Elle ne sera privée de sang…



Elle ne sera privée de sang ni de plaies
ma réalité... bien réelle ? voire !
Si je fais les comptes… entrées sorties rabais :
l’éternel déficit… allez savoir !

Et pourtant je n’attendais de mes vies,
lucifuge et solaire, dans ma lâcheté
parmi tumultes secousses et rixes hardies
que la grande et vraie fête de chair goûtée.

Belle angoisse et douce je m’encaisse,
me dévide et m’entasse, tressée à mes ardeurs…
pas de cause… et puis les ayant ressenties

que faire d’elles… cependant je me presse
contre qui sans décence peut gagner mon cœur…
Est-ce donc ma faute s’il en est ainsi ?


//Patrizia Valduga

/Traduction de Bernard Simeone
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Et dès le lendemain, le calife de Bagdad se mit en route pour la cabane de Sélim le sage. Afin de lui indiquer la route, tous les oiseaux de Kanne-ma-kanne avaient volé jusqu’à Bagdad dont le ciel s’était couvert d’une nuée de plumes et d’ailes piaillante et multicolore.
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Je me suis permis de convier à notre tribunal les enfants de Kanne-ma-kanne. Leur connaissance de la nature, leur fréquentation des animaux, leur liberté les rendent bien souvent plus sages que leurs aînés.
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Depuis toujours j’ai rêvé d’une chanson
Dont les vers
Seraient comme les dunes en bordure de mer,
Édifiées sans rime ni raison
Par l’eau et par le vent
au gré des belles et des mauvaises saisons.
Une chanson venue au monde naturellement
Et qui mourrait aussi de sa belle mort
(Pour autant qu’elle soit promise à ce sort)
Comme les dunes au bord de la mer.

(Ismail Kadaré)
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Absence

Sa chambre vide :
Un siège de cuir noir à droite
Un siège de cuir noir à gauche
Un tricot noir et vert, fatigué, éperdu d,amour,
Posé sur le rebord en marbre de la fenêtre.

Rien :sa chambre vide.
Pas de vent, pas le moindre bruit
Les violettes se réfugient dans le mur
Et derrière la vitre les nuages
S’enfoncent dans l’azur impénétrable.

Soudain…
Un bruit étouffé et doux dans le corridor
Soudain…
Son absence ardente et profonde
Emplit la chambre.

(Whalid Khaznadar)
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D'abord l y eut la mer
Je suis né entouré d'îles
je suis une île surgie le temps de voir
la lumière, dure comme la pierre
puis sombrer
(Titos Patrikios - Grèce)
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Un vase tu es un vase …



Un vase tu es un vase et je vacille
tandis que tes mains et ta bouche nourrissent
le feu ta langue sur les bouches de mon corps
tandis que j’écris et que tes narines
frémissent et je vacille et je respire
ton parfum et tu laves la poussière qui me couvre la saleté
des villes et ton visage
se promène sur ma taille tandis que
les eaux
se dissolvent dans mon crâne et que mes ongles s’enfoncent
dans ta chair ongles de lumière lait épaules aériennes
tandis que j’écris, tandis que je creuse
dans ta mort tu es un lac
où je n’ai pas peur un animal
qui se laisse boire mâcher et qui me boit et me dévore
et c’est pourquoi je t’aime comme on aime l’eau
et le vase et la terre cuite
qui contient l’eau.


// Casimiro de Brito (1938 -)

/ Traduit du portugais par Michelle Giudicelli
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Assis dans la mer…


Assis dans la mer qui s’assied
à tes pieds
tu caresses un chien sur la plage déserte. La mémoire
s’insinue en mots
que tu ne sais pas déchiffrer ; sable
tissé
dans un alphabet rigoureux. Tu respires
l’océan qui fluctue
dans le fil du regard, dans les bateaux
qui brillent
sur la toile des eaux. La lumière
en cascade. Les rets de la mort
sacralisés
en chaque mouvement.


//Casimiro de Brito (1938 -)
(Traduit du portugais par Michelle Giudicelli)
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Maintenant que le temps est brume
et incessant l’assaut
d’ombres et d’humeurs, j’écoute
dans tes pas les hurlements du vent
et la saison heureuse
qui nous a perdus

(Roberto Veracini)
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Émerveillements

Jamais au bout du mystère
Qui manœuvre les saisons
Ni de cette branche lépreuse
Qui regorge de feuillage
Ni de l’élan des fleurs
Ou l’essor des bourgeons
Ni de nos terres percluses
D’où naissent les moissons

Jamais au bout du secret
De l’écoulement des feuilles
Talonné par l’hiver acide
Ni des touffeurs de l’été
Après la fronde du printemps
Jamais de terme
Aux arcanes de la vie
Jamais de fin
À nos émerveillements!

(Yves Bonnefoy)
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Éthique

J’arrive devant la mer, ses vagues,
les marées que septembre courrouce, les gris
et les bleus qui alternent avec d’étranges verts;
une voix traite de la folie, ou du regard vide
des poissons, ou d’un thème aussi desséché que les algues
à marée basse; un vent a parcouru la plage,
dans le silence du soir, restituant au corps des eaux
une unité ancienne. La mer, cependant, suppose
qu’on l’oublie. Dans ses profondeurs, dorment les images
que le sommeil ne conserve plus; des bras qui s’agrippent
aux mâts du naufrage. Un navire abstrait
est passé lentement sur l’horizon que le matin n’a pas vu,
pénétrant de l’autre côté de la terre, par instants
oublié par la musique des ports. Le poème, m’a-t-on dit,
a ignoré cette distraction : il a traversé
la limite de l’éternité, s’est vêtu de mots
nocturnes, a laissé la mort le contaminer.
En bord de mer, je ne m’aperçois de rien; et je le dis,
lentement, répétant à voix basse
toutes ses contradictions.

