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Critiques de Eiríkur Örn Norddahl (72)
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Troll

Mon Dieu que ce fût laborieux.

Un livre qui se veut moderne de par son style narratif et son écriture... un roman écrit de manière inclusive, c'est beaucoup trop indigeste !

Le personnage de Hans, qui selon les situations "devient " homme ou femme.

Très vite, j'ai saturé des scènes de sexe qui banalise beaucoup trop la violence.

Le petit point positif, l'originalité d'avoir créé un personnage hermaphrodite.
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Heimska : La stupidité

Illska avait été une très belle découverte grâce aux éditions Métailié, j'étais donc heureuse de voir que son auteur allait publier un autre roman. Voici mon avis sur Heimska...



Si Illska était dense, Heimska est un roman beaucoup plus court et rapide à lire. Si Illska est contemporain, Heimska représente un futur proche dans la lignée du Big Brother de George Orwell. Nous sommes tous surveillés les uns par les autres, toutes nos webcams connectées, vivant à la merci du regard de son voisin, d'autrui. Un voyeurisme exacerbé où la téléréalité devient simplement la réalité.



Cette dystopie contemporaine est livrée via deux personnages qui se mènent une guerre sans précédent : cherchant à blesser l'autre en couchant avec le plus de partenaires possibles. Le monde est ainsi complètement "libéré" des convenances, des mœurs, de la vie privée, de l'intime. Tout semble possible et tout manque de saveur à la fois... Tout semble n'être qu'illusoire, digne de dérision et de critique. Par la même l'écrivain fait un constat féroce de ce que peut devenir notre futur.



J'ai aimé cette lecture même si elle n'est pas du même acabit que son livre précédent. Je pense que cela manquait d'approfondissement du fait de chapitres extrêmement courts (une page environ) qui sont le reflet de la taille du roman. Mais il n'en reste pas moins que cela est très addictif à lire, le ton mordant est très intelligent, l'auteur ose et le lecteur se délecte de son sarcasme et sa vision désabusée d'un éventuel futur.



En définitive, Heimska est une dystopie contemporaine très bien menée !


Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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Illska

Islande, Lituanie

Agnès, Arnor, Omar

Snorri

Holocauste, Shoah par balles

Nazisme et Néo-nazisme

Changements d'époques et d'espaces : le présent et 1941 comme repères

On ne choisit pas sa famille, ni ses amours

Tourbillon narratif

Valse des temps du récit

Points de vue changeants

Incompréhensions et Maladresses

LA Catastrophe

Horreur

Humour

Où en est-on quand on rencontre quelqu'un qu'on va aimer ?

L'histoire hoquète : la rencontre entre Omar et Agnès / L'incendie

Et puis l'anneau pénien !

Il y a des fins alternatives / Cela aurait pu se passer comme ça

Et il y a la fin...

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Illska

Voilà un roman pas confortable à lire, ni dans la forme, ni dans l'histoire ; d'ailleurs j'ai l'impression d'en avoir lu plusieurs tellement le contenu est riche et multiple. La narration est déroutante, avec des époques qui s'entremêlent, l'auteur n'hésite pas à interpeller son lecteur, à mélanger les récits, à laisser un bébé s'exprimer comme un adulte etc ...



Le roman débute par la rencontre d'Agnès et d'Omar, devant une station de taxis. Très rapidement ils vivent ensemble et un fils naîtra, Snorri. Ce qui n'empêche pas Agnès d'avoir un amant néo-nazi, Arnor. Elle n'en finit pas de préparer un mémoire sur la montée des extrêmes droites en Europe.



Ses arrières-grands-parents paternels et maternels vivaient à Jubarkas, en Lituanie pendant la seconde guerre mondiale. Nous savons d'emblée qu'un arrière-grand-père a tué l'autre. Il faudra tout le roman pour remonter le fil des évènements. Le temps d'entrer en profondeur dans le passé et le présent de chaque personnage, d'en fouiller les contours et de le situer dans un contexte plus large, politique, social, affectif.


Lien : http://legoutdeslivres.canal..
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Troll

Troll ou l'art de l'ambiguïté au bazooka.



Hans Blær, né hermaphrodite sous le prénom féminin d'Illmur, est une personnalité hautement et politiquement incorrecte. Son identité fluctuante, après une adolescence agitée, se trouve soudain en adéquation avec un nouveau pronom "iel" et un univers qui dénonce/défonce la bien-pensance: le net et les réseaux sociaux. Voilà qu'iel est devenu un troll, ou plutôt LE troll, le plus connu, adulé, conspué d'Islande. Jusqu'au retour de bâton, lorsque Hans se voit traqué.e comme la bête de Frankenstein, suite à une accusation d'agression sexuelle.



L'auteur dresse un portrait de l'époque et de la plaie (au sens biblique) contemporaine des réseaux tels l'eX oiseau bleu et consorts. Ces réseaux soi-disant sociaux vus comme une cour des miracles où ceux qui se sentent laissés sur le bas-côté de la société, lésés, trahis, peuvent déverser leur ressentiment.



Entre Chuck Palahniuk pour le réalisme tendance pessimiste, le talent exempt de délicatesse, et un petit livre nauséabond (Maniac, souvenir de lecture cuisant et sinistre) pour le côté anti-héros nihiliste qui se veut révélateur de nos contradictions actuelles, avec, comme je le disais, du talent cette fois.



