Elisabeth Barillé - "Un amour à l'aube" et "
Une légende russe" .
A l'occasion de la première édition du salon Russkaya Literatura qui s'est tenue les 7-8-9 novembre à l'Espace des Blancs Manteaux à Paris, rencontre avec
Elisabeth Barillé autour de ses ouvrages "Un amour à l'aube" aux éditions Grasset. http://www.mollat.com/livres/barille-elisabeth-amour-aube-amedeo-modigliani-anna-akhmatova-9782246803928.html et "
Une légende russe" aux éditions Grasset. http://www.mollat.com/livres/barille-elisabeth-une-legende-russe-9782246783497.html Notes de Musique : ?I've Been Waiting For You? (by Silence Is Sexy). Free Music Archive.
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La solitude aiguise le regard. Être seul quelque part, c'est se rendre sensible à des choses qu'à deux, occupés l'un par l'autre, on aurait négligées.
Travailler à un livre, c’est courir la chance d’en voir d’autres jaillir à point nommé, ceux-là mêmes qu’on avait cherchés, dans les bibliothèques, sur les quais ou dans nos rêves, des livres qui éclairent et fécondent les nôtres.
Le réel serait-il sensible à nos fictions ?
Le sensible nous promet l’infini ; il arrive même qu’il nous l’offre.
[ Anna Akhmatova]
Un jour, je serai poète, répète-t-elle
En d'autres mots, dans la bouche d'une Russe, née en 1889, à la fin d'un siècle encore attaché-mais pas pour longtemps- à parquer les femmes dans l'enclos des contraintes, je serai libre. En attendant, préparons-nous ! La liberté n'est pas une libellule qu'on attrape par les ailes sur la pointe d'un roseau, un fauve plutôt, tapi dans l'ombre des pulsions. La liberté s'arrache et se mérite. (p.26-27)
Etre libre, c'est s'affranchir des biens tarifés, des plaisirs négociables, c'est réduire sa consommation, réduire ses besoins, aiguiser ses émotions.
(...)
S'affranchir, c'est courir la chance d'atteindre la joie.
L'angoisse est la chance de l'artiste, pensait Modigliani, l'angoisse se travaille, comme le marbre. Tout obstacle franchi accroît la volonté, écrivait-il à son ami Oscar Ghiglia : l'homme qui ne sait pas tirer de son énergie de nouveaux désirs, et presque un nouvel individu, destinés à toujours démolir tout ce qui est resté de vieux et de pourri, pour s'affirmer, n'est pas un homme, c'est un bourgeois, un épicier, ce que tu voudras.
« Ce que j'ai aimé, que je l'aie gardé ou non, je l'aimerai toujours. »
André Breton
Chaque couple doit trouver son propre agent de résistance à l'usure des gestes et du coeur. A chaque couple, il faut un ciment. (...)
Notre ciment, et nous le sûmes très vite, serait tout simplement celui où vont se lover les pierres.
Avoir une maison à nous deux, et s'y fixer. (p. 35)
On vient vers moi, on s'adresse à moi, on attend de moi la pareille, que je joue ma partition d'être pensant doué d'audition et de parole. Ne pas la jouer m'enfermerait du côté des infréquentables, dans le camp des fous et des folles. C'est sans issue: je dois quitter le velours du silence. (p. 19)