(Nuno Júdice)
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Comme ma mère, comme nombre de femmes dans la ville,
je pétris la pâte avec patience, car je veux qu’elle lève bien.
Je n’aime pas me presser
même quand les rues désertes me gèlent jusqu’à l’os.
Si mes questions tarissent
jamais je n’aurai e qui est à moi.
La cadence de l’âme est la cadence du poème.
Leurs lieux sont les mêmes.
Ils s’invitent e passent le chemin.

(Meta Kusar)
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extrait du Laocoon de Vasco Graça Moura :

j’ai un jour demandé comment mettre le monde
dans un poème, je ne l’ai pas appris, et pendant des années
je n’ai pas su si quelqu’un pouvait me répondre.
mais aujourd’hui je comprends mieux mes doutes :

ce n’est qu’au temps d’homère que le monde
tenait dans quelques vers, ensuite il n’y eut plus
cette coïncidence fulgurante
qui faisait entrer le réel à l’intérieur des mots

en un rythme inaugural du son et du sens
martelant la plaque ductile de la mémoire
sur l’enclume sonore au timbre rocailleux, sophia savait cela
c’est pour cette raison, peut-être, que virgile moribond voulut déchirer son poème.

les mythes sont peu à peu devenus simple littérature
et la littérature un regard extérieur sur des fragments barbares et
nostalgiques des baumes et des dieux.
c’est dans la douleur de l’impossible retour que, parfois,

nous croyons retrouver le bouclier d’achille,
en le confondant avec la face de la méduse ; nous découvrons le temps
de ce côté-ci de l’éternité et ne sommes pas innocents,
même en doutant des grecs, même en les redoutant.

[…]

mais dans notre poème
nous ne mettons qu’amertume et souffrance,

des escaliers de verbe et de vent, le souffle fallacieux de l’histoire
au milieu de l’écume, du creux des hautes vagues, tout nous
empêchant d’attraper le monde, de toucher,
comme homère le montra, sa sauvage fraîcheur.

(Traduction de Michelle Guidicelli)
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               Ville marâtre
  
  
  
  
Comment te sens-tu de haïr ta ville
de voir en ta patrie une étrangère
qui te met la corde au cou
pour te pendre, comment te sens-tu
de haïr les gens qui l’habitent, les visages
misérables qui passent, les âmes
enragées, s’adonnant à la chasse
au gain illicite, immoral ? Comment
te sens-tu de haïr tes jours, et le temps
assassiné qui part dans le monstrueux
décor dressé autour de toi ?
Comment te sens-tu de te croire mort
ou mutilé, étranger aux affaires communes
incapable de rien faire, comment te sens-tu
de vouloir échapper à la ville ? »
Mots trouvés sur un papier trempé
dans la poche révolver du noyé
tiré du fleuve profond
d’une ville étrangère. On ne savait pas
qui c’était, s’il s’agissait d’un crime
ou d’un suicide. On ne le sut que plus tard :
c’était un poète d’un pays qui souffre.


// Michalis Pieris / Μιχάλης Πιερής : (1952 -)

/Traduit du grec par Michel Volkovitch
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Pour la nuit qui tombe trop tard…



À Ida Porena

Pour la nuit qui tombe trop tard
pour le ciel qui révèle les crêtes :
la montagne au milieu des sables, la ville austère
dans la chaleur grise de l’été
pour cette peur
qui est due à la seule lumière,
au cuivre de la casserole, à la nourriture qui descendra
     dans le corps.

Il faudra comprendre la leçon du chagrin
qu’un geste suffit à écarter
le frisson que nous mettons chaque jour de côté
sans savoir s’il annonce
ou abrège le souffle d’autres vies.

À la fenêtre de la cuisine, comme par les nuits de neige
nous devons suivre la moindre lueur
nous arrêter là où elle forcit
jusqu’à former le caillot où nous disparaissons sans visage
là où même qui nous aima
– en toute justice – recule.


// Antonella Anedda (1958 -)

/ Traduit de l’italien par Jean-Baptiste Para
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Le chèvrefeuille



Extrait 4

Tout est chaud immobile
Maintenant que l’odeur a tout enseveli.
Cette nuit
le seul mouvement
sera les insectes qui veillent
et chimères dans la nuit
les phares des voitures.


//Stratis Pascalis (1958 -)

/Traduit du grec par Michel Volkovitch
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Voici ce qui reste
de ma patrie.
La main qui cherche
sans amertume logique
le corps de ces morts.

Je ne sais même plus qui je suis
à l’instant du crépuscule
espace face au temps
éternité blessée
entre la faim et le sanglot.

Cœur en tumulte
dis-moi, mère,
avec ta bouche mouillée
si la mémoire soutient
le monde livide.

(Ana Marques Gastão)
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Je reste dans le désordre, l’été
revient avec ses matins solitaires.
Si tu m’avais perdue dans la rue
comme il arrive aux choses les plus importantes
quand par mégarde elles tombent d’une poche
ou pire encore quand on nous les vole,
c’eût été mieux que de t’appartenir encore
saine et sauve sur une étagère qui s’emplit
à mesure que s’accroît le monceau des heures.
Je bouge autour de toi comme la poussière
et tu ne m’as jamais entendue marcher.

(Isabella Leardini)
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La tâche du poète

1.
Écrire lentement
— traits blancs sur un fond noir —,
sur le papier bruyant
des mots de grand silence.

2.
Promptement, fracasser
— en traits rouges de sang —
des silences douteux
avec des mots qui crient.

(Narcis Comadira)
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