Le mal-être privé de Hans Blær trouve un exutoire dans son déchaînement en public et lui apporte gloire et haine. Sans limite, Hans use de tous les médias, internet, radio, mais aussi télévision ou iel présente une émission controversée ( qui n est pas sans rappeler dans ses excès un certain Hanouna chez nous), entre discours en roue libre, humiliations et balles perdues.



Certes, un léger malaise pointe dans l'impossibilité de savoir d'où l'auteur nous parle, quelle est sa position, sa vision du monde contemporain. Mais c'est justement ce flottement, cette ambiguïté qui nous questionne sur nos propres paradoxes. Le talent de Norddahl réside dans ses phrases écrites à la sulfateuse, qualité qui déchire la peau de l'hypocrisie pour laisser transparaître en dessous une vérité crue parfois inconfortable. Au lecteur ensuite de gérer comme il l'entend ce miroir qui lui est tendu.



Hans Blær est un symptôme de l'époque mais aussi un révélateur plus qu'un bourreau, même si son chemin virtuel est pavé d'innombrables victimes collatérales. Car ça flingue à peu près à tous les étages et aucune catégorie sociale, aucune niche, n'est épargnée.
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Troll

Ilmur Thöll est né(e) hermaphrodite (pour simplifier…) ce qui , au départ vous place dans une case assez minoritaire mais c’est encore trop pour il/elle car des cases il/elle n’en veut pas ! Son credo , son mantra , son antienne c’est la liberté : celle de choisir son nom , d’en changer , d’être fille d’être garçon ou l’une des 43 046 721 variantes de sexe ! Et surtout la liberté dans ses actes , et ses paroles qui vont faire d’il/elle le troll ultime sur Internet . Mais la liberté a un prix…. Je savais que l’Islande cachait des volcans sous sa glace mais plus volcanique que ce livre , tu meurs ! Tu le lis , tu sautes dans un lac glaciaire , bonjour le choc ! Une fois passés le problème des noms propres , la jonglerie des pronoms , les méandres de la chronologie , quel plaisir de voir fustiger avec un humour corrosif les néo-puritains de notre siècle , les confis en bonne conscience de droite et de gauche , les aboyeurs masqués des rézosocios , les jacasseurs professionnels des radios et des télévisions ! Si vous n’avez pas froid aux yeux (ni ailleurs) allez donc vous confronter aux questionnements de ce sphinx dérangeant (vous comprendrez mieux en lisant ).
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Illska

Histoire édifiante d’un trio amoureux sur fonds d’histoire universelle, celle de l’immigration, du racisme et du nazisme, des populismes de tous poils, des exactions et de la barbarie, de la colonisation, des trahisons, du consumérisme….

Eirikur Örn Norddahl brasse large dans un roman à deux voix qui, constamment, se superposent, s’interpellent et s’interrogent, mêlant passé et présent comme si le Mal intemporel et omniprésent dont souffrent nos sociétés depuis la nuit des temps exerçait toujours la même fascination, quels que soient les noms qu’on lui donne.

Agnès, jeune universitaire islandaise d’origine lituanienne, élabore une thèse sur l’Holocauste, dont sa famille a été victime. Amoureuse d’Omar, incarnation du bon gars prêt à tout pour être simplement aimé pour qui il est, elle est également attirée par Arnor, intellectuel neonazi dont tout l’art consiste à légitimer ses théories, Agnès se perd entre ces deux relations amoureuses aux antipodes l’une de l’autre, dont l’enfant devient l’incarnation d’un choix qu’elle est incapable de faire. Le hasard (et la raison) décidera pour elle.

A travers un discours polymorphe, sans concessions, transparaît l’image écornée de nos sociétés dites civilisées, minées de l ‘intérieur par leurs contradictions, l’avidité, le repli sur soi, l’individualisme exacerbé et le pouvoir de l’argent.

Usant avec brio d’un style sarcastique et goguenard, interpellant le lecteur à l’occasion, Eirikur Örn Norddahl nous livre en sus une image de son pays bien différente de celle véhiculée par les dépliants touristiques, signe que le Mal dont nous souffrons n'épargne et ne s'épargne aucune latitude.

Ce n est pas un livre « facile » qui tient quelquefois plus de l’analyse historique et de la thèse que du roman. Le style haché et un tantinet décousu, comme si l’auteur écrivait au fil de ses pensées, peut rebuter. Mais aussi dérangeant, ardu et quelquefois irritant soit-il, il nous confronte à une réalité politique pouvant conduire à des choix dont les conséquences sont plus que jamais déterminantes pour l’avenir.

Il s’agit d’être vigilant car le Mal, quelle que soit son expression, n ‘a pas dit son dernier mot.

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Illska

Salmigondis! Mélange de viandes sanglantes!



J'ai lu jusqu'au bout ce pavé pour comprendre ce qui avait valu un prix littéraire et de bonnes critiques, pensum et colère pour ce qu'on nomme maintenant" histoire décomplexée "(est-ce un complexe que de vivre avec la mémoire de la Shoah?). Quels compromis, quelles relations, peut-on entretenir avec l'extrême droite, les néo-nazis, les suprémacistes?



