Citations de Elizabeth Brundage (111)
La vie était mystérieuse, il le savait. Les gens ne disaient jamais ce qu’ils pensaient vraiment, ce qui causait toujours plus de problèmes que ça n’en valait la peine.
Si on voulait voir une vraie ferme, il faudrait des fermiers ruinés et alcooliques, des animaux affamés craignant pour leur vie. Il faudrait des épouses amères, des enfants au nez morveux et des vieux brisés après avoir donné leur coeur et leur âme à la terre.
L'argent affluait. Les riches s'enrichissaient encore plus, tandis que les autres, comme lui, n'allait nulle part.
Mais avant d'arriver dans cette maison, elle n'avait jamais sérieusement pensé aux fantômes, pas du tout. Pourtant les jours passants, leur existence n'était même plus une question _ elle savait.
C'est difficile de voir ce qui est bon, ce qui est juste, quand on est en plein dedans.
Les femmes de la famille de Catherine ne quittaient pas leurs maris.
Ils étaient comme deux usagers des transports en commun, que le hasard a assis côte à côte vers une destination inconnue.
" Je veux qu'on se sépare", s'entraîne-t-elle à dire en faisant les lits. "Nous ne sommes plus compatibles", en passant l'aspirateur dans le salon. " Je ne t'aime plus", en nettoyant son bureau. " Je ne t'ai jamais aimé", en vidant les cendriers. " Je te méprise et je te déteste, je veux divorcer ! "
Sa meilleure amie, c'était elle-même. Voilà ce que lui disait sa mère autrefois. Chaque fois que tu as un problème, souviens-toi que ta meilleure amie, c'est toi- même.
Elle n'était pas de ces femmes laborieuses et burinées qu'on voyait marcher au village, exhibant leurs rides d'expression comme un tronc d'arbre ses cercles.
Elle le regarde se rhabiller. Médecin, mari, père. Il ne dit rien. Puis s'en va. Rejoindre sa femme et ses enfants dans la maison qu'ils partagent. Elle l'imagine se garer dans le garage, entrer dans la cuisine, se laver les mains dans l'évier, ses yeux qui s'illuminent quand il voit la femme qu'il aime vraiment. Peut- être que ses enfants descendent, en pyjama. Il soulève sa fille et l'embrasse, la serre dans ses bras, discute avec son ours en peluche. Il n'est pas plus mauvais qu'un autre, se dit-elle. Mais elle est le détour qu'il n'aurait pas dû faire.
Quand elle se retourna, elle pleurait pour de bon. Il la tint dans ses bras, et elle s'accrocha à lui comme une enfant apeurée. Alors que la pluie tambourinait, ils restèrent ainsi dans la vieille cuisine de sa mère, sans bouger, sans bouger.
Il avait la beauté inoffensive et inintéressante du prince de Disney qui, par un simple coup, ravit toujours la fille.
Cole avait le sentiment que son oncle était passé à côté de certaines choses. Mais il y a plein de gens comme ça. Qui subissaient un coup dur ou faisaient une bêtise. Et, soudain, leur vie n'était plus ce qu'ils croyaient.
Pour Catherine, la grossesse et la mariage l'avaient fait passer de la classe moyenne inférieure, avec sa rage et son énergie, à un statut dans lequel l'autosatisfaction était souvent confondue avec le bien-être.
Les gens du coin mettaient au moins cent ans à accepter que des étrangers s'installent dans une maison ayant appartenu pendant des générations à une même famille, dont l'histoire navrante appartenait désormais à la mythologie locale.
La mort est absolue. On dit que c'est la grande inconnue - mais c'est faux. On la connaît. On la reconnaît quand on la voit. Quand on sent son odeur. On passe sa vie à la courtiser. Les drogues, l'alcool, la nourriture. Elle est partout autour de nous. On la promeut. Au supermarché ; ces gros titres annonçant des overdoses, des suicides. Les tragédies de tous les jours. Les posters de morts qu'on accroche sur nos murs – Marilyn, James Dean, et même Jésus.
Elle se gare dans l'allée et reste un moment à regarder la vieille ferme, les longues granges sur le côté. Peut-être ne sont-elles pas aussi grandes que dans son souvenir. La terre semble former un écrin pour la maison. Les bois derrière, tout le long de la haute crête. Les arbres noirs dans le vent. Les nuages couleur de nacre. L'histoire a laissé sa marque, où que l'on regarde. Ici on peut oublier qu'on vit dans le présent. "
"Franny éprouve une joie imprévue lorsqu'elle descend la rue principale, passant devant le magasin général, l'église blanche, le cimetière herbeux et ses arbres aux larges frondaisons Elle traverse un vieux pont métallique au dessus de la rivière et descend sa vitre pour entendre le ruissellement de l'eau, la vibration du tablier. Les routes argileuses ne figurent sur aucune carte. Il y a des chevaux dans les champs. L'air sent le fumier, la terre labourée et une réaction physique doit se produire en elle, parce qu'elle se souvient. Je suis presque arrivée chez moi, songe-t-elle. "
"Elle tourne dans Old Farm Road, un chemin de terre au milieu des champs. La maison attend au bout. Une simple ferme blanche, mais en fait, il n'y a rien de simple en elle. Une maison qui a souffert. Assez comparable à certains de ses patients. Parfois, avant même d'examiner les gens, elle réussit à évaluer leur état. Tout ce qu'on a besoin de savoir est écrit sur leur visage. "
La maison avait quelque chose d'êtrange. Une sensation de froid se dégageait de certaines pièces. Même dans la douceur de l'été, quand le monde extérieur chantait son éclatante chanson, il régnait une obscurité oppressante; on aurait dit que la maison entière, telle une cage à oiseaux, avait été recouverte d'un tissu de velours.