Elle est une ouvrière des mots.
Qui les assemble, les articule, les façonne ; mécaniques, articulés par la lente dynamique de l’absence. Des mots unis par des silences qui la comblent et les vident de leur substance. Des mots presque à l’arrêt d’une mort qui les condamne.
Elle est une tisserande du langage, qui tisse la toile d’un verbe fonctionnel, déroulant le fil infini de l’écrit pour relier deux destinées que tout oppose par un même épilogue, deux parcours antagonistes par un même langage qu’elle dissèque, deux trames narratives autour du deuil. Celui, national de Jacques Chirac auquel répond celui intime de son grand-père.
Elle décortique et recouds l’écrit pour analyser les mécanismes du langage qui annonce la mort, ses composantes qui expriment ce qui était lorsqu’il n’est plus, ses fonctions qui évoquent l’histoire et la mémoire, indispensables aux vivants.
Elle découpe et colle les écrits ; les assemble sur la page pour emplir les blancs, tantôt majuscules, tantôt minuscules ; les dispose pour combler les trous, tantôt citations, tantôt expressions ; les aligne pour entremêler l’Histoire nationale au récit de l’intime. Tantôt personnels, tantôt universels.
Elle est une plasticienne des mots, qui colore la langue de toute une palette d’émotions, dessine un « paysage des souvenirs ». Elle assemble les éléments d’un récit national qui résonne en chacun de nous, à ceux de son histoire personnelle ; teintée d’émotion, d’affection et de poésie. Façonnant le passé, empilant les souvenirs, fabriquant « des ruines pour le travail de mémoire ».
Elle est la créatrice d’un langage qui évoque la mécanique de l’âme.
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