Si Métailié, l'éditeur n'avait pas donné le titre Illska en islandais, sous-titré le Mal, je n'aurais sans doute pas téléchargé ce livre. Je suis mauvaise lectrice pour les ouvrages sur le Mal (ou le Bien, d'ailleurs).



Passons sur l'histoire d'amour, le trio formé par Agnès, d'origine lituanienne, à moitié juive qui fait une thèse sur l'extrême droite, son amant Omar, et Arnor, le néo-nazi qui sexuellement la fascine. Trio qui devient quatuor quand le bébé (de qui?) se met à intervenir dans le récit. Je ne suis pas cliente de provocations, genre T-shirt avec le portrait d'Hitler, tatouages nazis sur la bite ou ailleurs.



L'aspect historique : le récit des massacres des Juifs  en Lituanie par les nazis bien aidés par la population locale m'a bien sûr interpellée. Comment vivre avec l'idée que la moitié des ancêtres  en a assassiné l'autre moitié? Pour raconter cet épisode tragique il faut une vision très claire, se tenir aux faits et ne pas se perdre dans les ragots, les anecdotes croustillantes. C'est tout le contraire qui est livré ici. Eclairage, genre boule à facettes, mosaïque de vérités (et contre-vérités) où les faits historiques voisinent avec des textes nauséabonds. Chacun se construirait sa propre opinion? On glisserait vers le révisionnisme.



L'enquête de l’héroïne dans les milieux néo-nazis, populistes, en Islande ou ailleurs aurait pu être passionnante. Elle est parasitée par des fantasmes sexuels et tourne court. Le premier quart du livre lu, on n'entendra plus parler de travail universitaire d'Agnès.



Même ambiguïté gênante vis à vis du viol.



Le récit est bien écrit, on se laisse prendre à tous ces récits qui s'entrecroisent habilement. Pour cela rien à reprocher. D'ici crier au génie?
Lien : http://netsdevoyages.car.blog.
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Illska

4.5/5 : Voici mon tout premier roman islandais : une expérience réussie haut la main ! Eirikur Örn Norddahl est un grand écrivain !



Premier point à mettre en avant : j'ai trouvé son écriture, son style, le rythme du livre très fluides et agréables. J'ai dévoré ce livre en à peine deux jours alors qu'il fait 600 pages ! L'ensemble est très original, très intéressant et j'ai été vraiment très surprise !



Illska c'est l'histoire d'une rencontre, d'une autre rencontre, du passé et du présent, des émotions humaines, des agissements en conséquence. C'est la guerre et l'après-guerre. C'est l'amour et la haine. C'est le plaidoyer et le réquisitoire d'un pays. Ce sont toutes ces contradictions qui font de ce livre un roman d'une grande puissance narrative. J'ai aimé m'attacher au personnage et notamment à leurs propres contradictions qui font d'eux des personnalités à part entière. Je garde mon petit faible pour Agnes.



Avec ce livre vous allez apprendre de nombreuses anecdotes sur la Seconde Guerre Mondiale, l'auteur alterne l'histoire et l'Histoire de façon unique : c'est à la fois sarcastique, ironique et subtil. On sent réellement la présence de l'auteur au dessus de notre épaule comme s'il nous montrait du doigt ce qui se passait pour ensuite nous parler d'un autre sujet mais cela permettait de toujours garder nos sens en éveil.



Dans ce livre vous allez découvrir un pays : son histoire, ses mœurs, son peuple, ses failles et ses forces. L'auteur met ainsi en avant toute une nation à notre époque dans le regard de ses protagonistes mais aussi tout un pan de l'Histoire qui aura marqué à jamais notre monde. On referme ce livre "et puis la vie continue" mais pendant le temps d'une lecture, le temps s'était arrêté.



En définitive, un très grand roman sur ce qui lie notre vie à ce qui l'entoure, sur l'impact de l'Histoire dans notre existence.


Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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Heimska : La stupidité

Pleine d’humour noir, une fable acérée du narcissisme terminal contemporain.



Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2017/05/22/note-de-lecture-heimska-la-stupidite-eirikur-orn-norddhal/
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Illska

Illska traite de beaucoup de choses et un peu ...beaucoup en désordre ...

Ce n'est pas une lecture facile, il faut prendre son temps, il faut être disponible...



Pour commencer le besoin de se situer,

L'Islande ok, la littérature nous a déjà permis de nous y retrouver mais la Lituanie ? Au secours, mes souvenirs de géographie ne sont pas au top. Merci Google map, ok le plus bas des pays baltes, avec l'enclave russe de Kaliningrad ....c'est bon je me situe.



Les rencontres maintenant, brèves mais surprenantes ,

Jon Pall, pour moi, un inconnu, un strongman islandais décédé dans les années 90, l'homme le plus fort du monde.

Hofi, aucune trouvaille la concernant, la femme la plus belle du monde, celle qui "Après s'être acquittée de ses obligations de miss monde, a continué d'exercer sa profession d'assistante maternelle" ... Et bien l'Internet n'a pas gardé la trace de son passage dans le monde des people !

