Citations de Elsa Vasseur (36)
La tristesse a une date de péremption. Comme le bonheur, c'est un sentiment entier, organique, qu'il faut saisir au bon moment afin d'en conserver la fraîcheur intacte.
... Louisa, une femme semblable en tous points à la soupière qu'elle posa sur la table : elle arborait une masse de cheveux noirs coupés court en guise de couvercle, et ses larges hanches auraient aisément pu faire office d'anses.
La tristesse a une date de péremption. Comme le bonheur, c’est un sentiment entier, organique, qu’il faut saisir au bon moment afin d’en conserver la fraîcheur intacte.
Est-ce que tu regrettes?continua-t-elle,priant pour qu'il s'effondre enfin,qu'il révèle un peu de cette humanité qui, depuis le début de leur rendez-vous,lui faisait défaut.
Adam se souvint du jeune homme qu'il était à dix-huit ans. Un garçon timoré, mal dans sa peau, grand mais toujours voûté. L'enfant de tout le monde et de personne, un paquet ballotté de foyer en foyer, qui avait grandi de travers...comme poussent les mauvaises graines.
Le repas se déroula donc dans le théâtre grandiose de la salle à manger, avec son lustre plongeant au centre de la pièce et sa rangée de baies vitrées. L'argenterie qu’Hélène n’exhibait qu'en de rares occasions luisait sur la table au plateau en granit rose.
Au-delà de l'ambition puérile d'impressionner Zoé, elle cherchait inconsciemment à souligner l'écart de statut entre la jeune fille et la famille Stein, et par là même leur bonté à son égard.
L'année qui venait de s'écouler, sans autre horizon que celui, grisâtre et morne, du baccalauréat obtenu avec les félicitations du jury, paraissait loin. L'angoisse du départ elle-même s'était dissoute dans le clapotis de l'eau.
Lise s'installait toujours au centre de la classe, au milieu de sa cour de lolitas en sac à main, talons hauts et parfum Chanel.
Zoé, à la place du fond, se réchauffait au radiateur des solitaires.
Le granit rose était veiné de fines striures grises semblables aux vaisseaux d'un coeur palpitant.
Des activités comme la lecture, la belote, la promenade, n’assuraient pas une simple fonction de courroie entre deux segments de vie, comme c’était le cas pour les gens du dehors : elles étaient la vie. Une existence tout entière contenue dans une balade sur la plage, un jeu de cartes, un roman aux pages écornées ; une poésie du quotidien, humble et douce, qui lui procurait un infini sentiment d’apaisement, que seuls peuvent connaître ceux qui ont frôlé la folie.
Elle était sidérée par cette capacité des enfants à basculer d’un sentiment à l’autre avec une intensité toujours sincère, comme si la joie et la tristesse n’étaient que les faces d’un même polyèdre, les nuances dégradées d’une seule et unique couleur.
Elle comprit que c'était elle,et non les murs qui avait changé.
Et ce fut,de tout le repas,l'unique échange à réunir le père,la mère et l'enfant.
La tristesse a une date de péremption.Comme le bonheur,c'est un sentiment entier,organique,qu'il faut saisir au bon moment afin d'en préserver la fraîcheur intacte.
Zoé ne partagerait peut-être jamais ses états d'âme avec elle,mais cette entente cordiale limitée à l'emprunt d'escarpins et à la dégustation de muffins aux olives lui convenait.
Quelque chose en elle se rompit alors avec la force d'une digue qui cède et elle lui raconta,dans la nudité crue des mots,la mort du petit garçon.