Citations de Eglal Errera (97)
Tu inondes la nuit…
Tu inondes la nuit
de tes mains
par toi le monde
se répand en moi
maintenant que tu es
béance absolue.
T’aimer dans le sillon
des larmes
dans la vie ébauchée
seulement avec un doigt
parce que tu es plus grande
que ta fin.
Par la douleur abrupte
on parvient jusqu’à toi
le vent fouette
ton corps bref
silencieux, heureux,
dans son urne d’eau.
//Ana Marques Gastão
/Traduit du portugais par Michel Chandeigne
Le chèvrefeuille
Extrait 3
Non pas le jasmin. C’est le chèvrefeuille
qui embaume ce soir
coupant lentement le souffle
comme une boue de miel qui nous avale en douce ;
çà y est le soleil a sombré
tandis que monte le mercure du sommeil.
…
//Stratis Pascalis (1958 -)
/Traduit du grec par Michel Volkovitch
Le chèvrefeuille
Extrait 2
Le jasmin parfum dangereux
‒ essence échappée au poison –
s’en va pourtant dans le vent et transporte
des échos de lointains meltems
et de balcons échevelés.
…
//Stratis Pascalis (1958 -)
/Traduit du grec par Michel Volkovitch
Le chèvrefeuille
Extrait 1
Ce n’est pas du jasmin. C’est le chèvrefeuille
qui embaume
puissant il passe de l’odorat dans la bouche
tandis que le soir tombe
et que se répand doucement dans l’atmosphère
l’insoutenable inertie nocturne.
…
//Stratis Pascalis (1958 -)
/Traduit du grec par Michel Volkovitch
☯je n’oublierai jamais la première fois que j’ai vu Milo -Samir si je pouvais le voir,l’entendre encore.Mais où est ce Samir ?☯
Un homme obscur dans une ville lumineuse
Extrait 3
Comment pourrait-il entendre la rumeur de l’été ou respirer le parfum du printemps ? Sa marche est une interminable fuite et sa quête une angoisse qui tournoie parmi des volutes de fumée et d’arides vertiges. Rêve-t-il en déambulant dans les ruelles et les escaliers ? Respire-t-il un autre monde qui aurait connu la rédemption ? Non, car en lui tout vacille et se perd dans un abîme de grisaille où il n’y a ni prodiges ni présences lumineuses. A présent ses pas précipités le dirigent vers une chambre où la vertigineuse lenteur des murs l’étouffera dans un cercle de solitude et de peur.
//Antonio Ramos Rosa (1924 – 2013)
//Traduction du portugais par Michel Chandeigne
Un homme obscur dans une ville lumineuse
Extrait 2
Escarpés et sinueux, tous les chemins descendent vers le fleuve. Là, près de deux colonnes, l’homme regarde l’estuaire dans son harmonieuse majesté, mais ce qu’il voit n’est plus qu’une stridente fulguration qui obscurcit plus encore la nébuleuse de son angoisse. L’homme chemine à présent environné d’une lumière précieuse, très blanche, mais dans la brume de ses yeux ne volent ni mouettes ni colombes. Ses pieds sont en sueur, et son cœur un petit volcan rempli de peur, d’éclats de verre et d’ombres tremblantes.
…
//Antonio Ramos Rosa (1924 – 2013)
//Traduction du portugais par Michel Chandeigne
Une voix
Je veux appartenir à la voûte obscure comme un amant
désarmé,
devenir le souffle du silence sur les épaules des nuages.
Je veux adhérer à l’ombre des paroles du feuillage
et comprendre la terre dans la soie farouche du désir.
//Antonio Ramos Rosa (1924 – 2013)
//Traduction du portugais par Michel Chandeigne
La femme dilacérée
Tu avais le goût de la terre sombre et de l'amère
écume d'un arbre. J'ai découvert ton visage
sali travaillé par le vent
et les marées noires. Un tournesol nuageux
te faisait de l'ombre. Ton visage se penchait
sur une épaule matinale dilacérée.
Tes jambes fermes étaient d'atroces nerfs
enracinés dans la pierre. Sur tes seins neutres
rebondissaient les vagues lourdes et les métaux furieux.
Le monde s'était obscurci dans tes hanches dilacérées
Tel un oiseau nocturne en des miroirs abolis
tu déplaçais la matière de ton identité.
Dans ton vêtement opaque le vent résonnait
dans une fureur de consonnes et de sombres éclairs.