Pour finir, juste pour le plaisir du nom : Jon une-bouteille-ou-deux.... Vous connaissez ?



L'Histoire oubliée, celle avec un grand H, enfin,

L'exposition coloniale qui a eu lieu à copenhague !!!

1866 à Melbourne, 1883 à Amsterdam, 1889 à Paris, 1896 à Rouen, ...

Là encore l'auteur se joue de nous, il y a bien eu une exposition coloniale à

Copenhague dans les jardins de Tivoli mais là encore internet n'en a pas gardé de trace spécifique !!!

Une ville, Jurbarkas, qui abrita pendant des siècles une communauté multi-ethnique.

Une ville, Jurbarkas, qui a été pour des générations une ville de tolérance, a souffert dans le climat nationaliste des années 1930 de la persécution des juifs avec la suppression de leur commerce, les attaques physiques et jusqu'à l'incendie de leurs biens.

Une ville, Jurbarkas, qui a été occupé par l'Union soviétique en 1940, où la plupart des entreprises qui appartenaient à des Juifs et les organisations culturelles juives ont été supprimées.

Une ville, Jurbarkas qui a été envahie par l'Allemagne nazie le 22 Juin 1941, le premier jour de l'opération Barbarossa. Parmi d'autres persécutions, les collaborateurs lituaniens ont obligé les Juifs à détruire la synagogue en bois. La population juive a été systématiquement tuée.

En conclusion, peu de citoyens juifs de Yurburg (autre nom de la ville) ont survécu à la Seconde Guerre mondiale.



Illska, un drôle de livre qui entremêle,

Des personnages, Agnès, Omar, Arnor, Snorri, avec leurs genèses, leurs conflits avec l'histoire, un livre qui nous montre comment ils ont réussi ou pas à se construire, comment ils sont devenus ou pas ce qu'ils souhaitaient devenir,

Des anecdotes et des réflexions sur l'holocauste avec des informations ultra précises, ultra déroutantes,

Des prises de parole crues du narrateur, des personnages, qui nous montrent la violence des actes, des mots, y compris les déclarations d'un nouveau né du fond de son landau,

Des lieux, Jurbarkas bien sûr et aussi l'Islande.



Dans Illska, Il y a le fond et la forme.

La forme, un fouillis voulu.

Le fond, avec l'histoire de la Lituanie, petite république balte,

Avec l'Islande et son accueil des réfugiés,

Avec l'Islande et la Lituanie, l'Europe face à l'Holocauste et au populisme d'hier et d'aujourd'hui.

Avec ces questions éternelles :

Comment vivre une histoire d'amour dans ce siècle bousculé ?

Comment aimer, qui aimer ?

L'Islande, la Lituanie, l'Europe face à leurs passés, à leurs responsabilités ou plutôt leurs irresponsabilités, et aussi, avoir conscience de la difficulté d'être père ou mère dans ce monde.



Le livre terminé nous pourrons reconstruire la chronologie de l'histoire.

Toute la force de ce roman est justement dans cette déconstruction des personnages et de l'Histoire.

Le destin des simples individus n'est pas le plus important, ce qu'ils pensent, comment ils agissent, l'est beaucoup plus pour nous aider à avancer dans le fouillis de notre société.

Tant de choses s'expliquent par le passé, par les atrocités sur lesquelles tout le monde a pris appui pour continuer à survivre.

Il ne faut pas oublier d'être vigilants encore et toujours pour ne pas retomber dans les mêmes erreurs, et il y a beaucoup de boulot !!!
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Illska

Illska comprend trois parties : la première début avec la rencontre entre Omar et Agnes sur une aire de taxi, et le début de leur tumultueuse histoire d'amour. En même temps, on suit les réflexions de l'auteur sur des sujets aussi variés que le point Godwin, les étrangers en Islande ou la montée des partis populistes en Europe. Tout en programme.



Cette structure très inattendu du roman, on l'aime ou on ne l'aime pas. Un paragraphe sur Agnes et Omar, un paragraphe de l'auteur sur un sujet autre et hop, on recommence. J'ai bien aimé suivre l'histoire de Omar et Agnes, bien que le texte soit dès fois difficile à suivre, les dialogues n'ont pas de démarcation. Très déstabilisant. Étant été pris au jeu, j'ai appris beaucoup de choses sur le racisme inhérent en Europe.

La deuxième partie raconte l'histoire des deux grands-pères d'Agnes, pris dans la tourmente de la Seconde Guerre mondiale dans un petit village lituanien. A travers leur histoire compliquée, on suit aussi une partie de l'histoire de cette Europe dans la Seconde Guerre mondiale. C'est plus qu'une histoire de nazis contre des juifs. Bien plus. Cette partie m'a intéressée de part sa structure particulière aussi. Rien n'est chronologique, comme si l'auteur se souvenait de partie de l'histoire au fur et à mesure. C'est pas toujours très agréable à lire.

