- Je veux une infinité de deuxièmes nuits avec toi, Vic.
Je n'ai qu'une vie. Je veux qu'un seul amour.
- Tu parais tellement plus grand que sur un écran !
J'accepte la remarque avec un sourire.
- Impressionnée ?
- Tu ne dois pas être bien différent d'un mec lambda. Tu cours plus vite et plus longtemps, c'est tout.
- C'est ce que font les amis. Les vrais. Ils ne se posent pas de questions quand on les appelle à l'aide.
- Ce soir, précise-t-elle. Après mon boulot, je vais mettre des fringues et ma brosse à dents dans un sac à dos, et partir pour Liverpool. J'ai acheté un billet d'Eurostar il y a dix minutes, alors t'as intérêt à décuver fissa, parce que je t'assure que ta bouteille, je vais t'assommer avec !
- Depuis quand t'es si violente ?
- Depuis quand t'es un abruti fini ?
- Je crois qu'elles sont devenues mon plat préféré, lance-t-il en passant son pouce sur mes lèvres.
- Ai-je le droit de vous approcher ?
- Que feriez-vous si je disais oui ?
- Je vous embrasserais.
- Vous ne me connaissez pas ! Vous n’avez jamais pris la peine de me connaître.
- Parce que vous, oui ?
- Vous n’avez pas changé. Vous êtes toujours aussi facile à énerver…
- Et ça vous amuse ?
- Je ne dirais pas ça, non…
Côme est le seul homme à allumer la colère en moi, aussi vite qu'un brasier sur lequel on souffle.
« C’est toi et moi. Nous deux ou rien. Si tu crois que je vais poireauter pendant que tu risques ta vie, tu me connais mal. »
Chapitre 2 :
Kay
«… C’était tout un clan ou une famille que nous avions, couchés à nos pieds. Huit personnes. Deux femmes, si on comptait la première. Deux hommes. Des enfants. Des ados.
Tous éventrés.
Tous « endormis ».
Et au milieu de ce spectacle sanguinolent : un garçon, debout, pleurant la tête baissée, attendait.
Je ne bougeai pas de ma place tandis que Mellée accourait vers lui, que Dario et Bathy avançaient prudemment. Mon père me rassura d’une pression à l’épaule, avant de m’ordonner de rester où j’étais, et de rejoindre la femme.
Je les observais de loin. Mellée s’accroupit devant le garçon, lui parla d’une voix douce, d’une voix de maman. Bathy et Dario enjambèrent les cadavres, cherchant dans les fourrés, derrière les arbres, pour savoir s’il restait un autre survivant. Je les vis même prendre le pouls de deux des corps allongés. Ils secouèrent la tête, le regard désolé. Papa demeura debout, stoïque, comme le chef de bande qu’il était. Ses hommes revinrent à ses côtés.
— Ils sont tous morts, rapporta Bathy.
Comme si on pouvait en douter.
Je tremblais sur place, les yeux rivés sur le garçon. Il était plus petit que moi. Ses cheveux avaient la couleur des plumes du corbeau. Ses yeux ? Sa tête baissée me les cachait. Sa peau ? Elle ruisselait de rouge et de terre. Il ne devait pas avoir mangé depuis des jours. …»
Tout passe si vite... En deux heures de temps, on dit « au revoir », « merci », « on pensera toujours à toi ». Et puis c'est fini. Pour toujours.
Je l’aurais protégé contre les flammes, les démons, le diable même s’il l’avait fallu. J’étais fou amoureux. Je l’aimais. Je crèverais pour qu’il vive. J’étais prêt à tous les sacrifices pour le savoir en sécurité et heureux. Quitte à m’oublier.
- Tu vas me faire faire ce que tu veux à partir de maintenant, c’est ça ?
- Oui. Mais ce ne sera que pour nous rendre plus forts.
Être avec Nino, comme ça, c’était comme sauter d’une plateforme située à des centaines de mètres plus haut. C’était ne pas avoir peur de tomber parce qu’il chutait avec moi.
De qui je me foutais ? Je n'avais aucune envie de partir loin de mon meilleur ami. Je serais digne de succéder à mon père. Cette tension que je resse tais auprès de Nino...je vais la maîtriser
Tu n’as pas à avoir peur du regard des autres. Parce qu’on fera tout pour qu’ils baissent les yeux. Ensemble. Je serai la pour toi. Je te le promets.
Elle pouvait le devenir. Elle pouvait devenir ma plus grande faiblesse.