//Antonio Ramos Rosa (1924 – 2013)
//Traduction du portugais par Michel Chandeigne
La maison
Un souffle apaisé dans la pénombre de bois.
La maison s’est endormie, elle vit dans une tranquille
pulsation.
J’entends le martèlement léger des touches de l’ombre.
Un plat en cuivre brille vertical dans l’obscurité.
La table est ronde, claire, cercle de l’harmonie.
Sur un mur glissent de scintillantes arabesques.
//Antonio Ramos Rosa (1924 – 2013)
//Traduction du portugais par Michel Chandeigne
Hauts paysages de l’ascension …
Hauts paysages de l’ascension, ciels penchés, mystère
éclatant
le soir venant je vous ai vus à la jointure entre déclin et
triomphe.
L’amertume du temps retombait, pénombre violette,
lorsqu’aux lointains de la terre une lumière vespérale
parut,
un spectre de lumière plutôt, par-dessus la ligne des collines
et des vignes,
lumière verte cuivrée, sans but, sans cause, de bon augure,
comme quand s’ouvre une porte et se déverse d’une pièce
fermée
la lueur. Et moi qui regardait sans pensée, de voir soudain
mon voisin en larmes j’ai compris qu’il se passait là quelque
chose de profond, source d’une émotion mêlée de peur,
tandis qu’au loin
des troupeaux d’agneaux me rappelaient les carillons d’une
vérité naturelle pour toujours sacrifiée,
tandis que devant moi cloué dans les épines j’apercevais cœur
tout rouge la rose
participant à cette heure grave tête penchée tous ses pétales
ensemble ouverts…
Cohortes de Dieu, l’heure finit par venir où par-dessus les
tourments les épreuves
un doux crépuscule efface le brouillard de notre vie ;
et à l’orée de la nuit, ouvre un passage, qui nous appelle un
instant
vers cela seul, vers cela seul que nous aurions bien fait de vivre.
//Stratis Pascalis (1958)
Traduit du grec par Michel Volkovitch
Première pluie
L’automne est entré dans la maison
comme une femme qui tient
une lampe allumée.
(Dehors il commence à pleuvoir.)
Timide elle pose la lumière sur la table
et sort sans bruit, paysanne
sentant le thym et l’olivier mouillé.
//Stratis Pascalis (1958)
Traduit du grec par Michel Volkovitch
L'Ogre
Écrasé de tristesse,
sa cellule – sa maison ;
une femme chaude et deux enfants
la tambouille qui mijote
alentour le village noir
et les murs des montagnes
le soleil sombre se noie
au fond d’un bain de sang ;
alors tel un éclair
la pensée le traverse
égorger sa femme
étrangler ses enfants.
//Stratis Pascalis (1958)
Traduit du grec par Michel Volkovitch
Cela me rappelle mon premier jour de CP.
.....
Ma mère ... dit :
- Tu as un problème Irène ?
J'ai répondu :
- Oui, un grand même. Je ne vais jamais pouvoir apprendre à lire en une seule journée. C'est trop difficile.
Comment est-elle, cet enfant ? demandait la foule pressée aux portes du palais. Qu'on nous l'amène pour que nous puissions la contempler, cette petite princesse Dounia, consolation de son père et fierté du royaume ! Mais les portes restaient fermées et aucun des serviteurs du palais n'aurait pu dire si elle était ronde ou frêle, claire ou mate de peau, dotée de cheveux noirs et drus ou bien d'un simple duvet couleur châtaigne. Personne ne pouvait la décrire pour la simple raison que personne ne l'avait vue.
Le dormeur
Dans le soleil à peine crisse un mouvement
de sphères. Une jouissance émane
des arbres. L’eau bruit délicieusement
et l’air comme un oiseau aère le silence.
La main cherche ténu le désir du satin,
il y a un vol de plumes dans la chambre
pendant que silencieuse tremble la lèvre
et que la vue désire toute splendeur suave.
Le corps se meurt, et le cheveu
ondule vaporeux, étranger aux instants,
le corps en proie au jour et à ses ors.
Qu’importent les instants! Pur,
frais délice, le soleil renouvelle le rêve.
Et l’amour toujours palpite dans la chair!
(Luis Antonio de Villena)
Pour toute moisson
Cette poignée d'écume
Dérobée à la rumeur de la mer
Et le souvenir brûlant
Brûlé comme laurier amer
Ton ombre
Là
Épine de la rose
Dans la pénombre
Des années qui passent sans détours
Coquillage blessé sur le rivage
Égaré par l'horizon
(Tahar Bekri - Tunisie - en français)