|...]
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Troll

Illmur/Hans Blaer est né.e une des rare personne intersexe de son époque à ne pas avoir subi à la naissance de chirurgie pour avoir un « sexe normal ». Sa mère a voulu laisser son corps tel quel et iel a été assigné fille. En grandissant, Illmur va toujours plus loin et devient une personnalité des médias et des réseaux sociaux. Ces billets et son comportement toujours plus extrêmes et irrévérencieux sont tolérés jusqu’à la frasque de trop. Je pensais me plonger dans une chasse à l’humain et ce n’est clairement pas ce que l’on a. Le scandale de trop est l’excuse pour revenir sur l’ensemble de la vie d’Illmur/Hans que ce soit de son point de vue ou de celui de sa mère. Rien ne nous est épargné, c’est très trash, cruel et corrosif. Tout ce qui est abordé l’est dans l’excès que ce soit pour les messages sur les réseaux ou la vraie vie. Tout le monde, toutes les minorités s’en prennent plein la tête même celles auxquelles appartient notre énergumène. C’était trop irrévérencieux pour moi mais ce qui m’a le plus désappointé c’est la structure du texte ou plutôt l’impression d’absence de structure. On navigue dans le temps de la naissance à maintenant sans ordre apparent, sans logique apparente non plus. Certaines scènes réapparaissent même de manière aléatoire pour donner un autre point de vue au même élément. Ce roman a du potentiel si on passe au dessus du désordre apparent. J’ai beaucoup aimé la place de l’écriture inclusive qui a un rôle primordial et est bien mise en avant avec les iel, lea et ellui justifiés. Illmur/Hans est une personne cultivée et qui en joue pour faire passer ses frasques. Il y a beaucoup de références dans ce texte qui touche des domaines variés et crée un contraste intéressant entre son comportement et son érudition. Certains passages font presque penser à un essai. Tout est extrême dans ce texte, ce qui en fait une lecture à laquelle on adhère ou non. C’était trop pour moi d’autant qu’il n’y a qu’un pas pour que le lecteur tire la conclusion qu’il faut opérer les bébés intersexes pour éviter les traumatismes qui en ferait des Illmur/Hans en puissance et ça c’est pas un message à faire perdurer. Je suis contente d’avoir tenter ce texte malgré les aspects qui étaient trop pour moi. C’est un texte qui sera surement trop dur pour beaucoup mais qui vaut la peine d’être tenté pour les contrastes intéressants qui sont développés.
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Troll

Le héros, hermaphrodite, se considère à la fois homme et femme.



Ce personnage hors norme, ce troll, à la sexualité débridée, permet à Eirikur Orn Norddahl de surfer sur la vague dite de la modernité.



Pour cela il nous inflige une écriture asexuée avec des iel à foison et des kyrielles de participes passés masculin-tiret-féminin.



Sexe, drogue, viol, dépression...La totale.



C'est affligeant.



Tout ça, pour ça !
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Troll

Depuis Illska, son premier roman où il épinglait le fascisme, Eiríkur Örn Norddahl continue à s’attaquer sans concession aux dérives de nos sociétés modernes. Avec l’émergence des réseaux sociaux, notre époque regorge de trolls prêts à balancer des insanités pour scandaliser, se faire une notoriété. Croyant ainsi améliorer notre société, la plupart ne font que la pourrir.



« Un vrai troll- un troll avec de l’ambition, le seul qui mérite ce qualificatif – était une performance visant à révéler les contradictions d’une époque, l’hypocrisie et la bienveillance teintée d’arrogance, tout en divertissant les masses. »

L’auteur est plutôt ce type de troll, observateur et audacieux. Mais qu’en est-il du personnage dans son nouveau roman?

Hans Blaer est né hermaphrodite. Sa mère, désemparée, a refusé de couper « ce petit sphinx » que la petite fille, baptisée Ilmur, avait entre les jambes. Jusqu’à quinze ans, Ilmur le vivra très bien. Puis, une mauvaise expérience sexuelle dans un camp de vacances la traumatise jusqu’à scarifier son corps.



A vingt-cinq ans, Ilmur se lance sur Internet et travaille pour une émission de radio. Iel refuse la notion de genre. Mais, même après son opération en Thaïlande, iel ne se définit pas comme trans. Iel, jonglant avec testostérone ou œstrogènes, défend sa liberté d’être plutôt femme un jour puis homme le lendemain.

Ses prestations sont subversives, choquantes er ses publications lancent de fausses rumeurs. Puis très vite, le scandale l’ennuie. Iel décide d’ouvrir le Refuge, un centre d’accueil pour femmes violées.



Quand nous découvrons Hans, iel est recherché(e) par la police à la suite d’un scandale au Refuge. D’une part, Hans, en fuite, écrit et raconte son histoire. D’autre part, Lotta, la mère de Hans exprime son point de vue depuis la naissance de sa fille jusqu’à ce jour où le scandale éclate. Le passé s’immisce ainsi dans l’actualité pour éclairer le parcours de Hans Baer. Si l’auteur laisse entrevoir les fêlures du personnage, ses discours subversifs et comportements odieux restent en mémoire.



Le style de l’auteur est lui aussi assez perturbant. Hans écrit son histoire en utilisant les pronoms non binaires ( iel, lea, ellui…). Les paragraphes concernant Lotta sont écrits au passé simple, une utilisation peu courante et déroutante.

L’impuissance qu’Ilmur ressentait en privé se transforme en pouvoir absolu dès lors qu’elle devient célèbre. Sur les réseaux sociaux, iel peut cracher sa fureur, son irrespect. Rien ne l’arrête.



« Elle voulait que son identité de genre bouscule les étroits d’esprit. »

En plus d’un sujet poignant, l’auteur montre le côté malsain de la communication sur les réseaux sociaux. Le Net est une fosse à serpents où il est facile pour ceux qui se sentent trahis par la société de vider son amertume. L’auteur nous en montre ici une facette réaliste mais particulièrement nocive.



Plus concret que les deux derniers romans ( Heimska et Gaeska) de la trilogie précédente, Troll reste un roman qui dérange mais c’est ce que l’on aime chez cet auteur.
Lien : https://surlaroutedejostein...
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Heimska : La stupidité

« Alors qu’ils étaient tout juste mariés, Aki et Lenita avaient tenté l’expérience de débrancher toutes les webcams de leur domicile (…). Aki et Lenita se sentaient bien chez eux. Mais voila, ils avaient quand même l’impression de ne plus exister et d’être vidés de leurs substances… »

Oui, car dans la société dans laquelle vivent nos deux personnages, tout le monde est interconnecté en permanences, les caméras tournent sans arrêt, et chacun peut suivre n’importe qui où qu’il soi…Tout le monde peut vous voir, vous observer,…mais personne peut ne s’intéresser à vous…et c’est peut-être le pire…

Islande, un couple d’écrivains se déchire autour de leur roman respectif. Même titre, même histoire proche. Plagiat ? Engueulade. Séparation. SurVeillance. SurVeillance est le nom donné au système de caméras des espaces publics ou privés connectées aux multiples écrans de la vie quotidienne. Téléphone, tablette…Par reconnaissance faciale, chacun peut surveiller qui il veut, en direct ou à son insu. Tout le monde peut vous voir mais vous n’intéressez personne.

Comment montrer les dangers d’ne telle société ? Comment la prendre en otage ?

Ce roman est une dystopie qui montre ce que pourrait devenir notre société à court terme.

Je suis restée sur ma faim, avec ce roman qui m’a permis la découverte d’un nouvel auteur islandais. Les personnages, s’ils utilisent les caméras pour leur vengeance personnelle, servent un peu trop de prétexte à l’auteur. Ils auraient mérités d’être davantage fouillés. Là l’histoire me semble trop artificielle.

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Illska

Glaçante et hilarante traque échevelée de la nature du racisme populiste européen et du point Godwin.



Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2015/08/14/note-de-lecture-illska-eirikur-orn-norddhal/


Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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Troll

Illska, Heimska, Gaeska... et donc maintenant Troll. Fidèle à l'auteur, je ne pouvais passer à côté. La chance a voulu que je le gagne lors de la dernière masse critique.

Je remercie Babelio ainsi que les éditions Métailié pour leur confiance.



Et avant tout avis, je félicite Jean-Christophe Salaün, le traducteur de cet ouvrage pour son exceptionnel travail à nouveau.



Une nouvelle fois, Eirikur Orn Norddahl ne laissera pas indifférent. Comme d'habitude, le lire se mérite et est extrêmement exigeant, dérangeant et perturbant.



Troll ne déroge pas à la règle.

D'abord le sujet : Hans Baer, une personne née hermaphrodite, transgenre, ultraprovocateur. Impossible de rester indifférent. J'avoue il m'a souvent fait monter dans les tours. Je ne dirais pas que je l'ai par moment détesté mais je reconnais que si je l'avais eu en face, la tension aurait été extrême. Et en même temps, on l'apprécie, on le comprend.



Ensuite l'écriture : inclusive ! J'exècre ! Et pourtant j'ai lu... Je ne me suis pas forcé, mais j'ai fait un effort j'avoue. de plus, l'auteur ne se prive de rien: propos orduriers alternant avec un langage "haut de gamme", propos très durs qui vont trop loin et dégoutent, une grammaire provocante.

Et pour autant, tout est cohérent, tout sert l'intrigue, tout est "conforme" à ce Hans Baer si particulier.



Enfin le roman en lui même : son sujet atypique, son originalité et la façon dont le traite l'auteur ne peut que nous interpeller.



Au final, à qui est ce la faute ? A Hans ? A notre société ? A tous ?



Un roman dur, un roman qui se mérite, un roman qui tombera des mains de beaucoup.

Un roman éprouvant que j'ai mis longtemps à traverser.



Un roman que je ne regrette pas d'avoir terminé et que je défendrai.

Norddahl signe un excellent Troll.













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Troll

Bien que l'écriture soit intéressante, l'auteur se donnant une grande liberté : temps grammaticaux, pronoms ouverts//inclusifs pour parler du personnage principale, vocabulaires à la fois populaire et savants... Ce livre est perturbant pour plusieurs raisons évidentes.

Le livre m'a parfois intéressé et parfois dégouté.

En cause, le personnage principale Hans Blear, un anti héros n'ayant aucune empathie. Iel est tragiquement égocentrique et perturbateur (un Troll).



D'après moi le problème de ce roman se situe du coté de l'écrivain. Dépeindre une personne trans et intersexe à notre époque relève d'une question sociétal très importante car jusqu'ici ces personnes ne sont pas reconnu et souvent quand elle le sont il s'agit de les ridiculiser en place publique et ou montrer toute l'horreur de leur identités. Ce que fait très Eirikur Orn Nordddahl en rapprochant et superposant les images : du Troll (bête fantastique de conte, assez hideuse et informe), du Troll ( personne qui se joue des autres grâce a l'anonymat des identités internet, ouvertement vicieux et hébété) et du Trans//Intersexe (qui dans son histoire est relié aux bêtes de foire et à la monstruosité).



L'écrivain Eirikur Orn Nordddahl est un homme blanc cis hétéro. Il n'a donc aucune expérience de cette identité (un grand pan de la littérature est dédié a des personnes ( pour la plus part de hommes) qui se mettent à vivre ou à regarder au travers d'autres identités comme si eux même était neutre. Mais en 2022 je pense que cette manière de faire devrait être remise en question.)



Le personnage principale est une personne non binaire vacillant entre les genres (homme et femme), étant né intersexe, iel se défini comme trans qu'après cette fait opéré (pour avoir de plus gros seins). Sa non-binarité fait écho dans le livre a sa volonté d'être libre (ce qui me semble totalement compréhensible d'un point de vue logique). Cependant sa liberté personnelle de faire ce qu'il veut de ellui même empiète sur sa relation aux autres. Ielles se sent libre de faire ce qu'il veut sur l'autre, violence morale comme physique, oscillant entre le fait d'être le persécuteur et quand il est accusé, devenir une victime.



Au travers de ce livre, l'écrivain est lui même un Troll.

Il utilise le personnage de Hans Blear comme d'une identité qui prend le dessus sur la sienne pour avoir des propos transphobe, misogyne.. sans que cela ne pose problème car ces propos semble sortir d'une personne trans mais au contraire ils sortent ou sont écrit par un homme blanc cis hétéro.



Comme tout le monde le sait, une personne noir aux états unis qui dis négro n'est pas un problème, mais quand une personne blanc le fait ça en devient un. Du même coup en utilisant hans blear, Eirikur Orn Nordddahl peut être transpose sans que l'on ne le juge. rapprochant Hans blear de la droite extrémistes, d'hommes en manques de violences car il semble que le viol n'est aucune importance pour eux...



Mais la question est de savoir si le viol n'a aucune importance pour Hans Blear ou Eirikur Orn Nordddahl ?

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Illska

IIlska, Le Mal, Eirikur Orn Norddahl, trad. de l'islandais par Eric Bouty



On annonce en E. O.Norddahl un futur très grand écrivain. De plus, la littérature islandaise est en plein boom. Il faut lire Illska.

Le rythme est allègre, l'écriture est drôle et décalée. C'est engageant pour le cours de la lecture d'un livre de presque six cents pages. Le décalage détend, quand il faut parler d'horreurs, et il faut qu'on comprenne bien celui qui parle (vous allez croire que ces écrits visent à absoudre les actes des nazis, or on ne badine pas avec le politiquement correct et me voici déjà en train de m'excuser). On croit réentendre les critiques adressées à La Vie est belle traitée avec légèreté, et on se demande aussi si cette précision n'est pas là pour faire ressortir davantage l'indifférence à l'humain.

Car le sujet est chargé de tension. On parlera de l'Holocauste, ou de la Shoah, La Catastrophe pour les Juifs. Seulement eux? "Nous sommes morts avec vous. Et avec vous, nous continuons de mourir."

Mais on n'oubliera pas les Musulmans, les Tziganes, les communistes, les handicapés. Qui "on"? Le narrateur, et deux de ses personnages, une jeune femme islandaise Agnès originaire, alias Agné, de Lituanie, d'ascendance juive, et à l'histoire familiale tragique, et un jeune (pur) Islandais, néonazi cultivé, quasi nain et cependant attirant, et très librement entreprenant, Arnor. Dans une moindre mesure, un jeune Islandais, "mou", irrésolu, étudiant malgré lui sa langue, Omar, qui vit en couple avec Agnès, et épouse donc ses préoccupations, et enfin le lecteur que le narrateur emmène, avec détermination et ruse dans son récit ( Agnès rêve qu'Arnor a une croix gammée tatouée sur son sexe, le narrateur interrompt le rêve et les conséquences de celui-ci: "Mais nous parlions des nazis."; des phrases reviennent aussi frappant comme des coups de massue: est-ce que ça aussi, nous l'aurions déjà mentionné? pour qu'on mesure l'importance du fait). Agnès, qui rédige une thèse sur l'extrême droite et les populistes dans les partis politiques d'aujourd'hui, tête et coeur obsédés, et sans doute le narrateur s'inquiètent que les partis nationalistes progressent et constatent que l'Islande, qui se dit ni raciste ni xénophobe, a l'âme nationale, et que les Islandais commettent aussi des crimes nazis. Il s'agit que les Islandais, et le reste des gens, lecteurs ou non, aient un regard ouvert et profond.

Deux autorités sont convoquées: Adorno qui a déclaré qu'on ne pouvait plus écrire de poésie après Auschwitz, et Lévi qui a dit que nous avions le devoir de ne jamais comprendre l'Holocauste.

Comment donc Norddahl s'y prend-il pour nous parler du Mal? Celui qui nous prive d'humanité, soit qu'on le fasse, soit qu'on le subisse. Il imbrique deux histoires, la petite et celle qui porte une majuscule. Deux jeunes gens qui se sentent vides se mettent ensemble, mais la fille tombe sous la fascination d'un néonazi . Sa thèse piétine, parce qu'elle a peur d'écrire en se laissant dominer par la colère. Elle est enceinte, ne sait qui est le père. L'enfant naît. Omar assume le rôle de père, conduit sa petite famille en Lituanie pour que son amie puisse reprendre sa thèse, est amené à s'interroger sur les anciennes absences de sa compagne, devient comme fou, met le feu accidentellement à leur maison, et s'enfuit. Son errance a pourtant une ligne directrice, il va là où sont passés les nazis. On le retrouve portant un tee-shirt à l'effigie d'Hitler. Il finit son errance en Lituanie où elle, qui a vécu comme elle a pu, le rejoint. On ne saura pas qui est le père, bien que l'enfant apprenne très rapidement l'allemand, l'enfant, qu'on interpellera par le pronom "tu", et qui occupera une place (trop)importante et dans le livre parce qu'il aura à découvrir que la vie n'est pas si belle que ça, ou qu'il représente l'avenir.

La Lituanie est un lieu d'arrivée mais aussi un lieu de départ -les parents d'Agnès en sont partis pour s'établir en Islande, premier pays à avoir reconnu l'indépendance des pays baltes, après un séjour en Israël qu'ils ont quitté à cause de l'OLP, la colonisation, Gaza; ses arrière-grands-parents, un couple juif, et un couple communiste, y ont vécu et y sont morts. C'est leur histoire qui sera contée, histoire de sang, d'humiliation, de folie, de désespoir, de culpabilité, de quasi-fratricide, d'idéologie, d'inhumanité et d'humanité -des scènes folles de tuerie. Du sang partout, des morceaux de cervelle, des tendons, des veines, des muscles. Personne ne s'en souciait, et le soir le meurtrier joue de l'accordéon au milieu de ce champ de bataille à vomir.". Et qui mettra en cause les nazis allemands qui ont donné les ordres, les Lituaniens qui étaient miliciens, déshumanisés par une idéologie à défendre ou par la folie d'un pouvoir à exercer, les habitants qui ont laissé faire, les lécheurs de bottes des nazis, les Soviétiques qui ont assassiné des enfants, les Juifs eux-mêmes qui n'ont rien tenté pour se défendre, et tous ceux qui aujourd'hui haussent les épaules, parce qu'on ne change pas le monde en haussant les épaules. Et le pire, c'est que les nazis espéraient l'avènement d'un monde meilleur, qu'Arnor fascine parce qu'il conçoit de l'espoir en un avenir meilleur: l'être humain avait au fond de lui toutes les ressources pour tendre vers le sublime; il suffisait qu'il renonce à l'hypocrisie et à la bêtise; il pourrait ainsi devenir humain" et certains Islandais sont fiers d'eux parce qu'ils sont mieux que les Aryens, les filles sont belles et les hommes sont forts. Des preuves d'hypocrisie?: Ici, on ne parle de l'Holocauste que pour vendre des livres. Les Européens ne pouvant plus exprimer leur antisémitisme naturel, ils le déguisent sous des prétextes humanitaires, de la même manière que la droite conservatrice devient féministe dans son discours sur l'Islam. Les élèves islandais apprennent le danois de longues années, réussissent leurs examens en cette matière, et sont incapables de parler la langue. Omar accepte un boulot qui l'ennuie, relatif à la pureté de la langue. Au lieu d'études de lettres qui font lire, on apprend des choses fastidieuses sur la grammaire de la langue. L'université est sérieusement égratignée.

Agnès est marquée par l'histoire de ses aïeux, Omar par l'instabilité sentimentale de ses parents, Arnor par son enfance esseulée, marquée par les Figures Tutélaires et la bande éponyme qu'il dirigera aura pour mission de défendre la patrie contre les attaques de l'hégémonie américaine et tous les autres périls venant de l'étrange, et son adolescence nourrie à Imperium.

Et si l'amour était le chemin vers le Bien? En effet les SS sont toujours malheureux, défigurés, jamais contents, jamais heureux et jamais satisfaits du moindre moment, mais toujours apeurés et haineux: défigurés. N'est-il pas écrit dans le Talmud, Vous ne voyez pas le monde tel qu'il est. Vous le voyez tel que vous êtes. C'est peut-être pour cela que le narrateur parle du caca sale et odorant des adultes, de sexe volé et Omar est une fois violé, une autre violeur, d'Agnès dans les cabinets sans que la porte soit fermée, de femmes qui se battent et l'une perd un oeil, des Juifs obligés de se frapper entre eux, d'un arrière-grand-père (le communiste) qui doit tuer, sur l'ordre de ses propres fils, l'autre arrière- grand-père, et il espère qu'il sera déjà mort. Arnor meurt on ne sait comment, Agnès a mention très bien à sa thèse, Omar parle comme il le veut de sa langue, et l'enfant, fils aimé de ses parents mariés et unis, grandit. En humanité?

Le lecteur est sonné à la fin du livre. Mais il a réfléchi. Et donc tendu vers le sublime?

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